Cahiers de recherche sociologique
Number 69, Fall 2020 Colette Guillaumin. Une sociologie matérialiste de la Race et du Sexe Guest-edited by Elsa Galerand, Danielle Juteau and Linda Pietrantonio
Table of contents (12 articles)
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Colette Guillaumin. Une sociologie matérialiste de la Race et du Sexe : présentation
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Dé/construire les notions de « race » et de « sexe » : le travail d’une précurseure
Danielle Juteau
pp. 21–45
AbstractFR:
Jamais traduit jusqu’ici, ce texte de Danielle Juteau est initialement paru en anglais, en 1995, sous le titre « (Re)constructing the categories of “race” and “sex” : The work of a precursor ». Il s’agit d’un texte majeur qui offre une introduction analytique à la sociologie de Colette Guillaumin. Il en retrace minutieusement le cheminement tout en proposant un guide de lecture qui en contextualise la production et les contributions eu égard aux débats scientifiques d’alors, toujours d’actualité. En lui-même, ce texte constitue l’introduction à l’ouvrage de Colette Guillaumin, Racism, Sexism, Power, and Ideology. Critical studies in racism and migration, publié aux éditions Routledge ; un ouvrage qui fait date en ce qu’il permet au lectorat anglophone de découvrir le travail de Colette Guillaumin. Il rassemble alors ses textes produits sur une période de près de vingt ans. La présentation magistrale qu’en fait Danielle Juteau entérine le rôle d’ambassadrice des travaux de la sociologue qu’elle aura tenu pendant plus de quarante ans auprès d’un public américain et européen.
EN:
Never translated until now, this article written by Danielle Juteau was initially published in English in 1995 under the title “(Re)constructing the categories of ‘race’ and ‘sex’ : The work of a precursor.” This major text proposes an analytical introduction to the sociology of Colette Guillaumin. It meticulously retraces its process, while offering a reading that contextualises its creation and its contributions to the scientific debates of the time, which are still relevant today. In itself, this article constitutes an introduction to the work of Colette Guillaumin, Racism, Sexism, Power, and Ideology. Critical studies in racism and migration, which was published by Routledge. This work stands out, as it gives the English speaking readers an opportunity to discover the work of Colette Guillaumin. It gathers the texts she has written over a period of about twenty years. The brilliant presentation written by Danielle Juteau confirms her in her role of ambassador of the work of Colette Guillaumin, which she has fulfilled for more than forty years for the benefit of the American and European readers.
ES:
Nunca traducido hasta el día de la fecha, se trata de un texto de Danielle Juteau, aparecido en un principio en inglés, en 1995, bajo el titulo « (Re)construyendo las categorías de “raza” y “sexo” : el trabajo de un precursor ». Se trata de un artículo mayor que ofrece una introducción analítica a la sociología de Colette Guillaumin. El mismo rastrea minuciosamente toda su trayectoria, proponiendo una guía de lectura que contextualice la producción y las contribuciones de acuerdo a los debates científicos de la época, siempre actuales. El texto en sí mismo constituye una introducción a la obra de Collete Guillaumin, Racism, Sexism, Power and Ideology. Critical studies in racism and migration, publicado por Editions Routledge ; una obra que hace historia al permitir a los lectores anglófonos descubrir el trabajo de Colette Guillaumin. La misma reúne sus textos producidos durante un periodo de casi veinte años. La presentación magistral que realiza Daniel Juteau confirma su rol de embajadora de la sociología exponiendo los trabajos que Collette Guillaumin ha desarrollado durante más de cuarenta años frente al público americano y europeo.
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Réception sociologique des travaux de Colette Guillaumin en France : une lente appropriation
Hélène Bertheleu and Sarah Rétif
pp. 47–75
AbstractFR:
Cet article propose d’explorer la manière dont les travaux de Colette Guillaumin ont été reçus et lus en France par ses collègues sociologues, entre les années 1970 et aujourd’hui. Leur réception semble d’abord faible, entravée par un puissant nationalisme méthodologique qui imprègne alors les sciences sociales françaises. Ses apports théoriques sont néanmoins partagés dans quelques cercles dont nous éclairerons les acteurs et leurs débats. Cette réception apparaît à la fois lente, fragmentée, et divisée entre des chercheur.e.s en relations interethniques pour qui le racisme n’en constitue qu’une dimension, d’une part, et d’autre part des chercheur.e.s investi.e.s dans la création du champ des études féministes. Ce n’est qu’au cours des années 2000 que ses outils conceptuels ont commencé à circuler plus largement, sous diverses formes, visant souvent l’articulation des rapports sociaux de sexe, de classe et de race.
EN:
This paper aims to explore how Colette Guillaumin’s work has been received and read in France by sociologists, from the 1970s to the present day . At first, the reception seems weak, obstructed by a powerful methodological nationalism of the french social sciences. Its theoretical contributions are nevertheless shared in a few research groups whose actors and debates are enlighted in this paper. This reception appears to be both slow, fragmented, and divided between researchers in ethnic relations for whom racism is only one dimension, on the one hand and researchers involved in the institutionnal creation of the Feminist studies, on the other. It was during the 2000s that its conceptual tools began to circulate more widely, in various forms, various forms, often to think the articulation of social relations of sex, class and race.
ES:
Este artículo propone explorar como fueron recibidos y leídos los trabajos de Colette Guillaumin en Francia por sus colegas sociólogos, entre los años 1970 hasta hoy. Su recepción parece en un principio débil, obstaculizada por un poderoso nacionalismo metodológico que impregnaba en ese entonces las ciencias sociales francesas. Sin embargo, sus aportes teóricos son compartidos por ciertos círculos entre los cuales descubriremos sus actores y debates. Esta recepción aparece por un lado, lenta, fragmentada y dividida entre los investigadores-as dentro del campo de las relaciones interétnicas para quienes el racismo no constituye una dimensión, y por otro, entre los investigadores dedicados a los estudios feministas. No es sino que a partir de los años 2000, que estos elementos conceptuales comenzaron a circular de manera más extendida, bajo diversas formas, orientándose frecuentemente hacia la articulación entre las relaciones sociales de sexo, clase y raza.
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La notion de sexage et les enjeux féministes contemporains
Diane Lamoureux
pp. 77–88
AbstractFR:
Un des apports théoriques majeurs de Colette Guillaumin a été la notion de sexage. Je me propose de l’analyser sous trois angles : en amont, en tenant compte de ses travaux antérieurs sur le racisme ; en soi, ce en quoi elle consiste et ce qu’elle permet de penser ; en aval, par rapport à son utilité en regard des enjeux contemporains auxquels sont confrontés les féminismes. En amont, je me propose de voir les articulations de la notion de sexage avec les analyses du racisme, plus particulièrement en ce qui concerne les processus de naturalisation de groupes sociaux avec ce que cela entraîne du point de vue de l’altérisation (idée de différence irréductible) et de hiérarchisation. Le rapport de sexage cherche à décrire le rapport social qui se noue entre les sexes et repose sur l’appropriation collective des femmes, une appropriation qui se redouble de façon individuelle dans le dispositif de l’hétérosexualité. Mais la double dimension individuelle et collective du sexage fait en sorte qu’il s’agit également d’un marquage des corps dont les mécanismes concrets fluctuent au rythme des luttes sociales. Le travail de Guillaumin repose essentiellement sur une homologie entre sexisme et racisme. Peut-on lui opposer la remarque sarcastique que « toutes les femmes sont blanches et que tous les Noirs sont des hommes » ? Pas nécessairement. Il me semble que l’analyse matérialiste des rapports sociaux à laquelle elle nous incite peut très bien se jumeler aux théories contemporaines de la localisation sociale, celles qui ne raisonnent pas en termes d’identité ou de différence, mais plutôt celles qui insistent sur l’agentivité des sujets sociaux pour transformer les rapports sociaux dans lesquels elles et ils sont insérées.
EN:
One of Colette Guillaumin’s major theoretical contributions was the notion of sexage. I propose to analyze it from three angles : upstream, taking into account her previous work on racism ; in itself, what it consists of and what it allows us to think ; downstream, regarding its usefulness as it relates to the contemporary issues facing feminisms. Upstream, I propose articulating the notion of sexage with analyses of racism, more particularly focusing on the consequences of the processes of naturalization of social groups from the point of view of othering (idea of difference) and hierarchization. The sexage relationship seeks to describe the social relationship established between the sexes and is based on the collective appropriation of women as well as their individual appropriation, thus a double appropriation that operates within the apparatus of heterosexuality. But the double individual and collective dimension of sexage implies the marking of bodies, the concrete mechanisms of which fluctuate with the rhythm of social struggles. Guillaumin’s work is essentially based on the homology between sexism and racism. Can this homology be countered with the sarcastic remark that “all the women are white and all the blacks are men” ? Not necessarily. It seems to me that the materialist analysis of social relations, flowing from her work, works well with contemporary theories of social localization, theories that do not reason in terms of identity or difference, but rather insist on the agency of social subjects to transform the web of social relations within which they are embedded.
ES:
Uno de los mayores aportes teóricos de Colette Guillaumin fue la noción de sexuado. Me propongo analizarla desde tres perspectivas : de manera anticipada, teniendo en cuenta sus trabajos anteriores sobre el racismo ; posteriormente, en que consiste el término y en que nos permite pensar ; finalmente, en relación con su utilidad contemplando los desafíos contemporáneos a los que se han enfrentado las feministas. Previamente, me propongo ver las articulaciones entre de la noción de sexuado a través de los análisis de racismo, particularmente aquellos procesos de naturalización de los grupos sociales y todo aquello que está relacionado con la alterización (diferencia irreductible) y la jerarquización. La relación de sexuado busca describir el vínculo social que se enlaza entre los sexos y reposa sobre la apropiación colectiva de las mujeres, una apropiación que se refuerza de manera individual dentro del dispositivo de la heterosexualidad. Pero la doble dimensión individual y colectiva de lo sexuado se establece de manera tal que también se trata de una marca en los cuerpos, donde mecanismos determinados fluctúan al ritmo de las luchas sociales. El trabajo de Guillaumin descansa esencialmente sobre una homología entre sexismo y racismo. Podemos confrontarlo con el comentario sarcástico según el cual « todas las mujeres son blancas y todos los negros son hombres ». Me parece que el análisis materialista de las relaciones sociales al que ella nos incita, puede ser conectado perfectamente con las teorías contemporáneas de la localización social, aquellas que no solo se deducen en términos de identidad o diferencia, sino también sobre aquellas que insisten en la agencia de los sujetos sociales en pos de transformar las relaciones sociales en las que ellas y ellos se encuentran inscriptos.
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Dénaturaliser l’avant-garde artistique et littéraire
Émile Bordeleau-Pitre
pp. 89–109
AbstractFR:
Après avoir exposé trois tendances qui apparaissent dans de nombreuses théorisations du concept d’avant-garde en arts et en littérature, soit la téléologie, la réification et le manichéisme, cette contribution met en lumière une perspective permettant de lire tant les antagonismes que les conformismes des objets dits d’avant-garde. Informé par la pensée de Colette Guillaumin, plus spécifiquement par sa réflexion sur le rapport majoritaire-minoritaires dans L’idéologie raciste, l’article propose trois pistes pour dénaturaliser l’interprétation du concept d’avant-garde : la minorisation, le contre-discours oppositionnel et l’utopisme.
EN:
After exposing three trends that appear in many avant-garde theories, namely teleology, reification and dualism, this contribution sheds light on a perspective that allows us to read both antagonisms and conformisms of so-called avant-garde objects. Informed by the thought of Colette Guillaumin, more specifically by her conceptualization of the majority-minority relationship in L’idéologie raciste, the article proposes three ways to denaturalize the avant-garde : minorization, counter-oppositional discourse and utopianism.
ES:
Luego de haber expuesto tres tendencias que aparecen en varias teorizaciones del concepto de vanguardia en las artes y en la literatura, la teología, la reificación y el maniqueísmo, esta contribución ilumina una perspectiva que permite leer tanto a los opositores como así también a los conformitas de los objetos considerados como de vanguardia. Influenciado por el pensamiento de Colette Guillaumin, concretamente sobre su reflexión entre la relación mayoritaria-minoritaria en La ideología racista, el artículo propone tres orientaciones para des-naturalizar la interpretación del concepto de vanguardia : la minimización, el contra-discurso oposicional y el utopismo.
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Quand la domination impose les termes de la révolte : la catégorie « homosexuels » à la lumière du matérialisme de Colette Guillaumin
Félix L. Deslauriers
pp. 111–138
AbstractFR:
À partir de l’exemple de la catégorie « homosexuels », cet article montre l’intérêt de l’oeuvre de Colette Guillaumin pour l’étude des catégories « de sexualité » ou « d’orientation sexuelle ». Portant surtout sur les notions de « race » et de « sexe », ses travaux sont peu mobilisés à cette fin. Ils présentent néanmoins de précieuses contributions pour dénaturaliser les catégories de sexualité. Et pour penser, en retour, leur naturalisation par le discours comme effet et moyen de rapports de pouvoir concrets. Par ailleurs, ils peuvent former un cadre pour examiner les stratégies actuelles de résistance à la catégorisation. L’article présente brièvement deux exemples de ces discours de résistance. Il explore ensuite les apports théoriques de Guillaumin pour penser la (dé)construction de la catégorie « homosexuels ».
EN:
Focusing on the case of “homosexuals”, this paper highlights the relevance of Colette Guillaumin’s contributions for the study of “sexuality” or “sexual orientation”. Her materialist approach receives little attention in this field, partly because it mostly deals with “race” and “sex”. It nevertheless contains precious tools for denaturalizing “sexuality”, and for considering its naturalization by discourse as both an effect and an instrument of concrete power relations. In addition, it can form a useful framework for the study of discourses of resistance to categorization. The paper briefly introduces two examples of those discourses of resistance, namely the problematization of « homophobia » and the proliferation of categories promoted by queer theory. It then explores Guillaumin’s theoretical contributions for analysing the (de)construction of “homosexuals” as a category.
ES:
A partir del ejemplo de la categoría « homosexuales », este artículo demuestra interés en la obra de Colette Guillaumin por el estudio de las categorías « de sexualidad » o « de orientación sexual ». Sosteniéndose sobre las nociones de « raza » y de « sexo », sus trabajos son apenas tenidos en cuenta según las categorías anteriormente mencionadas. Sin embargo los mismos presentan preciosas contribuciones para des-naturalizar las categorías de sexualidad y repensar su naturalización, postulada por el discurso, como el efecto y el medio de las relaciones de poder concretas. Por otro lado, ellas pueden formar un marco para examinar las estrategias actuales de resistencia a la categorización. El artículo presenta brevemente dos discursos de resistencia. Luego explora los aportes teóricos de Guillaumin para pensar la (de) construcción de la categoría « homosexuales ».
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Les rapports d’appropriation à l’Île Maurice. L’exploitation des femmes noires au prisme de la théorie de Colette Guillaumin
Colette Le Petitcorps
pp. 139–162
AbstractFR:
Cet article mobilise la théorie des rapports d’appropriation de Guillaumin pour analyser l’entretien mutuel et les transformations des rapports sociaux de race et de sexe à l’Île Maurice dans la deuxième moitié du XXe et au début du XXIe siècle. Il prend pour objet l’évolution de l’exploitation spécifique des femmes noires depuis le système des plantations, à partir de l’interprétation de la façon dont des femmes mauriciennes employées des services domestiques définissent leur exploitation. L’article montre que l’exploitation du travail domestique de subsistance constitue le point nodal de l’articulation des formes de l’appropriation des femmes noires, de l’extension de leur appropriation dans le contexte actuel de crise de la production et de la création d’un sujet social qui cherche la réappropriation de son individualité en « travaillant pour soi-même ».
EN:
This article uses Guillaumin’s theory on the relationships of appropriation in order to study the articulation and transformation of race and sex relationships in Mauritius during the second half of XXth and early XXIth century. I study the evolution of the specific exploitation of black women since the plantation system, by interpretating the way by which some Mauritian women employed in domestic work define their own exploitation. I demonstrate that the exploitation of subsistence domestic work is central to the combination of various forms of black women’s appropriation, to the extension of their appropriation in the current context of production crisis, and to the creation of a social subject who looks after the re-appropriation of its individuality by “working for oneself”.
ES:
Este artículo rescata la teoría de las relaciones de apropiación de Guillaumin analizando el diálogo mutuo y las transformaciones de las relaciones sociales de raza y sexo en la Isla Mauricio durante la segunda mitad del siglo XX hasta el principio del siglo XXI. Toma como objeto la evolución de la explotación específica de las mujeres negras dentro del sistema de las plantaciones, partiendo de la interpretación sobre la forma como las mujeres de Mauricio empleadas en el servicio doméstico definen su explotación. El artículo muestra que la explotación del trabajo doméstico de subsistencia constituye el nudo de la vinculación entre las formas de apropiación de las mujeres negras, de la extensión de su apropiación dentro del contexto actual de crisis de la producción y de la creación de un sujeto social que busca la reapropiación de su individualidad « trabajando para uno mismo ».
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Vers une sociologie historique comparative des rapports de sexage
Emma Jean
pp. 163–191
AbstractFR:
Une sociologie historique comparative des processus d’industrialisation à Shanghai et à Calcutta entre 1880 et 1939 montre que la primauté causale donnée au capitalisme par la théorie de la reproduction sociale pour expliquer la subordination des femmes s’avère empiriquement infondée. Alors qu’à Shanghai l’industrialisation fait largement appel à de la main-d’oeuvre féminine soumise à des rapports de sexage façonnés par leurs familles et repris par leurs employeurs, à Calcutta, au contraire, le processus d’industrialisation est caractérisé par un très faible taux de participation des femmes au travail salarié. Non seulement peut-on placer la genèse de ces rapports de sexage avant le capitalisme, mais leur variation débouche sur des structures occupationnelles et une division sexuelle du travail différenciées, suggérant que le développement capitaliste est dépendant de sentiers tracés par les rapports de sexage. Puisque la forme spécifique prise par les rapports de sexage fait varier, de manière indépendante, l’utilisation de la main-oeuvre féminine par le capitalisme, nous en concluons que le postulat voulant que le capitalisme a internalisé les rapports sociaux de sexe doit être rejetté au profit d’une approche conférant une réelle autonomie causale au sexage.
EN:
A comparative historical sociology of the industrialization processes in Shanghai and Calcutta between 1880 and 1939 shows that the causal primacy given to capitalism by the social reproduction theory to explain women’s subordination is empirically unfounded. While industrialization in Shanghai relied heavily on a female labor force subjected to a gendered familial control that was reinstated by their capitalist employers, in Calcutta, on the contrary, the industrialization process was characterized by a very low rate of female participation in wage labor. Not only can the genesis of these gender relations be placed before capitalism, but their variation leads to strongly differentiated occupational structures and sexual division of labor, suggesting that capitalist development is shaped by historical paths created by gender relations. Since the the use of female labor by capitalism independently varies in function of the specific form taken by gender relations, we conclude that the assumption that capitalism has internalized gender relations must be rejected in favor of an approach that gives gender a real causal autonomy.
ES:
La sociología histórica – comparativa de los procesos de industrialización en Shangai y Calcuta entre 1880 y 1939, que otorga al capitalismo la preeminencia causal al momento de explicar la subordinación de las mujeres de acuerdo a la teoría de la reproducción social, es empíricamente infundada. Considerando que en Shangai la industrialización recurrió intensamente en la búsqueda de la mano de obra femenina sometida a las relaciones de lo sexuado, modeladas por sus familias y continuadas por sus empleadores, en Calcuta, de manera opuesta, el proceso de industrialización se caracteriza por una tasa de participación muy baja de las mujeres en el trabajo salariado. No solamente podemos situar el origen de estas relaciones de lo sexuado antes del capitalismo, sino también considerar que su variación se desliga de las estructuras ocupacionales y de la división sexual del trabajo diferenciado, sugiriendo que el desarrollo capitalista depende de la dirección trazada por las relaciones de lo sexuado. Debido a que la forma específica que adquieren las relaciones de lo sexuado puede variar de manera independiente a la utilización por parte del capitalismo de la mano de obra femenina, concluimos rechazando el postulado según el cual el capitalismo internalizó las relaciones sociales de sexo, planteando en cambio una aproximación que confiere una autonomía real-causal a lo sexuado.
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Un féminisme matérialiste décolonial est possible : lire ensemble Colette Guillaumin et María Lugones
Jules Falquet
pp. 193–218
AbstractFR:
Jules Falquet propose de lire ensemble la sociologue française Colette Guillaumin et la philosophe argentine María Lugones, pour avancer dans l’élaboration d’une analyse féministe matérialiste décoloniale. Après avoir résumé leurs analyses respectives du sexe et de la race, Falquet souligne leurs convergences, notamment la commune profondeur historique de leurs travaux, ancrés dans le processus de colonisation européenne de l’Amérique latine et des Caraïbes, incluant la traite et l’esclavage, mais aussi leurs divergences sur les logiques causales de la mise en place du système-monde capitaliste. Elle propose enfin une image, les vases communicants, et un concept, la combinatoire straight, pour tenir ensemble sexe, race et classe et revisiter l’histoire du développement du mode de production capitaliste à partir de cette histoire coloniale.
EN:
Jules Falquet proposes to read together the french sociologist Colette Guillaumin and the argentine philosopher María Lugones, in order to go further in the elaboration of a decolonial materialist feminist analysis. After summing up the central ideas of their respective theorization of race and sex, Jules Falquet highlights the common historic dimension of their analysis, which is based on the understanding of the european colonization process of Latin America and the Carribbean, including the transatlantic trafficking and slavery. Then, Falquet proposes the image of the “communicating vessels”, and the “straight bind” concept, as tools that allow an interlocking analysis of sex, race and class and to revisit the history of the installation and developpement of the capitalist mode of production, based on the colonial history of the two continents
ES:
Jules Falquet propone leer de manera conjunta a la socióloga francesa Colette Guillaumin y a la filósofa argentina María Lugones, para avanzar en la elaboración de un análisis feminista-materialista de-colonial. Luego de haber resumido sus respectivos análisis de sexo y raza, Falquet destaca sus convergencias, particularmente la profundización histórica común de sus trabajos, fijado en los procesos de colonización europea en América Latina y el Caribe, incluyendo la trata y la esclavitud, como así también sus divergencias en cuanto a las lógicas causales de la puesta en práctica de un sistema-mundo capitalista. Para finalizar, ella propone una imagen, los vasos comunicantes, y un concepto, la combinación straight, para unir sexo, raza y clase y re-visitar la historia del desarrollo del modo de producción capitalista a partir de esta historia colonial.
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Machines-à-force-de-travail : appropriation des femmes et des esclaves dans l’Athènes classique et idée de « nature »
Marcella Farioli
pp. 219–243
AbstractFR:
L’article vise à analyser, à travers les outils théoriques développés par Colette Guillaumin, deux rapports d’appropriation typiques de l’Athènes classique : l’esclavage-marchandise et la domination des citoyennes libres. Partant de sources anciennes, le parcours va des premières représentations littéraires de la « race féminine » à la codification médicale et philosophique de l’infériorité « naturelle » des femmes et des esclaves. L’examen des deux rapports sociaux confirme la relation logico-chronologique mise en évidence par Guillaumin entre l’appropriation et l’idéologie qui la justifie et la perpétue à travers « l’idée de nature ». Cela montre comment, même dans les sciences de l’Antiquité, les outils analytiques du féminisme matérialiste permettent de focaliser l’attention sur la dimension matérielle des relations sociales, en opposition à la tendance de l’historiographie contemporaine à se concentrer sur les aspects symboliques et identitaires, surestimant l’agency des femmes anciennes.
EN:
This paper focuses on two social relations of appropriation that characterize Classical Athens –chattel slavery and male domination of free female citizens – through the analytical lens provided by Colette Guillaumin. Ancient sources are scrutinized in order to show the early literary depiction of the “feminine race” and the subsequent medical and philosophical encoding of women and slaves as “naturally” inferior. The examination of these two forms of social appropriation confirms the logical/chronological relationship highlighted by Guillaumin between slavery and sexage on the one hand, and ideological justification through the “idea of nature” on the other. Materialist feminism proves therefore to be a fruitful conceptual tool for antiquity studies, as it detects the material dimension of social relations in contrast to the main trends in contemporary historiography of classical antiquity, which tend instead to emphasize the symbolic and identitarian dimensions and to overstate ancient women’s agency.
ES:
El artículo se orienta a analizar a través de las herramientas teóricas desarrolladas por Colette Guillaumin, las relaciones de apropiación típicas de la Atenas Clásica : la esclavitud-mercancía y la dominación de los ciudadanos libres. Partiendo de fuentes antiguas, el trayecto se inicia con las primeras representaciones literarias de la « raza femenina » hasta la codificación médica y filosófica de la inferioridad « natural » de las mujeres y los esclavos. El examen de las relaciones sociales confirma la relación lógico/cronológica puesta en evidencia por Guillaumin entre la apropiación y la ideología que la justifica y la perpetua a través de « la idea de naturaleza ». Ello demuestra cómo, de la misma manera que para las ciencias de la antigüedad, las herramientas analíticas del feminismo materialista permiten focalizar la atención sobre la dimensión material de las relaciones sociales, oponiéndose a la tendencia de la historiografía contemporánea a concentrarse sobre los aspectos simbólicos e identitarios, sobreestimando la agencia de las mujeres de la antigüedad.
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Luttes des travailleuses domestiques et sexage. Le cas brésilien
Valeria Ribeiro Corossacz
pp. 245–268
AbstractFR:
Cet article propose une analyse du travail domestique rémunéré en relation avec le sexage (Guillaumin, 1978), c’est-à-dire le rapport d’appropriation de la classe des femmes par la classe des hommes, en observant également comment ce rapport d’appropriation s’entrecroise avec l’oppression de classe et de race. L’article s’appuie sur les données recueillies lors d’une recherche anthropologique menée au Brésil entre 2013 et 2017, pendant laquelle j’ai interviewé des travailleuses domestiques et des activistes des Syndicats de travailleuses domestiques, dans leur grande majorité noires, d’origine indigène et de classe populaire.
Les conditions de travail, ainsi que les revendications des travailleuses domestiques, exposent un mécanisme crucial du sexage : le fait que les femmes ont le statut d’outil d’entretien, statut dont Guillaumin nous rappelle qu’il est constamment non reconnu. Leurs luttes et les obstacles rencontrés démontrent également comment cette appropriation des corps des femmes est traversée par le racisme et les inégalités de classe, en produisant des formes spécifiques d’oppression et des différences dans les conditions de vie des femmes.
EN:
This article analyses the articulation of paid domestic work and “sexage” (Guillaumin, 1978), that is the relation of appropriation of the whole group (class ?) of women by the whole group of men, paying particular attention to how this relation of appropriation intersects with race and class oppression. The article is based on interviews, collected during a fieldwork in Brazil between 2013 and 2017, with domestic workers and union organizers, working class women mostly black and indigenous descendant.
The working conditions of domestic workers and their political battles expose a central trait of “sexage” : the reduction of women to the state of a tool, a state that Guillaumin reminds us is constantly not recognized by society. Domestic workers struggles and the obstacles they faced show as well how this appropriation of women’s body is always intersected with racism and class inequality, and how this intersection produces specific forms of oppression and material differences in women’s lives.
ES:
Este artículo propone un análisis del trabajo doméstico remunerado en relación con lo sexuado (Guillaumin, 1978). Es decir, la relación de apropiación de clase de mujeres por parte de la relación de clase de hombres, observando de igual manera como esta relación de apropiación se cruza con la de opresión de clase y de raza. El artículo se apoya sobre los datos obtenidos a través de una investigación antropológica realizada en Brasil entre 2013 y 2017, durante la cual entrevisté a las trabajadoras domésticas y a las activistas de los sindicatos de trabajadoras domésticas, dentro de las cuales la mayoría de ellas eran negras, de origen indígena y de clase popular. Las condiciones de trabajo, así como las reivindicaciones de las trabajadoras domésticas, exhiben un mecanismo crucial de lo sexuado : el hecho que las mujeres tengan el status de herramienta de limpieza, status que nos hace recordar Guillaumin, es constantemente no-reconocido. De igual modo, sus luchas y los obstáculos encontrados demuestran cómo esta apropiación del cuerpo de las mujeres esta atravesada por el racismo y las desigualdades de clase, produciendo formas específicas de opresión y de diferentes condiciones de vida de las mujeres.
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La sociologie de Colette Guillaumin ; lecture transversale, legs et prospectives de recherches