Mot de présentationPrévention et promotion de la santé en lien avec l’utilisation de substances, les jeux de hasard et d’argent et les écrans[Record]

  • David-Martin Milot,
  • Jean-Sébastien Fallu,
  • Myriam Laventure,
  • Shelley-Rose Hyppolite,
  • Christophe Huỳnh and
  • Francine Ferland

La prévention est une approche incontournable en ce qui a trait à la consommation de substances psychoactives. En tandem avec l’éducation, elle constitue d’ailleurs un des quatre piliers des stratégies canadienne et suisse sur les drogues et autres substances, en complément de la réduction des risques et des méfaits, du traitement ou de la thérapie et de l’application de la loi ou de la répression. Elle est également complémentaire à la promotion de la santé, qui s’intéresse principalement aux déterminants sociaux de la santé et aux iniquités qu’ils sous-tendent, plutôt qu’aux facteurs de risque qui sont au coeur de la prévention. Bien qu’étudiée de façon détaillée et généralement bien comprise, la prévention peut devenir complexe — et même mener à des effets iatrogéniques — lorsqu’appliquée à différentes situations. En ce sens, dès l’ouverture de ce numéro thématique, Jean-Sébastien Fallu expose une perspective critique sur la posture de prévention auprès des jeunes. Sous forme d’éditorial, il questionne les assises théoriques, approches et pratiques sur lesquelles reposent historiquement les programmes de prévention en lien avec la consommation de drogues, posant l’hypothèse de leur contribution à la stigmatisation de l’usage et des personnes usagères. Il introduit ensuite le concept d’éducation « drug positive » comme piste de solution pour faire différemment et repositionner les rapports sociaux face aux drogues. Le premier article, signé par Gougeon et ses collègues, présente ensuite des stratégies de prévention telles qu’identifiées par de jeunes adultes de 21 à 26 ans. Ce groupe en est un prioritaire pour des interventions de prévention sélective — c’est-à-dire ciblant des personnes exposées à des risques spécifiques — quant à l’usage de substances psychoactives. Les personnes de ce groupe d’âge traversent en effet de nombreuses transitions liées aux études, à la vie amoureuse et au travail, pouvant constituer des fragilités, mais également des opportunités de prévention permettant d’instaurer des réflexes protecteurs efficaces à long terme. Bénéficiant de financement grâce au Fonds de prévention et de recherche en matière de cannabis du gouvernement du Québec, les acteurs communautaires et institutionnels peuvent désormais agir en prévention de façon plus substantielle auprès de ce groupe d’âge. Encore faut-il cependant connaître les pistes d’actions auxquelles les jeunes adultes pourraient adhérer en lien avec la consommation d’alcool et de cannabis. En s’intéressant particulièrement aux événements festifs universitaires (EFU), les travaux de Gougeon et de ses collègues mettent de l’avant une approche participative pour identifier ces pistes d’action. Ainsi, ils ont pu identifier des stratégies d’ordre social, temporel et économique. Les stratégies pour prévenir des comportements à risque, tels que celui de conduire avec les facultés affaiblies ou encore d’avoir des relations sexuelles à risque, ont aussi été abordées. Bien que les mesures proposées présentent un bon potentiel d’efficacité, différents facteurs influençant leur implantation se doivent d’être pris en compte pour que les résultats visés soient atteints. Ces facteurs individuels, sociaux et contextuels ont été explorés par les chercheurs, qui notaient plus précisément que certaines stratégies mises en pratique lors d’EFU ne sont pas planifiées, d’où l’importance d’investir en prévention de façon précoce, intensive et fréquente auprès des enfants, adolescents et jeunes adultes. Les aptitudes personnelles et sociales qu’ils intègrent alors leur permettant de développer des réflexes efficaces pour limiter les risques liés à leur consommation et en optimiser les bénéfices perçus plus tard. Le second article, rédigé par Alarie-Vézina et ses collègues, met aussi de l’avant une approche participative pour documenter l’adaptation de la forme et du contenu d’un programme de prévention secondaire reconnu efficace, Alcochoix+, à la réalité des Premières Nations et Inuit. Bien que celui-ci permette aujourd’hui d’aborder l’ensemble des substances psychoactives, la version …