Volume 15, Number 1, May 2016 Drogues et mondialisation Guest-edited by Chantal Robillard and Hubert Villeneuve
Table of contents (6 articles)
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Mot de présentation
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Contrôle des drogues et mondialisation : enjeux et limites de la régulation internationale
Bastien Quirion
pp. 1–18
AbstractFR:
L’objectif de cet article est d’analyser la question de l’internationalisation du contrôle des drogues, en insistant tout particulièrement sur les enjeux et les limites inhérents à la souveraineté des États nationaux en matière de droit pénal et de politiques publiques. Dans un premier temps, nous brossons un portrait du contexte dans lequel s’est développé le régime prohibitionniste sur le plan international. Nous insistons en particulier sur la façon par laquelle la question des drogues fut problématisée dans une perspective mondialisée, justifiant par le fait même la nécessité de se doter de mécanismes de régulation dont la portée soit globale. Nous analysons ensuite les conséquences et les enjeux de cette internationalisation des contrôles, en particulier en ce qui concerne le principe de la souveraineté des États, pour ensuite décrire les principales manifestations de cette apparente mondialisation des mécanismes de contrôle. À la lumière des principaux enjeux soulevés par l’internationalisation du contrôle des drogues, nous constatons que les États nationaux demeurent relativement autonomes en ce qui concerne l’instauration des normes en droit interne. Il s’exerce bien sûr des pressions sur la scène internationale pour que ces pays adhèrent plus intensément au régime prohibitionniste, mais dans les faits le principe de souveraineté les protège contre une ingérence indue des agences internationales de contrôle. Il n’existerait donc pas de mondialisation des mesures de contrôle qui se manifesterait par une multiplication des foyers de production des normes pénales au-dessus des États. On constate plutôt une internationalisation des contrôles qui prendrait davantage la forme de collaborations et d’ententes multilatérales entre les différents acteurs nationaux.
EN:
The objective of this article is to provide an analysis of the internationalisation of drug control, with particular attention on the challenges and limits to the sovereignty of Nation-States in regard to criminal law and public policy. First, we are exploring the context in which the global drug prohibition regime has emerged. The emphasis is put on the way drug use has been problematized as a global issue, which has justified the implementation of an international system of drug control. Then, we are analysing the implications of this internationalisation of drug control, and describing the different forms it has taken. The results of our analysis show that Nation-States remain relatively autonomous in regard to the edict of legal norms and domestic laws. Of course, pressure at the international level might be put on Nation-States in regard to the implementation of prohibitionist measures, but the principle of sovereignty appears as a safeguard to the undue interference of international agencies. To conclude, there is no evidence of a globalisation of drug control that might produce norms that could be implemented transnationally. But we might accept the idea of an internationalisation of control in which Nation-States are collaborating and agreeing on multilateral obligations.
ES:
Este artículo tiene como objetivo analizar la cuestión de la internacionalización del control de las drogas, insistiendo particularmente en los problemas y límites inherentes a la soberanía de los Estados nacionales en materia de derecho penal y de políticas públicas. En primer lugar, nos proponemos trazar un panorama del contexto en el que se desarrolló del régimen prohibicionista en el plano internacional. Insistimos en particular en la manera en que se problematizó la cuestión de las drogas en una perspectiva globalizada, justificando por el hecho mismo la necesidad de dotarse de mecanismos de regulación cuyo alcance fuera global. Nos proponemos luego analizar las consecuencias y los problemas de esta internacionalización de los controles, en particular en lo que se refiere al principio de la soberanía de los Estados, para describir a continuación las consecuencias principales de esta aparente globalización de los mecanismos de control. A la luz de las cuestiones principales que surgen con la internacionalización de los controles de las drogas, constatamos que los Estados nacionales se mantienen relativamente autónomos en lo que se refiere a la instauración de las normas en materia de derecho nacional. Existen por cierto presiones en la escena internacional para que estos países adhieran más intensamente al régimen prohibicionista, pero en los hechos el principio de soberanía los protege contra una injerencia indebida de las agencias internacionales de control. No existiría entonces una globalización de las medidas de control, que se manifestaría por una multiplicación de focos de producción de normal penales supranacionales. Se constata más bien una internacionalización de controles que tomaría sobre todo la forma de colaboraciones y acuerdos multilaterales entre los diferentes actores nacionales.
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L’opium dans la mondialisation : le cas du Triangle d’Or
Pierre-Arnaud Chouvy
pp. 19–34
AbstractFR:
La géographie et l’histoire des drogues illégales sont profondément ancrées dans les dynamiques anciennes et actuelles du processus de mondialisation, ainsi que le montre la géohistoire du pavot à opium en Asie. Le pavot à opium parce qu’il fournit un exemple éloquent des relations dynamiques qui ont existé et qui persistent entre l’économie politique et la géographie des drogues illégales d’une part et la mondialisation d’autre part. L’Asie, quant à elle, fournit un espace géographique de référence riche d’enseignement parce que l’on peut estimer que le narcotrafic international y est né et que la plus importante toxicomanie de masse s’y est développée (l’opiomanie chinoise). L’histoire et la géographie de l’opium en Asie doivent beaucoup aux processus d’internationalisation des échanges et de mondialisation, marqués comme ils l’ont été par le commerce intercontinental triangulaire, le protectionnisme économique chinois, les monopoles et autres régies coloniales de l’opium, les guerres impériales sino-britanniques, la genèse de la prohibition mondiale de certaines drogues, les conflits armés nationaux et internationaux consécutifs aux indépendances et à la Guerre froide, etc. La géohistoire de l’opium en Asie montre clairement que le développement du narcotrafic résulte en grande partie de l’intervention étatique à l’échelle mondiale. En fin de compte, la géographie des drogues illégales est à considérer au regard de celle de la distribution mondiale et asymétrique du pouvoir, des richesses et des revenus, et de ses impacts sur les crises et les conflits.
EN:
The geography and history of illegal drugs are deeply rooted in the past and present dynamics of the globalization process, as indicated by the geohistory of the opium poppy in Asia, as it provides a good example of how the political economy and the geography of illegal drugs are related to globalization. In the meanwhile, Asia offers a rich example of a geographical space where international trafficking started and where the most important mass drug addiction has developed (Chinese opium addiction). The history and geography of opium in Asia owe much to the process of internationalization of trade and globalization, marked as they were by the triangular intercontinental trade, Chinese economic protectionism, colonial opium monopolies and other regulating bodies, the Sino-British imperial wars, the genesis of the global prohibition of certain drugs, the national and international armed conflicts following the independences and to the Cold War, etc. The geohistory of opium in Asia clearly shows that the development of drug trafficking is largely a result of worldwide state intervention. Ultimately, the geography of illegal drugs should be considered in light of the global and asymmetric distribution of power, wealth and income, and their impact on crises and conflicts.
ES:
La geografía y la historia de las drogas ilegales están profundamente ancladas en las dinámicas antiguas y actuales del proceso de globalización, tal como lo muestra la geohistoria de la amapola del opio en Asia. Se menciona aquí amapola del opio porque brinda un ejemplo elocuente de las dinámicas que existieron y que persisten entre la economía política y la geografía de las drogas ilegales por un lado y la globalización por el otro. En cuanto a Asia, el continente proporciona un espacio geográfico de referencia rico en enseñanzas porque se puede estimar que el narcotráfico internacional nació allí y que allí se desarrolló la más importante toxicomanía de masas (la opiomanía china). La historia y la geografía del opio en Asia, marcados como lo están por el comercio intercontinental triangular, el proteccionismo económico chino, los monopolios y otras administraciones coloniales del opio, las guerras imperiales sino británicas, la génesis de la prohibición mundial de ciertas drogas, los conflictos armados nacionales e internacionales que siguieron a las independencias y a la Guerra fría, etc., deben mucho a los procesos de internacionalización de intercambios y de globalización. La geohistoria del opio en Asia muestra claramente que el desarrollo del narcotráfico resulta en gran medida de la intervención estatal a escala mundial. Al fin de cuentas, la geografía de las drogas ilegales debe considerarse con respecto a la geografía de la distribución mundial y asimétrica del poder, de las riquezas y de los ingresos y de sus impactos sobre las crisis y los conflictos.
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La cocaïne, une marchandise mondialisée
Michel Gandilhon
pp. 35–49
AbstractFR:
Si le cannabis et les drogues de synthèse sont consommés aujourd’hui sur tous les continents, nulle substance n’incarne mieux la mondialisation de l’usage de drogues, et la mondialisation tout court, que la cocaïne. Elle symbolise en effet, du fait de son statut de drogue de la performance et de l’insertion, un certain esprit du temps marqué par le culte de la compétition. Le développement de sa consommation à l’échelle de la planète à partir des États-Unis est d’ailleurs contemporain de la fantastique accélération des échanges commerciaux provoquée notamment par l’émergence de la Chine et l’intégration de l’ex-Empire soviétique au marché capitaliste mondial. Dès lors, les flux de son trafic épousent les grandes voies commerciales maritimes par l’entremise notamment des porte-conteneurs, tandis que l’usage, autrefois apanage des « élites » occidentales, se démocratise et touche de plus en plus les consommateurs des pays de l’ex-Tiers-Monde. Comme le téléphone portable, la cocaïne est aujourd’hui un des marqueurs de l’entrée dans le monde de la consommation de masse.
EN:
Cocaine perfectly symbolizes globalization itself. As a performance and insertion enhancer, cocaine embodies a certain “spirit” of the times marked by the cult of competition. The globalization of its use coincides with the increase of international commercial activity following the emergence of China and the integration of the former Soviet empire in the world capitalist system. Cocaine traffic flows through maritime commercial routes, especially by means of container ships. Once a staple of Western elites, cocaine consumption is now increasing worldwide and can be seen as a symbol of mass consumer society.
ES:
Si el cannabis y las drogas sintéticas se consumen hoy en día en todos los continentes, ninguna sustancia encarna mejor la mundialización del uso de drogas, y la mundialización en si, que la cocaína. En efecto, la cocaína simboliza, en virtud de su condición de droga de rendimiento y de inserción, un cierto espíritu del tiempo marcado por el culto de la competencia, mientras que el desarrollo de su consumo en escala planetaria a partir de Estados Unidos es contemporáneo de la fantástica aceleración de los intercambios comerciales provocados principalmente por el surgimiento de China y la integración del ex-imperio soviético al mercado capitalista mundial. Desde entonces, el flujo de su tráfico emprende las grandes vías comerciales marítimas por intermedio principalmente de los portacontenedores, mientras que el uso, en otros tiempos reservado a las “élites” occidentales, se democratiza y toca cada vez más a los consumidores de los países del ex-Tercer Mundo. Como el teléfono portátil, la cocaína es hoy en día uno de los señalizadores de la entrada en el mundo del consumo de masas.
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Les drogues et le continent africain dans le contexte de la mondialisation
Chantal Perras
pp. 50–65
AbstractFR:
De prime abord, le continent africain semble avoir peu de liens avec les substances psychoactives illégales. Or, les efforts transnationaux pour lutter contre les divers trafics dans le monde de même que les innovations et échanges de contacts et de procédés expérimentés par différents groupes de trafiquants ont eu un impact sur la place qu’occupent désormais les pays africains, devenus point de transit. Des groupes criminels internationaux ont compris l’avantage du continent comme plaque tournante pour le trafic illégal. La mondialisation permet la circulation plus facile des biens et des personnes. La notion de déplacement de la criminalité dans un lieu moins policé et davantage corrompu est importante. Par ricochet, l’intensification du trafic a fait augmenter la consommation. Une diversification de ces phénomènes s’est également opérée à tel point qu’en Afrique de l’Ouest, les questions de polytoxicomanie et de trafic transnationaux sont devenues préoccupantes pour la communauté internationale. L’échange de cocaïne et d’héroïne en Afrique de l’Ouest et ailleurs a été réalisé par différents groupes prédominants sur la scène internationale. De plus, un déplacement des trafics de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique de l’Est s’est récemment produit. Nous détaillons l’histoire et la situation de trois régions d’Afrique de façon à mieux comprendre l’ensemble de la problématique récente dans la région. Nous nous penchons sur les cas de l’Afrique du Nord, de l’Afrique orientale et de l’Afrique de l’Ouest.
EN:
Prima facie, the African continent does not appear to be largely implicated with illegal drugs. Transnational efforts to fight diverse type of trafficking in the world, as well as innovations and networks and processes exchange by traffickers groups led to a large impact on Africa’s role as a transit point. International criminal groups take advantage of the region in relation to illegal trafficking. Globalisation allows for easier moving of people and products. The displacement of criminality in less policed areas but more corrupted is an important notion. Trafficking intensification seems to have the effect of enhancing drug consumption and abuse. In West Africa, poly use and international trafficking became a high concern for the international community. Cocaine and heroin exchange in West Africa became particularly dense and international trafficking organisations have worsened the situation. Moreover, trafficking has recently been extended from West Africa to East Africa. The last section is dedicated to the context and history of three different regions of Africa, in order to further our understanding of the actual problem. We examine the case of West Africa, East Africa and North Africa.
ES:
En principio, el continente africano parece tener pocos vínculos con las sustancias psicoactivas ilegales. Los esfuerzos transnacionales para luchar contra los diversos tráficos en el mundo y las innovaciones y los intercambios de contactos y de procedimientos experimentados por diferentes grupos de traficantes tuvieron un impacto sobre el lugar que ocupan ahora los países africanos, transformados en lugares de tránsito. Los grupos criminales internacionales entendieron la ventaja del continente como importante punto de tránsito para el tráfico ilegal. La globalización facilitó la circulación de bienes y de personas. La noción de desplazamiento de la criminalidad hacia un lugar menos vigilado y más corrompido es importante. Como consecuencia, la intensificación del tráfico ha ocasionado un aumento en el consumo. La diversificación de estos fenómenos ocurrió a un punto tal que en África Occidental las cuestiones de politoxicomanía y de tráfico transnacional han devenido preocupantes para la comunidad internacional. Diferentes grupos predominantes en el ámbito internacional han realizado un intercambio de cocaína y de heroína en África Occidental y en otras regiones. Además, se produjo recientemente un desplazamiento del tráfico del África Occidental hacia el África Oriental. Analizamos en detalle la historia y la situación de tres regiones de África para entender mejor el conjunto de la problemática reciente en la región. Nos detenemos en los casos de África del Norte, de África Oriental y de África Occidental.
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Dopage et mondialisation financière du sport : ce que nous apprend l’analyse économique !
Jean-François Bourg
pp. 66–84
AbstractFR:
Cet article présente une contribution de la science économique à la compréhension du dopage dans le sport professionnel, ce dernier s’étant recomposé autour des valeurs du système libéral, productiviste et globalisé contemporain. Ainsi, nous tentons de répondre à trois interrogations. Pourquoi se dope-t-on ? Quelles sont les caractéristiques du marché mondial des substances dopantes ? Pour quelles raisons le dopage se développe-t-il malgré la mise en oeuvre de politiques internationales de contrôle et de répression inédites ?
La complexité de ce phénomène justifie le recours à plusieurs corpus. Selon la théorie du crime, une conduite dopante relève d’une décision individuelle et rationnelle prise en fonction des avantages et des coûts attendus. La théorie des jeux vise à dépasser ce strict calcul en intégrant les interactions stratégiques entre les sportifs qui déterminent leurs choix : ne pas se doper, se doper de façon prudente ou risquée, etc. Toutefois, lorsque le dopage devient systémique, seule l’approche institutionnaliste permet de prendre en compte les pratiques collectives.
L’ampleur du dopage a augmenté avec la mondialisation économique du sport à partir des années 1990. L’essor de ce marché lucratif a été favorisé par une croissance rapide du chiffre d’affaires du secteur « sport », une valorisation de la performance, une forte évolution de la pharmacopée et une révolution des ventes par Internet. L’offre de dopage repose sur une spécialisation internationale du travail entre pays (production, transit, hébergement de sites de commercialisation, consommation). L’évaluation de la demande et des flux financiers qui en découlent souligne l’importance de cette industrie souterraine.
En dépit de la création de nouvelles institutions et procédures ad hoc (agences mondiales et nationales antidopage, code mondial antidopage), le dopage ne semble pas régresser. Une crise des finalités du sport de compétition, une défaillance de la gouvernance du sport mondial et un déficit de régulation de ses dérives expliquent cet échec. Un tel constat rend nécessaire la refondation du système sportif international et l’émergence d’une instance de lutte contre le dopage totalement indépendante du pouvoir sportif.
EN:
This article presents the contribution of economists to the understanding of doping in professional sports, which has been remodelled based on the values of the contemporary liberal, productivist and globalised system. We therefore try to answer three questions: Why do athletes take drugs? What are the features of the global market for drugs? Why has doping developed, despite the implementation of international drug control policies and unprecedented crackdowns?
The very complexity of this phenomenon justifies the use of several bodies of work. According to the theory of crime, drug-taking is an individual and rational decision that is made based on the expected advantages and costs. Game theory aims to go beyond this narrow calculation by integrating the strategic interactions between athletes that determine their choices: not to take drugs, or to take drugs in a careful or risky way, etc. However, when doping becomes systemic, only an institutional approach can take collective practices into account.
Since the 1990s, doping has increased with the economic globalisation of sport. The rise of this lucrative market was boosted by a rapid growth in the turnover of the “sports” sector, an enhanced value of performance, a strong development in pharmacopoeia and a revolution of sales by internet. Drug-use supply is based on an international specialisation of labour between countries (production, transit, hosting commercial sites and consumption). Assessing the supply and the flow of funds that result from it highlights the importance of this hidden industry.
Despite the creation of new institutions and ad hoc procedures (global and national anti-doping agencies or the World Anti-Doping Code), doping does not appear to be declining. This failure can be explained by a crisis in the aims of competitive sport, a weakness of governance in world sports and a lack of regulation of these unwanted abuses. Such a finding demands that the international system of sport be restructured and that an anti-doping authority that is totally independent of sport be created.
ES:
Este artículo presenta la contribución del economista a la comprensión del dopaje en el deporte profesional, ya que este último se recompuso en torno a los valores del sistema liberal, productivista y globalizado contemporáneo. Trataremos de responder a tres preguntas. ¿Por qué se dopan los deportistas? ¿Cuáles son las características del mercado mundial de las sustancias dopantes? ¿Por qué el dopaje se desarrolla a pesar de la aplicación de políticas internacionales de control y de represión inéditas?
La complejidad de este fenómeno justifica el recurso a numerosos corpus. Según la teoría del crimen, una conducta de dopaje depende de una decisión individual y racional que se adopta en función de las ventajas y de los costos esperados. La teoría de los juegos apunta a superar este cálculo estricto integrando las interacciones estratégicas que determinan la elección entre los deportistas: no doparse, doparse de manera prudente o arriesgada, etc. Sin embargo, cuando el dopaje llega a ser sistémico, solo el enfoque institucionalista permite tomar en cuenta las prácticas colectivas.
La amplitud del dopaje ha aumentado con la mundialización económica del deporte a partir de los años 90. El auge de este mercado lucrativo se vio favorecido por un crecimiento rápido de la cifra de negocios del sector de deportes, una valorización del rendimiento, una fuerte evolución de la farmacopea y una revolución de las ventas por internet. La oferta de dopaje se apoye sobre la especualizacion internacional del trabajo entre países (producción, tránsito, albergue de sitios de comercialización, consumo). La evaluación de la demanda de los flujos financieros que surgen de esta situación subraya la importancia de esta industria ocultada.
A pesar de la creación de nuevas instituciones y procedimientos ad hoc (agencias mundiales y nacionales antidopaje, código mundial antidopaje), el dopaje parece no retroceder. Una crisis de las finalidades del deporte competitivo, una deficiencia en la gobernanza del deporte mundial y un déficit de regulación de sus desviaciones explican este fracaso. Tal constatación hace necesaria la refundación del sistema deportivo internacional y del surgimiento de una instancia de lucha contra el dopaje, totalmente independiente del poder deportivo.