Canadian Social Work Review
Revue canadienne de service social
Special Issue, 2024 Volume spécial sur les alliés(es) aux peuples autochtones Special Allyship Issue Guest-edited by Marlyn Bennett and Elizabeth Carlson-Manathara
Table of contents (8 articles)
Editorial
Articles
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Sensibiliser des étudiantes en travail social à la culture et aux réalités des Anicinabek par un cours de travail de groupe en immersion
Stéphane Grenier, Hélène Pourcelot and Bruno-Philip Richard
pp. 19–38
AbstractFR:
En réponse aux appels de la Commission de vérité et réconciliation (2015) et de la Commission Viens (2019), et suivant les recommandations de l’ACFTS (2017), un projet pilote, né d’un partenariat étroit entre une communauté autochtone et un établissement universitaire, a offert à une cohorte d’étudiantes en travail social l’occasion de vivre une expérience d’immersion culturelle. L’expérience a pu être documentée par la réalisation de travaux réflexifs de la part des étudiantes, permettant un suivi de leur vécu et de leurs réflexions tout au long de l’expérience. L’expérience pédagogique a montré qu’elle permettait aux étudiantes d’amorcer leur chemin pour devenir de meilleures alliées des communautés autochtones. Les étudiantes se sont progressivement impliquées dans l’expérience pour en apprendre plus sur la culture, les réalités de la vie dans la communauté et sur les différentes façons de faire pour collaborer avec les Anicinabek. On peut considérer cette expérience comme une réussite partant du fait que seulement 10 des 14 étudiantes avaient mis les pieds dans la communauté malgré sa proximité avec l’Université. Toutes les participantes s’entendent pour dire que ce type d’expérience devrait être reconduit dans l’avenir pour permettre à plus de futures travailleuses sociales de devenir de meilleures alliées.
EN:
In response to calls from the Truth and Reconciliation Commission (2015) and the Viens Commission (2019), and following the recommendations of the CASWE (2017), a pilot project, born from a close partnership between an Indigenous community and a university establishment, offered a cohort of social work students the opportunity to live a cultural immersion experience. The experience was documented by the students carrying out reflective work, allowing their experiences and reflections to be monitored throughout the experience. The educational experience showed that it allowed students to begin their path to becoming better allies of Indigenous communities. The students gradually became involved in the experience to learn more about the culture, the realities of life in the community and the different ways of collaborating with the Anicinabek. We can consider this experience a success because only 10 of the 14 students had set foot in the community despite its proximity to the University. All participants agree that this type of experience should be continued in the future to allow more future social workers to become better allies.
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ElderCrits as a Building Framework for Black‑Indigenous Peoples’ Decolonizing Solidarities
George J. Sefa Dei and Paul Banahene Adjei
pp. 39–66
AbstractEN:
This paper explores possible sites for critical anti- and decolonial solidarity-building between the Black communities and the Indigenous Peoples in Canada. We leverage African Elders Critical Teachings (ElderCrits) as a discursive framework to conceptualize the interdependence required for a decolonizing solidarity work between Black and Indigenous People, and to expose how white supremacy and colonialism are maintained overtly and covertly in everyday social relations to implicate Black and Indigenous Peoples’ lives in Canada. We conceptualize ElderCrits as bodies of knowledge emerging from the shared voices, experiences, history, cultures, and viewpoints of Indigenous Elders of Africa and Turtle Island over generations because of sustained attachments to the land, culture, and nature. ElderCrits are knowledge grounded in an Indigenous person as a subject knower. ElderCrits are bodies of knowledge that are treasured and held in highest esteem by community members, and they often inform, shape, guide, organize, and regulate how community members uphold the promise of a better future. Such knowledges speak of society, nature, and culture interface, and serve as teachings that guide social behavior and action in Indigenous communities. They are appropriately termed the local cultural resource knowledge of Indigenous Elders. We draw on ElderCrits to nurture a decolonizing solidarity between Black Peoples and Indigenous Peoples in Canada to incite a resistance politics that flees and abandons the carceral projects (Harney & Moten, 2013) of anti-Black and anti-Indigenous racism without leaving out the possibilities of creating new futurities based on inclusive, fair, and equitable relations.
FR:
Cet article explore les sites possibles pour la construction d’une solidarité critique anticoloniale entre les communautés noires et les peuples indigènes du Canada. Nous nous appuyons sur les enseignements critiques des aînés africains (ElderCrits) comme cadre discursif pour conceptualiser l’interdépendance nécessaire à un travail de solidarité décolonisatrice entre les peuples noirs et les peuples autochtones et pour exposer comment la suprématie blanche et le colonialisme sont maintenus ouvertement et secrètement dans les relations sociales quotidiennes pour impliquer la vie des peuples noirs et des peuples autochtones au Canada. Nous concevons les ElderCrits comme des corpus de connaissances émergeant des voix, des expériences, de l’histoire, des cultures et des points de vue partagés par les aînés autochtones d’Afrique et de l’île de la Tortue au fil des générations, en raison de leur attachement durable à la terre, à la culture et à la nature. Les ElderCrits sont des connaissances fondées sur l’indigène en tant que sujet connaissant. Il s’agit de corpus de connaissances que les membres de la communauté chérissent et tiennent en haute estime, et qui souvent informent, façonnent, guident, organisent et réglementent la manière dont les membres de la communauté tiennent la promesse d’un avenir meilleur. Ces savoirs parlent de la société, de la nature et de l’interface culturelle et servent d’enseignements indigènes qui guident le comportement social et l’action dans les communautés indigènes. Elles sont appelées de manière appropriée « ressources culturelles locales » (local cultural resource knowledge) des aînés indigènes. Nous nous appuyons sur les ElderCrits pour nourrir une solidarité décolonisatrice entre les peuples noirs et les peuples autochtones du Canada afin d’encourager une politique de résistance qui fuit et abandonne les projets carcéraux (Harney & Moten, 2013) du racisme anti-noir et anti-autochtone sans négliger les possibilités de créer de nouveaux avenirs fondés sur des relations inclusives, justes et équitables.
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Anti-colonial Reflexivity in Social Work: Re‑personalizing the settler colonial past and present as settlers
Jennifer Matsunaga
pp. 67–85
AbstractEN:
Encouraging a new way for non-Indigenous researchers to think reflexively through their positionality and relationship with Indigenous peoples, lands, and claims for decolonization in their research, this paper introduces the concept of anti-colonial reflexivity. Anti-colonial reflexivity describes the slow process of looking into our genealogies, not simply to locate the names of ancestors in a family tree, but to attempt to critically understand the sociopolitical worlds in which they lived in order to trace our lineage in relation to settler colonization. As an intervention into reflexive practice, anti-colonial reflexivity seeks to re-personalize the settler colonial past and present, and to make reflexivity a practice that develops new self-understanding and accountability.
FR:
Cet article présente le concept de réflexivité anticoloniale, qui encourage les chercheurs non autochtones à réfléchir à leur position et à leur relation avec les peuples et les terres autochtones, ainsi qu’aux revendications de décolonisation dans le cadre de leurs travaux de recherche. La réflexivité anticoloniale décrit le lent processus d’examen de nos généalogies, non pas simplement pour localiser les noms des ancêtres dans un arbre généalogique, mais pour tenter de comprendre de manière critique les mondes sociopolitiques dans lesquels ils ont vécu afin de retracer notre lignée par rapport à la colonisation. En tant qu’intervention dans la pratique réflexive, la réflexivité anticoloniale cherche à repersonnaliser le passé et le présent des colons et à faire de la réflexivité une pratique qui développe une nouvelle compréhension de soi et une nouvelle responsabilité.
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Pensionnats et foyers autochtones fédéraux du Canada et du Québec : projets de médiation culturelle, interculturelle et patrimoniale des lieux de mémoire sensible
Maryse Paquin and Rébéca Lemay-Perreault
pp. 87–105
AbstractFR:
Au Canada et au Québec, les pensionnats et foyers autochtones fédéraux se situent au coeur d’un scandale national, en raison d’abus et de sévices physiques, psychologiques et sexuels que les membres des Premiers peuples y subissent, de 1831 à 1996. Au cours de cette période, on estime à plus de 150 000 enfants autochtones qui sont retirés de leurs familles pour y être placés. On estime également que plus de 4 000 d’entre eux y décèdent. En 2021, la découverte macabre de restes de 215 enfants sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique, corrobore les témoignages des membres des Premiers peuples recueillis, notamment lors de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVRC). D’autres découvertes pourraient survenir, un peu partout au Canada. Face à ces événements et au-delà des excuses et des indemnisations souhaitées par les communautés autochtones, certaines des recommandations de la CVRC proposent de rétablir les relations avec les Allochtones. Toutefois, en raison du récit national, le Québec s’associe peu ou pas aux politiques canadiennes d’assimilation et de sédentarisation des enfants autochtones. En raison de ces positions éloignées l’une de l’autre, une piste de solution, parmi d’autres, réside dans des projets de médiation culturelle, interculturelle et patrimoniale des lieux de mémoire sensible, selon une approche décoloniale. De tels projets contribueraient non seulement à mieux faire connaître et comprendre l’histoire et les séquelles laissées par les pensionnats et les foyers autochtones fédéraux, mais également à améliorer les relations dans une perspective de guérison et de paix durable.
EN:
In Canada and Quebec, the federal residential schools and foster homes are at the heart of a national scandal, due to the numerous physical, psychological, and sexual abuses suffered by Aboriginal Peoples members between 1831 and 1996. During this period, it is estimated that more than 150,000 Aboriginal children were removed from their families to be placed there. It is also estimated that more than 4,000 of them die. In 2021, the gruesome discovery of 215 children’s remains at the site of a former residential school in Kamloops, British Columbia, corroborates the testimony of Aboriginal Peoples members, in particular at the Truth and Reconciliation Commission of Canada (TRCC). Other discoveries may be made across Canada. Beyond the apology and compensation sought by Aboriginal communities, some of the TRCC’s recommendations propose restoring relations with non-Aboriginal. However, because of the national narrative, Quebec has little or no association with Canadian policies of assimilation and sedentarization of Aboriginal children. In view of these far-flung positions, one possible solution, among others, lies in cultural, intercultural and heritage mediation projects for sensitive places of memory, from a decolonial approach. Such projects would not only contribute to a better knowledge and understanding of the history and legacy of federal residential schools and foster homes, but also to improved relations in a perspective of healing and lasting peace.
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InStead: Demonstrating allyship through a REDress reconciliation project
Mukwa Musayett and Patricia L. Smith
pp. 107–122
AbstractEN:
This article tells the story of how the personal truth and reconciliation journeys of an Indigenous professor and non-Indigenous (settler ally) master’s student coiled together after a university-based art exhibition. The exhibit, REDress Missing and Murdered Indigenous Women and Girls and Two-Spirit People (MMIWG2S), opened at Thompson Rivers University (TRU) Art Gallery in October 2021. Its purpose was to honour the Truth and Reconciliation Commission of Canada’s (2015) call to action #41. At the opening ceremony of the exhibit, Mukwa Musayett / Dr. Shelly Johnson gave a talk regarding murdered and missing Indigenous women, girls, and two-spirit people. The exhibit included a REDress pine needle sculpture by Patricia L. Smith. The sculpture and talk led to a joint discussion between us about the experiences that brought us to participate in the MMIWG2S exhibit at the same postsecondary institution. First, we developed a plan to write about this experience of Indigenous and settler allyship between a professor and a student. Second, we identified a proposed collaboration on an allyship project entitled InStead to further education, awareness and reconciliation regarding MMIWG2S with and between other postsecondary faculty, students, and community members.
FR:
Cet article raconte comment les parcours personnels de vérité et de réconciliation d’un professeur autochtone et d’un étudiant en maîtrise non autochtone (allié des colons) se sont rejoints après une exposition d’art à l’université. L’exposition REDress Missing and Murdered Indigenous Women and Girls and Two-Spirit People (MMIWG2S) a été inaugurée à la galerie d’art de l’université Thompson Rivers (TRU) en octobre 2021. Son objectif était d’honorer l’appel à l’action (2015) n° 41 de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada. Lors de la cérémonie d’ouverture de l’exposition, Mukwa Musayett / Dr. Shelly Johnson a présenté un exposé universitaire autochtone sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones assassinées et disparues. L’exposition comprenait une sculpture en aiguilles de pin REDress de Patricia L. Smith. Cela a conduit à une discussion commune entre les deux femmes sur les expériences qui nous ont amenées à participer à l’exposition MMIWG2S dans le même établissement d’enseignement supérieur. Tout d’abord, nous avons élaboré un plan pour écrire sur cette expérience d’allié autochtone et colon entre un professeur et une étudiante. Deuxièmement, nous avons proposé de collaborer à un projet d’allié intitulé « Au lieu de « afin de favoriser l’éducation, la sensibilisation et la réconciliation concernant le MMIWG2S avec et entre d’autres professeurs, étudiants et membres de la communauté de l’enseignement postsecondaire.
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Does Allyship Attend to Sovereignty?
Elizabeth Carlson-Manathara
pp. 123–142
AbstractEN:
Accountability to Indigenous theories of change entails asking, does allyship attend to Indigenous sovereignty? In exploring this question, I briefly examine critical perspectives on — and limitations of — allyship frameworks, the emergence of critical allyship, and literature and models that specifically address the structure of colonialism and of Indigenous – settler relationships. Afterwards, I describe learning through a collective research collaboration around the framework living in Indigenous sovereignty, which to my mind, best attends to Indigenous theories of change, and which I find to be a compelling way to consider and enact my anti-colonial and decolonial work in relationship with Indigenous Peoples and lands.
FR:
L’obligation de rendre compte des théories autochtones du changement implique de se demander si l’allié tient compte de la souveraineté autochtone. En explorant cette question, j’examine brièvement les perspectives critiques et les limites des cadres d’allié, l’émergence de l’allié critique, ainsi que la littérature et les modèles qui traitent spécifiquement de la structure du colonialisme et des relations entre les autochtones et les colons. Ensuite, je décris l’apprentissage par le biais d’une collaboration de recherche collective autour du cadre vivant dans la souveraineté indigène, qui, à mon avis, tient mieux compte des théories indigènes du changement, et que je trouve être une manière plus convaincante d’envisager et de mettre en oeuvre mon travail anticolonial et décolonial en relation avec les peuples et les terres indigènes.