Cahiers de recherche sociologique
Number 61, Fall 2016 Les espaces-temps de la production ethnographique Guest-edited by Frédéric Parent and Paul Sabourin
Table of contents (10 articles)
I- Le temps de l’enquête
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L’usage de la très longue durée dans le « raisonnement ethnographique ». Analyses comparées d’enquêtes en immersion chez les danseurs et les pompiers
Pierre-Emmanuel Sorignet and Romain Pudal
pp. 27–52
AbstractFR:
L’enquête ethnographique implique une connaissance intime, incarnée, voire charnelle, du milieu enquêté et des acteurs sociaux. Elle exige aussi du chercheur un travail sur soi permettant d’approcher au plus près les réalités sociales, psychologiques, économiques de l’autre-enquêté, devenu au fil du temps quelqu’un de proche, parfois un ami. Mais on s’est peu focalisé sur les apports spécifiques du temps long en ethnographie : si l’aspect immersif de l’enquête a fait l’objet de nombreux débats (identification objectivation, réflexivité…), l’effet du temps long voire très long a été moins analysé. À partir de deux enquêtes de très longue durée sur le monde de la danse et des pompiers, nous proposons de montrer en quoi cette temporalité atypique du travail en sciences sociales permet d’abord de désingulariser l’individu enquêté resitué petit à petit dans un groupe, une histoire, une tradition, une famille…, contribue ensuite à établir une confiance telle que certains sujets finissent par être abordés alors qu’ils ont été soigneusement euphémisés ou mis de côté pendant des mois voire des années et enfin de dépasser la sorte de cliché instantané auquel nos enquêtes plus rapides, plus distantes, nous habituent parfois.
EN:
The ethnographic investigation implies an intimate, embodied, even carnal knowledge of the environment surveyed and the social actors. It also requires the researcher to work on himself, making it possible to approach as closely as possible the social, psychological, economic, and other realities of the other, who has become, sometimes a friend. But little attention has been paid to the specific contributions of long time in ethnography : If the immersive aspect of the investigation has been the subject of numerous debates (identification objectivation, reflexivity ...), the effect of the long or even very long time has been less analyzed. From two very long-term surveys of the dance world and firefighters, we propose to show how this atypical temporality of social science work allows us, first to desingularize the individual who is being investigated, gradually relocated to a group, a history, a tradition, a family ... The relationship established over the long time then contributes to build trust such that some subjects end up being addressed while they have been carefully euphemised or set aside for months or even years.
Finally, we have to go beyond the kind of snapshot to which our quicker, more distant inquiries sometimes accustom us.
ES:
La investigación etnográfica implica un conocimiento íntimo, encarnado, carnal, del medio encuestado y de los actores sociales. La investigación también exige del investigador un trabajo sobre sí mismo que permita acercarse aún más a las realidades sociales, psicológicas, económicas,… de la otra-encuesta, convertida a lo largo del tiempo como alguien más cercano, a veces como una especie de amigo. Pero, uno apenas puede focalizarse sobre los aportes específicos de la larga duración en etnografía : si el aspecto de inmersión de la encuesta ha sido el objeto de numerosos debates (identificación, objetivación, reflexividad…), el efecto extendido del tiempo, mejor dicho, muy extenso del tiempo, ha sido menos analizado. A partir de dos investigaciones de muy larga duración sobre el mundo de la danza y de los bomberos, nos proponemos demostrar de qué manera esta temporalidad atípica del trabajo en Ciencias Sociales permite en un principio, des-singularizar al individuo investigado, situado nuevamente y de a poco, en su grupo, en una historia, en una tradición, en una familia…, estableciendo de esta manera una confianza tal, que ciertos temas terminan por ser abordados una vez que son cuidadosamente atenuados o dejados de lado luego de meses e incluso años y que finalmente superan una suerte de estereotipo instantáneo de aquellas encuestas, más rápidas, más distantes, a las que estamos habitualmente acostumbrados.
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De quoi la longue participation est-elle la garantie dans l’enquête ethnographique ?
Christian Papinot
pp. 53–72
AbstractFR:
Que fait le temps de l’enquête à la qualité de la production ethnographique ? De quoi la longue participation est-elle la garantie dans l’enquête ethnographique ? La voie canonique de l’enquête ethnographique, l’observation participante de longue durée, est fréquemment justifiée avec des arguments de nature épistémologique. Depuis les démarches de type plutôt « mécaniques », postulant la neutralisation des situations d’enquête, jusqu’à celles plus réflexives faisant de l’analyse des situations d’enquête des voies d’accès à la connaissance de l’objet, la longue durée de l’enquête, par ses effets supposés de dilution de la distance sociale observateur/observé, se trouve fréquemment parée de vertus épistémologiques intrinsèques que l’on souhaite interroger dans cet article. À partir de quelques exemples contemporains typiques, on discutera dans cet article des présupposés épistémologiques du « temps long » de l’enquête pour montrer in fine comment cette plus-value supposée s’inscrit sur un fond larvé d’épistémologie positiviste persistante.
EN:
What makes the time of the survey on the ethnographics datas’s quality ? What is the guarantee of long-term observation in the ethnographical survey ? The long-term participating observation, is frequently justified with epistemological arguments. Since the steps of type rather “mechanics”, postulating the neutralization of the situations of investigation until those more reflexive making analysis of the situations ways of knowledge on the object, the long term observation, by supposed effects of dilution of the social distance, is frequently justified by epistemological virtues which I wish to discuss in this article. From some typical contemporary examples, we shall discuss of the epistemological presuppositions of long-term observation to show in fine how it is based on a latent bottom of persistent positivist epistemology.
ES:
¿Qué relación existe entre el tiempo de la encuesta y la calidad de la producción etnográfica ? ¿De qué manera la participación de larga duración es la garantía en la encuesta etnográfica ? La voz canónica de la encuesta etnográfica, la observación participante de larga duración, es frecuentemente justificada con argumentos de naturaleza epistemológica. Desde procedimientos de tipo ¨mecánicos¨, que postulan la neutralización de situaciones de encuesta, hasta aquellos más reflexivos que realizan el análisis de situaciones de encuesta a través de vías de conocimiento del objeto de estudio, la duración extendida de la encuesta – a través de sus efectos que suponen diluir la distancia social entre el observador y el observado- se encuentra frecuentemente adornada de virtudes epistemológicas intrínsecas a las que deseamos interrogar en este artículo. A partir de algunos ejemplos contemporáneos típicos, vamos a discutir en este artículo los presupuestos epistemológicos de ¨larga duración¨ de la encuesta para mostrar finalmente como este valor agregado supone estar inscripto en las profundidades larvadas de la persistente epistemología positivista.
II- L’espace du terrain. Réflexions théoriques et épistémologiques
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De la dérive ethnographique : comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer ma nébuleuse
Phillip Rousseau
pp. 73–90
AbstractFR:
Ce texte relève une série d’embrouilles méthodologiques qui découlent d’une expérience de terrain à l’UNESCO – j’y étais en fonction de suivre les négociations menant à l’adoption de la Convention visant la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles en 2005. Une mauvaise synchronisation entre l’anthropologue et son terrain est à la source d’un premier constat qui laissait perplexe : s’approcher de la Convention semblait constamment mener à se détourner de l’institution hôte (UNESCO). Face à un objet aussi peu coopératif à se laisser cerner sous les traits disciplinaires, j’en viens d’abord à me demander dans quelle mesure la recherche pouvait être considérée comme un terrain. J’expose aussi comment, à partir d’une posture instable – un pied dans le terrain, l’autre non – l’objet tendait à se décliner d’une manière préalablement insoupçonnée.
EN:
This article highlights a series of methodological problems raised by a specific fieldwork at UNESCO – I was there to follow the negotiations leading up to the adoption of the Convention for the protection and promotion of the diversity of cultural expressions in 2005. A feeling of being out of joint with the field is at the basis of a perplexing situation : each time I was approaching the Convention, it seemed do redirect me out of the host institution (UNESCO). Facing such a less than cooperating object, which seems to refuse to be captured by traditional disciplinary measures, I come to ask myself if what I am doing could aptly be described as fieldwork. I also expose how, from such an unstable posture – one foot in the field, the other outside of it – the object came to be viewed in a previously unsuspected way.
ES:
Este texto abarca una serie de embrollos metodológicos que provienen de una experiencia de terreno en la UNESCO – mi función consistía en seguir las negociaciones que conducirían a la adopción de la Convención orientada a la protección y a la promoción de la diversidad de las expresiones culturales en 2005. Una mala sincronización entre la antropología y su terreno es el origen de una revelación que nos dejará perplejos : parecería que aproximarse a la Convención nos llevaría a alejarnos de la institución patrocínate (la UNESCO). Frente a un objeto poco accesible a dejarse comprender bajo los términos disciplinarios, me pregunto en un principio, de qué manera la investigación puede ser considerada como un terreno. Expongo también como, a partir de una postura inestable – con un pie en el terreno y otro no – el objeto tiende a debilitarse de manera inesperada.
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Le « terrain », mais pour quoi faire ?
Michel Messu
pp. 91–108
AbstractFR:
Considérant que les sciences du social sont des sciences de l’empirie, cet article propose une réflexion sur la manière dont ces sciences peuvent remplir cet objectif lorsqu’elles disent procéder depuis un « terrain ». Il cherchera à établir combien le « terrain » peut, et doit, être heuristique dans la démarche de recherche. Combien il peut se révéler crucial dans la mise à l’épreuve de la problématique de recherche. Combien, enfin, il « oblige » le chercheur. Bien plus, si les sciences du social arrivent à partager une même compréhension du terrain, elles pourront s’engager dans une épistémologie de la découverte autrement plus conforme à celle qui guide les autres sciences.
EN:
Considering that social sciences are sciences of the empirie, this article suggests a reflection on the way these sciences would assure this objective when they assert proceeding from a « field ». It will try to establish how much the « field » can, and must, be heuristic in the research approach. How significant it can become in the testing of the research problem. How much, finally, it « obliges » the researcher. Much more, even if the social sciences reach to share the same understanding of the field, they can engage themselves in an epistemology of the discovery far more in compliance with the one that guides the other sciences.
ES:
Considerando que las ciencias de lo social son las ciencias de lo empírico, este artículo propone una reflexión sobre la manera como las ciencias pueden abarcar este objetivo, siendo que ellas dicen originarse en el “terreno”. En el artículo se busca establecer cuando el “terreno” puede – y debe – ser heurístico en el procedimiento de investigación. De qué manera el terreno puede revelarse crucial en la puesta a prueba de la problemática de la investigación. Cómo, finalmente, el terreno “obliga” al investigador. Más aún, si las ciencias de lo social llegan a compartir una misma comprensión del terreno, ellas podrán comprometerse con una epistemología del descubrimiento más acorde con aquella que guía a otras ciencias.
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Ethnographie et théorie de la description – La construction des données sociologiques
Frédéric Parent and Paul Sabourin
pp. 109–126
AbstractFR:
Peut-on concilier l’approche ethnographique et les visées scientifiques en sciences sociales ? À partir d’exemples de travail de description et de réflexions méthodologiques que l’on peut en tirer, nous voulons montrer la nécessité de reconsidérer la conceptualisation des phases de la démarche ethnographique allant de l’heuristique de la découverte à la construction d’un objet de connaissance transmissible explicitement. Cet exercice de conceptualisation de certains aspects du travail ethnographique permettra d’avancer la proposition suivante : le projet d’une théorie de la description du social dans ses formulations anciennes ou plus récentes, loin d’être un carcan pour l’approche ethnographique, serait une voie privilégiée pour inscrire cette démarche dans une visée scientifique. Plus encore, l’approche ethnographique pourrait bien être une contribution significative aux sciences sociales dont la scientificité demeure problématique.
EN:
Can the ethnographic approach be reconciled with scientific aims in social sciences ? Using examples of descriptive work and methodological insights that can be drawn from them, we set out to demonstrate the need to reconsider the conceptualisation of the phases of the ethnographic process, moving from the heuristics of discovery to the construction of an explicitly transmissible object of knowledge. This exercise of conceptualizing certain aspects of the ethnographic process leads us to put forward the following proposition : a projected theory of description of social life in its older or newer formulations, far from being a straitjacket for the ethnographic approach, would be an excellent avenue for bringing the process into a scientific ambit. In addition, the ethnographic approach could well make a significant contribution to social sciences, whose scientificity remains problematical.
ES:
¿Podemos conciliar el acercamiento etnográfico y las orientaciones científicas en Ciencias Sociales ? A partir de ejemplos de trabajo de descripción y de reflexión metodológicas a través de los cuales podemos beneficiarnos con su aprendizaje, queremos demostrar la necesidad de reconsiderar la conceptualización de las fases del desarrollo etnográfico desde la heurística del descubrimiento hasta la construcción de un objeto de conocimiento transmisible de manera explícita. Este ejercicio de conceptualización de ciertos aspectos del trabajo etnográfico nos permitirá avanzar hacia la siguiente proposición : el proyecto de una teoría de la descripción de lo social dentro de las antiguas o más recientes formulaciones, lejos de ser una limitación para la orientación etnográfica, sería una vía privilegiada para inscribir este desarrollo dentro de una perspectiva científica. Más aun, la orientación etnográfica, podría ser una contribución significativa a las ciencias sociales en donde la cientificidad se establecería como problemática.
III- L’engagement ethnographique et les questions éthiques
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Une participation « outre mesure » ? La double ligne de front de l’enquête ethnographique
Christel Coton
pp. 127–144
AbstractFR:
Cet article se propose de questionner la façon dont les temporalités sociales et académiques d’un chercheur peuvent peser sur les dispositifs et les postures d’enquête qu’il peut engager sur son objet. Pour illustrer cela, il revient sur une enquête par observation participante menée dans une école d’officiers en France par l’auteure dans le cadre de son doctorat. L’article montre comment « l’engagement » sur le terrain et la participation de l’auteure aux luttes de distinction des officiers eux-mêmes ont pu répondre certes à des questionnements théoriques relevant d’une tradition scientifique revendiquée, mais aussi à des enjeux de positionnements professionnels typiques d’une chercheuse non titulaire, alors relativement peu dotée en ressources académiques. Il montre comment et pourquoi l’engagement ethnographique « outre mesure » peut être envisagé et constitué comme une ressource académique et scientifique alternative pour un type particulier de jeunes prétendants au métier de chercheur.
EN:
This article analyses the way in which the social and academic temporalities of a social scientist may impact her survey system and the way she investigates during the field phase of her research. To illustrate what that means, the analysis looks back at a participating observation in an army officers’s school in France, conducted by the author while she was doing her doctorate. The article shows how the author’s involvement in the officiers’s struggles for prestige was related to the theoretical questions of her own claim for scientific recognition. Also at stake was her involvement itself, related to her academis position in the academic field as a PhD candidate. This paper proposes that an unduly ethnographic involvement can be seen as an alternative academic and scientific ressource for a special kind of academic profession’s candidates.
ES:
Este artículo se propone cuestionar la manera como las temporalidades sociales y académicas de un investigador pueden pesar sobre los dispositivos y las posturas de la investigación en las que el investigador puede involucrarse con su objeto. Para ilustrar esta situación, la investigadora se posiciona sobre una encuesta de tipo observación - participante realizada en una escuela de oficiales de Francia, escrita en el marco de su doctorado. El artículo muestra como « el compromiso » sobre el terreno y la participación de la autora en las luchas por la diferenciación entre los mismos oficiales, puede responder concretamente a los cuestionamientos teóricos que provienen de una tradición científica consolidada, pero también a los desafíos de posicionamiento profesional típicos de una investigadora no diplomada, es decir, relativamente provista de recursos académicos. El articulo muestra cómo y porque el compromiso etnográfico « desmesurado » puede ser visto y constituido como un recurso académico y científico alternativo destinado a un tipo particular de jóvenes que pretenden incursionar en el arte de la investigación.
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S’impliquer pour enquêter : politiques et dilemmes d’une ethnographie en terrain militant
Adrien Jouan
pp. 145–166
AbstractFR:
À partir d’une enquête réalisée à Montréal dans un groupe militant pour le droit à l’éducation pour les enfants sans-papiers, on discutera de la place de l’enquêteur en terrain militant et des problèmes, classiques en ethnographie et décisifs dans l’étude des mobilisations, qui se nouent autour de son double statut d’observateur et de participant. On commencera par décrire certaines contraintes qui ont configuré l’enquête comme une participation-observante à découvert, comme la politique d’enquête des enquêtés qui confronte l’enquêteur à un impératif participatif. Ensuite, on défendra l’idée que l’implication de l’enquêteur, qui s’éloigne d’une « épistémologie de la non-perturbation », ouvre des voies d’investigation intéressantes ; on abordera en même temps la question des limites de sa participation. Enfin, on formulera des propositions de solutions à deux dilemmes rencontrés au fil de cette enquête in situ : le respect des règles des comités d’éthique et « l’enclicage » de l’enquêteur.
EN:
In this work based on the study of a group fighting for the right to education for the undocumented children in Montreal, the place of the investigator on an activist field and the problems induced by his double status of observer and participant, classic in ethnography and decisive in social movements study, will be discussed. First, constraints resulting in an open participative observation type of investigation will be described, in particular the investigation policy of the investigated, demanding the investigator participation. Then, we will show how the investigator leaving the non-perturbation epistemology accesses otherwise hidden data. In parallel, we will discuss the question of the investigator’s investment limits. Finally, we will propose solutions to two dilemmas encountered along this in situ study : the respect of the ethics committees’ rules, and the phenomenon of the investigator getting « caught up in a clique ».
ES:
A partir de una encuesta realizada en Montreal dentro de un grupo militante por la defensa de los derechos a la educación para los niños sin-papeles, vamos a discutir el lugar del encuestador en el terreno militante y los problemas, clásicos en etnografía y decisivos en el estudio de las movilizaciones, que se sitúan alrededor del doble status de observador y de participante. Vamos a comenzar por describir ciertas restricciones que configuraron la encuesta -de tipo observación-participante-, como ser, que tipo de política se utiliza en las encuestas que confrontan al encuestador frente a un imperativo participante. Luego, vamos a defender la idea a través de la cual el compromiso del encuestador, que se aleja de una “epistemología de la no-perturbación”, la que le permite la apertura hacia las vías de una investigación interesante ; vamos a abordar al mismo tiempo la cuestión de los límites de su participación. Finalmente, vamos a formular la proposición de soluciones a dos dilemas encontrados a lo largo de la encuesta in situ : el respeto por las reglas de los comités de ética y la excesiva afinidad del encuestador con el encuestado.
IV- Controverses et perspectives
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À propos des corps, du temps, de l’espace et de la signification : lecture sur l’observation ethnographique
Nicole Ramognino
pp. 167–190
AbstractFR:
Lire librement au-delà des intentions, des « stratégies poïétiques » des auteurs ou du contenu immanent des textes ; sélectionner certaines « traces » et associer des significations ; cheminement réflexif sur les enjeux sociaux de carrière et sur la sensibilité des chercheurs. Interrogation sur thématiques récurrentes de l’enquête : la « longue durée », la territorialisation ou la situation et la question du sens. Deux voies : la méthode de l’ethnographe, et « l’objet observé ». Éclairer la « plus-value » de l’observation ethnographique : des corps en activité qui sont observés (l’activité comme opérateur de production du social), des subjectivités ; traces de processus antérieurs et latéraux, réactualisés ou non dans la forme d’engagement des acteurs en situation ; « localisation » des phénomènes, traces significatives pour reconstruire les représentations, donner sens aux gestes, comportements et activités des acteurs ; enrichissement de notre expérience. Y a-t-il, alors, analyse sociologique ?
EN:
To freely read beyond authors’intentions, their “poïetic strategies” or the immanent content of texts ; to select certain “traces” and associate meanings to them ; reflexive progression on the social stakes of careers and the researchers’sensitivity. Questioning over the research recurrent themes : the « long run », the territorialisation or situation and the problem of meaning. Two ways : the ethnographer’s method and the « object under observation ». To throw light on the « added value » of ethnographic observation : observation of bodies in full activity (activity as the operator of social production), of subjectivities , traces of former or sideways processes, re-actualised or not, within the forms of commitment of the actors in situation ; “localisation “ of phenomena, traces that are significant to reconstruct representations, give meaning to the agents’gestures, behaviour and activities ; enrichment of our experience. Is there/ is that, then, a sociological analysis ?
ES:
Leer libremente más allá de las intenciones, de las « estrategias poieticas » de los autores o del contenido inmanente de los textos ; seleccionar ciertos « rasgos » y asociar las significaciones ; encaminarse progresivamente sobre los desafíos sociales de la carrera y sobre la sensibilidad de los investigadores. Interrogarse sobre las temáticas recurrentes de la investigación : la « larga duración », la territorialización o la situación y la cuestión del sentido. Dos caminos : el método de la etnografía, y « el objeto observado ». Esclarecer el « valor agregado » de la observación etnográfica : los cuerpos en actividad que son observados (la actividad como creadora de la producción de lo social), las subjetividades ; las características de los procesos anteriores y laterales, reactualizados o no, bajo la forma de compromiso de los actores en situación ; « localización » de fenómenos, rasgos significativos para reconstruir las representaciones, dar sentido a los gestos, comportamientos y actividades de los actores ; enriquecimiento de nuestra experiencia. ¿Existe, entonces, el análisis sociológico ?
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L’ethnographie comme expérience de conversion à la sociologie. Entretien avec Olivier Schwartz
Nicolas Renahy
pp. 191–215
AbstractFR:
Olivier Schwartz occupe une place centrale dans la sociologie française des mondes populaires depuis le début des années 1990, et de manière concomitante dans la diffusion de la méthode ethnographique. Partant de l’analyse de la trajectoire sociale et intellectuelle du sociologue des années 1970 à nos jours, l’entretien éclaire le contexte dans lequel l’ethnographie s’est formalisée et développée en France. L’évocation du dialogue entretenu avec les disciplines voisines (anthropologie, histoire, philosophie) et des différentes enquêtes menées ouvre ici, finalement, à une contribution sur la nature même de la sociologie ethnographique. Les individus que l’on rencontre dans l’enquête ne peuvent être réduits à des personnes détachées des rapports de pouvoirs qui se jouent à différentes échelles ; les données empiriques récoltées n’ont de sens que replacées dans une structure sociale bien plus large que le petit monde social observé. Inversement, l’ethnographie modifie la manière de faire de la sociologie : l’expérience de l’enquête « ancre » dans une société. Le savoir qui en est produit n’en est que mieux armé.
EN:
Olivier Schwartz holds a central place in the French sociology of working class since the early 1990s, and in the diffusion of the ethnographic method. Starting from the analysis of the social and intellectual trajectory of the sociologist from the 1970s to the present day, the interview sheds light on the context in which ethnography has been formalized and developed in France. Evocation of the dialogues with neighboring disciplines (anthropology, history, philosophy) and the various fieldworks carried out here define a contribution to the very nature of ethnographic sociology. The individuals met in the field cannot be reduced to persons detached from the relations of power, which are played out at different levels ; the empirical data collected have meaning only put back into a social structure much wider than the small social world observed. Conversely, ethnography modifies the way of doing sociology : the experience of the inquiry « anchored » in a society. The knowledge thus produced is only better equipped.
ES:
Olivier Schwartz ocupa un lugar central en la sociología francesa de los mundos populares desde el inicio de los años 90’, y de manera concomitante, en la difusión del método etnográfico. Hablando del análisis de la trayectoria social e intelectual del sociólogo desde 1970 hasta nuestros días, la conversación esclarece el contexto en el cual la etnografía es formulada y desarrollada en Francia. La evocación del diálogo establecido con las disciplinas vecinas (la antropología, la historia, la filosofía), y las diferentes encuestas llevadas a cabo al día de la fecha, contribuyen a la naturaleza misma de la sociología etnográfica. Los individuos que encontramos dentro de la encuesta no pueden ser reducidos a personas alejadas de las relaciones de poder que ocurren a diferente escala ; los datos empíricos recolectados no tienen otro sentido que ser reubicados dentro de una estructura social más extensa que el pequeño mundo social observado. De manera inversa, la etnografía modifica la manera de hacer de la sociología : la experiencia de la encuesta arraigada dentro de una sociedad. El resultado es un saber sumamente elaborado.