Abstracts
Résumé
En France, les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) suivent une formation de deux ans à l’École nationale d’administration pénitentiaire (ÉNAP) avant de pouvoir prendre leur fonction. Parmi les cours qu’ils suivent, certains relèvent de la criminologie, témoignant de l’intérêt croissant que cette discipline connaît en France. Or, l’intégration d’une logique criminologique au contenu de formation n’est pas anodine, en tant qu’elle traduit une conception particulière de la probation et des pratiques qui y sont associées. Afin d’examiner ce que cela signifie en termes de réinsertion sociale, cet article propose d’analyser le dispositif de formation en criminologie des futurs agents de probation comme un instrument de l’action publique, dont les évolutions sont le résultat d’intentions politiques. Cette analyse nous conduit à discuter du paradigme dans lequel se trouve la probation française. Elle souligne que le virage pris par la formation ne marque pas un renouveau dans l’appréhension de la réinsertion sociale, mais qu’il consolide au contraire sa place en tant qu’outil de la prévention de la récidive, au service d’une politique de gestion des risques.
Mots-clés :
- Probation,
- réinsertion sociale,
- formation,
- criminologie,
- prévention de la récidive
Abstract
In France, probation officers spend two years at the National Correctional Administration Academy before beginning work. Some of the courses they take are in criminology, reflecting the growing interest in this discipline in France. However, introducing criminology into the training content is not neutral as it also introduces a particular concept of probation and the practices related to it. To understand what this means in terms of social reintegration, this article suggests that criminology was made part of the training of future probation officers as a way to affect public action, so that the resulting changes can be seen as the result of political interventions. This analysis leads us to discuss the paradigm in terms of which French probation operates and to emphasize that the change in direction caused by training cannot be considered a new approach to social reinsertion but, on the contrary, is a way to consolidate probation as a tool for preventing recidivism, furthering a risk management approach.
Keywords:
- Probation,
- rehabilitation,
- training,
- criminology,
- prevention of recidivism
Resumen
En Francia, los consejeros penitenciarios de inserción y de liberación condicional (CPIP) hacen una formación de dos años en la Escuela Nacional de Administración Penitenciaria (ENAP), antes de poder asumir su función. Algunos de los cursos que toman son en criminología, lo que demuestra el interés creciente por esta disciplina en Francia. Sin embargo, la integración de una lógica criminológica al contenido de la formación no es algo sin importancia, ya que traduce una concepción particular de la liberación condicional y de las prácticas que le son asociadas. Con el fin de cuestionarse sobre lo que esto significa en términos de reinserción social, este artículo propone analizar el dispositivo de formación en criminología de los futuros agentes de liberación condicional como un instrumento de la acción pública, cuyas evoluciones son el resultado de acciones políticas. Este análisis nos conduce a discutir acerca del paradigma en el que se encuentra la liberación condicional francesa. Subraya que el cambio tomado por la formación no marca una renovación en la forma de abordar la reinserción social, sino que, por el contrario, consolida su lugar como instrumento de la prevención de la reincidencia, al servicio de una política de gestión de los riesgos.
Palabras clave:
- Liberación condicional,
- reinserción social,
- formación,
- criminología,
- prevención de la reincidencia
Appendices
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