FR:
Depuis les 25 dernières années, des écrivaines venues d’Asie publient en français au Québec et au Canada des oeuvres témoignant d’un « imaginaire trans-local » (Lequin, 2008), qui construit de la convergence et du décentrement. Si la représentation de la nourriture et de la sensorialité – souvent associées à l’identité et aux affects des protagonistes – commence à être étudiée chez Ying Chen ou Kim Thúy, la production d’Aki Shimazaki, écrivaine québécoise d’origine japonaise, a encore été peu envisagée dans cette perspective, et ce, même si le fait alimentaire est mentionné de manière ponctuelle dans la plupart de ses récits. Cet article étudie l’inscription littéraire de la nourriture dans les ensembles romanesques shimazakiens « Le poids des secrets » (1999-2004), « Au coeur du Yamato » (2006-2013) et « L’ombre du chardon » (2014-2018), dans la mesure où celle-ci est informée par l’expérience transculturelle vécue par l’auteure. Il fait valoir que les descriptions culinaires et alimentaires sont régies chez Shimazaki par une esthétique de la distance, qu’elles témoignent d’une proximité avec la nature, qu’elles obéissent à certains codes culturels et qu’elles sont ancrées dans l’espace social japonais (domestique, semi-public et public).
EN:
Over the course of the past 25 years, women authors from Asia have published in French in Québec and in Canada works that evoke a “trans-local imaginary” (Lequin, 2008; CuiZine’s translation) and that construct convergence and decentering. Ying Chen and Kim Thúy’s respective works consider the representation of food and the sensorial, which are associated with the identities and affects of the protagonists. Aki Shimazaki, a Québécois novelist from Japan, has written work that has rarely been considered from this angle, despite the fact that food is periodically mentioned in the majority of her novels. This article examines the literary inscription of food in Shimazaki’s works: Le poids des secrets (1999-2004), Au Coeur du Yamato (2006-2013), and L’ombre du chardon (2014-2018). Specific attention is given to how the use of food is informed by the author’s transcultural experience. Shimazaki leverages an esthetic of distance in her culinary and nutritional descriptions, which are connected to nature, cultural codes, and Japanese social spaces (domestic, semi-public, and public).