Forum – Covid-19

INTRODUCTIONINTRODUCTION[Record]

  • François Boudreau and
  • Gus Hill

Le printemps 2020 a plongé le monde dans le chaos. Il n’y a pas moyen de contourner ces faits. Les départements, écoles et facultés de travail social partout au pays se sont vus forcés de faire volte-face et de s’adapter à une situation à laquelle nous n’étions pas préparés. La pandémie, et les mesures de confinement qui en ont résulté, nous a offert de nombreuses occasions d’activer notre créativité, de démontrer notre flexibilité ou de réinventer la façon dont nous pratiquons le travail social dans l’ensemble des services sociaux : des services de première ligne à la recherche, en passant par l’enseignement. Nos pratiques pédagogiques ont été remises en question, et nous avons dû utiliser la technologie au-delà des habitudes que la plupart d’entre nous en avions. Toutefois, si une crise telle que la pandémie peut être une source d’innovation, nous devons également reconnaître les conséquences moins heureuses qu’elle a eues sur nous tous. De la fatigue que nous ressentons envers l’utilisation des plateformes telles que Zoom, à l’augmentation exponentielle du temps passé devant nos écrans, en passant par la complexification de nos vies en raison de la multiplication des tâches requises pour travailler à domicile et par le flou qui s’installe à la frontière entre « le travail » et « la maison », les impacts délétères sont nombreux. En raison des responsabilités sanitaires accrues et de la multiplication des réunions pour bon nombre d’entre nous, des responsables de la formation, aux travailleuses sociales et travailleurs sociaux, il apparait plus difficile d’effectuer nos tâches efficacement. L’ensemble des étudiant.e.s en travail social continuent, malgré un contexte moins que favorable à la formation, loin de la condition étudiante normale, de démontrer courage et persévérance dans la poursuite de leurs études. Dans de telles circonstances, nous pouvons facilement nous sentir isolés les uns des autres et il peut être tentant de sombrer dans le mal de l’âme, la détresse et où le blâme et le chacun pour soi peuvent s’installer. Rappelons-nous plutôt de notre humanité commune et que la compassion et le soutien mutuels nous aideront à faire le pont vers l’autre côté de cette pandémie. Au-delà de son impact sur nos vies personnelles et professionnelles, la pandémie a également mis en lumière les problèmes sociaux auxquels nous nous opposons, que nous combattons et que nous tentons d’éliminer, telles les différentes formes d’oppression et de domination, ainsi que le racisme, le classisme, l’âgisme, le capacitisme et surtout, les inégalités sociales. La pandémie a également jeté une lumière nouvelle sur des problèmes sociaux et des populations souvent invisibles, de même que sur le rôle que joue le travail social à cet égard. Plus la pandémie progresse, plus il devient évident que les personnes les plus vulnérables de notre société sont confrontées à une marginalisation croissante. Que ce soit les Autochtones dont le bien-être global a été affecté par l’impossibilité de participer aux cérémonies et confrontés aux problèmes du maintien des normes de bien-être, les communautés de personnes Noires, Autochtones et de couleur confrontées à une violence haineuse continue, les personnes plus âgées dont la vulnérabilité réaffirmée demeure une réelle préoccupation, ou encore les enfants entassés dans des écoles où l’apprentissage n’est pas nécessairement la priorité. Notre profession a la responsabilité de défendre le bien-être et la sécurité de celles et ceux qui souffrent le plus. La volonté réaffirmée de continuer à faire rouler l’économie semble parfois prioriser l’argent au détriment des vies et des relations humaines. Nos citoyens les plus vulnérables demeurent en danger. Nos besoins les plus fondamentaux ont aujourd’hui pris le pas sur nos besoins moins tangibles, possiblement une conséquence inattendue …