Développement Humain, Handicap et Changement Social
Human Development, Disability, and Social Change
Volume 19, Number 1, April 2011 Résilience : pour voir autrement l'intervention en réadaptation
Table of contents (30 articles)
ÉDITORIAL / EDITORIAL
GRANDS CONFÉRENCIERS / KEYNOTE SPEAKERS
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« Résilience : pour voir autrement l’intervention en réadaptation »
Marie Anaut
pp. 7–14
AbstractFR:
Il y a mise en place d’un processus de résilience lorsque des personnes ou des groupes familiaux parviennent à réguler la crise occasionnée par un traumatisme, à juguler les effets de la désorganisation psychique qui en résulte et à maintenir une (re)construction psychique et sociale.
Les liens familiaux sont l’une des composantes essentielles des processus de reconstruction après les traumatismes. Cependant, face aux situations de crises, la mobilisation des processus de résilience dépendra de la combinaison interactive des facteurs de risque et des facteurs de protection dont la famille dispose à un moment donné de son parcours.
Ainsi, interroger les aptitudes résilientes d’une famille consiste à prendre en considération ses ressources et ses compétences, ses propriétés spécifiques, ses potentiels de rétablissement et d’autosubsistance particuliers. Cela suppose aussi de repérer et d’analyser ce qui entrave les processus de résilience. Le modèle de la résilience est un outil de médiation novateur qui conduit à changer le regard sur les individus et sur les familles vulnérables en les situant en tant qu’acteurs de leur reconstruction.
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Conjuguer ouverture des possibles au temps de l’incertitude
Patrick Fougeyrollas
pp. 15–24
AbstractFR:
Le modèle du développement humain et du Processus de production du handicap (PPH) s’est révélé robuste, au fil des années et sur le plan international, grâce à sa prise en compte de la temporalité et à la conceptualisation mutuellement exclusive de ses dimensions systémiques personnelles, environnementales et des habitudes de vie. De nouvelles précisions facilitent sa compréhension, son utilisation et sa portée heuristique.
La réflexion qu’il suscite sur la construction culturelle et historique du sens donné au handicap, à chaque fois rejouée pour chaque personne dans son milieu et selon son point de vue identitaire est féconde et exigeante.
Invitation à la délibération démocratique des acteurs concernés pour imaginer le changement vers plus de possibles par l’intervention individualisée en adaptation-réadaptation et soutien à la participation sociale ou par les transformations sociales et physiques collectives visant l’exercice du droit à l’égalité.
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Modèle de développement d’interventions individualisées axées sur la résilience
Colette Jourdan-Ionescu
pp. 25–33
AbstractFR:
L’élaboration d’interventions basées sur la résilience assistée se fonde sur une expérience d’évaluation – dans une perspective écosystémique – des facteurs de risque et des facteurs de protection auprès de diverses populations à risque : enfants de familles négligentes chroniques, adolescents présentant une déficience intellectuelle, jeunes enfants de milieux très défavorisés, enfants malades, enfants présentant un trouble de déficit de l’attention/hyperactivité et enfants surdoués. La présente communication souligne l’importance de la balance dynamique entre les facteurs de risque et de protection dans l’élaboration d’une intervention individualisée visant la résilience. Des exemples d’intervention par l’humour et grâce à un tuteur de résilience – deux facteurs clés de résilience assistée – seront fournis.
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Applications of the Metatheory of Resilience and Resiliency in Rehabilitation and Medicine
Glenn E. Richardson
pp. 35–42
AbstractEN:
This presentation will based upon the “Metatheory of Resilience and Resiliency” which was described in the 2002 issue of the Journal of Clinical Psychology. The techniques that are applicable to health care providers are adaptations from the Personal Resiliency Training Guidebooks.
Description
The theoretical model of resiliency will be explained as a process—a personal journey through disruption and reintegration. The model will demonstrate the incremental process and series of choices evident in progression toward optimal health. The key stage in the re-occurring model is the trough of disruption. It is in chaos and the discomfort of leaving homeostasis that helping professionals can facilitate the experience of digging through superficial protective layers of consciousness to discover innate resilience. Resilience is a progressive force within everyone that drives them to maximize, embrace, and fulfill potentials. In most individuals, resilience is the drive to be in harmony with a source of energy beyond themselves. Techniques to facilitate the discovery of essential, character, noble, synergistic, ecological, universal, and orchestrational resilience for health practitioners will be described.
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Résilience et empathie : la cause commune des soignants et des soignés
Serge Tisseron
pp. 43–50
AbstractFR:
Si nous considérons la résilience comme une aptitude que chacun possède à un degré ou à un autre, et qui cherche sa voie au travers des difficultés, l’une des façons de la favoriser – et peut être la meilleure – est d’écarter les obstacles qui empêchent son épanouissement. Or parmi ceux ci, on trouve une certaine idée de ce qu’est la souffrance, la maladie, mais aussi… la résilience.
Nous envisagerons quelques-uns des pièges qui empêchent d’accompagner les patients et malades sur ce chemin, depuis une certaine conception du traumatisme et de ses effets jusqu’à la place des processus de symbolisation privilégiés par chacun.
Nous accorderons une place toute particulière à l’empathie, envisagée non pas comme une capacité cognitive qui permet de comprendre le contenu mental d’autrui, sur le modèle de la théorie de l’esprit, mais comme une forme de relation qui fait une place à la réciprocité : accepter l’idée que la souffrance ou l’anomalie du patient ait été ou puisse être présente dans une certaine mesure chez nous aussi.
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Des outils cliniques facilitant la résilience auprès de la clientèle ayant subi un traumatisme craniocérébral en réadaptation
Gilles Charrette, Eduardo Cisneros, Michelle McKerral, Geneviève Léveillé and Audrey-Kristel Barbeau
pp. 51–55
AbstractFR:
Cet article mettra en évidence les particularités de trois outils d’intervention cliniques utilisés au programme pour les personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral du Centre de réadaptation Lucie- Bruneau et questionnera les liens entre eux et le concept de résilience. Les trois outils discutés sont l’Outil Priorité d’intervention du client (PIC), l’activité Agenda et « Des murs qui parlent ». Les particularités de chacun des outils et le contexte de leur utilisation clinique seront présentés.
Les objectifs de l’article sont de : 1) Familiariser les participants aux fondements conceptuels et aux particularités des trois outils, 2) Illustrer l’impact de ces outils dans le processus de réadaptation et chez la clientèle traumatisée crânienne, 3) Questionner les liens entre ces outils et le concept de résilience et de 4) Stimuler une réflexion sur les différences et les liens entre l’empowerment et la résilience.
Nous terminerons en amorçant une réflexion sur les différences et les liens entre la résilience et l’empowerment, ainsi que la capacité de choix et l’estime de soi comme éléments inhérents de la réappropriation de la vie suite au traumatisme craniocérébral.
ARTICLES ORIGINAUX JOURNÉE 1 / ORIGINAL ARTICLES DAY 1
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La résilience à travers l’expérience parentale chez une personne vivant avec une déficience physique : le passage de monsieur Jérôme Cernoïa à la clinique Parents Plus
Jérôme Cernoïa, Isabelle Forget and Cathy Samson
pp. 57–60
AbstractFR:
Le fait de devenir parent est une aventure synonyme de nombreux défis. Lorsque le parent en devenir est atteint d’une déficience physique, les défis à relever tiennent alors souvent de l’exploit… À la clinique Parents Plus, les intervenants accueillent quotidiennement des parents, ou de futurs parents, porteurs d’une déficience physique qui relèvent ces défis et qui démontrent, à travers l’expérience parentale, de grandes capacités de résilience.
Au cours de cet article, il sera question du rôle de l’ergothérapeute qui agit comme catalyseur dans le déploiement des capacités de résilience de la personne handicapée voulant devenir parent. Les modalités d’intervention et les outils utilisés à la clinique seront également présentés. L’exemple de M. Jérôme Cernoïa, atteint d’une déficience motrice cérébrale légère et père de deux jeunes enfants, en est un de résilience à différents niveaux et son passage à la clinique en témoigne largement. Il présentera son expérience avant et après la naissance de ses enfants et exposera le lien qu’il fait entre son vécu de parent handicapé et la résilience dont il fait preuve quotidiennement.
Au Québec, les personnes handicapées revendiquent, aujourd’hui, la reconnaissance de leurs compétences à vivre une vie sexuelle épanouie et à exercer un rôle parental. Les lois et programmes en place répondent-ils à cette réalité? Comment pouvons-nous, comme société, contribuer à potentialiser les capacités de résilience des parents handicapés? Ces questions seront abordées afin qu’une réflexion sur celles-ci soit initiée avec l’ensemble des participants.
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Les facteurs de protection individuels, familiaux et environnementaux qui favorisent la résilience
Sylvie Rousseau
pp. 61–67
AbstractFR:
Inspirée par les travaux de plusieurs cliniciens et chercheurs, l’article, qui s’appuiera aussi sur mon expérience professionnelle, portera sur les facteurs de protection qui permettent de développer et de renforcer la résilience.
Une fois le concept décrit, les caractéristiques individuelles, familiales et environnementales, qui constituent autant de portes d’entrée pour cultiver la résilience, seront présentées. Des moyens afin d’accroître les facteurs de protection et des pistes d’intervention seront également proposés.
Au terme de l’article, les lecteurs devraient être en mesure de mieux comprendre le processus de la résilience, d’identifier les principales caractéristiques qui y sont rattachées, de saisir l’importance de l’interaction entre l’individu et son environnement pour la développer et la renforcer et de connaître les interventions prorésilientes.
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Résilience et trouble de comportement chez l’enfant : propositions d’interventions en soutien à la résilience de l’enfant ayant un trouble du comportement
Marie Josée Levert and Hélène Lefebvre
pp. 69–74
AbstractFR:
Alors que la plupart des enfants grandissent harmonieusement, plusieurs autres souffrent à un moment ou à un autre de leur développement d’un problème de santé mentale qui affecte leur sentiment subjectif de bien-être, leurs relations et leur adaptation sociale. Dans la plupart des pays développés, ces enfants ont heureusement accès à des traitements psychothérapeutiques qui se révèlent être globalement efficaces et rentables.
Une étude a exploré en profondeur les facteurs qui contribuent à l’évolution d’un enfant souffrant de troubles graves du comportement et d’angoisses liées à la séparation, suivi en psychothérapie individuelle. Un devis qualitatif, multidimensionnel et longitudinal d’étude de cas unique a permis d’aborder l’objet d’étude selon différentes perspectives : enfant, mère et thérapeute.
Les résultats montrent qu’en un peu plus d’une année, des changements remarquables sont survenus. D’abord, la dépendance pathologique de l’enfant envers sa mère s’est rapprochée de la dépendance normale de tout enfant envers ses parents. De plus, on constate le développement d’une meilleure capacité de l’enfant à s’approprier et à gérer son agressivité et ses angoisses. Ces changements sont survenus en interdépendance avec l’apparition d’une meilleure capacité de la mère à aider son enfant à faire face à ses difficultés.
Les résultats de cette étude permettent de dégager certaines caractéristiques d’une intervention qui soutient l’évolution résiliente de l’enfant et qui se construit dans la relation entre l’enfant, sa mère, sa thérapeute et son environnement.
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Les instruments d’évaluation du processus de résilience
Anouchka Hamelin and Colette Jourdan-Ionescu
pp. 75–83
AbstractFR:
Les personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral modéré ou grave (TCC MG) à l’âge adulte sont amenées à vivre des changements significatifs dans l’actualisation de leurs habitudes de vie et de leurs rôles sociaux. Alors que certains y font face avec des difficultés importantes de fonctionnement personnel et social, d’autres s’adaptent à cette adversité par l’entremise du processus de résilience. Certains auteurs se sont penchés sur les caractéristiques personnelles et environnementales favorisant le processus de résilience. Plus particulièrement, des études ont permis l’élaboration d’instruments ciblant les caractéristiques personnelles et environnementales de la résilience applicables auprès de différentes populations. Ces instruments peuvent aider à planifier l’intervention et à l’évaluer.
Toutefois, une préoccupation demeure quant à la validité de ces instruments d’un point de vue clinique et scientifique. Ainsi, l’objectif de l’article est d’exposer divers instruments actuellement disponibles pour les intervenants du réseau de la santé et d’en dégager une critique constructive en vue de leur application clinique et en recherche.
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People with schizophrenia can become resilient while recovering
Susan Liersch, Janette Curtis and Peter Caputi
pp. 85–93
AbstractEN:
People diagnosed with schizophrenia who consider themselves to have recovered were interviewed to identify what they believe resilience is and how it may have been involved in their recovery.
Analysis of definitions of resilience provided by participants resulted in the following synthesis of meaning; being resilient means adopting an attitude of striving to overcome the adversity caused by the experience of schizophrenia. The process of striving enables the person to learn about themselves, the effect of the schizophrenia illness on them, and how to manage it in the context of the life they want to live. Striving to overcome schizophrenia involves struggle, including repeated backwards steps and during this, the individual seeks out and uses supportive people and systems. Having then learned how to overcome and manage the challenges of the schizophrenia illness the individual is then able to apply the same resilient attitude to engage in new challenges and experiences to grow their life in ways unrelated to the illness. Through experiencing the severe adversity of schizophrenia, the person has learned how to be resilient.
The presentation will describe the process for becoming resilient with schizophrenia, including factors found to be supportive and factors found to be challenging to the process. An instrument for measuring the resilience of a person diagnosed with schizophrenia is being developed from the research findings.
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Accroître la résilience par le biais du groupe dans le cadre de la réadaptation
Marie-Josée Malo, Jean-Pierre Lafond, Isabelle Hamel-Hébert and Priscilla Lopes
pp. 95–101
AbstractFR:
Comme thérapeute il est fréquent de ressentir du désarroi devant des individus qui font face à des pertes importantes, surtout lorsqu’après plusieurs mois de réadaptation, il n’y a plus de progrès significatifs sur le plan fonctionnel.
Que pouvons-nous offrir, au delà de la compensation à ces clients qui demeureront avec des séquelles permanentes et significatives? Pouvons-nous transformer ces épreuves de vie en opportunité de cheminement vers une recherche de sens?
C’est dans cette optique qu’un projet pilote, le groupe « Les résilients » est né en 2008. Pendant dix semaines, à raison de deux heures trente par semaine, deux groupes de clients accompagnés de deux travailleurs sociaux ont eu l’opportunité de développer leurs attitudes résilientes.
Les thématiques des rencontres ont été bâties à partir du modèle de la Casita de Vanistendael et Lecompte (2000), qui regroupe sept éléments permettant à un individu d’accroître ses capacités de résilience (estime de soi, découverte de sens, etc.).
À la fin des dix rencontres, les participants ont noté une augmentation de leur estime de soi (selon l’échelle d’estime de soi de Rosenberg). Plusieurs participants ont rapporté une croyance fondamentale dans leur potentiel à vivre plus heureux. Ils se sentent plus satisfaits de leur participation sociale et trouvent un nouveau sens à leur expérience de vivre avec des limitations significatives et permanentes.
Dans cet article, Il y aura présentation des objectifs et de la structure du groupe, les valeurs et croyances qui ont guidées les interventions ainsi que les résultats obtenus.
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Un accompagnement personnalisé d’intégration communautaire en soutien au développement de la résilience : vers un modèle
Hélène Lefebvre, Marie-Josée Levert and Khelia Imen
pp. 103–109
AbstractFR:
Un accompagnement personnalisé d’intégration communautaire (APIC) post-réadaptation a été développé afin de soutenir la résilience des personnes ayant un traumatisme crânien (TCC) modéré ou sévère. Ces personnes présentent souvent des besoins non comblés et n’ont pas accès à des services afin de les aider à maintenir ou à améliorer leur intégration dans la communauté. Notre prémisse est la suivante : fournir un soutien psychosocial à long terme, qui tient compte du projet de vie de la personne, facilite grandement leur réintégration sociale et leur résilience.
L’APIC consiste à accompagner durant un an, à raison de trois heures par semaine, des personnes ayant un TCC dans l’atteinte de leurs objectifs. L’intervention est personnalisée et participative. Pour ce faire, une équipe de travail en partenariat interprofessionnel (comité de gestion de projet) a été mise en place. L’APIC vise à :
1) appliquer l’accompagnement auprès des personnes TCC; 2) en analyser les effets sur la capacité des personnes TCC à réaliser leurs activités de vie quotidienne (AVQ) et leurs loisirs; 3) à vérifier ses effets après à trois mois, six mois et douze mois d’accompagnement.
Ultimement, le projet tend à renforcer l’autodétermination et l’autonomie des personnes TCC dans la réponse à leurs besoins d’intégration communautaire et à soutenir le développement de leur résilience. Une proposition d’éléments constitutifs d’un modèle de résilience conclura cet article.
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Résilience : pour voir autrement l’intervention en réadaptation
Louise O’Reilley, Chantal Cara, Marie-Pierre Avoine and Sylvain Brousseau
pp. 111–116
AbstractFR:
Plusieurs penseurs et chercheurs de la discipline infirmière reconnaissent l’importance que joue la relation de caring dans l’ensemble du processus de réadaptation de la personne soignée. L’expérience d’« être avec » la personne se veut centrale à la relation de caring.
Notre étude phénoménologique a exploré, par des entrevues qualitatives auprès de personnes hospitalisées en réadaptation (N=23), la signification de l’expérience d’« être avec » l’infirmière, ainsi que la compréhension de la contribution de cette expérience à leur réadaptation. La méthode phénoménologique « Relational Caring Inquiry » (Cara, 1997) a guidé l’analyse des données.
Cet exposé présentera certains résultats de recherche afin d’exposer clairement comment une telle pratique de soin promeut la résilience chez les patients hospitalisés en réadaptation. Par exemple, les patients ont mentionné qu’être avec l’infirmière augmentait leur sentiment de confiance en leurs capacités de façon à prendre en charge leur processus de réadaptation, et ce, avec plus d’autonomie. Enfin, des stratégies seront partagées afin de promouvoir une pratique infirmière réflexive qui vise à renforcer, dans un partenariat, la résilience chez la clientèle de réadaptation. Ce sont quelques pistes pour voir autrement l’intervention en réadaptation.
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La résilience : Une question d’entente
Sylvie Tétreault, Pascale Marier Deschênes, Pauline Beaupré, Andrew Freeman, Hubert Gascon, C. Carrière and Eve-Marie D’Aragon
pp. 117–123
AbstractFR:
Au Québec, 3,2 % des enfants de moins de quinze ans présentent une incapacité (Institut de la statistique du Québec, 2009). Bien que leurs parents soient les premiers responsables de leur développement, ils ont besoin d’être accompagnés pour accomplir cette tâche. L’épanouissement de ces familles dépend de leurs propres facteurs de protection, mais aussi d’un réseau de soutien efficace et cohérent.
En 2003, le Québec s’est doté d’une Entente de complémentarité des services entre le réseau de l’éducation et celui de la santé et des services sociaux pour soutenir efficacement l’élève handicapé ou en difficulté et sa famille. Dans ce contexte, tous doivent établir des pratiques de collaboration et développer une vision collective des objectifs à atteindre. Cette conférence présentera la mise en oeuvre de l’Entente en se basant sur la perception de 56 parents d’élèves ayant des besoins particuliers.
Afin d’explorer cette réalité, ils ont été interrogés sur la complémentarité des services reçus. Pour la majorité d’entre eux, les pratiques actuelles de collaboration entre les deux réseaux ont peu d’impact sur la complémentarité des services. Plusieurs soulignent devoir constamment faire preuve d’initiative pour obtenir un soutien essentiel, ce qui demande énergie et détermination. De plus, ils agissent encore souvent comme agents de liaison entre les réseaux. Dans un tel contexte, la résilience parentale est d’autant plus importante, car les services aux enfants semblent dépendre des capacités des parents à faire face à l’adversité, à se mobiliser et à faire valoir leurs droits.
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Is Resilience in Your Life? Excerpts and Examples from my Practice
Valerie Lusted
pp. 123–125
AbstractEN:
Developing a more resilient approach to Life’s inevitable bumps in the road is a lifestyle choice. To most, if it is nurtured, it begins to permeate both our professional and personal lives. It helps if one has daily reminders that keep the skills alive and in our foregrounds.
Objectives:
1. To introduce concepts related to resilience skills and abilities. 2. To provide highlights of relevant resilience research how this relates to the rehabilitation field. 3. To share highlights from staff resilience training and how this has been applied within Canada’s largest paediatric rehabilitation facility. 4. To share clinical illustrations of how the skills and abilities are applied to current practice.
This article is rooted in an evidence-based resilience skills training program (known as Reaching In Reaching Out (RIRO) www.reachinginreachingout.com) designed to help adults help young children (7 years and under). By modelling resilience skills and abilities for them, children can develop a more resilient view of life. The RIRO training program uses a cognitive-behavioural and social problemsolving approach based on the Penn Resilience Program.
Through music, humour, kid and family-friendly tools, narratives and other “tips”, the audience is introduced to fun and creative ways to nurture the resilience within ourselves as well as our clients/families who are coping with Life after disability. Organizational issues, implications for future research and longer term clinical applications will also be highlighted. (235)
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Multiple Methods Research Investigating the Effectiveness of Arts/Mindfulness-Based Group Methods for the Development of Resilience in Children with High Needs
Diana Coholic and Mark Eys
pp. 127–131
AbstractEN:
Our research explores the effectiveness of a holistic arts-based group program for the development of resilience in children with mental health problems. Art materials and experiential activities are used to teach children new skills and abilities, and to help them resolve issues that are interfering with healthy development. Mindfulness-based practices are an integral part of the group. Twenty-one children (8- 12 years of age) were assigned to one of three groups: (a) the holistic arts-based group, (b) an arts and crafts group (i.e., attention control) or (c) a wait-list control group. These groups nominally represent participants’ activities during the first 12-week period. However, each group eventually was exposed to the holistic arts-based group program over a subsequent 24-week period. Individual perceptions of resilience and self-concept were assessed at four time periods using The Resiliency Scales for Children and Adolescents (Prince-Embury) and the Piers-Harris Self-Concept Scale. A preliminary analysis (mixed design MANOVA) indicated a general interaction effect between the experimental groups and time, Wilks’ λ = .57, F (12,111.41) = 2.19, p < .05, η2 = .17. Follow up univariate analyses and interpretation of interaction effects demonstrated that the holistic arts-based group program significantly helped reduce the amount of self-reported emotional reactivity. This preliminary result (in the first year of a three-year research study) is consistent with previous qualitative analyses that found that the group program was suitable and feasible for children with high needs.
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Favoriser l’adaptation et la résilience par la recherche de sens chez les personnes atteintes de sclérose en plaques
Christiane Couture
pp. 133–139
AbstractFR:
Vivre avec une maladie neurologique évolutive comme la sclérose en plaques (SEP) est un défi récurrent pour la personne atteinte et ses proches. Le présent article veut illustrer comment une activité de réadaptation au sein d’un programme global mise sur la dynamique de groupe pour favoriser la résilience chez les personnes atteintes de SEP et leur famille. Les bases théoriques à partir des théories sur le deuil, la spécificité de l’adaptation liée à la SEP ainsi que les troubles d’adaptation qui peuvent en découler y sont explicités.
L’adaptation réussie et la résilience se rejoignent au plan conceptuel par le processus de recherche d’un sens positif à l’expérience. Une minorité de personnes atteintes et de proches parviennent à envisager la SEP comme une occasion de développement personnel. L’incertitude de l’évolution, la diversité des symptômes, la fatigue et les troubles cognitifs mettent entre autres à rude épreuve leur capacité d’adaptation. Les conditions nécessaires à l’émergence du sens sont explorées à la lumière des neurosciences. Quelques exemples cliniques illustrent la démarche qu’entreprennent les personnes atteintes et leurs proches pour composer avec la maladie.
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Comment favoriser la résilience chez nos patients?
Marie-Christine Taillefer
pp. 141–146
AbstractFR:
Le concept de résilience n’est pas nouveau en psychologie. Sa compréhension s’est développée principalement dans le contexte du trauma (littérature psychanalytique et psychosomatique, violence physique, psychologique ou sexuelle), mais également au contact de la clientèle des blessés médullaires.
De par mon implication comme psychologue clinicienne auprès des blessés médullaires et en clinique de douleur chronique, je m’intéresse au phénomène de la résilience en tant que facteur protecteur de psychopathologie (dépression, anxiété, etc.) et de facteur favorisant le succès de l’adaptation à des conditions chroniques, complexes et pleines de défis. Ceci dans le but d’améliorer la qualité de vie des patients.
Les objectifs de cet article sont de : 1) comparer l’état de la recherche et la pratique clinique (à l’aide d’exemples concrets) au sujet de la résilience chez les patients en douleur chronique et les blessés médullaires, 2) distinguer les caractéristiques des patients résilients de ceux qui le sont moins, dans les deux populations, 3) mieux connaître les outils pour mesurer la résilience et 4) faire connaître les thérapies psychologiques et les cibles thérapeutiques susceptibles d’améliorer la résilience chez nos patients.
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Le processus de résilience familiale au sein de couples dont la femme est atteinte d’insuffisance cardiaque
Lyne Campagna, Francine Gratton and Sylvie Cossette
pp. 147–152
AbstractFR:
D’année en année, l’insuffisance cardiaque (IC) afflige non seulement un nombre croissant de femmes, mais également leur partenaire de vie. Ces couples doivent affronter de nombreuses difficultés inhérentes à cette maladie chronique qui peuvent les amener à faire preuve de résilience familiale.
Le but de cet article est de proposer une conceptualisation de la résilience familiale en tant que processus auprès de ces couples. L’approche par théorisation ancrée a été préconisée comme outil de méthodologie. Les données ont été recueillies à l’aide d’entrevues semi-structurées conjointes auprès de treize couples, d’un questionnaire sociodémographique et de notes de terrain.
Les résultats montrent que le choc auxquels les couples font face en raison du lot de bouleversements liés à l’IC perturbe à jamais leur vie conjugale. Devant cette situation déplorable, ils rebondissent, selon la première perspective de la résilience familiale, en faisant face au choc de façons individuelle et conjugale. Au plan individuel, les membres se prennent en main tout en conservant leur propre autonomie alors qu’au plan conjugal, ils tendent à préserver à la fois leur autonomie et leur complicité à travers l’expérience liée à l’IC. Selon la seconde perspective, les couples rebondissent, cette fois, en ressortant grandis, et ce, en découvrant de nouvelles façons de faire et en donnant un sens à leur expérience.
Les connaissances découlant de la conceptualisation proposée de la résilience familiale favoriseront, chez les professionnels de la santé, une meilleure compréhension de ce processus, ce qui contribuera au renouvellement des pratiques.
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Interventions en soutien à la résilience de familles confrontées au traumatisme craniocérébral : une recension critique des écrits
Jérôme Gauvin-Lepage and Hélène Lefebvre
pp. 153–160
AbstractFR:
Depuis les dernières décennies, plusieurs chercheurs et cliniciens se sont intéressés aux écrits portant sur la résilience familiale, particulièrement celle de parents d’enfants confrontés à des traumatismes. Inspirés par les écrits empiriques et théoriques sur la résilience, les professionnels de la santé oeuvrant auprès des familles en soins aigus, en réadaptation fonctionnelle ou en insertion sociale s’interrogent de plus en plus sur le type d’intervention qui peut faciliter ou soutenir la résilience de ces familles.
Cet article a pour but de jeter un regard critique des écrits portant sur les interventions en soutien à la résilience de familles confrontées à des traumatismes.
Nous avons utilisé une recension des écrits sur les interventions en soutien à la résilience familiale et ce, à partir de nos travaux antérieurs et des écrits recensés. Résultats : de l’analyse des écrits recensés, il ressort plusieurs études quantitatives qui s’articulent autour de la mesure de la résilience à l’aide d’un instrument tandis que d’autres sont de type qualitatives et visent majoritairement à mieux comprendre, de l’intérieur même d’une situation, la résilience de familles confrontées à des traumatismes.
Cet article vise le partage des connaissances existantes en matière d’intervention en soutien à la résilience familiale en plus de proposer une recherche future qui constitue une première étape dans le développement d’actions concrètes visant à soutenir, particulièrement, la résilience des familles qui vivent avec un adolescent ayant un traumatisme craniocérébral.
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Les facteurs associés à la résilience des aidantes familiales d’un parent âgé en perte d’autonomie à domicile au Liban
Joëlle Séoud and Francine Ducharme
pp. 161–166
AbstractFR:
Les aidants familiaux qui s’occupent d’un proche âgé à domicile expérimentent des situations de stress liées à la détérioration de l’état de santé de leur parent et aux soins qu’ils doivent prodiguer sur une base quotidienne. Certains auteurs ont considéré les aidants qui s’adaptent positivement à ces situations de stress comme étant des personnes résilientes.
Des études ont été conduites pour identifier les facteurs en jeu dans le processus de la résilience des individus, mais des variations substantielles dans leurs résultats ont rendu la compréhension du phénomène des plus complexes. En fait, malgré que s’occuper d’une personne âgée à domicile soit considéré comme une situation chronique de stress, il existe très peu de connaissances sur les facteurs en lien avec la résilience des aidants familiaux.
Devant le nombre croissant des personnes âgées et compte tenu du contexte culturel libanais où la prise en charge des personnes âgées constitue une valeur culturelle, l’identification des facteurs prédicteurs de la résilience de ces aidants, majoritairement des femmes, pourrait avoir des retombées importantes pour les soins de santé. Notamment, une meilleure compréhension de la contribution de facteurs personnels et contextuels pourrait permettre aux professionnels de la santé de développer des interventions ciblées afin de promouvoir la résilience chez ces aidantes. Cette présentation fera état d’une étude conduite actuellement au Liban auprès de femmes aidantes familiales de leur proche âgé et offrira une perspective culturelle à l’étude de ce concept.
ARTICLES ORIGINAUX JOURNÉE 2 / ORIGINAL ARTICLES DAY 2
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Maintenir le cap pendant la tempête
Gary Mullins
pp. 167–171
AbstractFR:
Cette présentation portera sur la résilience telle qu’elle peut être expérimentée par une organisation. Aujourd’hui, on se préoccupe de plus en plus de résilience dans les milieux de traitement, et un consensus semble se dégager chez les cliniciens et chercheurs : la résilience serait à la fois un processus et un résultat. Un processus, en référence aux mécanismes d’adaptation pendant une situation d’adversité soutenue; un résultat positif, en référence à l’état de croissance (amélioration par rapport à la situation « d’avant » l’adversité) atteint au terme de l’épisode d’adversité. Ce résultat dépendrait de l’interaction entre des facteurs personnels et environnementaux (traits psychologiques, ressources familiales, environnement physique et social, politiques, etc.). On parle aussi de plus en plus d’écologie de la résilience, et de moyens de la soutenir et de la développer chez des individus, des familles et même dans des communautés.
L’environnement de soins, le contexte, peut dans son ensemble expérimenter l’adversité et être amené à faire preuve de résilience. C’est ce qu’on appelle la résilience organisationnelle, celle qui permet à une organisation de Maintenir le cap pendant la tempête. Cet article sera l’occasion d’illustrer ce concept de résilience organisationnelle (un phénomène issu de la quête de sens dans une organisation, une communauté). Le Centre de réadaptation Estrie offre un bel exemple de résilience organisationnelle par son histoire « humaniste ». C’est au fil de cette petite histoire du CRE que les caractéristiques de la résilience organisationnelle seront démontrées.
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L’impact de la résilience sur le processus de réadaptation, une réflexion à poursuivre
Aleksa Duretic
pp. 173–177
AbstractFR:
À l’automne 2008, le conseil multidisciplinaire du Centre de réadaptation InterVal, dont le mandat vise l’appréciation et l’amélioration des pratiques professionnelles, entreprenait une démarche visant à mesurer le degré d’enracinement d’une des composantes de son code d’éthique : l’autodétermination. Un questionnaire portant sur des aspects précis de la relation avec l’usager a été développé et administré auprès des différentes équipes en lien avec la clientèle. Cette étape a permis de mettre en lumière qu’on pouvait optimiser la participation de l’usager à la prise de décision concernant son projet de réadaptation.
Les membres du conseil multidisciplinaire ont établi un lien entre cette piste d’amélioration et deux des composantes du référentiel de la qualité de l’établissement : la responsabilisation et la solidarisation. Inspirées par ces deux composantes, des actions concrètes ont été proposées dans le but d’ajuster les pratiques professionnelles pouvant renforcer l’autodétermination de l’usager.
Certains éléments du concept de résilience nous amènent à croire qu’un rapprochement peut être fait avec celui de l’autodétermination. Nous poursuivrons donc notre démarche réflexive en considérant la résilience comme étant un des leviers pouvant contribuer au processus de réadaptation.
Le succès d’une telle démarche est toutefois intimement lié à la participation et à l’implication de l’ensemble des personnes concernées. Elle consiste essentiellement en une démarche d’amélioration continue de la qualité des services.
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Pour être efficace, toute réadaptation doit être chargée de sens
Johanne Tardif, Chantal Richer and Jocelyn Chouinard
pp. 179–184
AbstractFR:
« La résilience est le résultat de l’action de deux regards : celui que porte la personne sur elle-même en interaction avec le regard de l’autre ». Cette citation de Boris Cyrulnik nous incite à voir autrement l’intervention en réadaptation.
La première partie de cet article portera sur le Fil d’Ariane que nous avons créée afin de faire ressortir ce qui oriente la personne dans sa vie. Par une narration guidée, nous l’invitons à porter un regard sur le sens de sa vie, ses forces, ses valeurs, ses croyances et ce que pourrait être son futur après la réadaptation. Ensuite, à travers le récit qu’il en fait, l’intervenant porte aussi un regard qui se veut résolument positif et orienté vers les facteurs de protection de la personne.
La seconde partie de la présentation portera sur le modèle Planetree et du contexte dans lequel il a été implanté au Centre de réadaptation Estrie (CRE). Ce modèle nous amène aussi à porter un regard différent sur la personne qui reçoit des soins et celle qui les fournit. Tout en maintenant la place centrale qui revient à l’usager, ce modèle accorde une grande importance au sens du travail de l’intervenant et à son bien-être.
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Le travail de deuil culturel chez le migrant et chez l’intervenant : L’Atelier interculturel de l’imaginaire comme tuteur de résilience
Lucille Guilbert, Joanne Tessier and Raymonde Gagnon
pp. 185–192
AbstractFR:
L’atelier interculturel de l’imaginaire (AII) est un dispositif de médiation culturelle et de tuteur de résilience en groupes interculturels. Il a été élaboré à partir des situations concrètes de recherche et d’intervention auprès des personnes immigrantes et réfugiées, de formation des professionnels de l’intervention et de formation des étudiants universitaires. Structuré comme un rituel de la rencontre, il comprend quatre phases :
1. Un rituel d’ouverture et de présentation de soi avec des objets symboliques. 2. Une performance narrative de récit symbolique (conte oral, texte littéraire, dit de vie). 3. Un échange d’associations libres et de commentaires. 4. Un rituel de clôture où chaque personne exprime brièvement ce qu’elle retient de la rencontre.
Une série de sept ateliers interculturels avec un même groupe se répartit sur plusieurs semaines. Nous effectuons présentement, chez Les Accompagnantes, qui « accompagnent » des couples autour de l’expérience de la grossesse et de la naissance, une série d’AII auprès d’intervenantes et de parents qui vivent des transitions de migrations et/ou de parentalité.
Les séances sont organisées autour des thématiques suivantes : 1. Variabilité des conceptions et des perceptions du temps; 2. Transmission d’identités et de valeurs dans le couple; 3. Transmissions intergénérationnelles de savoirs et de pratiques; 4. Mémoires du corps et 5. Deuils et rites de guérisons.
Dans le cadre de cet article, nous livrerons les résultats préliminaires de cette initiative.
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Stratégies de « résilience assistée » auprès des personnes qui ont des incapacités cognitives dans le cadre des services de réadaptation
Francine Julien-Gauthier, Jessy Héroux and Colette Jourdan-Ionescu
pp. 193–198
AbstractFR:
La troisième vague dans l’étude de la résilience prend la forme de promotion de la résilience chez les personnes qui ont des incapacités, notamment par l’identification de stratégies pour façonner la résilience, de stratégies de « résilience assistée ».
Cette étude vise à promouvoir la résilience chez les personnes qui ont des incapacités cognitives, en facilitant l’expression de leur point de vue, dans le cadre des services de réadaptation. Elle est réalisée à partir de recherches empiriques au sujet de stratégies d’intervention qui facilitent la communication avec ces personnes. Les résultats ont été validés lors d’entrevues individuelles avec douze personnes. Les stratégies d’intervention présentées abordent les conditions qui facilitent la communication et les interactions entre les intervenants en réadaptation et les personnes qui ont des incapacités cognitives. Ils abordent aussi les aspects liés au cadre des échanges, à la formulation des demandes ou des questions et aux facilitateurs qui soutiennent l’expression de la personne ou peuvent assurer la validité de l’information recueillie.
Pour les intervenants en réadaptation, l’attention portée au point de vue des personnes est une stratégie de « résilience assistée » qui contribue de façon notable à l’amélioration de leurs conditions de vie.
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Mieux saisir la résilience chez les enseignants : étude longitudinale d’un processus non linéaire
Corinne Zacharyas and Luc Brunet
pp. 199–207
AbstractFR:
La profession enseignante comporte un fort risque d’épuisement. Parce que le fait d’être très résilient s’accompagne d’un meilleur bien-être en faire la promotion dans ce corps de métier devient alléchant. Bien que le concept populaire ait fait naître nombre d’études, la majorité d’entre elles cible l’enfant ou l’adolescent. Très peu d’informations sont disponibles via des études longitudinales, et encore moins au niveau des adultes. Le processus de résilience s’avère donc difficile à décrire bien que le fait de surmonter l’adversité à des situations et des moments précis ne garantit pas du succès dans le futur.
La résilience possède un caractère fluctuant. Notre étude longitudinale cible cent cinquante enseignants québécois du primaire et du secondaire et s’attarde au processus dans le temps. Des analyses préliminaires via MANOVA montrent que les plus résilients sont aussi ceux qui sont le plus en bienêtre, aux deux temps de mesure. Par contre, alors que les moins résilients ont des niveaux de résilience et de bien-être supérieurs à la deuxième mesure, les plus résilients au temps un voient leur niveaux diminués aussi bien pour la résilience que pour le bien-être. D’autres variables médiatrices, organisationnelles et personnelles, peuvent intervenir. Le soutien et les contraintes entourant la profession peuvent influencer les capacités personnelles de résilience. Les enseignants les plus résilients sont tout autant à risque de brisure de résilience.
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Prendre le temps en conversation pour soutenir la résilience : L’exemple d’un couple dont un membre présente de l’aphasie
Claire Croteau, Justine Tremblay-Beauséjour and Geneviève Baril
pp. 209–214
AbstractFR:
L’aphasie est un trouble acquis du langage qui affecte la capacité à communiquer verbalement, et cela, souvent de façon marquée. Une des relations centrales qui influence la résilience de la personne aphasique est sans contredit celle de la personne aphasique et de son/sa conjoint(e). Certains couples semblent mettre en place des adaptations qui facilitent la communication conjugale. Nous avons rencontré un couple où le conjoint adopte un rythme très lent en conversation afin de soutenir la personne aphasique.
La présente étude vise à étudier l’impact des moments de silence, qui est un indicateur du rythme de la conversation, et à examiner la perception des conjoints face à cet aspect temporel. Une analyse d’enregistrements vidéo du couple lors de conversations en milieu naturel a été effectuée, de même qu’une analyse des propos du couple lors d’entrevues, relativement aux aspects temporels.
Les résultats démontrent que les silences permettent au couple de continuer de parler sur un sujet en cours, de résoudre les difficultés d’expression de la personne aphasique ou de donner un instant de réflexion afin de maintenir la participation à la conversation. De plus, les propos de la personne aphasique et du conjoint lors des entrevues viennent appuyer ces observations. L’environnement communicatif favorable retrouvé chez ce couple a un effet positif sur la qualité de la relation des partenaires, ce qui leur permet de mieux vivre avec les conséquences de l’aphasie.