Volume 8, Number 1, Spring 2008
Table of contents (7 articles)
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Présentation
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Assignation et discrimination racistes : enquêtes dans le monde du travail en France
Véronique De Rudder and François Vourc’h
pp. 7–23
AbstractFR:
Cet article présente une synthèse de résultats de recherches sociologiques menées sur le racisme dans les entreprises et les organisations syndicales depuis quinze ans. En France, la question des discriminations dites « raciales » comme problème social et la mise en place d’un dispositif public destiné à les réprimer est relativement récente. Cependant, il y existe toujours, bien qu’il y soit généralement dénié ou ignoré, un racisme systémique, notable dans différents domaines, qui désavantage tendanciellement immigrants et descendants d’immigrants en matière d’emploi, de salaire, etc. Au sein des entreprises, les stéréotypes dévalorisants permettant de faire porter à ces derniers la responsabilité de leur situation s’ajoutent aux divers moyens d’intimidation et de réduction au silence des travailleurs minoritaires. Les organisations syndicales dénoncent le racisme patronal, mais éprouvent beaucoup de difficulté à traiter directement du racisme et des discriminations, et ce, pour diverses raisons. Si des luttes contre les traitements discriminatoires ont pu être menées, parfois avec succès, elles ont généralement été non relayées au niveau syndical national.
EN:
This article presents the synthesis of results of sociological research carried out over fifteen years on racism in private enterprises and labour unions. In France, it is only recently that the question of “racial” discriminations has appeared as a social problem, and an institution set up to eradicate it. However, systemic racism exists, whereby direct and indirect discrimination accumulates in various domains, such as education and training, residential segregation, citizenship, etc., though it is generally denied or ignored. Immigrants and descendants of immigrants thus tend to be disadvantaged as regards employment and wages. In companies, demeaning stereotypes make the victims responsible for their situation, and add to various means of intimidation oriented at reducing minority workers to silence. Labour unions denounce employers’ racism, but, for various reasons, meet with a lot of difficulties dealing directly with racism and discrimination. While struggles against discriminatory treatment are waged here or there, sometimes successfully, but they are generally not taken over at the national level.
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Une gamme de l’altérité : figures de l’étranger dans la France méridionale des années 1920
Laure Teulières
pp. 25–44
AbstractFR:
L’immigration renvoie comme en miroir à l’identité collective et au sentiment d’altérité. D’où l’intérêt d’une plongée dans le passé pour dénaturaliser les catégories actuelles, mesurer l’écart dans la façon dont se constituent les perceptions interethniques, tout en soulignant des processus similaires ou tout au moins comparables pour délimiter les frontières entre « eux » et « nous », autochtone et étranger, immigrés « assimilables » ou « indésirables ». Dans la France méridionale des années vingt, à un moment où l’immigration connaît une forte poussée et se trouve en débat, quelles représentations construisent le rapport à l’étrangeté, à l’étranger et finalement à l’immigré? Il ne s’agit pas d’opposer terme à terme le « Français » à « l’étranger », mais de décrire la gamme de nuances et d’ambivalences qui composent les multiples visages de celui-ci.
EN:
The analysis is aimed at examining the invisible borders that defined “otherness” in southern France in the 1920s. This involves looking at the boundaries and the collective representations that defined relations with “the other”; i.e., with foreigners and with migrants. Thie paper will also consider how “otherness” was understood and judged in this period when immigration was so important and so widely debated. My analysis of attitudes toward migrants and foreigners shows the deep complexity of these invisible borders as well as their shifting contours. Such borders did not so much oppose “the French” to “the foreign”, but functioned in such a way as to suggest a range of nuances and ambivalence.
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Tension entre centralité et fragmentation : les quartiers arméniens à Los Angeles
Sarah Mekdjian
pp. 45–61
AbstractFR:
Los Angeles est une ville majeure dans la géographie mondiale de la dispersion arménienne. Composée de membres issus d’origines nationales diverses, la communauté qui habite Los Angeles est plurielle et s’organise en multiples foyers urbains. Au sein de cette mosaïque spatiale et identitaire existe une tension entre une structure fragmentée et a-centrée et une volonté, notamment des élites, de créer un espace-vitrine. Entre l’un et le multiple, la centralité et la fragmentation, la collectivité arménienne est marquée par des enjeux de pouvoir, qui s’expriment spatialement. Le cas de Little Armenia, dont la désignation fait référence à un centre, sera étudié pour montrer à la fois ses attributs de centre et de périphérie. L’ambivalence de cet espace traduit celle qui existe au coeur de la collectivité arménienne, caractérisée par une histoire migratoire complexe.
EN:
Los Angeles is a major city in the international space of the Armenian diaspora. Composed of members native to various nation-states, the Los Angeles Armenian community is pluralist and is organised in a number of urban nuclei. Within this spatial and cultural mosaic, one observes tension between a fragmented and non-centered structure and a desire, expressed mainly by the elites, to create a showcase-center. Between unity and multiplicity, centrality and fragmentation, the Armenian community is characterized by relations of domination and power that are expressed in spatial terms. The case of Little Armenia, whose name indicates a center, will be examined so as to point out its attributes of both center and periphery. The ambivalence of this space is reveals that of the community, a result of its complex immigration history.
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Éléments d’histoire et de démographie des Sud-Asiatiques de Montréal : prémices d’une communalisation?
Anna Maria Fiore
pp. 63–88
AbstractFR:
Les communautés ethniques sont des construits sociopolitiques dont les frontières sont perméables et évoluent de façon dynamique dans le temps et dans l’espace, notamment au cours du processus migratoire. Cet article présente les éléments historiques et démographiques des prémices d’une communalisation des Sud-Asiatiques à Montréal, dans une perspective comparative avec Toronto et Vancouver. Cette analyse s’appuie sur plusieurs sources historiques et statistiques, dont les recensements canadiens de 2001 et de 2006, les données d’enquêtes spéciales, l’Atlas de l’immigration pour la région métropolitaine de recensement de Montréal en 2001 ainsi que des entrevues (39) réalisées auprès d’informateurs-clés et de leaders de ces groupes en 2006. Nous explorons l’hypothèse d’une communalisation de ces groupes à Montréal en raison de barrières linguistiques et socioéconomiques. L’isolement et la marginalisation des Sud-Asiatiques favoriseraient le développement d’une appartenance communautaire.
EN:
Ethnic communities are socio-political constructs with permeable boundaries that evolve in a dynamic way, particularly through the migration process. This article presents the historic and demographic components of the way in which South Asian groups build community in Montréal in a comparative perspective with Toronto and Vancouver. It draws on various documentary and statistical sources, including the 2001 and 2006 Canadian Census, special surveys, the Immigration Atlas of Montréal CMA in 2001, and 39 interviews with community leaders and respondents carried out in 2006. Our analysis explores the hypothesis that while linguistic and socioeconomic barriers contribute to South Asian communities’ isolation and marginalisation in Montréal, they simultaneously foster a sense of community.
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Mettre en scène l’altérité : stratégies, enjeux et contraintes. Le point de vue des « commerçants africains » en milieu urbain
Julie Garnier
pp. 89–112
AbstractFR:
Cet article interroge le travail de l’identité et de l’altérité dans le cadre du marché de la consommation ethnique en France, du point de vue des interactions marchandes. Il se fonde sur une enquête de terrain de longue durée menée dans la région Poitou-Charentes auprès de migrants originaires d’Afrique subsaharienne. L’objectif de cet article suit deux axes : le premier rappelle l’urgence de rompre avec toute définition essentialiste de l’ethnicité. Le second interroge la manière dont les commerçants africains travaillent avec nos images de l’altérité et réinterprètent des signifiants culturels en fonction de la définition de la situation dans laquelle ils se trouvent et des relations sociales en cours. À partir d’une analyse comparée entre trois aires situationnelles (marchés forains, africains, de festivals), nous chercherons à éclairer la variation des stratégies identitaires, en prenant en compte leurs enjeux et leurs contraintes.
EN:
This article explores how identity and otherness function together within the ethnic consumption market in France, as far as commercial interactions are concerned. It is based on extensive fieldwork carried out in the Poitou-Charentes region with migrants from Sub-Saharan Africa. My objective is twofold: first, to emphasize the necessity of rejecting essentialist definitions of ethnicity. The second is to explore how African merchants work with ideas of otherness and reinterpret certain cultural meanings, according to the definition of the situation and ongoing social relations. From a comparative analysis of three situational areas (itinerant, African and festival markets), I will try to shed light on the variation of identity strategies I have observed, as well as the issues and constraints they involve.
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Le vécu de la mixité conjugale chez les couples franco-maghrébins et la transmission identitaire aux enfants
Amélie Puzenat
pp. 113–128
AbstractFR:
Cet article s’intéresse au processus de transmission identitaire confronté à l’expérience de la mixité conjugale. Alors que la descendance des unions mixtes questionne les appartenances identitaires, comment s’orientent les choix de transmission effectués par les parents? À travers le cas des couples franco-maghrébins résidant en région parisienne, nous rendrons compte des différentes questions voire des tensions familiales que la filiation soulève. Les choix de transmission sont autant de négociations conjugales et familiales qui renvoient aux couples la situation « illégitime » dans laquelle ils se trouvent. Nous verrons en quoi nous pouvons parler d’« illégitimité » conjugale. Puis, seront explorés différents exemples qui laissent transparaître, de manière notable, la situation « illégitime » que connaît le couple lors des choix opérés.
EN:
This article deals with the process of identity transmission in situations of culturally mixed unions. As children of such unions question their belonging and identity, what choices do parents make for transmitting identity? Looking at franco-maghrebi couples living in the suburbs of Paris, we will expose the various questions and occasional conflicts that arise from their filiation. Marital and familial negotiations about identity transmission throw back upon the parents the “illegitimate” position in which they find themselves. We will explain how and why the term of “marital illegitimacy” may be used to describe these couples. We will then explore various examples of transmission choices in which the “illegitimate” situation of the couple notably transpires.