La prévention en dépendances ou en addictologie doit évoluer plus rapidement qu’elle ne le fait actuellement afin d’embrasser pleinement les principes de base du développement humain, de la santé publique et des sciences didactiques. Elle doit non seulement suivre ce qu’il est convenu d’appeler les meilleures pratiques, mais aussi prendre pleinement acte des connaissances scientifiques de tous les domaines et surtout, être guidée par des principes de justice sociale, d’équité, de diversité, d’inclusion et de santé publique, ce qui signifie d’éviter les contenus partiels, partiaux ou stigmatisants et d’adopter une approche d’éducation « drug positive ». Le concept de prévention est apparu au début du 20e siècle à travers le courant de l’hygiène publique, dans le but de contrer le développement des maladies physiques au sein de la population bien portante. Il faudra cependant attendre les années 1960 pour en voir l’application dans les domaines de la santé mentale et des troubles du comportement (Brisson, 2014). La prévention en dépendances ou addictologie a d’abord été centrée autour de la réduction de l’offre et de la demande pour ensuite incorporer la promotion de la santé et plus récemment, la réduction des risques et des méfaits (Brisson, 2014). Davantage guidée par le sens commun, l’idéologie et l’intuition dans sa première phase, la prévention a évolué vers des actions fondées sur la théorie pour finalement s’ancrer dans une troisième phase fondée sur les données empiriques (Midford, 2008). Dans tous les cas, mais davantage dans la première phase, la prévention repose trop souvent sur des notions simplistes, des impératifs moraux et politiques et sur la promotion ou le marketing plutôt que sur la science (Midford, 2008). Heureusement, la prévention a évolué depuis ! Une évolution autant nécessaire que souhaitable a permis de passer des « This is Your Brain on Drugs », des « Just Say No » et autres messages du genre à des programmes tels que DARE (Lynam et al., 1999) et, plus tard, Life Skills Training (Botvin, 1979-2000), Strengthening Families (Kumpfer et al., 2010), Project Toward No Drug Abuse (Rohrbach et al., 2010) ou School Health and Alcohol Harm Reduction Project (McBride et al., 2004). Ce faisant, les pratiques préventives sont passées de fondements souvent moraux à une approche cognitivo-comportementale incorporant, dans une certaine mesure, l’approche de réduction des risques et des méfaits. Cette évolution de la prévention a été particulièrement observée dans les pratiques au Québec où les contenus inspirés de programmes majoritairement états-uniens sont plus nuancés et incorporent l’approche de réduction des risques et des méfaits (Fallu et al., 2021). Notons aussi les actions globales et concertées, du type École en santé (Désy, 2009 ; Martin et al., 2005) ou Communities That Care (Kuklinski et al., 2021), qui visent le développement positif des jeunes en travaillant sur des facteurs génériques, dans une approche de promotion de la santé. N’empêche, l’efficacité des programmes de prévention est généralement limitée, surtout s’il s’agit d’empêcher ou de réduire l’usage de substance. En effet, les meilleures pratiques et les programmes ont des effets généralement positifs, mais souvent modestes. De courte durée, les effets observés concernent surtout les connaissances et dans une moindre mesure, les attitudes et les comportements. En outre, principalement en prévention universelle et ciblée-sélective, mais même dans les initiatives de prévention ciblée-indiquée visant la réduction de l’usage, les consommateurs, particulièrement les consommateurs expérimentés, bénéficient généralement peu de ces interventions. Même chose pour les politiques de prévention. La situation actuelle du vapotage chez les jeunes renforce cette idée que les efforts de prévention peinent à atteindre leurs objectifs. Cette efficacité limitée a donné lieu à des réflexions proposant quelques hypothèses explicatives (Ashton, 2004). …
Appendices
Bibliographie
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