G. B. : Le parcours de la revue s’inscrit dans le droit fil de la mission de départ et des habitudes ou des pratiques prises et établies au cours des ans. La continuité en est une marque de commerce : sa numérotation remonte à la naissance du Bulletin de l’ACBLF, au début des années 1950. Le format de départ n’a été modifié qu’une seule fois. Le conseil d’administration a toujours nommé les directeurs et l’Association a financé fidèlement le fonctionnement. La continuité de la revue a été rendue possible grâce à des décisions s’emboîtant les unes aux autres, par des ajustements ou des compromis souvent imperceptibles après coup. De fait, la revue prenait l’air du temps sans l’annoncer, évoluait au rythme des techniques documentaires, mettait à profit la professionnalisation des bibliothécaires et de ses lecteurs. Les éléments de continuité entraperçus et recensés à partir du produit édité trimestriellement depuis quatre décennies seront sans doute inventoriés et analysés par des chercheurs. Pour ma part, je jetterai un coup d’oeil sur l’évolution de l’appareil de DB : ses directeurs successifs, la composition des comités de rédaction, l’origine des contributeurs et la politique éditoriale. Le directeur d’une revue scientifique est celui ou celle qui est préoccupé par l’orientation de la publication, qui recrutera les membres du comité de rédaction, qui établira des liens avec ses homologues, qui maintiendra les communications avec les administrateurs de l’Association. En somme, ses préoccupations, ses contacts quotidiens, sa vision du milieu influenceront ses choix et, inévitablement, la direction du périodique. Depuis la naissance de Documentation et bibliothèques, l’ASTED a confié la direction à 13 personnes, incluant le directeur en poste depuis août 2015. Un regard rapide sur la provenance de chacun des titulaires révèle que, outre le directeur actuel, 8 d’entre eux étaient d’abord et avant tout des praticiens et quatre des chercheurs, des professeurs ou des théoriciens. On notera que 3 de ces derniers furent en fonction après 1996. Il y a là une évolution qui, sans être impérative, indique une sensibilité accrue envers la théorie et la recherche. La composition du comité de rédaction, préoccupation importante des directeurs nommés par les administrateurs de l’Association, repose essentiellement sur les épaules des membres du comité lui-même. On y identifie les candidats possibles. On y évalue l’intérêt de chacun pour un tel poste et les choix y sont faits par cooptation et par consensus. Le premier comité de DB, celui en poste en 1973, comptait un scientifique, Marcel Lajeunesse, sur six membres. En 1983 et en 1993, tous les membres, sans exception, étaient ou des professionnels ou des administrateurs. Des théoriciens font partie du groupe en 2003 et en 2013 : 3 au début du siècle (France Bouthillier, Éric Leroux et James Turner) et 6 dix ans plus tard (Michèle Hudon, Nadine Desrochers, Sabine Mas, Élaine Ménard, Heather Léa Moulaison et James Turner). Alors qu’ils étaient encore minoritaires en 2003 (3 sur 10), ils sont tout juste majoritaires en 2013 (6 sur 11). Ce n’est pas ici le lieu pour approfondir le changement et l’expliquer, mais on peut au moins noter la présence des scientifiques en plus grand nombre à côté des praticiens depuis l’année 2003, alors que les praticiens ont eu 22 représentants contre un seul théoricien en 1973, en 1983 et en 1993. La nomination des responsables de la revue et le recrutement par cooptation des membres du comité de rédaction ne mènent pas automatiquement à des changements ou à la modification de la trajectoire passée. Mais les auteurs sollicités et mis à contribution marqueront nécessairement le décor et les …