Abstracts
Résumé
Se ressentir français et se construire sur ou en marge de cette référence est le fruit d’une construction individuelle, sociale et collective dans laquelle la famille joue un rôle certain. En particulier, la mémoire faite de l’imbrication de la biographie des ascendants dans l’histoire nationale et son rôle dans l’élaboration des sentiments d’appartenance française diffèrent significativement en fonction du contexte sociohistorique. À un modèle de forte convergence et appropriation mémorielle assurant l’identification par filiation dans l’entre-deux-guerres, succède chez les natifs d’après 1940 un rapport différencié à l’imbrication de l’histoire des ascendants dans l’histoire nationale selon quatre configurations typiques. Le modèle mémoriel l’a emporté sur le modèle historique; l’heure est au droit d’inventaire et à l’individualisation.
Mots clés:
- Mémoire familiale,
- appropriation,
- affiliation,
- histoire,
- sentiment d’appartenance,
- France
Abstract
To feel that one is French and to raise oneself on or peripheral to the foundations of this reference is the result of an individual, social, and group construction in which the family plays a definite role. More especially, the collective memory built up from the interlacing of one’s forebears’ biography with national history and its role in developing feelings of membership in French society will differ significantly according to the socio-historical context. The model of strong convergence and memorative appropriation that ensured identification through filiation during the 1919-1939 interwar period gave way, amongst natives born after 1940, to relationships modified by the interlacing of ancestral history with national history, along the lines of four typical configurations. The memorative model has triumphed over the historical model: priority is now given to the right to inventory and to individualization.
Key terms:
- Family memory,
- appropriation,
- affiliation,
- history,
- sense of belonging,
- France
Appendices
Bibliographique
- Abrial, Stéphanie (2002), Les enfants de Harkis de la révolte à l’intégration, Paris, L’Harmattan, 256 p.
- CANDAU, Joël (1997), « Quête mémorielle et nouveaux marchés généalogiques », La généalogie entre science et passion, Paris, CTHS, p. 119-129
- Conan, Eric, Rousso, Henry (1994), Vichy : un passé qui ne passe pas, Paris, Fayard, 327 p.
- DEMAZIERE Didier, DUBAR, Claude (1997), Analyser les entretiens biographiques. L’exemple des récits d’insertion, Paris, Nathan, 350 p.
- GLASER, G.B., STRAUSS, A. (1967), The Discovery of Grounded Theory. Strategies for Qualitative Research, Chicago, Aldine.
- Halbwachs, Maurice (1997 v.o. 1950), La mémoire collective, Paris, Albin Michel, 295 p.
- HELLUY ép. Robert (des), Marie-Laetitia (2005), Se sentir français. Sociologie d’un sentiment d’appartenance, Doctorat de sociologie, dir. A. Muxel, IEP de Paris, 468 p. et annexes 140 p.
- KAUFMANN, Jean-Claude (1996), L’entretien compréhensif, Paris, Nathan, 128 p.
- LAHIRE, Bernard (2002), Portraits sociologiques. Dispositions et variations individuelles, Paris, Nathan, 431 p.
- LEONARD, Yves (2001), La mémoire, entre histoire et politique, coll. Cahiers français, n°303, Paris, La documentation française, 100 p.
- Mannheim, Karl (1990 v.o. 1928), Le problème des générations, Paris, Nathan, 122 p.
- MUXEL, Anne (1986), « Chronique familiale de deux héritages politiques et religieux », Cahiers internationaux de sociologie, vol. LXXXI, p. 255-280.
- MUXEL, Anne (1996), Individu et mémoire familiale, Paris, Nathan, 226 p.
- NAMER, Gérard (1997), « Postface », dans Halbwachs M., La mémoire collective, Paris, Albin Michel, p. 239-295.
- Noiriel, Gérard (2001), État, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir, Paris, Belin, 400 p.
- Nora, Pierre (1992), « L’ère de la commémoration », dans Nora (dir.) Les lieux de mémoire. III. Les France***, Paris, Gallimard, p. 977-1012.
- PASSERON, Jean-Claude (1991), Le raisonnement sociologique. L’espace non-poppérien du raisonnement naturel, Paris, Nathan, 408 p.
- Percheron, Annick avec la collaboration de J. Chiche (1988), « Classes d'âge en question », Revue française de Science Politique, vol. 38 n°1, février, p. 107-124.
- Percheron, Annick (1993), « La mémoire des générations : des “porteurs de valise” aux “soixante-huitards” », La socialisation politique, Paris, Armand Colin.
- PERES, Hubert (1994), « Le village dans la nation française sous la Troisième République. Une configuration cumulative de l’identité », dans Martin DC. (dir.), Cartes d’identité. Comment dit-on « nous » en politique?, Paris, Presses de Sciences Po, p. 209-228.
- Pollack, Mickael (1993), Une identité blessée : études de sociologie et d’histoire, Paris, Métailié, 416 p.
- Rousso, Henry (1987), Le syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours, Paris, Seuil, 417 p.
- SAGNES, Sylvie (1995), « De terre et de sang : la passion généalogique », Terrain, n°25, p. 125-146
- SAGNES, Sylvie (2004), « Cultiver ses racines : mémoire généalogique et sentiment d’autochtonie », Ethnologie française, XXXIV, 1, p. 31-40
- Singly (de), François (1996), Le soi, le couple et la famille, Paris, Nathan, 255 p.
- Singly (de), François (2000), Libres ensemble. L'individualisme dans la vie commune, Paris, Nathan, 253 p.
- Singly (de), François (2003), Les uns avec les autres. Quand l’individualisme crée du lien, Paris, Armand Colin.
- Strauss, Anselm (1992, v.o. 1959), Miroirs et Masques, Paris, Métailié, 192 p.
- Terrail, Jean-Pierre (1995), La dynamique des générations. Activité individuelle et changement social 1968-1993, Paris, L'Harmattan, 190 p.
- Wieviorka, Annette (2001), « La mémoire de la Shoah », Cahiers français, n°303, p. 83-88.
- Wieviorka, Michel (dir.) (1996), Une société fragmentée? Le multiculturalisme en débat, La Découverte, Paris, 322 p.