Abstracts
Résumé
Cet article examine le rôle de la musique rap comme vecteur de changement social en Mauritanie, et en particulier dans sa capitale, Nouakchott. À travers une esquisse monographique du mouvement rap, l’auteur cherche à voir de quelles manières la jeunesse mauritanienne invente un nouveau rapport au politique dans une société fortement marquée par la question de l’ethnicité. Une analyse quantitative de trente chansons et une analyse visuelle de vidéoclips, complétées par une série d’entretiens, permettent de mettre en lumière les processus linguistiques et esthétiques qui tendent à faire du rap un objet social et politique apte à reconfigurer les rapports générationnels en Mauritanie.
Mots-clés :
- Musique rap,
- linguistique et esthétisme,
- Mauritanie,
- jeunesse,
- ethnicité
Abstract
This article examines the role of rap music as a vehicle of social change in Mauritania and particularly in its capital, Nouakchott. Through a monographic sketch of the rap movement, the author shows how Mauritanian youth invents a new relationship with politics in a society strongly influenced by the question of ethnicity. A quantitative analysis of thirty songs and a visual analysis of video clips, supplemented by a series of interviews, reveal the linguistic and aesthetic processes that make rap a social and political object that is likely to reconfigure intergenerational relations in Mauritania.
Keywords:
- Rap music,
- linguistics and aesthetics,
- Mauritania,
- youth,
- ethnicity
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Appendices
Remerciements
L’auteur tient à remercier, d’abord, les rappeurs qui lui ont accordé leur temps et sans qui ce travail n’aurait pas été possible, en particulier Boundaaw (du groupe B.O.B.), les groupes Diam Min Tekky, Ewaald Leblaad, Militarian Underground et le rappeur Monza. Merci également à Marion Mourre, programmatrice culturelle au Centre Culturel Français de Nouakchott pour l’introduction dans ce milieu. L’auteur remercie enfin Amadou Sall, sociologue à l’Université de Nouakchott, pour ses précieuses explications sur la société mauritanienne, Armelle Choplin, géographe et spécialiste de la région, et Sophie Moulard-Kouka, anthropologue travaillant sur le rap à Dakar, pour avoir partagé leurs travaux, sans oublier les évaluateurs anonymes et l’équipe de la revue Diversité urbaine pour leurs précieux commentaires.
Note biographique
Martin Mourre est doctorant en anthropologie sociale (EHESS/Université de Montréal). Il s’intéresse à la mémoire collective, particulièrement la mémoire coloniale, et aux formes contemporaines de créations culturelles dans leur rapport au politique, et ce, principalement au Sénégal, mais également dans d’autres pays de la sous-région.
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