Abstracts
Résumé
Penser la timidité comme énergie littéraire chez Philippe Vilain qui revendique ce trait de caractère, c’est se connecter à l’expérience trouble du blanc entre les lettres, du blanc entre les mots et des phrases tout autant qu’aux marges. Le vide, les endroits mutiques qui traversent les pages offrent la possibilité à d’autres mots de s’insérer, de prendre place dans ce qui n’est pas exprimé, mais veut se dire. Car si Philippe Vilain remplit ce vide, se biographie dans son oeuvre où les couples se séparent et s’éloignent, entre secrets et silences plus ou moins revendiqués, L’écrivaine Annie Ernaux qui a été sa compagne, l’introduit régulièrement dans plusieurs de ses oeuvres. Philippe Vilain, devenu le fantôme d’une vie, homme réservé, mystérieux comme il se définit, réussit malgré lui à figurer dans des pages étrangères. Des pages d’une écrivaine, qui le réaniment de temps à autre. Une expérience trouble, en miroir, intéressante pour comprendre à quel point la timidité peut déjouer certains pronostics d’un effacement de soi, ce à quoi aspire le timide.
Abstract
To think of shyness as a literary energy in Philippe Vilain's work is to connect with thetroubled experience of the white space between letters, words and sentences, as well as with the margins. The emptiness, the mute places that cross the pages, offer the possibility for other words to insert themselves, to take their place in what is not expressed, but wantsto be said. For if Philippe Vilain fills this void, biographizing himself in his work, where couples separate and drift apart, between secrets and silences more or less asserted, the writer Annie Ernaux, who was his companion, regularly introduces it in several of her works. Philippe Vilain, now the ghost of a life, a reserved, mysterious man as he defines himself, manages in spite of himself to appear in pages foreign to him. Pages written by a woman writer, who brings him back to life from time to time. It's an unsettling, mirror-like experience, and an interesting way of understanding the extent to which shyness can thwart certain predictions of self-effacement, which is what shy people aspire to.