Abstracts
Résumé
Ce texte aborde la question du lien social sous l’angle de ses fondements épistémologiques. Sa contribution est donc essentiellement théorique. Nous nous interrogeons plus particulièrement sur la manière dont l’école peut contribuer, à travers l’instruction, à la constitution et à l’entretien de rapports sociaux solidaires à la fois au sein de l’école et à l’extérieur de celle-ci. La réponse à cette question nous paraît indissociable du choix paradigmatique qu’effectue l’école sur le plan épistémologique. Ce choix n’est pas neutre puisqu’il contribue à instaurer un certain type de rapport aux savoirs et à l’apprentissage. Après avoir clarifié le sens que nous donnons ici à la notion de « paradigme », nous précisons ce qu’est un paradigme socioconstructiviste, puisqu’il y est fait largement référence dans le cadre des réformes éducatives actuelles, et quelles sont les implications d’un tel choix. Ce paradigme conduit à envisager de manière particulière les rapports entre le cognitif, le social et le culturel et, partant, la contribution potentielle des savoirs scolaires à l’institution de liens sociaux. Dans cette perspective, les savoirs apparaissent à la fois comme des sources d’affranchissement personnel, des modes de participation à la culture et des formes d’engagement dans des rapports sociaux. Leur mise en scène par l’enseignant s’avère alors extrêmement importante et suppose de sa part un engagement épistémologique, ne serait-ce qu’implicite.
Abstract
This article examines the social bond from the angle of its epistemological basis. This contribution is therefore essentially theoretical. More specifically, we were looking at how the school can contribute, through instruction, to the development and maintenance of solid social relationships both in and out of school. The answer to this question seems closely linked to the school’s choice of epistemological paradigm. This choice is not neutral because it contributes to establishing a certain type of relationship with knowledge and learning. After clarifying the meaning that we give here to the notion of the “paradigm”, we specify that it is a socioconstructivist paradigm, since many references were made to it in the current educational reforms, and we discuss the implications of such a choice. More specifically, this paradigm helps us envision links between the cognitive, the social, and the cultural, and the potential contribution of scholastic knowledge to the formation of social bonds. From this perspective, knowledge seems to provide sources of personal freedom, ways of participating in culture, and types of involvement in social relationships. It therefore seems extremely important for the teacher to spend time on these aspects and make an epistemological commitment to them.
Resumen
Este texto aborda la cuestión del vínculo social desde el ángulo de sus cimientos epistemológicos. Se trata de una contribución esencialmente teórica. Nos interrogamos más específicamente sobre la forma en que la escuela puede contribuir, a través de la enseñanza, a la constitución y al mantenimiento de relaciones sociales solidarias, tanto al interior de la escuela como al exterior. La respuesta a esta pregunta nos parece indisociable de la elección paradigmática que realiza la escuela sobre el plano epistemológico. Dicha elección no es neutra pues contribuye a instaurar cierto tipo de relaciones con el conocimiento y el aprendizaje. Después de haber clarificado el significado que damos a la noción de «paradigma», precisamos lo que es un paradigma socioconstructivista, frecuentemente empleado en el cuadro de las reformas educativas contemporáneas, y especificamos las implicaciones de dicha elección. Este paradigma nos lleva a considerar muy particularmente las relaciones entre lo cognitivo, lo social y lo cultural y la contribución potencial de los conocimientos escolares en la institución de los vínculos sociales. Bajo esta perspectiva, los conocimientos aparecen a la vez como fuentes de liberación personal, modos de participación a la cultura y formas de compromiso en las relaciones sociales. La escenificación que realiza el maestro se vuelve extremadamente importante y supone un compromiso epistemológico, aunque sea implícito.
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