Abstracts
Résumé
Si la névrose résulte, comme l’avance Freud, de l’excès de renoncement qu’exigeait la société d’hier au nom de son idéal culturel, on est en droit de se demander si les néo-sujets d’aujourd’hui ne seraient pas le symptôme de la liberté à laquelle nous pouvons désormais prétendre dans le cadre d’une société fondée sur la prévalence de l’individu. C’est à lire les effets du bouleversement anthropologique atteint depuis un demi-siècle que nous nous sommes attelés. Ce dernier a en effet atteint autant les individualités que le fonctionnement du collectif entraînant avec lui des confusions qui s’avèrent délétères pour la construction de la subjectivité. Confusion entre fonction patriarcale et fonction paternelle comme entre sujet citoyen et consommateur hypernarcissique. Nous nous confrontons dès lors, maintenant que nous en sommes à la troisième génération, à un véritable « cancer sociétal » qui en aurait terminé avec l’autorité, l’altérité et l’antériorité, trois règles non écrites qui pourtant caractérisent toujours la condition humaine. Ce n’est alors qu’en retournant à ce qu’exige notre statut d’être parlant – de parlêtre aimait à dire Lacan – que nous pourrons réinventer, au-delà de l’idéologie, un équilibre entre les exigences individuelles et les contraintes civilisationnelles.
Abstract
If neurosis, as Freud posited, stemmed from the excessive renunciation demanded by yesterday’s society in the pursuit of its cultural ideal, it becomes pertinent to inquire whether today’s “neo-subjects” represent symptoms of the freedoms we now assert within a society founded on the primacy of the individual. Our endeavor lies in discerning the ramifications of the anthropological upheaval witnessed over the past half-century, which has impacted both individual identities and collective dynamics, fostering confusions detrimental to the cultivation of subjectivity. These confusions blur distinctions between patriarchal and paternal functions, as well as between citizen subjects and hypernarcissistic consumers. Consequently, as we now confront what could be described as a “societal malignancy” - one that seemingly disregards authority, alterity, and anteriority, three enduring principles that define the human condition - we are compelled to revisit the imperatives inherent to our status as speaking beings, or as Lacan aptly termed, “parlêtre.” It is through this reexamination that we may envisage, transcending ideological constraints, a reconciliation between individual exigencies and the demands of civilization.