Volume 36, Number 2, Fall 2008 La construction du lien social à l’école Guest-edited by Suzanne Vincent
Table of contents (10 articles)
Liminaire
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Éthique et diversité
Martine Abdallah-Pretceille
pp. 16–30
AbstractFR:
L’article propose une réflexion sur la société et sur l’école. L’objectif de l’auteure est d’abord de montrer que, pour être effective, la cohésion sociale doit reposer sur des valeurs communes et partagées. Compte tenu de l’hétérogénéité croissante du tissu social, il est urgent de s’interroger sur le sens de ces valeurs et de faire des propositions pour que les singularités de chacun soient compatibles avec une vie publique collective. L’école est d’ailleurs conviée par sa mission sociale à éduquer et non seulement à instruire. Dans un second temps, l’auteure propose, ainsi qu’elle l’a développé dans ses ouvrages, de s’appuyer sur une éthique de la diversité et de fonder un « humanisme du divers ». En ce sens, la laïcité et l’éducation aux droits de l’homme constituent pour elle des points d’appui fondamentaux et opérationnels pour construire des valeurs reconnues et partagées au sein de la société, valeurs qui sont susceptibles d’inspirer l’école dans sa mission d’éducation des jeunes.
EN:
The author’s objective is to demonstrate that to be effective, social bonds must be based on common values. Considering the growing heterogeneity of the social and educational fabric, it is urgent to question ourselves and to make proposals so that each person’s uniqueness is compatible with collective public life. The author also suggests relying on an ethic of diversity and founding a “humanism of diversity”. She believes that secularism and human rights education are basic operational fulcrums for building recognized and shared values.
ES:
El objetivo de la autora es demostrar que, para ser efectiva, la cohesión social debe apoyarse sobre valores comunes. Teniendo en cuenta la creciente heterogeneidad del tejido social y educativo, urge interrogarse y proponer que las singularidades individuales sean compatibles con la vida pública colectiva. En segundo lugar, la autora propone apoyarse sobre una ética de la diversidad y fundar un «humanismo de lo diverso». El laicismo y la educación a los derechos del hombre constituyen para la autora los puntos de apoyos fundamentales y operacionales para construir valores reconocidos y compartidos.
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Une philosophie politique de l’école
Daniel M. Weinstock
pp. 31–46
AbstractFR:
Le présent article propose une réflexion sur l’école à partir du point de vue de la philosophie politique. L’auteur s’attache à montrer que cette institution sociale, qui exerce une autorité et un pouvoir sur les enfants, doit s’interroger sur sa légitimité publique et politique. À partir de deux modèles d’écoles qu’il décrit et critique, l’école familiale et l’école citoyenne, il récuse l’hégémonie que la famille et l’État peuvent exercer sur les jeunes par l’entremise de l’école en prônant leur projet respectif de pérennisation culturelle ou de formation d’un modèle de citoyen unique. Même s’il ne nie pas le rôle important qu’elles jouent dans la société, l’auteur est d’avis que ces institutions éducatives peuvent empêcher les jeunes de réaliser leurs intérêts et leurs idéaux personnels. Il propose un modèle d’école qui s’attache au développement de l’autonomie individuelle, ce qui n’est pas incompatible avec les valeurs de liberté et de démocratie. Le lien social découlerait plus d’une relation de confiance entre les personnes que d’identité ou de partage de valeurs communes, l’école se devant de créer un milieu de vie favorable au développement de cette confiance.
EN:
This article is a reflection about the school from the perspective of political philosophy. The author wishes to demonstrate that this social institution, which exercises an authority and power over the students, must question its public and political legitimacy. He describes and critique two school models, the family school and the citizen school, and objects to the hegemony that the family and State can exercise on the students through the school by advocating their respective plans for cultural permanence or the formation of a unique citizen model. Although he does not deny the important role that schools play in society, the author believes that these institutions may prevent students from following their interests and realizing their personal ideals. He proposes a school model based on the development of individual autonomy, which is not incompatible with the values of freedom and democracy. The social bond would flow more from a relationship of confidence between people rather than from identity or the sharing of common values, since it is the school’s duty to create an environment that promotes the development of this confidence.
ES:
El presente artículo propone una reflexión sobre la escuela desde el punto de vista de la filosofía política. El autor se esmera en mostrar que ésta institución social, que ejerce autoridad y poder sobre los niños, debe interrogarse sobre su legitimidad pública y política. A partir de dos modelos de escuela que describe y critica, la escuela familiar y la escuela ciudadana, el autor recusa la hegemonía que la familia y el Estado pueden ejercer sobre los jóvenes a través de la escuela que preconiza sus proyectos respectivos de perennidad cultural o de formación de un modelo de ciudadano único. Aunque no niega el importante rol que juegan en la sociedad, el autor piensa que esas instituciones educativas pueden impedir a los jóvenes de realizar sus intereses y sus ideales personales. Propone un modelo de escuela que se esmera en el desarrollo de la autonomía individual, que no es incompatible con los valores de libertad y democracia. El vínculo social derivaría más de una relación de confianza entre las personas que de identidad o de repartición de valores comunes, escuela cuyo deber es crear un medio de vida favorable al desarrollo de dicha confianza
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La socialisation démocratique contre la forme scolaire
Guy Vincent
pp. 47–62
AbstractFR:
À la question de savoir si l’école ou plus précisément la forme scolaire, au sens où l’ont définie les historiens et les sociologues depuis plusieurs décennies, peut répondre aux exigences d’une socialisation démocratique, cet article apporte une réponse négative. Mais il s’efforce d’indiquer comment on a essayé dans le passé et comment on peut actuellement mettre en place des formes de transmission et d’organisation de la transmission qui participent de ce type de socialisation. Une première partie tente de nouvelles avancées dans l’élaboration des concepts nécessaires (formes de savoirs, formes de transmission, socialisation) et dans leur mise en relation en une théorie opposée à la fois aux conceptions communes et aux présupposés de type durkheimien. L’un des objectifs est de cesser d’isoler les problèmes les uns par rapport aux autres. Un autre est de définir la socialisation démocratique. Une seconde partie présente ou évoque quelques unes des expériences « pédagogiques » qui iraient dans le sens indiqué.
EN:
To the question of whether or not the school, or more precisely, school form as defined by historians and sociologists for several decades, can meet the demands of democratic socialization, this article answers no. But it also shows how it was tried in the past and how we could now put forms of transmission and organization in place that contribute to this type of socialization. The first part of this article makes new advances into developing the necessary concepts (forms of knowledge, forms of transmission, socialization,…) and at the same time in their relationship to common concepts and Durkheimien-type presuppositions. One of the objectives is to stop isolating problems from each other. Another is to define democratic socialization. A second part of the article presents or evokes some “pedagogical” experiences based on these ideas.
ES:
A la cuestión de saber si la escuela o más precisamente la forma escolar, en el sentido en que la han definido los historiadores y los sociólogos desde hace varias décadas, responde a las exigencias de una socialización democrática, éste articulo ofrece una respuesta negativa. Sin embargo, hace el esfuerzo de señalar cómo la cuestión ha sido tratada en el pasado y cómo podemos hoy en día instalar formas de trasmisión y de organización de la trasmisión que contribuyan a ese tipo de socialización. La primera parte aborda los progresos en la elaboración de los conceptos necesarios (formas de conocimiento, formas de transmisión, socialización…) y de sus relaciones al interior de una teoría opuesta a la vez a concepciones comunes y a presupuestos de tipo durkheimiano. Uno de sus objetivos es cesar de aislar las relaciones entre los problemas. El otro es definir la socialización democrática. En la segunda parte se presentan o se evocan algunas de las experiencias « pedagógicas » que irían en el sentido indicado.
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Un regard socioconstructiviste sur la participation des savoirs à la construction du lien social
Marie-Françoise Legendre
pp. 63–79
AbstractFR:
Ce texte aborde la question du lien social sous l’angle de ses fondements épistémologiques. Sa contribution est donc essentiellement théorique. Nous nous interrogeons plus particulièrement sur la manière dont l’école peut contribuer, à travers l’instruction, à la constitution et à l’entretien de rapports sociaux solidaires à la fois au sein de l’école et à l’extérieur de celle-ci. La réponse à cette question nous paraît indissociable du choix paradigmatique qu’effectue l’école sur le plan épistémologique. Ce choix n’est pas neutre puisqu’il contribue à instaurer un certain type de rapport aux savoirs et à l’apprentissage. Après avoir clarifié le sens que nous donnons ici à la notion de « paradigme », nous précisons ce qu’est un paradigme socioconstructiviste, puisqu’il y est fait largement référence dans le cadre des réformes éducatives actuelles, et quelles sont les implications d’un tel choix. Ce paradigme conduit à envisager de manière particulière les rapports entre le cognitif, le social et le culturel et, partant, la contribution potentielle des savoirs scolaires à l’institution de liens sociaux. Dans cette perspective, les savoirs apparaissent à la fois comme des sources d’affranchissement personnel, des modes de participation à la culture et des formes d’engagement dans des rapports sociaux. Leur mise en scène par l’enseignant s’avère alors extrêmement importante et suppose de sa part un engagement épistémologique, ne serait-ce qu’implicite.
EN:
This article examines the social bond from the angle of its epistemological basis. This contribution is therefore essentially theoretical. More specifically, we were looking at how the school can contribute, through instruction, to the development and maintenance of solid social relationships both in and out of school. The answer to this question seems closely linked to the school’s choice of epistemological paradigm. This choice is not neutral because it contributes to establishing a certain type of relationship with knowledge and learning. After clarifying the meaning that we give here to the notion of the “paradigm”, we specify that it is a socioconstructivist paradigm, since many references were made to it in the current educational reforms, and we discuss the implications of such a choice. More specifically, this paradigm helps us envision links between the cognitive, the social, and the cultural, and the potential contribution of scholastic knowledge to the formation of social bonds. From this perspective, knowledge seems to provide sources of personal freedom, ways of participating in culture, and types of involvement in social relationships. It therefore seems extremely important for the teacher to spend time on these aspects and make an epistemological commitment to them.
ES:
Este texto aborda la cuestión del vínculo social desde el ángulo de sus cimientos epistemológicos. Se trata de una contribución esencialmente teórica. Nos interrogamos más específicamente sobre la forma en que la escuela puede contribuir, a través de la enseñanza, a la constitución y al mantenimiento de relaciones sociales solidarias, tanto al interior de la escuela como al exterior. La respuesta a esta pregunta nos parece indisociable de la elección paradigmática que realiza la escuela sobre el plano epistemológico. Dicha elección no es neutra pues contribuye a instaurar cierto tipo de relaciones con el conocimiento y el aprendizaje. Después de haber clarificado el significado que damos a la noción de «paradigma», precisamos lo que es un paradigma socioconstructivista, frecuentemente empleado en el cuadro de las reformas educativas contemporáneas, y especificamos las implicaciones de dicha elección. Este paradigma nos lleva a considerar muy particularmente las relaciones entre lo cognitivo, lo social y lo cultural y la contribución potencial de los conocimientos escolares en la institución de los vínculos sociales. Bajo esta perspectiva, los conocimientos aparecen a la vez como fuentes de liberación personal, modos de participación a la cultura y formas de compromiso en las relaciones sociales. La escenificación que realiza el maestro se vuelve extremadamente importante y supone un compromiso epistemológico, aunque sea implícito.
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Le collège au quotidien : quand la construction du lien social se heurte aux tensions pédagogiques
Christophe Mauny
pp. 80–97
AbstractFR:
L’école, lieu de construction du lien social à la fois dans sa fonction d’intégration à une communauté et d’assimilation d’une culture, est confrontée au paradoxe de viser l’égalité des individus tout en valorisant leur différence. L’objet de cette contribution veut moins analyser de manière descriptive les procédés favorisant la dynamique du lien social que les dysfonctionnements pédagogiques qui ont cours au sein de l’établissement scolaire et qui contraignent son développement et ce, malgré l’implication et l’application des enseignants. La responsabilité partagée de l’éducation de l’élève suppose l’adéquation entre une vision de l’école et les visées de celle-ci. Le cloisonnement disciplinaire a tendance à faire perdre de vue la diversité des missions de l’enseignant et à privilégier des pratiques individuelles pouvant entrer en contradiction. Enfin, la gestion des élèves dans le temps de l’interaction directe mêle souvent jugement personnel et jugement professionnel, ce qui peut être source d’injustice. Derrière chaque tension se pose la question de l’expression des singularités au regard de la finalité scolaire d’éducation citoyenne. Le lien social s’entrevoit alors comme moyen plutôt que comme fin en soi.
EN:
The school, a place for building the social bond by integrating students into a community and a culture, is confronted with the paradox of aiming for equality between individuals while celebrating their differences. The purpose of this article is not so much to descriptively analyze procedures favouring the social bond dynamic, but more to examine the pedagogical dysfunctions that restrict its development, which occur in the schools despite the teachers’ involvement and efforts. The shared responsibility for educating the student presumes that a schools vision and goals are in line with each other. Disciplinary partitioning has a tendency to make one lose sight of the diversity of teaching missions and favour individual practices, which can contradict each other. Finally, managing students during direct interaction time often blurs personal and professional judgement, which can be a source of injustice. Behind each tension is the question of the expression of uniqueness in relation to the citizenship education objectives of the different schools. The social bond can therefore be seen as a means rather than an end in itself.
ES:
La escuela, espacio de construcción del vínculo social tanto en su función de integración a una comunidad y de asimilación de una cultura, está confrontada a la paradoja de perseguir la igualdad entre los individuos y valorizar al mismo tiempo sus diferencias. El objeto de ésta contribución no es tanto analizar de manera descriptiva los procedimientos que favorecen la dinámica del vínculo social sino los desajustes pedagógicos que surgen en el seno del establecimiento escolar y que impiden su desarrollo, a pesar de la implicación y de la aplicación de los maestros. La responsabilidad compartida de la educación del alumno supone la adecuación entre la visión de la escuela y las finalidades que ésta persigue. La compartimentación disciplinaria tiende a ocultar la diversidad de las misiones de la enseñanza y a privilegiar las prácticas individuales que pueden terminar siendo contradictorias. En fin, la gestión de los alumnos durante la interacción directa con mucha frecuenta mezcla el juicio personal y el juicio profesional, lo que puede convertirse en una fuente de injusticia. Detrás de cada tensión surge la cuestión de la expresión de singularidades respecto a la finalidad escolar de la educación ciudadana. Se entreve entonces el vínculo social como un medio más que como un fin.
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Le lien social à l’épreuve de la modernité tardive : vers une approche compréhensive de l’expérience des enfants face à la diversité à l’école de langue française en Ontario
Nathalie Bélanger
pp. 98–117
AbstractFR:
L’expérience des enfants à l’école de langue française en Ontario permet de mieux comprendre la question du lien social dans un contexte de diversification de la clientèle scolaire. Il s’agit, plus particulièrement, de voir comment une telle école, conçue dans le contexte de l’État-Nation moderne afin de sauvegarder la langue et la culture d’une communauté, se redéfinit et compose, à travers les contributions des enfants, avec la diversité, que celle-ci concerne les appartenances ethnoraciales, le genre, la classe sociale ou le handicap, dans le contexte de la modernité tardive. Le présent article, qui s’appuie sur des données issues d’une étude menée entre 2003 et 2006, vise à apporter un éclairage sur la question. Les illustrations présentées montrent comment les élèves construisent leurs expériences au quotidien au regard d’une telle diversité, participent à l’organisation de leur cité politique et négocient un ordre social à travers la prise de distance critique dont ils sont capables face aux normes établies. La construction du lien social par les enfants s’établit davantage grâce à des stratégies d’action en classe, des amitiés et des présentations de soi contextualisées, plutôt qu’à partir de vecteurs identitaires fixes qui renvoient à une origine, une religion ou une langue, éléments ou attributs constitutifs des grands récits aujourd’hui mis à mal dans le contexte de la modernité tardive.
EN:
The experience of children in Ontario’s minority French-language schools helps us better understand the question of social bonds in a context of diversified school clientele. The article looks specifically at how Ontario’s French-language schools, developed in the modern nation-state context to protect a community’s language and culture, are, through the students’ contributions, redefining themselves and managing to handle the late modernity context with its diversity of ethno-racial groups, sex, social class or handicaps. The discussion begins with a theory on the link between the social bond and the sociology of childhood. The social bond defined as sociability allows the authors to take a deeper look at how students weave the social fabric. Methodological precisions are then presented, and three illustrations from contrasting contexts are discussed, using data from a research project conducted between 2003 and 2006 on multi-level classrooms and being a student in Ontario’s French-language schools. The analysis of the three illustrations shows how the students construct their daily experiences in relation to diversity, participating in the organization of their own environment and negotiating a social order, by taking the critical distance that children are capable of when faced with established standards. The cases examined in this article show that children build social bonds through action strategies in the classroom, friendships and presentations of a contextualized self, which from fixed identifying vectors, go back to an origin, a language or a condition.
ES:
La experiencia de los niños en una escuela minoritaria de lengua francesa en Ontario permite comprender más cabalmente la cuestión del vínculo social en un contexto de diversificación de la clientela escolar. Se trata, particularmente, de ver cómo la escuela de lengua francesa en Ontario, concebida en el contexto del Estado-nación moderno con el fin de salvaguardar la lengua y la cultura de una comunidad se redefine y transige, a través de las contribuciones de los niños, con la diversidad de las membresías étnico-raciales, el género, la clase social o la minusvalía, en el contexto de la modernidad tardía. La argumentación se inicia con el enfoque teórico del vínculo social y de la sociología de la infancia. La noción de vínculo social definida en tanto que sociabilidad permite renovar el cuestionamiento y comprender más adecuadamente cómo los actores fabrican lo social. Ulteriormente, se aportan algunas precisiones metodológicas y se discuten tres ejemplos arraigados en contextos contrastados a partir de datos provenientes de un proyecto de investigación realizado entre 2003 y 2006 sobre las clases multigrados y el ejercicio del oficio de alumno en la escuela de lengua francesa en Ontario. El análisis de dichos ejemplos muestra cómo los niños construyen su experiencia cotidiana de la diversidad, participan en la organización de su espacio político y negocian un orden social a través del distanciamiento crítico del que son capaces los niños ante las normas establecidas. Los casos examinados muestran que la construcción del vínculo social por los niños se realiza sobre todo gracias a sus estrategias de acción en clase, sus amistades y la presentación contextualizada de sí mismos, más que a través de vectores identitarios fijos que remiten a un origen, a una lengua o a una condición.
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Socialiser et transmettre des savoirs en classe d’éducation physique : une synergie possible au prix d’une autorité pédagogique conciliante
Nathalie Gal-Petitfaux and Olivier Vors
pp. 118–139
AbstractFR:
À la rentrée scolaire 2006, les 249 collèges français les plus en difficulté ont été intégrés dans des Réseaux ambition réussite (RAR). La difficulté des élèves se traduit par des comportements typiques d’absentéisme, d’incivilité, de décrochage, de refus de travailler. Un véritable enjeu de socialisation s’impose alors pour ceux-ci, auquel les enseignants tentent de répondre par le renforcement de leur autorité en classe et l’abandon ponctuel de leurs exigences d’apprentissage. Notre étude de cas analyse l’activité en classe d’un enseignant d’EPS expérimenté et de ses élèves, lors de cycles de gymnastique par ateliers, dans un collège RAR. Elle vise à comprendre comment cet enseignant expérimenté parvient à développer une socialisation scolaire chez les élèves, pourtant réfractaires à toute norme scolaire, sans abandonner ses exigences d’apprentissage. Elle est conduite selon la théorie de « l’action située » et du modèle anthropologique du « cours d’action ». Les matériaux proviennent d’une description ethnographique et d’entretien d’autoconfrontation avec l’enseignant et quatre élèves. Les résultats montrent que l’enseignant installe un processus de socialisation « silencieux » par la mise en synergie de la socialisation scolaire et de la transmission de savoirs disciplinaires en gymnastique.
EN:
At the beginning of the 2006 school year, the 249 French colleges experiencing the most difficulty became part of an “Ambition Success” network (RAR). These students’ problems involved absenteeism, incivility, dropping out and refusing to work. A real socialization issue was at stake for these students, and teachers tried to meet their needs by reinforcing their authority in class and lowering their pedagogical standards. Our case study analyzes the classroom activity of an experienced physical education teacher and her students during gymnastics cycles in an RAR college. It attempts to understand how this experienced teacher is able to develop school socialization among the students, who were resistant to all school standards, without lowering her pedagogical requirements. The case study is based on the “situated action” theory and the anthropological “action course” model. The materials come from an ethnographic description and self-confrontation discussion with the teacher and four students. The results show that the teacher uses a “silent” process of socialization through creating a synergy of socialization and the transfer of gymnastics knowledge.
ES:
Al iniciarse el año escolar 2006, los 249 colegios franceses con más dificultades fueron integrados a la red « Ambition réussite » (RAR). La dificultad de esos alumnos se traduce en comportamientos típicos de ausentismo, incivilidad, abandono escolar, rechazo de trabajar. Un verdadero desafío de socialización se impone a dichos alumnos, al cual los maestros tratan de responder a través del refuerzo de su autoridad en el salón de clases y del abandono puntual de sus exigencias de aprendizaje. Nuestro estudio de caso analiza la actividad en clase de un maestro de EPS experimentado y de sus alumnos, durante las clases de gimnasia por talleres, en un colegio RAR. Se trata de comprender cómo este maestro experimentado logra desarrollar una socialización escolar entre los alumnos refractarios a las normas escolares, sin abandonar sus exigencias de aprendizaje. El estudio fue realizado según la teoría de la « acción situada » y del modelo antropológico del « curso de la acción ». Los materiales provienen de una descripción etnográfica y de entrevistas de auto-confrontación con el maestro y cuatro alumnos. Los resultados muestran que el maestro instala un proceso de socialización « silenciosa » a través de la sinergia entre la socialización escolar y la transmisión de conocimientos en gimnasia.
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Enseignement des disciplines scolaires et construction du sujet dans l’école québécoise
Louis Levasseur
pp. 140–155
AbstractFR:
L’article porte sur la manière dont des enseignants et enseignantes d’histoire et de sciences participent à la construction d’un sujet autonome, caractéristique de la modernité dite contemporaine. Les changements survenus dans les sociétés occidentales depuis la seconde moitié du XXe siècle ont influencé les modes de socialisation des différentes institutions, dont celui de l’école qui, en tant qu’institution participante à la construction du lien social, se voit interpellée différemment dans la manière d’assumer sa mission d’éducation. Après avoir rappelé quelques fondements à caractère philosophique et sociologique de la modernité, l’auteur discute, sur la base de témoignages d’enseignants recueillis dans le cadre d’une recherche en cours, de la manière dont ceux-ci tiennent compte de la pensée des élèves dans l’accès aux savoirs scolaires qui sont des objets de la culture, contribuant ainsi à la construction de leur identité personnelle et à leur insertion dans la société. Ce parti pris en faveur de l’autonomie et de la liberté intellectuelle, morale et personnelle des élèves, vu comme l’indice d’une transformation dans la manière de contribuer au lien social, doit toutefois pouvoir bénéficier de l’assentiment des enseignants.
EN:
This article is about the changes to socialization modes that have occurred in our western societies since the second half of the 20th century, and how these changes affect the school in its mission of socialization and building the social bond in a modern world that is more and more uncertain about its foundations. Through teaching their own disciplines, transmitting knowledge and striving to reach objectives, how are the teachers contributing to building modernity, to the construction of the autonomous subject? After a theoretic presentation of modernity in relation to the search for the subject’s autonomy from both philosophical and sociological perspectives, and after showing how subject autonomy is inseparable from a deep reflection about the nature of the social bond in our western societies, the author shows how teaching history and science can contribute to the autonomous construction of the subject.
ES:
Este artículo aborda los cambios sobrevenidos en nuestras sociedades occidentales después de la segunda mitad del siglo XX en los modos de socialización y en la forma en que dichos cambios interpelan a la escuela en su misión de socialización y de construcción del vínculo social en una modernidad cada vez más insegura de sus cimientos. A través de la enseñanza, de la transmisión de los conocimientos y de las finalidades perseguidas: ¿De qué manera el magisterio contribuye a la edificación de la modernidad, a la construcción del sujeto autónomo? Después de la presentación teórica de la modernidad en tanto que búsqueda de la autonomía del sujeto según las perspectivas filosófica y sociológica y después de haber mostrado cómo la autonomía del sujeto es inseparable de una reflexión profunda sobre la naturaleza del vínculo social en nuestras sociedades occidentales, el autor muestra la eventual contribución de la enseñanza de la historia y de las ciencias en la construcción autónoma del sujeto.
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Contribution des parents à la socialité des jeunes
Rollande Deslandes
pp. 156–172
AbstractFR:
L’auteure aborde le lien social sous l’angle du développement des compétences humaines d’autonomie, de coopération sociale et de participation publique. Elle situe d’abord ces compétences dans le contexte du Programme de formation de l’école québécoise (MEQ, 2001, 2003). Elle présente les parents, voire la famille, comme maîtres d’oeuvre dans la socialisation des jeunes vers l’exercice de la vie en société et d’une citoyenneté responsable. Ses réflexions s’appuient sur deux modèles théoriques, en l’occurrence le modèle contextuel du style parental (Darling et Steinberg, 1993) et le modèle du processus de la participation parentale (Hoover-Dempsey et Sandler, 1997). Ses réflexions sont enrichies des résultats de ses recherches portant entre autres, sur la socialisation à l’autonomie et la réussite scolaire. Elles sont aussi entrecroisées par des réflexions provenant d’une démarche auto-observée et provenant d’autres parents. L’auteure montre que les processus d’influence parentale tiennent la route, quel que soit le but visé par la socialisation.
EN:
In this article, the author approaches the social bond from the angle of developing the human skills of autonomy, social cooperation and public participation. First, it situates these skills in the context of the Programme de formation de l’école québécoise (MEQ, 2001, 2003). It presents the parents or the family as project managers for socializing young people to become responsible citizens who participate in society. The article is based on two theoretical models: the contextual model of parenting style (Darling and Steinberg, 1993) and the model of the parent participation process (Hoover-Dempsey and Sandler, 1997). The article is enriched with research results on the socialization of autonomy and school success, among other aspects. It also includes some reflections from a parents’ self-observation process. The author demonstrates that parental influence processes are very important, regardless of the socialization goal.
ES:
La autora aborda el vínculo social desde el ángulo del desarrollo de las competencias humanas de autonomía, cooperación social y participación pública. Por principio, sitúa dichas competencias en el contexto del Programa de formación de la escuela quebequense (MEQ, 2001, 2003). Presenta a los padres de familia, incluyendo a la familia, en tanto que responsables de la socialización de los jóvenes al ejercicio de la vida en sociedad y de una ciudadanía responsable. Sus reflexiones se apoyan en dos modelos teóricos, el modelo contextual del estilo familiar (Darlin y Steinberg, 1963) y el modelo del proceso de la participación de los padres de familia (Hoover-Dempsey y Sandler 1997). Sus reflexiones se enriquecen con los resultados de las investigaciones sobre la socialización a la autonomía y el éxito escolar. Éstas se entrecruzan con reflexiones provenientes de un enfoque auto-observado proveniente de otros padres de familia. La autora muestra que los procesos de influencia de los padres de familia son sólidos, sin importar el objetivo perseguido por la socialización.