Canadian Social Work Review
Revue canadienne de service social
Volume 41, Number 1, 2024
Table of contents (8 articles)
Articles / Articles
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CONSEQUENCES DES INONDATIONS DE 2019 CHEZ LES INTERVENANTS DE PREMIERE ET DE DEUXIEME LIGNES AINSI QUE SUR LEURS GESTIONNAIRES
Danielle Maltais, Ariane Hamel and Anne-Lise Lansard
pp. 5–27
AbstractFR:
Les inondations historiques de 2019 ont affecté plus de 300 municipalités québécoises et ont forcé l’application de mesures d’urgence, entraînant le déploiement de plusieurs centaines d’intervenants sociaux et municipaux pour aider à l’évacuation de milliers de résidents et leur offrir du soutien pour des périodes variant de quelques semaines à plusieurs mois. Cet article présente les résultats d’une étude qualitative qui a permis de recueillir, lors de 20 rencontres de groupe, le point de vue de 113 intervenants de première et deuxième ligne sur les conséquences à la fois négatives et positives de leur implication auprès des personnes sinistrées et ce, sur leur vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle.
EN:
The historic floods of 2019 affected more than 300 Quebec municipalities and forced the application of emergency measures, leading to the deployment of several hundred social and municipal workers to help evacuate thousands of residents and offer them assistance. Support lasted for periods varying from a few weeks to several months. This article presents the results of a qualitative study which made it possible to collect, during 20 group meetings, the point of view of 113 first- and second-line workers on the consequences, both negative and positive of their involvement with victims and this, in their personal, family, social and professional lives.
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TAPESTRIES OF CREATIVITY: PRIVILEGE, OPPRESSION, AND DISCOMFORTING EMOTIONS IN THE CLASSROOM
Samantha Clarke, Debashis Dutta and Todd Adamowich
pp. 29–51
AbstractEN:
The front-line people skills and interventions that social workers use are shaped by their personal experiences of race, culture, socioeconomic status, sexual orientation, gender, gender expression, ability and disability, and religion and spirituality, as well as by the specific time and geopolitical contexts in which they practice. Social workers are taught to identify and be cognizant of these aspects of their social location when they are BSW students. In this regard, they submit papers and deliver presentations designed to demonstrate their reflexivity and ability to integrate theory into practice. However, these evaluations do not adequately capture how their learning influences them as emergent professionals. Creativity and artwork transcend traditional academic learning by engaging the senses in ways that personalize each student’s learning experience while supporting their fellow learners. As such, the focus of creative social work education is directed at both the process of creativity and the product of that process, namely the creation. Using a transformative learning lens, this research examined how BSW students incorporated their creative expressions in the classroom, as a process toward using self-reflexivity as a skill to further their transformative learning about social justice.
FR:
Les compétences relationnelles et les interventions de première ligne utilisées par les travailleurs sociaux sont formées autour de leurs expériences personnelles en matière de race, de sexe, de statut socio-économique, de religion et de spiritualité, d’orientation sexuelle, d’expression de genre, de capacité et de handicap, de culture et d’époque spécifique, ainsi que de contextes géopolitiques. Les travailleurs sociaux apprennent à identifier et à être conscients de ces aspects de leur situation sociale lorsqu’ils sont étudiants en B.T.S. À cet égard, ils soumettent des articles et des présentations destinés à démontrer leur réflexivité et leur capacité à intégrer la théorie dans la pratique. Cependant, ces évaluations ne rendent pas compte de manière adéquate de la façon dont l’apprentissage les influence en tant que professionnels émergents. La créativité et l’art transcendent l’apprentissage académique traditionnel en faisant appel aux sens de manière à personnaliser l’expérience d’apprentissage de chaque élève et à soutenir les autres apprenants. En tant que telle, la formation en travail social créatif se concentre à la fois sur le processus de créativité et sur le produit de ce processus, à savoir la création. En utilisant une perspective d’apprentissage transformateur, cette recherche a examiné comment les étudiants en B.T.S ont intégré leurs expressions créatives en classe, comme un processus visant à utiliser l’autoréflexivité comme compétence pour approfondir leur apprentissage transformateur sur la justice sociale.
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LES APPRENTISSAGE COMME PREUVES DE RÉSILIENCE CHEZ LES JEUNES QUÉBÉCOIS∙E∙S EN CONTEXTE DE PANDÉMIE
Sophie Doucet, Flavy Barrette, Isabel Côté, Christine Gervais and Vicky Lafantaisie
pp. 53–72
AbstractFR:
La pandémie de Covid-19 a bouleversé la vie de nombreux enfants et adolescent∙e∙s ainsi que celle de leurs familles. En plus de devoir faire face à la possibilité de contracter la maladie, beaucoup ont appréhendé la perte d’un proche des suites de la maladie. Leur quotidien a été ébranlé par les mesures sociosanitaires instaurées pour contrer la pandémie, dont la fermeture des écoles, des garderies et des centres de loisirs. Cette période de bouleversements fut aussi porteuse d’opportunités et de remises en question pour les jeunes. Il leur fut nécessaire d’effectuer des apprentissages afin de s’adapter à leur nouvelle réalité. L’objectif de cette enquête était d’explorer comment les apprentissages réalisés par les jeunes Québécois∙e∙s en temps de pandémie ont contribuer à renforcer leur résilience. En mobilisant l’approche basée sur l’enfant, l’étude Réactions a permis de rencontrer 197 enfants et adolescent∙e∙s dans le cadre d’entrevues semi-dirigées. Privilégiant un devis qualitatif longitudinal, les jeunes ont été rencontrés à trois reprises, lors de moments clés de la pandémie. Trois thèmes discutés par les jeunes permettent d’identifier les apprentissages importants réalisés pendant la pandémie, soit : 1) les mécanismes de propagation du virus et les mesures préventives, 2) les stratégies pour s’occuper et favoriser son développement personnel pendant le confinement (ou malgré des mesures sanitaires restrictives) et 3) une prise de conscience de l’importance des relations familiales et sociales de qualité pour son bien-être. Les apprentissages rapportés par les participant∙e∙s rencontré∙e∙s dans le cadre de l’étude Réactions témoignent de la résilience qu’ont su démontrer les jeunes en contexte de pandémie.
EN:
The Covid-19 pandemic has disrupted the lives of many children and adolescents as well as the lives of their families. In addition to having to face the possibility of contracting the disease, many feared the loss of a loved one to the disease. Their daily lives have been shaken by the social and health measures introduced to counter the pandemic, including the closure of schools, daycares, and leisure centers. This period of upheaval also brought opportunities and challenges for young people. They had to adapt to their new reality. The objective of this study was to explore how the learning outcomes achieved by young Quebecers during the pandemic has contributed to strengthening their resilience. By mobilizing the child-based approach, the Réactions research project made it possible to meet 197 children and adolescents in the context of semi-structured interviews. Favoring a longitudinal qualitative design, young people were met three times, during key moments of the pandemic. Three themes discussed by young people make it possible to identify the important learnings outcomes achieved during the pandemic, namely: 1) the modes of transmission of the virus and preventive measures, 2) strategies for keeping busy and promoting personal development during confinement (or despite restrictive health measures) and 3) an awareness of the importance of quality family and social relationships for one’s well-being. The learning outcomes reported by the participants met as part of the Réactions study demonstrates the resilience that young people have been able to develop in the context of a pandemic.
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“WE ARE IN A POSITION OF POWER”: FRONT-LINE WORKERS’ EXPERIENCES AT THE INTERSECTION OF CHILD WELFARE AND IMMIGRATION
Henry Parada, Danielle Ungara, Kristin Swardh and Veronica Escobar Olivo
pp. 73–94
AbstractEN:
This article focuses on the compounding systemic issues that children and families face when involved with immigration and child welfare. Fourteen semi-structured interviews and one focus group (six participants) were conducted with service providers working in social service sectors related to immigration and child welfare who deliver services in Ontario, Canada. Front-line workers’ perspectives were analyzed through a descriptive phenomenological study, revealing how their perceptions of complex trauma histories, systemic oppression, and power dynamics influenced refugees’ experiences and fears regarding the child welfare system. The study emphasizes the need for an anti-oppressive, trauma-informed approach and specialized services for refugee children and families. Conceptualizations of structural social work and trauma-informed practice are drawn on to guide the analysis.
FR:
Cet article se concentre sur les problèmes systémiques aggravants auxquels les enfants et les familles sont confrontés lorsqu’ils sont impliqués dans l’immigration et la protection de l’enfance. Quatorze entretiens semi-structurés et un groupe de discussion (six participants) ont été menés avec des prestataires de services travaillant dans les secteurs des services sociaux liés à l’immigration et à la protection de l’enfance qui ont fourni des services en Ontario, au Canada. Les points de vue des travailleurs de première ligne ont été analysés dans le cadre d’une étude phénoménologique descriptive, révélant comment leurs perceptions des antécédents de traumatismes complexes, de l’oppression systémique et des dynamiques de pouvoir ont influencé les expériences et les craintes des réfugiés à l’égard du système de protection de l’enfance. L’étude souligne la nécessité d’une approche anti-oppressive et tenant compte des traumatismes et de services spécialisés pour les enfants et les familles réfugiés. Les conceptualisations du travail social structurel et la pratique tenant compte des traumatismes sont utilisées pour guider l’analyse.
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LES RISQUES PSYCHOSOCIAUX AU TRAVAIL DES INTERVENANTES DANS LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES
Isabelle Le Pain and Katharine Larose-Hébert
pp. 95–112
AbstractFR:
Cet article s’intéresse aux risques psychosociaux (RPS) au travail engendré par la conjoncture sociale et vécus par les intervenants sociaux oeuvrant dans les organismes communautaires (OC) au Québec. À partir d’une recherche qualitative menée auprès de 29 intervenantes sociales, les résultats montrent de nombreux facteurs organisationnels impliqués dans l’augmentation des difficultés émotionnelles liées au cadre de l’emploi. Les facteurs identifiés s’inscrivent dans quatre catégories de RPS au travail : 1) l’intensité et la surcharge de travail, 2) les exigences émotionnelles, 3) les rapports sociaux au travail et 4) les conflits de valeurs. L’analyse montre également comment le désinvestissement de l’État, en termes de responsabilités sociales et financières et en regard du manque de reconnaissance et des compétences requises afin de faire face aux exigences émotionnelles, favorise la mise en place d’une insécurité de la situation de travail et une diminution de l’autonomie des intervenantes et plus largement des OC. Ces conséquences sont également reconnues comme des types de RPS au travail.
EN:
This article focuses on psychosocial risks (PSR) at work generated by the social situation and experienced by social workers working in community organizations (CBOs) in Quebec. Based on qualitative research carried out with 29 social workers, the results show numerous organizational factors involved in the increase in emotional difficulties linked to the employment environment. The factors identified fall into four categories of PSR at work: 1) work intensity and overload, 2) emotional demands, 3) social relationships at work and 4) value conflicts. The analysis also shows how the disinvestment of the State, in terms of social and financial responsibilities and with regard to the lack of recognition and skills required to cope with emotional demands, favors the establishment of insecurity of the work situation and a reduction in the autonomy of the workers and more broadly of the CBOs. These consequences are also recognized as types of PSR at work.
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IMPLICATED SUBJECTS: SOCIAL WORKERS, SETTLER COLONIALISM, AND THE QUEST FOR NON-INNOCENCE
Jill Hoselton
pp. 113–132
AbstractEN:
Drawing from Michael Rothberg’s (2019) concept of the “implicated subject,” this paper examines Canadian social work’s implication in settler colonialism from past to present through its role in Indigenous child removal from the Indian Residential Schools to the Sixties Scoop and contemporary child welfare. The “implicated subject” untangles social work from dominant discourses that position social workers as morally superior, innocent, and good, which prevents practitioners from seeing how their professional role perpetuates unintentional harm towards service-users. A practice of non-innocence is proposed, which centres the development of a critical consciousness among social workers regarding the profession’s implication in historical and contemporary harm towards Indigenous Peoples (and other marginalized populations) by way of settler colonial practices. This awareness positions practitioners as political actors with a responsibility to engage in political action dedicated towards social justice.
FR:
S’appuyant sur le concept de « sujet impliqué » de Michael Rothberg (2019), cet article examine l’implication du travail social canadien dans le colonialisme de peuplement du passé au présent à travers son rôle dans le retrait des enfants autochtones des pensionnats indiens jusqu’à la rafle des années 1960, jusqu’au bien-être de l’enfance contemporaine. Le « sujet impliqué » démêle le travail social des discours dominants qui positionnent les travailleurs sociaux comme moralement supérieurs, innocents et bons, ce qui empêche les praticiens de voir comment leur rôle professionnel perpétue un préjudice involontaire envers les utilisateurs des services. Une pratique de non-innocence est proposée, qui centre le développement d’une conscience critique parmi les travailleurs sociaux concernant l’implication de la profession dans les dommages historiques et contemporains causés aux peuples autochtones (et autres populations marginalisées) par le biais de pratiques coloniales. Cette prise de conscience positionne les praticiens comme des acteurs politiques ayant la responsabilité de s’engager dans une action politique dédiée à la justice sociale.
Concours étudiant 2023 / 2023 Student Competition
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DEVENIR ADULTE AVEC LA DOULEUR CHRONIQUE : UNE RECENSION DES ÉCRITS SUR LES RÉPERCUSSIONS DE LA DOULEUR SUR LA TRANSITION À LA VIE ADULTE
Gabrielle Leblanc-Huard
pp. 133–152
AbstractFR:
Les répercussions de la douleur chronique sur le fonctionnement social des jeunes adultes est un phénomène peu étudié. Or, ceux-ci vivent une importante étape développementale : la transition à la vie adulte. Cette transition, complexifiée par la douleur chronique, est marquée par une autre transition organisationnelle lorsque leur suivi est transféré des soins pédiatriques aux soins adultes. Cet article présente une recension des écrits narrative portant sur le vécu des jeunes vivant avec de la douleur chronique en transition vers la vie adulte. Les résultats montrent qu’en plus de vivre de la stigmatisation et de l’invalidation, la douleur chronique chez les jeunes adultes engendre des défis sur le plan de la consolidation de soi et de l’autonomisation. Le passage des soins pédiatriques aux soins adultes engendre aussi une perte de repère importante. Finalement, la douleur chronique affecte plusieurs sphères de vie des jeunes adultes : personnelle, familiale, interpersonnelle et occupationnelle. Les résultats de cette recension soulignent l’importance de mieux comprendre le vécu psychosocial de ces jeunes adultes. Ils montrent aussi que la recherche et la pratique en travail social a un important rôle à jouer afin de leur donner une voix et contribuer à leur reprise de pouvoir.
EN:
The impact of chronic pain on the social functioning of young adults is an understudied phenomenon. However, they are experiencing an important developmental stage: the transition to adulthood. This transition, complexified by chronic pain, is marked by another organizational transition when they are transferred from pediatric care to adult care. This article presents a narrative review of the literature on the experiences of young people living with chronic pain transitioning to adult life. The results show that in addition to experiencing stigma and invalidation, chronic pain in young adults creates challenges in terms of identity and independence development. The transition from pediatric to adult care also causes a significant loss of direction. Finally, chronic pain affects several areas of life for young adults: personal, family, interpersonal and occupational. The results of this review highlight the importance of better understanding the psychosocial experience of these young adults. They also show that research and practice in social work has a significant role to play in giving them a voice and contributing to their empowerment.