Abstracts
Résumé
L’école, lieu de construction du lien social à la fois dans sa fonction d’intégration à une communauté et d’assimilation d’une culture, est confrontée au paradoxe de viser l’égalité des individus tout en valorisant leur différence. L’objet de cette contribution veut moins analyser de manière descriptive les procédés favorisant la dynamique du lien social que les dysfonctionnements pédagogiques qui ont cours au sein de l’établissement scolaire et qui contraignent son développement et ce, malgré l’implication et l’application des enseignants. La responsabilité partagée de l’éducation de l’élève suppose l’adéquation entre une vision de l’école et les visées de celle-ci. Le cloisonnement disciplinaire a tendance à faire perdre de vue la diversité des missions de l’enseignant et à privilégier des pratiques individuelles pouvant entrer en contradiction. Enfin, la gestion des élèves dans le temps de l’interaction directe mêle souvent jugement personnel et jugement professionnel, ce qui peut être source d’injustice. Derrière chaque tension se pose la question de l’expression des singularités au regard de la finalité scolaire d’éducation citoyenne. Le lien social s’entrevoit alors comme moyen plutôt que comme fin en soi.
Abstract
The school, a place for building the social bond by integrating students into a community and a culture, is confronted with the paradox of aiming for equality between individuals while celebrating their differences. The purpose of this article is not so much to descriptively analyze procedures favouring the social bond dynamic, but more to examine the pedagogical dysfunctions that restrict its development, which occur in the schools despite the teachers’ involvement and efforts. The shared responsibility for educating the student presumes that a schools vision and goals are in line with each other. Disciplinary partitioning has a tendency to make one lose sight of the diversity of teaching missions and favour individual practices, which can contradict each other. Finally, managing students during direct interaction time often blurs personal and professional judgement, which can be a source of injustice. Behind each tension is the question of the expression of uniqueness in relation to the citizenship education objectives of the different schools. The social bond can therefore be seen as a means rather than an end in itself.
Resumen
La escuela, espacio de construcción del vínculo social tanto en su función de integración a una comunidad y de asimilación de una cultura, está confrontada a la paradoja de perseguir la igualdad entre los individuos y valorizar al mismo tiempo sus diferencias. El objeto de ésta contribución no es tanto analizar de manera descriptiva los procedimientos que favorecen la dinámica del vínculo social sino los desajustes pedagógicos que surgen en el seno del establecimiento escolar y que impiden su desarrollo, a pesar de la implicación y de la aplicación de los maestros. La responsabilidad compartida de la educación del alumno supone la adecuación entre la visión de la escuela y las finalidades que ésta persigue. La compartimentación disciplinaria tiende a ocultar la diversidad de las misiones de la enseñanza y a privilegiar las prácticas individuales que pueden terminar siendo contradictorias. En fin, la gestión de los alumnos durante la interacción directa con mucha frecuenta mezcla el juicio personal y el juicio profesional, lo que puede convertirse en una fuente de injusticia. Detrás de cada tensión surge la cuestión de la expresión de singularidades respecto a la finalidad escolar de la educación ciudadana. Se entreve entonces el vínculo social como un medio más que como un fin.
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