Enfances, Familles, Générations
Number 19, Fall 2013 La migration des jeunes : quelles mobilités? Quels ancrages? La place des liens familiaux et des relations intergénérationnelles Guest-edited by Emmanuelle Maunaye
Table of contents (11 articles)
Présentation
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La migration des jeunes : quelles mobilités? Quels ancrages? La place des liens familiaux et des relations intergénérationnelles
Emmanuelle Maunaye
pp. i–xvi
AbstractFR:
Aujourd’hui, la mobilité géographique est devenue une norme et fonctionne comme une véritable injonction. Dans notre monde multipolaire et étendu, le déplacement n’est plus seulement un droit mais bien souvent une véritable obligation. Pour les jeunes, la mobilité est présentée comme un atout qui permet de s’ouvrir au monde, de s’enrichir de nouvelles expériences, de se confronter à l’altérité et, au final, de construire son individualité. Concrètement, les pratiques de migration chez les jeunes sont statistiquement importantes et ont eu tendance à se développer ces dernières décennies. Dans ce contexte, la famille est un acteur et un enjeu importants de la migration des jeunes. Un acteur car, par les ressources qu’elle peut transmettre (économiques, matérielles, affectives), elle soutient le cheminement des jeunes. Un enjeu aussi car la mobilité juvénile entraîne la séparation des générations. Celle-ci demande aussi un réajustement des relations intergénérationnelles et un réexamen, par les jeunes, du sens de lien familial et de leurs appartenances.
EN:
These days, geographic mobility has become a normal standard and taken on a truly mandatory character. In our multipolar and far-reaching world, moving elsewhere is no longer a right: it has often become a real obligation. Where young people are concerned, mobility is presented as an asset that allows one to open up to the world, to enrich one's life thanks to new experiences, to face up to and deal with otherness and, finally, to build up one's own individual characteristics. Effectively, migratory practices amongst young people are statistically significant and have tended to grow over these past decades. In such a context, the family plays an important role and is a major factor as concerns youthful migration. An important role because it is through the resources it may provide (economic, material, emotional) that it supports the young on their pathway. And a major factor too since juvenile mobility leads to the separation of the generations. This also requires readjustment of intergenerational relationships and a review, by the young people, of the meaning of their family ties and of their affiliations.
Articles thématiques
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Les fonctions socialisantes de la mobilité pour les adolescents de zones urbaines sensibles : différentes manières d’habiter un quartier ségrégué
Nicolas Oppenchaim
pp. 1–18
AbstractFR:
L’objectif de cet article est de mieux comprendre l’articulation entre l’ancrage résidentiel des adolescents habitant dans des quartiers ségrégués et leurs pratiques de mobilité dans la ville. Nous nous appuyons pour cela sur le cas des adolescents de catégories populaires et moyennes qui habitent dans des zones urbaines sensibles (ZUS) franciliennes. L’emploi de matériaux statistiques, ethnographiques et d’entretiens semi-directifs nous permet de montrer que les adolescents de ZUS ont un potentiel de mobilité inférieur à celui des autres adolescents, mais que vivre dans un quartier ségrégué ne signifie pas nécessairement une absence de fréquentation du reste de la ville.
EN:
The objective of this article is to better understand the linkage between the residential anchorage of adolescents living in segregated neighbourhoods and their urban mobility practices. The subjects we have chosen for this are working-class and middle-class adolescents living in Sensitive Urban Areas (SUA) of Greater Paris. The use of statistical and ethnographical materials and of semi-structured interviews allows us to demonstrate that SUA adolescents have a lesser mobility potential than do other adolescents, but that the fact of living in a segregated neighbourhood does not necessarily mean that they avoid exploring the rest of the city.
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Mobilités de formation et ancrage des étudiants dans les villes universitaires : exemple de la Bretagne (France)
Magali Hardouin, Bertrand Moro and Frédéric Leray
pp. 19–43
AbstractFR:
L’article apporte une contribution à l’analyse des processus de mobilité de formation et d’ancrage des étudiants dans les villes universitaires, dans la région Bretagne. À partir d’une méthodologie quantitative, nous réinterrogeons, d’une part, l’hypothèse selon laquelle les étudiants seraient de plus en plus mobiles et, d’autre part, nous nous intéressons à leurs ancrages dans la ville universitaire (pratiques résidentielles et de la ville elle-même). Notre population de référence est celle d’étudiants d’IUT (institut universitaire de technologie), de licence (L1, L2 et L3) et de master (M1 et M2) inscrits dans une université bretonne.
EN:
This article contributes to the analysis of the processes of student training mobility and anchorage in Brittany's university cities. Using a quantitative methodology, we have re-examined, on the one hand, the hypothesis that students have become more and more mobile, and we have also looked at their anchorage in the university city (both their residential and urban practices per se). Our reference population is that of IUT (technological university institute) students, at bachelor degree level (Ist, 2nd, and 3rd year) and Breton university MA students (1st and 2nd year).
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Rester ou partir pour s’en sortir : du rôle des soutiens rapprochés dans les expériences résidentielles des jeunes de classes populaires
Laurence Faure-Rouesnel and Éliane Le Dantec
pp. 44–63
AbstractFR:
Dans nos sociétés contemporaines, la mobilité est élevée au rang de qualité cardinale et, à l’inverse, l’ancrage renvoie au lexique négatif du manque de dynamisme. Les parcours des jeunes de milieux populaires que nous avons enquêtés par entretiens laissent distinctement entrevoir que la mobilité n’est pas une posture individuelle et sociale plus positive que l’ancrage. Les jeunes mobiles, à la différence des ancrés, sont plutôt en situation de rupture familiale et ne disposant pas de soutiens rapprochés sur lesquels s’appuyer, leurs pratiques de mobilité procèdent bien plus de contraintes que d’un choix construit et anticipé. Inversement, les jeunes de milieux populaires qui ne sont pas mobiles et prolongent la cohabitation au domicile parental sont en situation de pouvoir bénéficier des solidarités familiales qui leur permettent, faute d’accéder à l’indépendance économique et résidentielle par l’entrée dans l’activité professionnelle stable, d’attendre en étant sécurisés matériellement et affectivement. L’article souligne par ailleurs les ambivalences attachées tant aux pratiques de mobilité qu’à l’ancrage territorial.
EN:
Within contemporary society 'mobility' has been upgraded to the point where it is a cardinal quality, while 'anchorage' simply refers to the negative concept of a lack of dynamism. However, the pathways taken by the young working-class people we have interviewed, make it quite clear that such mobility does not constitute a more positive individual and social stance than that of anchorage. Unlike 'anchored' young people, those who are 'mobile' are more likely to have broken up with their families and, due to the fact that they have no close support to rely on, their mobile practices result more from constraints than from structured, prepared choices. At the other extreme, young people from the working classes who extend their stay at home with their parents, are able to take advantage of family solidarity, which allows them, rather than achieving economic and residential independence through entry into some stable professional activity, to wait out their time, while enjoying material and emotional stability. This article also stresses the ambivalent nature both of mobility practices and of territorial anchorage.
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Partir à Londres… pour favoriser l’insertion professionnelle en France
Emmanuelle Santelli
pp. 64–84
AbstractFR:
Dans un contexte d’accroissement des migrations des Français vers Londres, cet article s’attache à comprendre les motivations de jeunes adultes français d’origine maghrébine qui entreprennent cette mobilité dans l’objectif de favoriser leur insertion professionnelle. Une partie de ces jeunes bénéficient en France d’un dispositif d’encouragement à la mobilité internationale. Initié par une mission locale qui accompagne ces jeunes tout au long de leur mobilité, ils sont accueillis par une structure française basée à Londres qui leur propose des annonces d’emploi et de logement. A partir de leur base de données, la première partie de l’article traite des caractéristiques des jeunes selon qu’ils partent dans le cadre d’un dispositif d’accompagnement à la mobilité, ou non. Les premiers subissent plus encore que les seconds une situation à l’égard de l’emploi marquée par la précarité. Ils ne se situent pas non plus au même stade de leur cycle de vie. Ensemble de résultats qui sont confortés et approfondis par l’analyse des entretiens biographiques réalisés avec des jeunes partis quelques mois à Londres. La seconde partie de l’article comporte trois sections reposant sur l’analyse du matériau qualitatif et permet d’aborder leurs motivations à partir, comment à travers cette expérience ils découvrent leur francité et un nouveau mode de vie. Procurant de nouvelles références, c’est tout le processus d’entrée dans la vie adulte qui s’en trouve affecté. Toutefois, cette mobilité est le plus souvent accomplie dans l’idée de favoriser leur insertion professionnelle en France. Loin d’engager une mobilité signe d’une prise de distance, elle marque au contraire leur souhait de partir « pour mieux revenir », car ils sont profondément attachés à leur région d’origine et aux liens familiaux.
EN:
In a context of increasing migration of French nationals to London, this article is focussed on understanding the motives of young French adults of North African origin who adopt this mobility in order to enhance their professional employability. Some of these young people benefit in France from an international mobility support mechanism, set up by a local mission that accompanies these young people throughout their mobility activities. Once in London, they are welcomed by a French structure that puts forward job and housing proposals. Starting from this data base, the first part of the article deals with the characteristics of these young people, depending on whether they had set off within the framework of a mobility support mechanism or not. The first group find themselves in a much more precarious work situation than the second. Additionally, they are not in the same life cycle stage. The results as a whole are strengthened and further developed through the analysis of biographical discussions with the young people who had left for some months in London. The second part of the article includes three sections in which we deal with the reasons they left for London, how this experience allowed them to discover their Frenchness, and their new lifestyle. Obtaining new referential material is something that impacts their entire introduction to adult life, but nevertheless, this mobility is most usually explored with the idea of promoting their professional integration in France. Far from engaging in a mobility that will distance them, what they are doing illustrates their desire to leave "in order to come back better" to their original region.
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Migration pour études chez les cégépiens québécois : défis d’adaptation, désir d’autonomie et attachement parental
Éric Richard and Julie Mareschal
pp. 85–107
AbstractFR:
Ce texte porte sur la migration pour études chez les cégépiens québécois. Il veut cerner le rôle que jouent la famille et le milieu d’origine tout au long du processus migratoire marqué par une quadruple adaptation : à un nouveau régime scolaire, à la vie hors du foyer parental, à la vie urbaine et à un réseau social en mouvance. Pour ces jeunes confrontés à de nouveaux défis d’adaptation caractérisés par un désir évident d’autonomie, la famille et la région d’origine demeurent un lieu d’ancrage exerçant un rôle d’une importance incontestable. Pour bien comprendre le phénomène, il est nécessaire de cerner le parcours migratoire de ces jeunes en s’attardant, plus particulièrement, à la transformation de leur réseau social ainsi qu’à l’articulation des rapports entre leur région d’origine et leur territoire d’accueil. On constate alors que la mobilité est partie intégrante du rythme de vie des jeunes migrants pour études. Pour eux, cette mobilité s’inscrit dans un processus de socialisation, voire un rite de passage à la vie d’adulte au moment d’entreprendre des études supérieures. La rupture spatiale avec leur famille et leur milieu d’origine les confrontent aux préoccupations et responsabilités de la vie d’adulte, et donc au développement de l’autonomie. Force est de constater que leur identification et leur attachement aux territoires, bien qu’ils auront des effets permanents sur leur vie, ne sont pas définitifs, ce qui les amène à développer des ancrages socioaffectifs multiples, temporaires et labiles.
EN:
This text concerns Quebec Cégep students who migrate for study purposes. Its aim is to determine the role played by the migrant's family and original environment throughout this migration process, involving as it does a fourfold adaptation to a new educational system, life away from the family home, city life, and a constantly changing social network. For these young people, who face new adaptive challenges, underlined by an obvious desire for independence, their family and original environment continue to be indisputably important anchorage points. To fully understand this phenomenon, one needs to determine the migratory path trodden by these young people, paying particular attention to the transformation of their social network and to the structuring of the relationship between their original environment and their host territory. One then realizes that mobility is an integral element in the lifestyle of these young student migrants. They see such mobility as part of a socialization process, as a rite of passage to adulthood, initiated when they move into higher education. The loss of spatial cohesion with their family and their original environment, confronts them with the concerns and responsibilities of adult life, and thus of autonomous development. One has no choice then but to realize that their identification and attachment to their host territories, even though they will permanently affect their lives, are not absolute and, therefore, these student migrants will develop a range of socio-affective, temporary and labile anchorages.
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Identité, fratrie et immigration : étude exploratoire sur les contributions des relations fraternelles à la construction identitaire de jeunes adultes immigrants au Québec
Rébecca Ganem and Ghayda Hassan
pp. 108–126
AbstractFR:
La construction identitaire est un processus complexe qui se situe au croisement de la dimension synchronique du sujet qui entre en relation dans le présent (affiliation) et de la dimension diachronique qui inscrit le sujet dans une historicité (filiation). Au-delà des relations verticales aux parents et aux grands-parents, l’identité se bâtit également à partir des relations horizontales. Il existe chez les frères et soeurs une identité commune, partagée et, en parallèle, chaque membre de la fratrie tend à se différencier des autres. Or le mouvement migratoire s’accompagne cependant souvent, pour le sujet, d’une rupture des processus de transmission et d’un remaniement des identifications. Nous posons donc les questions suivantes : Comment le processus migratoire vient-il réaménager les liens familiaux et en particulier les liens fraternels? Les liens fraternels peuvent-ils servir de support à la négociation identitaire et à l’intégration du sujet migrant? Si oui, sous quelles formes? Cette recherche porte ainsi sur la construction de l’identité de jeunes adultes immigrants au Québec. Plus précisément, nous nous intéressons aux enjeux et aux processus impliqués dans la construction identitaire, en lien avec les relations fraternelles d’une part, et avec le processus migratoire d’autre part. Il s’agit d’une méthodologie qualitative à l’aide de laquelle nous avons conduit des entrevues avec sept adultes (trois entrevues chacun) afin d’explorer avec eux l’évolution de leurs relations familiales et fraternelles ainsi que leur expérience interculturelle. La première phase d’analyse des résultats est achevée et révèle que les frères et soeurs peuvent représenter à la fois une figure de continuité coexistant avec le déracinement provoqué par l’immigration, contribuer à la création de nouveaux liens d’affiliation dans la société d’accueil et participer à la renégociation identitaire du sujet.
EN:
Identity building is a complex process located at the crossover between the synchronic dimension of the subject, focussed on the present time (affiliation) and the diachronic dimension, that places the subject in a historical context (filiation). Over and beyond the vertical relationship to parents and to grandparents, one's identity is also built up via horizontal relationships. Brothers and sisters have joint, shared relationships while, at the same time, each sibling tends to differentiate him or herself from the others. Now, the migratory movement often means that the subject concerned will be liable to a foundering in the transmission process and a reshuffling of identification characteristics. This leads us to ask the following questions: how does the migratory process lead to changes in family relationships and, more especially, those amongst siblings? Can sibling relationships serve as supports for identity negotiation and integration of the migrant? If so, in what ways? This research, therefore, is focussed on the building up of the identity of young adult immigrants to Quebec. More specifically, we examine interests us are the issues and processes that go into identity building, linked with sibling relationships on the one hand, and with the migration process on the other. We have made use of a qualitative research process that has allowed us to interview seven adults (three interviews with each one) so as to explore with them the development of their family and sibling relationships along with their intercultural experience. The first stage in the analysis of the results is now complete and indicates that brothers and sisters may, at one and the same time, represent an emblem of continuity that can coexist with the uprooting effect of immigration; contribute to the building up of new affiliate links within the host society, and participate in the subject's renegotiation of his or her identity.
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« J’habite… enfin…, je me comprends » : l’appropriation territoriale des adolescents placés en question
Fleur Guy
pp. 127–144
AbstractFR:
Le rapport à l’espace des adolescents, et plus particulièrement leur mobilité, est souvent appréhendé à travers le prisme de la famille et d’un lieu de résidence unique. Pourtant, certains individus vivent dès l’adolescence des situations de multirésidentialité, en lien notamment avec une prise en charge fondée sur le déplacement géographique. L’analyse des situations résidentielles des enfants placés montre une diversité de configurations, impliquant les parents, mais aussi la famille élargie et l’entourage. L’appropriation territoriale des adolescents intègre alors de multiples espaces : entre le domicile familial et le lieu de placement apparaissent des espaces tiers, révélateurs d’un rapport affectif au territoire.
EN:
The connection with adolescent space and, more specifically, its mobility, is often comprehended through the framework of the family and of a single residential location. However, some individuals experience adolescence via multiresidential situations, more especially related to a taking into care linked to a geographical shift. An analysis of the residential situations of foster children brings out a range of patterns, involving parents but also extended families and those in their immediate environment. Adolescent territorial appropriation thus takes over numerous spaces: third-party spaces that appear between the family home and the residential location, demonstrating the existence of an emotional relationship with the territory.
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Vivre loin de ses parents quand on est un jeune adulte : quel effet sur le lien de confidence?
Gil Viry and Éva Nada
pp. 145–167
AbstractFR:
Dans cet article, nous analysons dans quelle mesure les jeunes adultes mentionnent moins leurs parents comme des partenaires importants de discussion lorsqu’ils vivent éloignés d’eux. À partir d’un échantillon représentatif des jeunes de 18 à 34 ans vivant en Suisse, nous montrons que, d’une manière générale, les jeunes vivant à distance de leurs parents ne sont pas moins nombreux à partager un lien de confidence avec eux. Toutefois, le lien avec les parents est particulièrement sensible à la distance dans le cas des jeunes femmes ayant elles-mêmes des enfants. Pour une jeune femme, avoir un enfant augmente les chances de citer sa mère ou son père comme confidents en situation de proximité géographique et les diminue en cas d’éloignement. De plus, les jeunes mères éloignées de leur milieu d’origine ne trouvent pas ailleurs le soutien affectif qu’elles trouvent habituellement dans la proximité spatiale avec leurs parents. Associée à certains évènements familiaux, la distance géographique contribue dès lors à reconfigurer les dynamiques relationnelles et à renforcer les inégalités de genre au sein des familles. Plus généralement, ces résultats soulignent l’importance d’accorder davantage d’attention à la mobilité et à la distance géographique dans les recherches sur la famille et les relations intergénérationnelles.
EN:
In this article, we analyze to what extent young people mention less their parents as important discussion partners when they live away from them. Using a representative sample of young people aged 18-34 living in Switzerland, we show that, overall, young people living away from their parents are not less likely to confide in them. However, parent-child relationships vary strongly with distance in the case of young mothers. For a young woman, having a child increases the likelihood of citing her mother or father as a confidant if parents live close by, and decreases this likelihood if parents live away. Moreover, young mothers geographically distanced from their parents do not find elsewhere the emotional support that they usually receive when they live in close proximity to their parents. Associated with specific family events, geographic distance therefore contributes to reconfiguring relational dynamics and worsening gender inequalities within families. This study points out that spatial mobility and geographic distance should receive more attention in research on families and intergenerational relations.
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Ancrage et mobilité de familles d'origine africaine : regards croisés de deux générations
Sabrina Aouici and Rémi Gallou
pp. 168–194
AbstractFR:
L'article propose d’étudier l’évolution des relations au sein de familles d'origine subsaharienne vivant en France, à partir de l'interrogation de deux générations adultes (parents et enfants jeunes adultes). La double référence des pays d'attache en matière de pratiques, de valeurs, de normes ou de principes éducatifs est permanente. Enfants et parents apportent leurs regards croisés sur le parcours, l'histoire et le destin de chacun. La construction d’identités individuelles marquées par des références multiples diffère selon la génération d’appartenance. Les parents migrants restent attachés à leur identité africaine (ethnique, nationale, panafricaine, voire transnationale) tout en reconnaissant que leur identité a intégré une « part » française. Les jeunes en revanche déclarent se sentir citoyens français et souhaiteraient être reconnus comme tels. Les deux générations affirment se sentir à l’aise en France. Si les jeunes expriment un intérêt pour l’Afrique, preuve de leur attachement pour les terres d’origine, ils ne sont pas pour autant tentés d’y vivre. Quant aux parents, ils hésitent sur le lieu de leur « dernière demeure », entre reposer dans la terre des ancêtres ou être inhumés en France pour rester proches de la lignée qu’ils y ont fondée. La réflexion s’appuie sur une soixantaine d’entretiens réalisés auprès de parents migrants (socialisés en Afrique) et de leurs enfants (nés ou arrivés jeunes en France).
EN:
This article aims at studying the development of relationships in families of Sub-Saharan origin now living in France, and is based on interviews with two generations of adults (parents and young adult children). The duality of references to the home countries as regards practices, values, standards or educational principles is constant. Children and parents provide a dual focus on the journey, the background and the destiny of each person. The building up of individual identities, impacted by a wide range of references, varies according to the generation to which the individual belongs. Migrant parents remain attached to their African identities (ethnic, national, pan African, even transnational), whilst acknowledging that their identity has acquired a French "segment." The young people, on the other hand, declare that they feel themselves to be French citizens and would like to be recognized as such. Both generations affirm that they are comfortable in France. Where children express an interest for Africa, proof of their attachment to their countries of origin, this does not mean they are therefore tempted to live in them. As for the parents, they hesitate when it comes to determining their "final resting place," between deciding whether to be laid to rest in their ancestral mainland, or to be buried in France and thus remain close to those of their immediate lineage. The above considerations are drawn from some sixty interviews carried out amongst immigrant parents (whose social upbringing took place in Africa) and the children (born in France or brought there at an early age).
Hors thème
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Enrôlement sanitaire et subjectivation de la maternité en milieu populaire dans le Nordeste brésilien : le « rôle maternel incarné »
Alfonsina Faya Robles
pp. 195–217
AbstractFR:
Depuis deux décennies, le développement tentaculaire du système public de santé brésilien entraîne de nouvelles pratiques et de nouvelles formes de participation sociale chez les femmes des couches populaires. Ainsi, l’expérience maternelle en milieu populaire dans le Nordeste brésilien se construit de plus en plus à travers des dispositifs de santé publique. Les femmes sont appelées à participer en tant qu’agentes du changement et à jouer un « rôle » sanitaire envers leurs enfants. Dans ces dispositifs sanitaires, les corps des femmes pauvres deviennent la cible des régulations dans la recherche de résultats sanitaires. Ce développement de la santé publique a entraîné de nouvelles contraintes corporelles et de nouveaux modes de légitimation de l’intervention médicale, mais il a aussi créé un espace permettant l’émergence de nouvelles subjectivités maternelles.
EN:
The massive development of the Brazilian public health system over the past two decades has given rise to new practices and new forms of participation amongst working-class women. As a consequence, maternal care in North-East Brazil is being developed more and more through public health programs. Women are being called upon to act as agents for change and to play a health management role as concerns their children. Under the terms of these health programs, the bodies of poor women are targeted by regulations that seek positive health results. This widening of the public health compass has led not only to new physical constraints, and new forms of legitimization of medical intervention, it has also created room for the development of new areas of maternal subjectivity.