Abstracts
Résumé
Le présent article part du rapprochement qu’établit le psychanalyste Jean-Pierre Lebrun à plusieurs reprises dans ses écrits entre des pratiques inusitées, qui sont survenues sous le nazisme, et la transformation profonde de la subjectivité occidentale que constitue la « mutation anthropologique » exposée par le concept de néo-sujet. Il s’agira ici d’approfondir divers traits spécifiques aux néo-sujets à l’aide de travaux d’historiens du nazisme, dans la mesure où ces traits font écho à la réalité contemporaine. Bien que notre époque n’en soit pas dépourvue, il s’agira moins de s’attarder à la violence meurtrière, mais plutôt aux phénomènes banals, typiques de l’économie psychique du néo-sujet : la démission à l’endroit de ses devoirs, l’absence d’empathie, le déni de réalité, etc. La première section de l’article esquissera l’imaginaire de la communauté raciale unie par le sang auquel se réfère la récusation nazie des médiations instituées de l’État et du droit ; la deuxième section visera à montrer comment la violence est euphémisée par le discours de la science ; enfin, la troisième section montrera comment la guerre permet l’amalgame d’une nostalgie primitiviste avec une technophilie typique du capitalisme avancé.
Abstract
The present article builds upon the correlation established by the psychoanalyst Jean-Pierre Lebrun, in several of his writings, between unusual practices that emerged during Nazism and the profound transformation of Western subjectivity encapsulated by the concept of the “neo-subject” as discussed by Lebrun. This study aims to delve into various specific traits of the neo-subject, drawing upon the works of historians specializing in Nazism, as these traits resonate with contemporary reality. While our era is not devoid of such traits, the focus here is less on murderous violence and more on mundane phenomena inherent in the psychic economy of the neo-subject: resignation towards duties, lack of empathy, denial of reality, etc. The first section of the article will outline the imagery of the racially unified community bound by blood, based on the Nazi rejection of established state and legal mediations references. The second section aims to demonstrate how violence is euphemized by the discourse of science. Finally, the third section will illustrate how war facilitates the amalgamation of a primitivist nostalgia with a technophilia typical of advanced capitalism.