
Cahiers de recherche sociologique
Number 25, 1995 Être ou ne pas être québécois Guest-edited by Jean-Guy Lacroix
Table of contents (10 articles)
Présentation
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Pour une identité canadienne post-nationale, la souveraineté partagée et la pluralité des cultures politiques
Gilles Bourque and Jules Duchastel
pp. 17–58
AbstractFR:
La question du Québec et les débats entre les souverainistes et les fédéralistes auxquels elle donne lieu demeurent inséparables de l’histoire du régime fédéral canadien et de celle des modalités de la régulation politique du Canada. Deux contre-nationalismes, canadien et québécois, s’affrontent actuellement, à l’heure du passage à l’État néolibéral et au moment de la mutation du rôle et de la place de l’État-nation. Cet article souligne l’urgence d’une transformation profonde du régime politique au Canada qui soit fondée sur la souveraineté partagée et la pleine reconnaissance des cultures politiques canadienne, québécoise et autochtone. Une telle réforme permettrait l’affirmation d’une identité et d’une communauté politique post-nationale qui n’impliquerait en aucune manière la disparition des réalités nationales.
EN:
The Quebec question and the debates between advocates of sovereignty and federalists to which it gives rise remain inseparable from the histories of the Canadian federal regime and the modalities of the Canada's political regulation. Two counter-nationalism, Canadian and Quebecois, currently confront one another, as we move toward the neo-liberal state and as the role and place of the nation-state are being transformed. This article stresses the urgency of a profound transformation of Canada's political regime based on shared sovereignty and the full recognition of Canadian, Quebecois, and Aboriginal political cultures. Such a reform would allow for the affirmation of a post-nation identity and political community which would in no way entail the disappearance of national realities.
ES:
La cuestión del Quebec y los debates entre soberanistas y federalistas, a los que ella da lugar, se mantienen inseparables de la historia del régimen federal canadiense y de la historia de las modalidades de regulación política del Canadá. Dos contra-nacionalismos, el canadiense y el quebequense, se ven confrontados actualmente, en un momento de constitución del Estado neoliberal y de mutación del rol y del lugar del Estado-nación. Este artículo señala la necesidad imperiosa de una transformación profunda del régimen político en Canadá, fundada en la soberanía compartida y el pleno reconocimiento de las culturas políticas canadiense, quebequense y autóctona. Una reforma tal permitiría la afirmación de una identidad y una comunidad política posnacional, lo que no implicaría de ninguna manera la desaparición de realidades nacionales.
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Démocratie et nationalisme à l’heure de la mondialisation
Daniel Latouche
pp. 59–78
AbstractFR:
Cet article examine certains des arguments antisouverainistes qui ont cours dans le débat référendaire de 1995. Contrairement à 1980, la démocratie et la mondialisation sont cette fois au coeur des discussions. L’un des arguments antisouverainistes les plus souvent invoqués a trait à l’antinomie irréductible entre la démocratie et l’état-nation, celui-ci exigeant une soumission complète des intérêts individuels au bon vouloir collectif. Un autre argument a trait à l’intensité des préférences pro-fédéralistes des antisouverainistes, une intensité plus grande que celles de leurs opposants et qui obligerait ces derniers à céder le pas. Finalement, l’article examine la proposition voulant que la mondialisation impose une pression à la fédéralisation.
EN:
This article examines some of the anti-sovereignty arguments circulating in the 1995 referendum debate. In contrast to 1980, democracy and globalization are now at the heart of discussions. One of the most often used anti-sovereignty arguments concerns the irreducible antimony between democracy and the nation-state, which requires the total submission of individual interests to the collective will. Another argument concerns the intensity of anti-sovereignty pro-federalist sentiments, a greater intensity than that of their opponents and which presumably requires the latter to yield. Lastly, this article examines the claim that globalization imposes a pressure for federalism.
ES:
Este artículo examina ciertos argumentos antisoberanistas que aparecen en el debate referendario de 1995. Contrariamente a 1980, la democracia y la mundialización constituyen esta vez el centro de las discusiones. Uno de los argumentos antisoberanistas más corrientemente utilizado remite a la antinomia irreductible entre democracia y Estado-nación; este último exigiría una sumisión completa de los intereses individuales a la voluntad colectiva. Otro argumento refiere a la intensidad de las preferencias profederalistas de los antisoberanistas, una intensidad mayor que la de los oponentes y que obligaría presumiblemente a éstos últimos a ceder el paso. Finalmente, el artículo examina la proposición según la cual la mundialización presionaría hacia la federalización.
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La nation au singulier et au pluriel. L’avenir de la culture nationale comme « paradigme » de la société québécoise
Gérard Bouchard
pp. 79–99
AbstractFR:
Le texte est une tentative de mise au point sur l’état et l’avenir du nationalisme dans la société québécoise. Il se veut une défense contre les remises en question périodiques dont fait l’objet la légitimité même de l’idée nationale au Québec, dans la mesure où elle est souvent associée à une menace pour les libertés individuelles et, plus particulièrement, pour le sort des communautés ethniques. À cet égard, six modèles d’aménagement collectif sont passés en revue et critiqués, l’un d’entre eux étant privilégié. Par ailleurs, l’avenir du nationalisme est envisagé en référence avec les importantes transitions dans lesquelles la culture québécoise est engagée depuis quelques décennies, notamment le passage d’un paradigme de la survivance à un paradigme d’émergence, ainsi que la remise en question des vieilles allégeances européennes au profit d’une insertion dans l’américanité. Suit un plaidoyer en faveur d’une forme renouvelée de nationalisme, au pluriel et au singulier, à contenu social, et largement affranchi de l’ethnicité. Une dernière partie propose un commentaire critique du nationalisme actuel, de ses postulats, ses paris, ses enjeux; y sont énoncées les conditions devant permettre à l’idée nationale d’encadrer efficacement le développement de la société québécoise dans le respect de toutes ses composantes.
EN:
This article attempts to clarify the status of the state and future of nationalism in Quebecois society. It is a defense against those periodical reconsiderations of the legitimacy of the idea of a Quebecois nation, to the extent that it is often viewed as a threat to individual freedoms and, more particularly, the lot of ethnic communities. In this regard, six models of collective arrangements, one of which is favoured, are reviewed and critiqued. In addition, the future of nationalism is viewed in light of the important transitions under way in Quebecois culture over the past few decades, particularly the shift from a paradigm of survival to one of emergence, as well as the reconsideration of old European allegiances in favour of an insertion into Americanicity. This is followed by a plea for a renewed form of nationalism, plural and singular, having social content, and free of ethnicity. A final section provides a critical commentary on present nationalism, its postulates, its wagers, its stakes; it lays out the conditions that should allow the idea of the nation to be an effective framework for the development of a Quebecois society respectful of all its components.
ES:
El texto constituye una tentativa de síntesis sobre el estado actual y el futuro del nacionalismo en la sociedad quebequense. El mismo presenta una defensa contra los cuestionamientos periódicos de la legitimidad misma de la idea nacional en el Quebec, en la medida en que ésta se asocia a una amenaza a las libertades individuales y, más particularmente, a la suerte de las comunidades étnicas. En este sentido, seis modelos de organización colectiva son examinados y criticados, uno de ellos siendo privilegiado por el autor. Por otra parte, el futuro del nacionalismo es percibido en relación a las importantes transiciones en las que la cultura quebequense se ha aventurado desde hace algunas décadas, en especial el pasaje de un paradigma de supervivencia a un paradigma de emergencia, así como el cuestionamiento de antiguas lealtades europeas privilegiando una inserción en la americanidad. El artículo continúa con un alegato en favor de una forma renovada de nacionalismo, en plural y singular, de contenido social y ampliamente liberado de toda etnicidad. Por último, se propone un comentario crítico sobre el nacionalismo actual, sus postulados, sus apuestas y desafíos; y también se enuncian las condiciones que deberían permitir encuadrar eficazmente la idea nacional en el desarrollo de la sociedad quebequense respetando todos sus componentes.
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Nationalisme québécois et crise du lien social
Jacques Beauchemin
pp. 101–123
AbstractFR:
Au-delà des passions partisanes qu’il ne manquera pas de déchaîner, le débat référendaire devrait fournir l’occasion de soulever quelques éléments nécessaires à la discussion portant sur le nationalisme québécois dans un contexte social où la défense des droits individuels semble retirer toute légitimité aux revendications politiques fondées sur une représentation communautariste de la société. À l’encontre des analyses l’opposant dichotomiquement aux aspirations démocratiques, on avance ici l’hypothèse selon laquelle le nationalisme francophone peut constituer un lieu de rassemblement à l’intérieur duquel la crise du lien social que traverse le Québec, comme toutes les sociétés modernes, peut trouver un début de dénouement.
EN:
Above and beyond the partisan passion that will no doubt be let loose, the referendum debate should provide the occasion to raise some of the elements necessary for a discussion of Quebec nationalism in a social context in which the defence of individual rights appears to have evacuated the legitimacy of political demands grounded in a communitarian representation of society. In contrast to analyses dichotomously opposing it to democratic aspirations, this article argues that Francophone nationalism can be a rallying site within which the crisis of social ties traversing Quebec, as well as all modern societies, might begin its denouement.
ES:
Más allá de las pasiones partidarias, que no dejará de suscitar, el referéndum deberá brindar la ocasión de plantear algunos elementos necesarios para la discusión sobre el nacionalismo quebequense, dentro de un contexto social en el que la defensa de derechos individuales parece quitar toda legitimidad a las reivindicaciones políticas fundadas en una representación comunitarista de la sociedad. Contrariamente a los análisis que lo oponen dicotómicamente a las aspiraciones democráticas, proponemos aquí la hipótesis según la cual el nacionalismo francófono puede constituir un lugar de encuentro al interior del cual la crisis del lazo social que atraviesa el Quebec, como todas las sociedades modernas, puede encontrar una vía de resolución.
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Espace public, identité et nation au Québec : mythes et méprises du discours souverainiste
Daniel Salée
pp. 125–153
AbstractFR:
Ce texte propose une lecture critique du discours souverainiste sur la recomposition de l’espace public national québécois. L’auteur soutient essentiellement que la redéfinition de la nation souhaitée par les souverainistes québécois selon laquelle le Québec doit tendre vers l’accomplissement d’une nation dé-ethnicisée, fondée sur une logique civique et rationnelle, est en porte-à-faux par rapport à l’imaginaire social des Québécois et la réalité politique du Québec. Sous couvert d’adhésion à la raison universelle, cette redéfinition repose sur une mise au ban de l’ethnicité et des particularismes culturels et participe d’une volonté de subsomption à la fois de l’identité historique des Québécois et des identités autres qui composent désormais le tissu social du Québec en un espace public post-national et homogénéisant. Contrairement aux apparences, le sens de la nation qui dérive du projet théorico-politique des souverainistes cache en réalité un acte d’exclusion et des prétentions hégémoniques au profit de la nation historique. L’auteur soutient qu’il ne sert à rien d’évacuer la différence et l’altérité inhérentes à la dynamique politique québécoise. L’ethnicité et la culture sont des faits de conscience incontournables. Un véritable projet d’avant-garde de recomposition de l’espace public au Québec devrait plutôt chercher à en accepter les aboutissants et à réaliser une configuration institutionnelle flexible qui ne banalise pas l’altérité et la différence, qui ne hiérarchise pas les identités et qui ne soit pas fondée sur une conception préétablie de l’espace public. Cela implique l’abandon de la « Nation » comme pivot axiomatique de la communauté politique et une remise en question fondamentale des paramètres du libéralisme contemporain.
EN:
This article proposes a critical reading of pro-sovereignty discourse on the recomposition of Quebecois national public space. Essentially, it maintains that the redefinition of the nation desired by advocates of Quebec sovereignty, which pushes Quebec to the realization of a de-ethnicized nation, predicated on a civic, rational logic, is out of step with the Quebecois social imaginary and the political reality of Quebec. Cloaked in an adherence to universal reason, this redefinition essentially banishes ethnicity and cultural particularisms and advocates subsuming both the historical identity of the Quebecois and other identities now constitutive of Quebec's social fabric by an homogenizing, post-national public space. Contrary to appearances, the sense of the nation emanating from the pro-sovereignty theoretico-political project actually hides an act of exclusion and hegemonic aspirations for the historical nation. The author maintains that it is pointless to evacuate the difference and alterity inherent to the Quebec's political dynamic. Ethnicity and culture are unavoidable facts of conscience. A true avant-garde project for the recomposition of Quebec's public space should seek to accept its tenants and constitute a flexible institutional structure that does not dismiss alterity and difference, that does not establish a hierarchy of identities, and that is not based on a pre-established conception of the public space. This involves abandoning "Nation" as the axiomatic pivot of the political community and a fundamental re-examination of the parameters of contemporary liberalism.
ES:
Este texto propone una lectura crítica del discurso soberanista sobre la recomposición del espacio público nacional quebequense. Se afirma esencialmente que la redefinición de la nación deseada por los soberanistas quebequenses, según la cual el Quebec debe tender hacia la materialización de una nación desetnicizada, fundada sobre una lógica cívica y racional, es ambigua en relación al imaginario social de los quebequenses y la realidad política del Quebec. Bajo la apariencia de adhesión a la razón universal, esta redefinición reposa en un cercenamiento de la etnicidad y de particularismos culturales y participa en una voluntad de sumisión de la identidad histórica de los quebequenses y de las otras identidades que compondrían en adelante el tejido social del Quebec en un espacio público posnacional y homo-geneizador. Contrariamente a las apariencias, el sentido de la nación que emana del proyecto teórico político de los soberanistas oculta en realidad un acto de exclusión y pretenciones hegemónicas en provecho de la nación histórica. El autor sostiene que no sirve de nada evacuar la diferencia y la alteridad inherentes a la dinámica política quebequense. La etnicidad y la cultura son hechos de consciencia ineludibles. Un verdadero proyecto de vanguardia de recomposición del espacio público en el Quebec debería más bien buscar la aceptación de resultados y la constitución de una configuración institucional flexible que no banalice la alteridad y la diferencia, que no jerarquice las identidades y que no esté fundado en una concepción preestablecida del espacio público. Esto implica el abandono de la «Nación» como pivote axiomático de la comunidad política y un replanteo fundamental de los parámetros del liberalismo contemporáneo.
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La décentralisation : facteur de développement ou d’éclatement du Québec
Pierre-Paul Proulx
pp. 155–180
AbstractFR:
Après la présentation de la thèse principale selon laquelle la décentralisation est une réaction qui s’inscrit dans un phénomène plus global très influencé par l’intégration économique, ce texte passe en revue la notion de région et l’évolution récente des politiques du Québec dans ce domaine. Parce que la mise au point d’une politique de décentralisation efficace nécessite une bonne compréhension de ses causes et effets, l’auteur fait un survol des principales causes de la décentralisation, dont : l’intégration économique et la recomposition spatiale et sectorielle de l’activité qui l’accompagne; le déclin du keynésianisme; la profusion d’acteurs; la crise fiscale; le développement local; l’autoroute électronique; la consolidation des capitales régionales; les luttes entre les paliers politiques. Le texte évoque ensuite l’ampleur des disparités interrégionales au Québec, facteur qu’il importe de bien cerner pour déterminer les modalités de la politique de régionalisation. En conclusion, l’auteur examine les objectifs et les moyens associés à la décentralisation et souligne l’importance de distinguer entre offre et demande de biens et services publics en régions afin de favoriser le mise en place d’institutions efficaces de décentralisation. Il suggère d’accorder beaucoup d’importance à l’organisation de la coopération entre instances décentralisées et à l’adoption de directives comportant une obligation de résultats et laissant aux instances décentralisées le choix des moyens. L’élaboration d’une politique des villes et régions et la mise sur pied d’un conseil des régions sont aussi évoquées comme moyen d’encadrer cette décentralisation.
EN:
Following a presentation of the article's main argument that decentralization is a reaction in line with a broader phenomenon greatly affected by economic integration, this article reviews concepts of region and recent policy developments in this area in Quebec. Given that the articulation of a successful decentralization policy necessitates a good understanding of its causes and effects, the article follows with an examination of the main causes of decentralization: economic integration and the spatial and sectorial recomposition of the accompanying activity, the decline of Keynesianism, the profusion of social actors, the fiscal crisis, local development, the electronic highway, the consolidation of regional capitals, struggles between levels of government. This is followed by a consideration of the very significant inter-regional disparities in Quebec, a crucial factor in determining the modalities of a regionalization policy. The conclusion offers a discussion of the objectives and means of decentralization, and it stresses the importance of distinguishing between the supply and the demand of public goods and services in the various regions so as to foster the development of effective decentralization institutions. The author suggests that considerable importance should be accorded to organizing cooperation between the various decentralized authorities and the use of result-oriented directives which leave the choice of means to decentralized authorities. The adoption of a policy for cities and regions and the establishment of a regional Council are also discussed.
ES:
Luego de la presentación de nuestra tesis principal, según la cual la descentralización es una reacción que se inscribe en un fenómeno más global, fuertemente influenciado por la integración económica, este texto examina los conceptos de región y la evolución reciente de las políticas del Quebec en ese dominio. El diseño de una política de descentralización eficaz requiere una buena comprensión de sus causas y efectos. En ese sentido, el texto continúa con un análisis de las principales causas de descentralización: integración económica y recomposición espacial y sectorial de la actividad que la acompaña; decadencia del Keinesianismo; profusión de actores; crisis fiscal; desarrollo local; autorruta electrónica; consolidación de capitales regionales; luchas entre niveles políticos. El texto evoca, seguidamente, la importancia considerable de las disparidades inter-regionales en el Quebec, factor esencial a indagar para determinar las modalidades de la política de regionalización. La conclusión presenta una discusión de objetivos y de medios de descentralización y subraya la importancia de distinguir entre oferta y demanda de bienes y servicios públicos en las regiones, a fin de favorecer la creación de instituciones eficaces de descentralización. Se sugiere dar mucha importancia a la organización de la cooperación entre instancias descentralizadas y a la utilización de directivas que exijan resultados y dejen a las instancias descentralizadas la elección de los medios. Se evoca también la adopción de una política de ciudades y regiones y la creación de un consejo de regiones.
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L’impasse Canada-Québec et le sort de Radio-Canada : l’autonomie culturelle ou la mort!
Greg M. Nielsen
pp. 181–212
AbstractFR:
Cet article présente une critique comparative du système public de la radiodiffusion et de la rationalisation des « mondes vécus » canadien et québécois. Il propose une théorisation de la culture et de la politique de l’espace public basée sur la problématique de la reconnaissance de Taylor et sur la distinction des systèmes et des mondes vécus d’Habermas. La problématique concerne l’impasse politique entre le Canada et le Québec et le démantèlement possible de Radio-Canada. L’auteur aborde successivement l’histoire de la SRC et de la CBC du point de vue de la régulation des sociétés canadienne et québécoise et tente de justifier la proposition d’un Radio-Québec Global comme institution centrale pour le développement du projet de société dans un Québec souverain.
EN:
This article presents a comparative critique of the rationalization of the public system of broadcasting and Canadian and Quebec lifeworlds. A theory of the culture and the politics of the public sphere is developped from Taylor's concept of the politics of recognition and Habermas's dual concept of society as system and lifeworld. The political impass between Canada and Quebec and the possible dismantling of the CBC/SRC are considered from the point of view of this problematic. A review of the role of the SRC as a steering mechanism for Canadian society is developped from a review of the secondary literature and, finally, a plea is made for a new Global Radio-Quebec that would replace Radio-Canada and provide a key institution for developing a new social pact in an independent Quebec.
ES:
Este artículo presenta una crítica comparativa del sistema público de radiodifusión y de la racionalización de los «mundos vividos» canadiense y quebequense. Se propone una teorización de la cultura y de la política del espacio público basada en la problemática de reconocimiento, formulada por Taylor, y en la distinción de los sistemas y los mundos vividos, de Habermas. La problemática concierne al conflicto político entre Canadá y Quebec y al desmantelamiento posible de Radio-Canadá. El artículo aborda sucesivamente la historia de la SRC (Société Radio-Canada) y de la CBC (Canadian Broadcasting Corporation) desde el punto de vista de la regulación de la sociedad canadiense y quebequense y trata de justificar la proposición de una Radio-Quebec Global como institución central para el desarrollo del proyecto de sociedad en el marco de un Quebec independiente.
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Pluriethnicité, citoyenneté et intégration : de la souveraineté pour lever les obstacles et les ambiguïtés
Micheline Labelle, François Rocher and Guy Rocher
pp. 213–245
AbstractFR:
L’objectif de ce texte est de montrer en quoi la politique québécoise d’intégration des membres des groupes ethnoculturels minoritaires est problématique dans le cadre du statut politique actuel du Québec. Elle est en partie court-circuitée par l’approche privilégiée par le gouvernement fédéral qui fait la promotion du caractère bilingue et multiculturel du Canada. Sont ainsi créés de nombreux obstacles à l’endroit de la politique québécoise d’intégration et de la valorisation de la langue française, pilier de la culture publique commune. L’approche québécoise entre en contradiction avec la représentation de la « nation » qui est mise de l’avant par le Canada, empêchant la consolidation de la citoyenneté québécoise et d’un sentiment d’appartenance à la société nationale québécoise.
EN:
The objective of this article is to show how Quebec's policy with regard to the integration of minority ethnic groups is problematic in the context of Quebec's present political status. This policy is partly short circuited by the federal government's promotion of Canada's bilingual and multicultural character. As such, numerous obstacles confront Quebec's integration policy and the defence of the French language, pillar of the common public culture. The Quebecois approach stands in contradiction to the representation of the "nation" advocated by Canada, which inhibits the consolidation of Quebecois citizenship and a feeling of belonging to Quebecois national society.
ES:
El objetivo de este texto es mostrar en qué la política quebequense de integración de los miembros de grupos etnoculturales minoritarios es problemática en el marco del estatuto político actual del Quebec. Esta integración es en parte perturbada por la perspectiva que privilegia el gobierno federal: la promoción del carácter bilingüe y multicultural del Canadá. Esta actitud plantea numerosos obstáculos a la política quebequense de integración y de valorización de la lengua francesa, pilar de la cultura pública común. La perspectiva quebequense se contrapone a la representación de la «nación» que privilegia el Canadá, impidiendo la consolidación de la ciudadanía quebequense y del sentimiento de pertenencia a la sociedad nacional quebequense.
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La culture, les communications et l’identité dans la question du Québec
Jean-Guy Lacroix
pp. 247–298
AbstractFR:
L’objet du texte est d’analyser l’enjeu socio-historico-politique de l’actuel contexte référendaire au Québec en faisant ressortir comment et pourquoi il constitue un moment de rupture par rapport à l’histoire passée et à l’histoire à faire. Après avoir d’abord précisé que la construction et la reproduction de l’identité et du sentiment d’appartenance à une collectivité relèvent du mouvement de l’histoire et qu’elles n’ont rien de linéaire et d’irréversible, l’auteur souligne que la spécificité de la culture québécoise francophone et de l’idéologie nationaliste des Québécois francophones sont constitutives l’une de l’autre et qu’elles se sont mutuellement renforcées au cours de l’histoire. Le texte montre en quoi la culture québécoise francophone a joué un rôle stratégique dans la fragmentation du Canada. Cependant, l’auteur fait constater que cette tendance, la fragmentation du Canada, n’est pas sans contre-tendances et que la société civile québécoise est elle-même, aujourd’hui, l’objet d’une forte pression « dualisante » attribuable pour une bonne part au refus des minorités anglophone et allophones de participer au sujet collectif qu’est la collectivité, largement majoritaire, des Québécois francophones. L’article se penche sur l’incidence de l’intégration de certaines innovations technoéconomiques, surtout dans le domaine médiatique, sur le système institutionnel de reproduction sociale. Il fait remarquer que, face à l’accumulation qui exige le changement, sont implantées des institutions qui réorganisent le sphère reproductive. Toutefois, au Canada, cette mise en place est soumise à la tendance structurante, la fragmentation, ce qui fait que ces institutions finissent par être fragmentées en institutions anglophones et francophones ou fédérales et québécoises, particulièrement sous la poussée des vécus spécifiques quotidiens et des structures sociales spécifiées, fragmentées, au cours de l’histoire. Sur cette base, le texte aborde par la suite la question du rôle des médias dans la reproduction de l’identité québécoise et de la société civile au Québec, processus qui n’est pas lui non plus sans contre-tendances, et dans lequel les institutions « fédéralisantes » jouent un rôle majeur, entre autres en produisant et en alimentant l’ambivalence identitaire au sein de la collectivité des francophones du Québec. Poursuivant l’examen des contre-tendances à la reproduction de la spécificité de la société civile du Québec et de la culture québécoise francophone, l’auteur s’attaque aux effets de l’internationalisation-mondialisation sur les souverainetés nationales et sur la production-diffusion culturelle. L’argumentaire débouche sur le constat de la nécessité, pour les sociétés voulant participer pleinement à la construction du devenir, tant le leur que celui de la planète, de se doter d’une véritable politique de développement culturel. Le texte s’attarde à cette question en examinant la politique culturelle des libéraux fédéraux et en se penchant sur l’incidence du contexte de « l’après-Meech » sur le développement de l’identité et de la culture québécoises. Enfin, l’auteur s’applique à relever ce que devraient être les paramètres d’une véritable politique québécoise de développement culturel, ce qui le conduit, pour terminer, à s’intéresser à la place du rapport interlinguistique dans la question du Québec.
EN:
The purpose of this article is to analyze the socio-historico-political stakes of the current referendum context in Quebec by discussing how and why it marks a rupture between past history and history to be made. After having noted that the construction and reproduction of identity and a sense of belonging to a collectivity are non-linear and non-irreversible historical phenomena, the author points out that the specificity of Francophone Quebecois culture and the nationalist ideology of Quebecois Francophones are reciprocally constitutive and have been mutually reenforcing throughout history. The article continues by showing how Quebecois Francophone culture has played a strategic role in the fragmentation of Canada. This analysis reveals, however, that this fragmentation trend is not without its counter-trends, and that Quebecois civil society itself is currently subject to strong "dualizing" pressures largely attributable to the refusal of Anglophone and Allophone minorities to participate in the collective subject constitutive of the much larger majority Quebecois Francophone collectivity. This is followed by an examination of the impact of the integration of certain techno-economic innovations, particularly in the media domain, on the institutional system of social reproduction. It is shown that, faced with the accumulation required by change, a number of institutions emerged to reorganize the reproductive sphere. In Canada, however, this institutional emergence is subject to the structuring trend of fragmentation, which results in the fragmentation of these institutions into Anglophone and Francophone institutions or federal and provincial ones, particularly as a function of specific quotidian experiences and social structures specified and fragmented over time. On this basis, the article turns to a discussion of the role of the media in the reproduction of Quebecois identity and civil society in Quebec. Once again, the author demonstrates that this process is not without its counter-trends, in which "federalizing" institutions play a major role, producing and nurturing, among other things, an identificatory ambivalence within Quebec's Francophone collectivity. Continuing the examination of the counter-trends to the reproduction of the specificity of Quebec's civil society and Francophone Quebecois culture, the article next examines the impacts of internationalization-globalization on national sovereignties and cultural production and diffusion. The argument comes to a recognition of the need, for societies wishing to participate fully in the construction of the future, as much their own as the planet's, for the articulation of cultural development policies. The article dwells on this issue, examining the former cultural policy of the federal Liberal party on the one hand, and the impact of the "after Meech" context on the development of Quebecois identity and culture on the other. Next, the author attempts to identify what should be the parameters of a serious Quebecois cultural development policy. This leads him to conclude with a discussion of the place of interlinguistic relations in Quebec's internal affairs.
ES:
El objeto del texto es analizar los desafíos socio-histórico-políticos que se juegan en el actual contexto referendario en el Quebec, resaltando cómo y por qué se trata de un momento de ruptura en relación a la historia pasada y a la historia futura. Luego de haber precisado que la construcción y la reproducción de la identidad y el sentimiento de pertenencia a una colectividad dependen del movimiento de la historia y que no tienen nada de lineales ni de irreversibles, el autor subraya que la especificidad de la cultura quebequense francófona y de la ideología nacionalista de los quebequenses francófonos son mutuamente constitutivas y que ellas se han reforzado respectivamente en el curso de la historia. Seguidamente, el texto demuestra en qué la cultura quebequense francófona ha jugado un rol estratégico en la fragmentación del Canadá. Sin embargo, el análisis permite constatar que esta tendencia, la fragmentación del Canadá, no deja de tener contra-tendencias y que la sociedad civil quebequense es ella misma, hoy, objeto de una fuerte presión «dualizadora» que puede ser atribuida, en una buena medida, al rechazo de las minorías anglófona y alófona a participar en el sujeto colectivo que constituye la colectividad, ampliamente mayoritaria, de quebe-quenses francófonos. Luego, se examina la incidencia de la integración de ciertas innovaciones tecno-económicas, sobre todo en el dominio mediático, sobre el sistema institucional de reproducción social. Se demuestra que, frente a la acumulación que exige el cambio, se han implantado instituciones que reorganizan la esfera reproductiva. Sin embargo, en el Canadá, esta reubicación está sometida a la tendencia estructurante, la fragmentación, lo que hace que esas instituciones terminen por ser fragmentadas en instituciones anglófonas y francó-fonas o federales y quebequenses, particularmente bajo el impacto de las experiencias vividas específicas y cotidianas, en el curso de la historia. Sobre esta base, el texto aborda así el problema del rol de los medios de comunicación en la reproducción de la identidad quebe-quense y de la sociedad civil en el Quebec. Nuevamente, el autor muestra que ese proceso no deja de suscitar contra-tendencias, según las cuales las instituciones «federalizantes» juegan un rol clave, entre otros produciendo y alimentando la ambivalencia identitaria en el seno de la colectividad francófona del Quebec. Continuando con el examen de las contra-tendencias a la reproducción de la especificidad de la sociedad civil del Quebec y de la cultura quebequense francófona, el texto aborda los efectos de la internacionalización-mundialización sobre las soberanías nacionales y sobre la producción-difusión cultural. El argumento desemboca en la constatación de la necesidad, para las sociedades que quieren participar plenamente en la construcción del devenir, tanto del propio como del planeta, de dotarse de una verdadera política de desarrollo cultural. El texto se detiene sobre esta cuestión examinando, por un lado, lo que fue la política cultural de los liberales federales y, por el otro, la incidencia del contexto «post-Meech» sobre el desarrollo de la identidad y la cultura quebequense. Finalmente, el autor se concentra en la identificación de los parámetros que deberían ser definidos en función de una verdadera política quebequense de desarrollo cultural, lo que lo conduce a interesarse en el lugar que ocupa la relación interlinguística en la cuestión del Quebec.