IntroductionLes droits, la parole et les besoins des jeunes placés[Record]

  • Anta Niang,
  • Martin Goyette and
  • Natacha Brunelle

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  • Anta Niang
    Chercheuse d’établissement, Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux (IUPLSSS), CIUSSS de l’Estrie-CHUS
    Professeure associée, École de travail social, Université de Sherbrooke
    anta.niang.ciussse-chus@ssss.gouv.qc.ca

  • Martin Goyette
    Professeur titulaire, École nationale d’administration publique
    martin.goyette@enap.ca

  • Natacha Brunelle
    Professeure titulaire, Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières
    natacha.brunelle@uqtr.ca

Il va sans dire que les besoins des jeunes placés ou suivis dans la communauté (en probation par exemple) ou encore de ceux qui reçoivent des services dans les systèmes de protection et de justice pénale juvénile (y compris les jeunes sous double mandat ayant été suivis dans les deux systèmes) sont au centre des préoccupations médiatiques, sociales, politiques et scientifiques. Sur le plan international, la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) promeut la nécessité de permettre aux jeunes d’exprimer leur opinion dans les décisions qui les concernent au même titre que leur droit à des conditions de vie appropriées, à un endroit pour vivre, à une scolarisation de qualité et à la non-discrimination. Dans le champ de la protection de la jeunesse, répondre à ces enjeux majeurs commande d’aller au-delà d’une vision centrée sur les troubles du comportement et de prendre davantage en compte l’ensemble des sphères de la vie des jeunes et leurs diverses interactions. Le corollaire est l’implantation d’interventions et de programmes multidimensionnels ou intersectoriels afin d’envisager la complexité des enjeux que vivent les jeunes et leur famille. Ceux-ci doivent pouvoir compter sur des services sociaux et de santé de première ligne dans leur communauté afin d’éviter l’intervention exceptionnelle de la protection de la jeunesse et un placement hors de la famille du jeune (Esposito et al., 2023). De même, ces jeunes, avant d’être « placés », sont des jeunes qui font face aux mêmes enjeux que ceux de leur âge, du fait notamment de leur transition vers l’âge adulte (Bernal-Romero et al., 2021). Ils peuvent ainsi relever plusieurs défis qui exigent des soutiens (santé mentale, parcours de judiciarisation, itinérance, etc.) qui rendent compte des situations de vulnérabilité (Goyette et al., 2011). Du point de vue de la recherche, ces besoins, processus et trajectoires doivent être resitués dans une compréhension des processus d’accès et de non-recours à ces soutiens en considérant le rôle des environnements sociaux. Cette considération des soutiens et du rôle des contextes et des environnements signifie d’aller au-delà des paradigmes associés à une vision pathologisante de la jeunesse et qui visent le contrôle du comportement des jeunes, notamment autour de diagnostics cliniques pouvant les individualiser et les essentialiser. Ainsi, le contexte social dans lequel évoluent les jeunes placés, les rapports à l’intervention en protection de la jeunesse et les parcours différenciés des jeunes de la diversité sont à considérer pour comprendre leurs réalités, accueillir leur point de vue sur les services et saisir les enjeux inégalitaires ou de surreprésentations systémiques (Boatswain-Kyte et al., 2020). Au Québec, ces réflexions correspondent à la plupart des recommandations de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, dans son rapport publié le 3 mai 2021, et qui mettait en évidence la faible participation des jeunes dans le processus décisionnel ainsi que la nécessité de soutenir davantage ces jeunes dans leur transition à la vie adulte (Gouvernement du Québec, 2021). Ces constats soulèvent ainsi la nécessité de replacer les adolescents, les adolescentes et les jeunes adultes au coeur du processus d’intervention dans les systèmes de protection de la jeunesse et de justice pénale juvénile, ainsi que d’examiner leurs perceptions et leurs expériences du système de justice pénale, un aspect trop peu exploré jusqu’à maintenant (Niang et al., 2021). Cela implique de mener davantage de réflexions sur les droits de ces jeunes, leur participation au sein des systèmes ainsi que la prise en compte de leurs besoins dans les multiples sphères de leur vie. Plus précisément, il s’agit de leur transmettre l’information pertinente sur leurs droits, la manière …

Appendices