Volume 54, Number 1, Spring 2021 Image et justice Guest-edited by Rémi Boivin and Annie Gendron
Table of contents (11 articles)
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Introduction : image et justice
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Les caméras portatives utilisées par les forces policières : suppositions et implications
Erick Laming, Christopher J. Schneider and Patrick G. Watson
pp. 15–39
AbstractFR:
Si l’on se penche sur les études portant sur l’usage de caméras portatives par les forces policières, on constate que le corpus est minime, et qu’il examine surtout d’éventuels effets dissuasifs de ces dispositifs quant au recours à la force par les policiers, et quant au comportement des citoyens lors des interactions avec ces derniers. La présente étude prend appui sur nos précédents travaux, sur des preuves empiriques ainsi que sur quelques anecdotes pertinentes afin d’illustrer trois enjeux méconnus de la question des caméras portatives, problématiques qui participent à encourager actuellement leur utilisation. Ces trois enjeux sont : 1) le marketing et la vente de caméras portatives auprès des forces de l’ordre ; 2) l’utilisation d’enregistrements provenant de ces caméras à des fins promotionnelles pour la police ; 3 le recours aux preuves visuelles à la cour, qui impliquent de plus en plus souvent des enregistrements de caméras portées par des policiers. Bien comprendre ces trois problématiques à la lumière de données empiriques demeure nécessaire afin d’avoir un regard critique sur les raisons pour lesquelles les forces de l’ordre ont recours aux caméras portatives et sur les manières dont elles les utilisent. Le présent article offrira en conclusion une courte discussion et des pistes pour des travaux subséquents.
EN:
A review of research on police body-worn cameras (BWCs) reveals that the focus of most studies was narrow and dealt mainly with the possible deterrent effects of BWCs on use of force by police and (mis)behavior by citizens during police-citizen interactions. This paper draws on our published research and the available empirical evidence as well as a few relevant anecdotes to shed light on three woefully under-researched areas relevant to the current support and use of BWCs. These areas are : (1) the marketing and sale of body-camera technology to law enforcement, (2) the use of body-camera footage in police promotional materials, and, last, (3) the use of visual evidence in the courtroom, which increasingly includes materials from police BWCs. We argue that increased understanding of these three areas, supported by additional empirical data, is necessary for a more rounded and critical awareness of how and why BWCs are being implemented by law enforcement agencies. We conclude with a short discussion and offer a few suggestions for future research.
ES:
Una revisión de la extensa investigación sobre las cámaras de la policía llevadas en el cuerpo, revela que la literatura es cerrada, enfocándose principalmente en los posibles efectos disuasivos que las cámaras puedan tener en el uso de la fuerza por la policía, y en la (mala) conducta del ciudadano durante las interacciones entre policías y ciudadanos. Este artículo se basa en nuestra investigación publicada, y en la evidencia empírica disponible, así como en unas pocas anécdotas temáticas relevantes, para ayudar a ilustrar tres áreas, lamentablemente, poco investigadas que subrayan el actual apoyo y el uso de las cámaras. Estas áreas son : 1) el marketing y la venta de tecnologías de cámaras personales para el cumplimiento de la ley ; 2) el uso de imágenes de cámaras corporales como materiales promocionales de la policía ; 3) el uso de pruebas visuales en las cortes que incluye cada vez más materiales tomados de cámaras corporales de la policía. Argumentamos que un conocimiento de estas tres áreas, soportado por datos empíricos tradicionales, sigue siendo necesario para tener una conciencia más completa y crítica de cómo y cuándo las cámaras corporales llevadas en el cuerpo del policía están siendo implementadas por las fuerzas del orden. Concluimos con una corta discusión y ofrecemos algunas sugerencias para futuras investigaciones.
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Caméras portatives sur policiers : état de la situation au Canada
Camille Faubert and Annie Gendron
pp. 41–67
AbstractFR:
Les caméras portatives sont aujourd’hui considérées comme le nouvel outil ayant le potentiel de transformer la police. Celles-ci sont perçues comme une solution pour : 1) augmenter la transparence, la reddition des comptes et la légitimité de la police ; 2) améliorer l’efficacité des enquêtes ; et 3) rehausser la sécurité des citoyens et des policiers. Or, les résultats du corpus d’études évaluant les effets réels de ces caméras sont, d’une part, mitigés, d’autre part, majoritairement américains. Le contexte social et légal canadien étant différent de celui des États-Unis, les résultats américains ne sont pas nécessairement transposables au Canada. Quelques évaluations canadiennes sont toutefois disponibles pour guider la prise de décisions relatives aux caméras portatives sur policiers au Canada. L’objectif du présent article est donc de proposer une revue de la portée (scoping review) de 28 études sur les caméras portatives menées au Canada entre 2010 et 2021 et ayant soulevé des enjeux de légitimité et d’efficacité de la police. Les constats sont divisés en trois sections distinctes : 1) les bonnes pratiques en matière d’utilisation des caméras portatives dans les organisations policières canadiennes ; 2) le contraste entre les attentes à l’égard de cet outil et son réel potentiel ; et 3) les enjeux et limites associés à cet outil. Alors que l’article met en lumière certains effets positifs des caméras portatives, une réflexion est entamée quant à leur plus-value à la lumière de leurs enjeux et limites.
EN:
Body-worn cameras are currently seen as a technology that can potentially transform the police, increasing police transparency, accountability and legitimacy ; making investigations more efficient ; and improving the safety of citizens and police officers. However, the studies that have looked at the empirical effects of these cameras report conflicting results and have been undertaken mainly in the US. Given that social and legal contexts in Canada differ from those in the US, results from the latter can’t necessarily be transposed to Canada. There are, however, a few Canadian studies available to guide decision-making related to the implementation of body-worn cameras in Canadian police organizations. The aim of this paper is to provide a scoping review of the results of 28 studies on this topic done in Canada between 2010 and 2021. Three distinct categories of observations were found : 1) good practices for the use of body-worn cameras in Canadian police organizations, 2) the gap between expectations for this tool and its real potential, and 3) concerns about and limits of these cameras. While the paper sheds light on some positive effects of body-worn cameras in policing, it also starts a discussion on their payoff in light of their limits.
ES:
Las cámaras portátiles son hoy en día consideradas como el nuevo útil que tiene el potencial de transformar a la policía. Estas son percibidas como una solución para : 1) aumentar la transparencia, la rendición de cuentas y la legitimidad de la policía ; 2) mejorar la legitimidad de las encuestas ; y 3) mejorar la seguridad de los ciudadanos y de los policías. Así, los resultados del cuerpo de estudios que evalúa los efectos reales de estas cámaras son, por un lado, confusos, y, por el otro, mayoritariamente estadounidenses. Al ser el contexto social y legal canadiense diferente al de los Estados Unidos, los resultados estadounidenses no son necesariamente transferibles a Canadá. Algunas evaluaciones canadienses están, sin embargo, disponibles para guiar la toma de decisiones relativas a las cámaras portátiles por los policías en Canadá. El objetivo de este artículo es entonces proponer una revisión del alcance (scoping review) de 28 estudios sobre las cámaras portátiles, realizados en Canadá entre 2010 y 2021, y que subrayaron problemas de legitimidad y de eficacidad de la policía. Las constataciones están divididas en tres secciones distintas : 1) las buenas prácticas en materia de utilización de las cámaras portátiles en las organizaciones policiales canadienses ; 2) el contraste entre las expectativas de este útil y su potencial real ; y 3) los problemas y los límites asociados a este útil. Mientras que el artículo pone a la luz ciertos efectos positivos de las cámaras portátiles, una reflexión es dada en cuanto a su plusvalía, a la luz de sus problemas y de sus límites.
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Comprendre le succès et l’échec de l’innovation policière : une analyse du déploiement de caméras portatives dans un service policier
Brigitte Poirier
pp. 69–96
AbstractFR:
Les caméras portatives font partie des plus récentes innovations technologiques ayant été introduites dans les services policiers. Adoptées dans l’objectif d’offrir une plus grande transparence et d’améliorer les interactions entre policiers et citoyens, ces appareils ont suscité au courant des dernières années l’intérêt tant des chercheurs que des médias. Toutefois, malgré une popularité manifeste et plusieurs projets pilotes, l’adoption de ces caméras au Canada demeure limitée. S’appuyant sur l’approche sociotechnique et la théorie de l’acteur-réseau, cet article examine le contexte de déploiement des caméras portatives en explorant le développement et l’implantation d’un projet pilote au Service de police de la Ville de Montréal. Basé sur une analyse de contenu, il relève la diversité des actants et des négociations qui ont mené à l’emploi de ces caméras. L’interaction entre les intérêts parfois divergents des actants, dont la protection de la vie privée, les considérations économiques et le désir d’offrir une plus grande transparence, apparaît cependant comme pouvant compromettre le succès de l’implantation des caméras. Cette analyse insiste enfin sur la nécessité de tenir compte du rôle du contexte sociotechnique dans la réussite ou l’échec de l’implantation des innovations policières comme les caméras portatives.
EN:
Body-worn cameras are one of the most recent technological innovations introduced in police organizations. Adopted with the aim of offering greater transparency and improving interactions between police officers and citizens, in recent years these devices have attracted the attention of both researchers and the popular press. However, despite their obvious popularity and several pilot projects, few police organizations in Canada have adopted them. Drawing on the socio-technical approach and the Actor-Network Theory, this article explores the socio-technical context of the adoption of body-worn cameras by examining the development and implementation of a pilot project at the Service de police de la Ville de Montréal. Based on content analysis, this study highlights the diversity of actors and negotiations that led to the use of body-worn cameras and details how interaction between the sometimes divergent interests of the actors, including privacy protection, economic considerations, and the goal of offering greater transparency, appears to have compromised their successful introduction. Our analysis emphasizes the need to take into account the role of the socio-technical context in the success or failure of the implementation of innovations such as body-worn cameras.
ES:
Las cámaras portátiles hacen parte de las innovaciones tecnológicas más recientes, habiendo sido introducidas en los servicios de la policía. Adoptadas con el objetivo de ofrecer una mayor transparencia y de mejorar las interacciones entre policías y ciudadanos, estos aparatos han llamado la atención tanto de los investigadores como de los medios de comunicación a lo largo de los últimos años. Sin embargo, a pesar de tener una popularidad manifiesta y de la existencia de varios proyectos pilotos, la adopción de cámaras portátiles en Canadá sigue siendo limitada. Apoyándose en la aproximación socio-técnica y en la teoría del actor-red, este artículo examina el contexto de implantación de las cámaras portátiles, explorando el desarrollo y la implantación de un proyecto piloto en el Servicio de Policía de la Ciudad de Montreal. Basado en un análisis de contenido, pone de relieve la diversidad de los actantes y de las negociaciones que han llevado al empleo de las cámaras portátiles. La interacción entre los intereses, a veces divergentes, de los actantes, entre los cuales están la protección de la vida privada, las consideraciones económicas y el deseo de ofrecer una mayor transparencia aparece, sin embargo, como pudiendo comprometer el éxito de la implantación de las cámaras. Este análisis insiste finalmente sobre la necesidad de tener en cuenta el rol del contexto socio-técnico en el éxito o en el fracaso de la implantación de las innovaciones policiales como lo son las cámaras portátiles.
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Tête, épaule ou poitrine : est-ce que le positionnement des caméras portatives a une incidence sur la visibilité d’informations cruciales ?
Joel Suss and Erich Petushek
pp. 97–133
AbstractFR:
Les caméras portatives sont devenues monnaie courante dans les forces de l’ordre. La plupart de la recherche sur le sujet s’est intéressée à l’effet des caméras sur le comportement des policiers et leur incidence sur le taux de plaintes des citoyens envers la police alors que peu d’études se sont penchées sur les facteurs humains et les problèmes ergonomiques liés au déploiement de ces appareils, notamment celui du positionnement des caméras portatives. Cette question est d’intérêt puisque le positionnement peut avoir un effet sur la qualité des séquences filmées. Jusqu’à maintenant, il y a peu de directives fondées sur des données probantes quant au positionnement optimal des caméras. La présente étude a donc comme but d’analyser le degré de visibilité d’une cible à partir de différents positionnements d’installation des caméras portatives. Trois policiers ont effectué 31 exercices de tir sur une cible statique avec une arme de poing, un fusil d’assaut et une carabine. Les exercices ont été faits en variant les positions de départ, les positions du corps des policiers, les façons de tenir l’arme et les mouvements. Des caméras portatives ont été installées des deux côtés d’un chapeau, des lunettes et des épaules, ainsi que sur la poitrine. Une caméra a aussi été installée sur chaque arme à feu. Nous avons codé, et utilisé comme mesure principale, le pourcentage des images filmées où la cible était entièrement visible pendant les exercices. Chaque exercice a été divisé par phases, soit pré-tir, tir et post-tir, et un regroupement de toutes les phases a aussi été fait. Dans l’ensemble, pour toutes les phases, les caméras portées à la tête (chapeau et lunettes) et la caméra portée sur la poitrine ont montré une visibilité supérieure (~80 % de visibilité complète) aux caméras installées sur une arme à feu (68 % de visibilité complète) et sur l’épaule (~12 % de visibilité complète). Durant la phase de pré-tir, toutes les caméras portées à la hauteur de la tête (chapeau et lunettes) avaient une visibilité supérieure (~70 % de visibilité complète) à tous les autres positionnements (14-41 % de visibilité complète). Cette étude laisse entendre que les caméras portées à la tête, situées à gauche ou à droite d’un chapeau ou de lunettes, offrent une meilleure optimisation de la visibilité de la cible.
EN:
Body-worn cameras are becoming commonplace in law enforcement. Much of the research related to them focuses on whether the cameras affect police officer behavior and the number of citizen complaints against police. Relatively little attention has been focused on human factors and ergonomic issues related to the deployment of body-worn cameras. One ergonomic issue concerns where they are mounted on the body. This is an important issue, as the mounting location could affect the quality of the recorded footage. As there is little current evidence-based guidance on optimal mounting locations, we examined the differences in target visibility for various body-worn camera mounting locations. Three officers performed 31 different live-fire drills at a static target using a handgun, patrol rifle, and shotgun. The drills varied in starting position, stance, grip, and movement. Body-worn cameras were mounted on both sides of each officer’s hat, glasses, and shoulders, as well as in the conventional chest position. A camera was also mounted on each firearm. Each drill was divided into pre-firing, firing, and post-firing phase as well as an aggregate across all phases. The percentage of frames where the target was fully visible according to each camera was coded and used as the primary outcome. Overall, across all phases, the head-mounted cameras (hat and glasses) and the chest-mounted camera had superior visibility (~80 % fully visible) compared to firearm-mounted (68 % fully visible) and shoulder-mounted (~12 % fully visible) cameras. During the pre-firing phase, all head-mounted cameras (hat and glasses) had superior visibility (~70 % fully visible) compared to all other mounting locations (14-41 % fully visible). This investigation suggests that head-mounted cameras—either on the left or right side of a hat or glasses—are superior for optimizing target visibility.
ES:
Las cámaras corporales se están convirtiendo en algo común en las fuerzas del orden. Gran parte de la investigación relacionada con las cámaras corporales se centra en si las cámaras afectan el comportamiento de los agentes de la policía y en la tasa de quejas de los ciudadanos contra la policía. Se le ha prestado relativamente poca atención a los factores humanos y a las cuestiones ergonómicas relacionadas con el despliegue de cámaras corporales. Una cuestión ergonómica se refiere a la ubicación del montaje de las cámaras corporales. Esto es importante, ya que la ubicación del montaje podría afectar la calidad de la imagen grabada. Actualmente, existe poca guía basada en pruebas sobre las ubicaciones óptimas del montaje. Por lo tanto, el propósito de este estudio fue examinar las diferencias en la visibilidad del objetivo en varias ubicaciones del montaje de cámaras corporales. Tres oficiales realizaron 31 simulacros de fuego real diferentes, en un objetivo estático usando una pistola, un rifle de patrulla y una escopeta. Los ejercicios variaron según la posición inicial, la postura, el agarre y el movimiento. Las cámaras corporales estaban montadas en ambos lados de un sombrero, anteojos y hombros, así como en el pecho. También se montó una cámara en cada arma de fuego. El porcentaje de fotogramas durante el simulacro en los que el objetivo era completamente visible se codificó y se utilizó como resultado principal. Cada ejercicio se dividió en fases de pre-disparo, disparo y post-disparo, así como un agregado en todas las fases. En general, en todas las fases, las cámaras montadas en la cabeza (sombrero y gafas) y la cámara montada en el pecho tenían una visibilidad superior (~ 80 % completamente visible) en comparación con las montadas en un arma de fuego (68 % completamente visible) y con las cámaras montadas en el hombro (~ 12 % completamente visible). Durante la fase previa al disparo, todas las cámaras montadas en la cabeza (sombrero y gafas) tenían una visibilidad superior (~ 70 % completamente visible) en comparación con todas las demás ubicaciones del montaje (14-41 % completamente visible). Esta investigación sugiere que las cámaras montadas en la cabeza, ya sea en el lado izquierdo o derecho de un sombrero o anteojos, son superiores para optimizar la visibilidad del objetivo.
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Enjeux et perspectives de la reconnaissance faciale en sciences criminelles
Maëlig Jacquet and Lionel Grossrieder
pp. 135–170
AbstractFR:
L’objectif de cet article est de cristalliser de manière pragmatique les enjeux et perspectives de la reconnaissance faciale en sciences criminelles pour acquérir une meilleure connaissance des limitations et des opportunités offertes par ces technologies, essentielles à leur application au sein du système judiciaire. Nous postulons que cette réflexion doit s’inscrire dans une approche interdisciplinaire qui intègre l’utilisation d’algorithmes en considérant les spécificités de la criminologie et de la science forensique. Cet éclairage permet d’établir un bilan de l’utilisation de la reconnaissance faciale en le scindant en questions fondamentales. Quelles sont les images utilisées en reconnaissance faciale ? Comment sont-elles comparées ? Quels objectifs la reconnaissance faciale sert-elle ? Où est-elle mise en oeuvre et par quels acteurs ? Cette subdivision permet de mieux situer les enjeux et limites de la reconnaissance faciale, ainsi que les perspectives de développement et de recherche. Sur le plan des données elles-mêmes, l’enjeu principal concerne leur qualité originale puis sa dégradation potentielle aux stades de collecte et de sauvegarde des images, qui influencent leur utilisation ultérieure. Pour ce qui est des méthodes, les enjeux se cristallisent autour du manque de standardisation et de transparence, aussi bien lors de tâches exécutées par l’être humain que par un système automatique. Concernant les objectifs des tâches de reconnaissance faciale dans les domaines civil et judiciaire, les enjeux gravitent autour de la protection de la sphère privée et des libertés individuelles. Enfin, les principaux défis soulevés par son utilisation comme moyen de preuve au tribunal concernent la communication, ainsi que la standardisation et la validation méthodologique.
EN:
This article reviews practical challenges to and perspectives on the use of face recognition in criminal science. A better understanding of the limitations and opportunities of this technology is essential to determining how it should be used in the judicial system. We suggest that this reflection must be part of an interdisciplinary approach that integrates the use of algorithms while taking into account the unique characteristics of both criminology and forensic science. Determining the state of the art in the use of face recognition requires answering several fundamental questions. What sort of images are used in face recognition ? How are they compared ? What objectives does face recognition serve ? Where is it implemented and by whom ? These questions – and their answers – allow us to identify the challenges and shortcomings of face recognition, as well as perspectives on its development and research. At the data level, the main issue concerns the quality of the original image and its potential degradation during collection and storage, which can influence its subsequent use. At the methodological level, the stakes involve the lack of standardisation and transparency in tasks carried out by both humans and automatic systems. When looking at face recognition as used in the civil and judicial domains, questions arise around how to protect privacy and individual liberties. Finally, the main challenges raised by its use as evidence in court concern communication, as well as standardisation and methodological validation.
ES:
El objetivo de este artículo es cristalizar de forma pragmática los desafíos y perspectivas del reconocimiento facial en las ciencias penales para adquirir un mejor conocimiento de los límites y oportunidades ofrecidos por estas tecnologías, que son esenciales para su aplicación en el sistema judicial. Postulamos que esta reflexión debe inscribirse dentro de una aproximación interdisciplinaria que integre el uso de algoritmos, considerando las especificidades de la criminología y de la ciencia forense. Este esclarecimiento permite establecer un estado del arte sobre el uso del reconocimiento facial, recortándolo en preguntas fundamentales : ¿Cuáles son las imágenes utilizadas para el reconocimiento facial ? ¿Cómo son comparadas ? ¿Cuáles son los objetivos del reconocimiento facial ? ¿En dónde ha sido puesto en marcha y por qué actores ? Esta subdivisión permite situar mejor los desafíos y los límites del reconocimiento facial, así como las perspectivas de desarrollo y de investigación. En lo que tiene que ver con los datos en sí, el desafío principal concierne su calidad original y su degradación potencial en las etapas de colecta y salvado de las imágenes que influencian su posterior uso. En lo que tiene que ver con los métodos, los desafíos se cristalizan alrededor de la falta de estandarización y de transparencia, tanto como en el momento de las funciones ejecutadas por el humano, como por un sistema automático. En lo que concierne a los objetivos de las funciones de reconocimiento facial en los campos civil y judicial, los desafíos gravitan alrededor de la protección de la esfera privada y de las libertades individuales. Finalmente, los desafíos principales subrayados por su uso como medio de prueba en el tribunal conciernen la comunicación así como la estandarización y la validación metodológica.
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La communication non verbale dans les médias télévisuels : un regard critique sur un « décryptage » d’Aaron Hernandez lors de son procès
Vincent Denault, Geoffrey Duran and Hugues Delmas
pp. 171–196
AbstractFR:
Depuis au moins une dizaine d’années, les médias télévisuels font la promotion d’idées reçues sur les gestes et les expressions faciales. Des séries policières présentent l’analyse de la communication non verbale comme un outil qui, pour les professionnels de la justice, permettrait de distinguer efficacement la vérité des mensonges. De plus, des intervenants, présentés explicitement ou non comme des body language experts, proposent des « décryptages » du non-verbal de personnalités publiques. Toutefois, quelle est la nature de l’information véhiculée par de tels « décryptages » et comment, en pratique, peuvent-ils nuire à la bonne administration de la justice ? Pour répondre à cette question, nous avons analysé de façon minutieuse et approfondie un « décryptage » d’Aaron Hernandez lors de son procès. Les résultats de notre analyse montrent comment l’intervenante (a) fait parler implicitement les comportements non verbaux d’Hernandez, obligeant alors les téléspectateurs à reconstruire ce qu’elle laisse entendre, et (b) fait indirectement la promotion d’idées reçues sur la communication non verbale qui peuvent fausser l’appréciation de la preuve par les juges et les jurés. Les résultats sont discutés à l’aide de la littérature scientifique sur la communication non verbale et la détection du mensonge.
EN:
For at least a decade, television media have promoted misconceptions about gestures and facial expressions : crime shows suggest that legal professionals can analyze nonverbal communications to distinguish truth from lies, while individuals identified, explicitly or not, as “body language experts” are employed on television shows to “decipher” the non-verbal expressions of public figures. What sort of information is conveyed by such “decipherings” and how, in practice, is it detrimental to the proper administration of justice ? To answer this question, we carefully analyzed the “deciphering” of Aaron Hernandez that took place during his trial. The results of our analysis show how the prosecutor (a) implicitly translated Hernandez’s nonverbal behaviors into speech, thereby forcing viewers to reshape their understanding of the case in light of what she suggested, and (b) indirectly promoted misconceptions about nonverbal communication that could have distorted the way judges and jurors assessed the evidence. The results are discussed in light of the scientific literature on nonverbal communication and detecting deception.
ES:
Desde hace por lo menos 10 años, los medios televisivos promocionan ideas recibidas sobre los gestos y las expresiones faciales. Series policivas presentan el análisis de la comunicación no verbal como un útil que le permitiría a los profesionales de la justicia diferenciar eficazmente la verdad de las mentiras. Además, los profesionales en intervención, presentados explícitamente, o no, como « expertos en lenguaje personal », proponen « descifrados » de lo no verbal de personalidades públicas. Sin embargo, ¿cuál es la naturaleza de la información vehiculada por tales « descifrados », y, cómo, en la práctica, pueden afectar la buena administración de la justicia ? Para responder a esta pregunta, analizamos de forma minuciosa y profunda un « descifrado » de Aaron Hernandez durante su proceso. Los resultados de nuestro análisis muestran cómo la profesional de intervención (a) hace hablar implícitamente los comportamientos no verbales de Hernández, obligando entonces a los tele-espectadores a reconstruir lo que hace entender, y (b) hace indirectamente la promoción de ideas recibidas sobre la comunicación no verbal que pueden distorsionar la apreciación de la prueba por los jueces y los jurados. Los resultados son discutidos con la ayuda de la literatura científica sobre la comunicación no verbal y la detección de mentiras.
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À bien y penser : l’effet du visionnement répété de vidéos sur l’opinion relativement à une intervention policière controversée
Rémi Boivin and Annie Gendron
pp. 197–219
AbstractFR:
La multiplication des appareils captant des images de la vie quotidienne permet maintenant de visionner et revisionner ce dont on n’entendait que parler par le passé. L’intervention policière est un bon exemple : lorsque disponible, l’enregistrement des interventions controversées est présenté à répétition, scruté à la loupe et commenté par une foule nombreuse et diverse. Une recherche exhaustive n’a toutefois pas permis de trouver d’études empiriques portant spécifiquement sur l’effet du visionnement répété sur l’opinion relativement à une intervention policière. Se basant sur la recherche existante sur d’autres objets, le présent article vise à tester l’effet du visionnement répété sur l’opinion quant à une intervention policière avec emploi de la force, le genre d’enregistrement susceptible d’attirer l’attention des médias et donc d’être vu par le grand public, et de générer des commentaires polarisés et polarisants. Deux enregistrements ont été présentés deux fois à 78 étudiants universitaires, à une semaine d’intervalle, de façon que leurs réponses puissent être liées. Les résultats laissent fortement entendre que le visionnement répété d’une vidéo a un effet sur l’opinion qu’on s’en fait : les participants avaient une opinion plus favorable envers l’intervention à la suite du deuxième visionnement.
EN:
The recent increase in devices that capture images of everyday life make it possible to view – and review – what we hear about the past. Police interventions are a good example – when videos of controversial interactions are available, they are closely scrutinized and commented on by a large and diverse audience, which is evaluating the situation in a much less stressful circumstances than those whose actions are shown. While there are, as yet, no studies that specifically investigate the impact of repeated viewing of videos of police interventions on opinions and attitudes, there are several relevant papers in the fields of marketing, psychology and communication. Using information from this previous work, we looked at the effect on opinion of multiple viewings of a police intervention in which force was used – the kind of incident that is most likely to attract attention from the media and therefore to be seen by a wider public and to generate comments that are both polarized and polarizing. Seventy-eight participants were shown a police intervention involving the use of force on two different occasions a week apart and asked to report their opinion about the intervention, using a format that made it possible to compare their first and second response. Our results strongly suggest that repeated viewing of an intervention has an impact on opinion : respondents had significantly more favourable opinions about the intervention after they had seen it a second time.
ES:
La multiplicación de los aparatos que captan imágenes de la vida cotidiana permite ahora ver y volver a ver de lo que uno no podía sino oír hablar en el pasado. La intervención policial es un buen ejemplo : cuando está disponible, el registro de las intervenciones controvertidas es presentado de forma repetida, escrudiñado a la lupa y comentado por una numerosa y diversa masa. Una investigación exhaustiva no permitió, sin embargo, localizar estudios empíricos que traten específicamente sobre el efecto de la visión repetida sobre la opinión frente a una intervención policial. Basándose en la investigación existente sobre otros objetos, este artículo busca testear el efecto de la visión repetida sobre la opinión frente a una intervención policial con empleo de la fuerza, el tipo de registro susceptible de atraer la atención de los medios y, entonces, de ser vista por el público y de generar comentarios polarizados y polarizantes. Dos registros fueron presentados dos veces a 78 estudiantes universitarios, con una semana de intervalo, de forma que sus respuestas pudieran ser ligadas. Los resultados sugieren, fuertemente, que la visión repetida de un video tiene un efecto sobre la opinión que uno se crea : los participantes tenían una opinión más favorable de la intervención luego de la segunda visión.
Hors thème
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Évaluation d’une pratique novatrice offerte à l’Établissement de détention de Québec par le CIUSSS-CN : le programme Toxico-justice
Catherine Arseneault, Chantal Plourde, Francine Ferland, Nadine Blanchette-Martin and Marc Alain
pp. 221–249
AbstractFR:
Cette étude évalue les effets d’un programme en toxicomanie offert en milieu carcéral. Un devis quasi expérimental à mesures répétées (3) a été utilisé pour mesurer les changements qui ont été opérés (ou non) par rapport à la consommation et aux sphères psychoémotionnelles et sociales ainsi que les services utilisés par les répondants. Au total, 292 participants ont été recrutés (GE [groupe expérimental] = 152 ; GT [groupe témoin] = 140). Les résultats de l’analyse de variance univariée (ANOVA) à mesures répétées montrent une diminution, entre le temps zéro (T0) et le temps un (T1), chez les répondants du GE, quant à l’estimation de l’importance de recevoir de l’aide pour un problème d’alcool et de drogues. Les participants du GE sont plus nombreux à se tourner vers des services en toxicomanie au T2. La détresse psychologique augmente chez les participants du GE entre le T1 et le T2. En ce qui a trait aux buts dans la vie, ils augmentent entre le T0 et le T1 chez les répondants du GE alors qu’une diminution est plutôt observée chez ceux du GT, entre le T1 et le T2. Enfin, la satisfaction des participants en regard du programme est très élevée. Ces résultats laissent croire que le programme ne respecte pas en tous points les principes du modèle du risque, des besoins et de la réceptivité à la base de toute intervention efficace auprès d’une clientèle délinquante. Ainsi, un comité a été mis en place à la suite de cette étude afin de revoir les objectifs du programme et son fonctionnement pour optimiser les effets auprès des participants.
EN:
This study evaluates the effects of a substance addiction program offered in a prison setting. A quasi-experimental design with repeated measures (3) was used to measure changes that did (or did not) take place in substance use or in psychological/emotional and social spheres, as well as the services used by respondents. In total, 292 participants were recruited, 152 of whom constituted the experimental group (EG) and 140 the control group (CG). ANOVA results for the repeated measures show a decrease between T0 and T1 in EG respondents’ evaluation of the importance of receiving help for an alcohol or drug problem. More EG participants took advantage of services offered to deal with substance addiction at T2. EG participants experienced increases in psychological distress between T1 and T2. Commitment to life goals increased between T0 and T1 in EG respondents while a decrease in such goals was observed in the CG for the same period. Finally, participant satisfaction with the program was very high. These results suggest that the program did not fully respect the principles of the Risk-Need-Receptivity model that is at the core of any effective intervention with offenders. A committee was formed after the study ended to review the program’s objectives and its operation in an effort to optimize effects for participants.
ES:
Este estudio evalúa los efectos de un programa de adicción a substancias psicoactivas ofrecido en un entorno penitenciario. Fue utilizado un diseño cuasi-experimental con medidas repetidas (3) para medir los cambios ocurridos (o no) en relación al consumo, las esferas psicológicas-emocionales, y sociales, así como los servicios utilizados por los encuestados. En total, 292 participantes fueron reclutados (grupo experimental = 152 ; grupo de control = 140). Los resultados del ANOVA de medidas repetidas muestran una disminución, entre el T0 y el T1, en los encuestados del GE, en cuanto a la estimación de la importancia de recibir ayuda para un problema de alcohol y de drogas. Más participantes del GE buscaron servicios de adicción a substancias en el T2. El sufrimiento psicológico aumenta en los participantes del GE entre el T1 y el T2. En lo que tiene que ver con los objetivos de vida, aumentan entre el T0 y el T1 en los encuestados del GE, mientras que una diminución es observada en los del GT, entre el T1 y el T2. Finalmente, la satisfacción de los participantes con respecto al programa es muy elevada. Estos resultados sugieren que el programa no respeta plenamente los principios del modelo Riesgo-Necesidad-Receptividad, que es la base de cualquier intervención eficaz con personas que han cometido delitos. Así, al final del estudio, un comité fue formado para revisar los objetivos del programa y su funcionamiento, para optimizar los efectos en los participantes.
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Victimisation et délinquance des jeunes Roms roumains en Suisse : une étude exploratoire de terrain
Lorena Molnar and Marcelo F. Aebi
pp. 251–277
AbstractFR:
Les Roms forment la plus grande minorité ethnique en Europe, mais peu d’études se sont focalisées sur la délinquance et la victimisation au sein de cette communauté. Cet article présente une recherche exploratoire portant sur la victimisation et la délinquance des jeunes Roms roumains en Suisse romande. L’étude suit une démarche mixte qui combine 130 heures d’observation participante avec un sondage de délinquance et victimisation autoreportée (N = 27). Les résultats montrent que les victimisations les plus courantes sont les agressions verbales liées à la mendicité, la violence domestique et les vols, tandis que les délits les plus avoués sont les rixes et les violences conjugales, fréquemment bidirectionnelles. La délinquance et la victimisation sont souvent associées, même si la gamme de victimisations subies est davantage diversifiée que celle des délits commis. Les victimes ont une perception relativement positive de la police suisse, mais ne dénoncent que rarement les délits subis. Malgré la taille réduite de l’échantillon et les biais liés à une recherche de ce genre, l’étude apporte des éléments nouveaux en ce qui concerne le rôle des médias sociaux dans la délinquance, la bidirectionnalité de la violence conjugale et le faible taux de reportabilité des victimisations, tout en proposant des sujets d’étude pour des recherches futures.
EN:
The Roma are the largest ethnic minority in Europe, but few studies have focused on delinquency and victimization among them. This article presents the results of exploratory research on the victimization and delinquency of young Romanian Roma in two cities in the French-speaking region of Switzerland. The study follows a mixed approach that combined 130 hours of participant observation with a self-reported delinquency and victimization survey (N=27). The findings show that the most common instances of victimization involve domestic violence, thefts, and verbal assaults related to begging, while the most common offences committed are brawls and domestic violence, which is frequently bidirectional. There is a correlation between crime and victimization, although the range of victimization suffered is larger than that of offences committed. Victims rarely report incidences of victimization to the authorities, even though their perception of the Swiss police is relatively positive. Despite the small sample and the biases related to this kind of research, this work calls attention to several new elements, such as the role of social media in delinquency, the bidirectionality of intimate partner violence, and the low rate at which victimization is reported to the police. It also suggests relevant subjects for future research.
ES:
Aunque los gitanos rumanos sean la minoría étnica más grande de Europa, pocos estudios se han focalizado en la delincuencia y la victimización de personas de esta etnia. Este artículo presenta una investigación exploratoria sobre la victimización y la delincuencia de los jóvenes gitanos rumanos en la parte francesa de Suiza. El estudio sigue una metodología mixta que combina 130 horas de observación participante y una encuesta de delincuencia y victimización auto-informada (N=27). Los resultados muestran que las victimizaciones más comunes son las agresiones verbales ligadas a la mendicidad, la violencia doméstica y los robos, mientras que los delitos más cometidos son las peleas y la violencia en la pareja, frecuentemente bidireccional. La delincuencia y la victimización están frecuentemente relacionadas, aunque la gama de victimizaciones sufridas sea más variada que la de los delitos cometidos. Las víctimas tienen una percepción relativamente positiva de la policía suiza, pero denuncian raramente los delitos sufridos. A pesar del reducido tamaño de la muestra y de los sesgos asociados a una investigación de este tipo, el estudio aporta nuevos elementos respeto al rol de las redes sociales en la delincuencia, la bidireccionalidad de la violencia de pareja, y la baja tasa de denuncia de las victimizaciones, proponiendo temas de estudio para futuras investigaciones.
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Le temps de visionnement comme mesure des préférences sexuelles déviantes chez les auteurs de crimes à caractère sexuel : une revue systématique
Édith Auclair-Fournier and Yanick Charette
pp. 279–313
AbstractFR:
La déviance sexuelle est l’un des plus importants facteurs associés à la récidive chez les auteurs d’agression sexuelle. L’évaluation de ces intérêts représente un défi, puisque les personnes évaluées peuvent être réticentes à ce que leurs préférences soient sues. Des mesures novatrices, basées sur l’attention, par exemple le temps de visionnement (VT ; viewing time), pourraient s’avérer des solutions de rechange prometteuses aux outils d’évaluation des préférences sexuelles existants. L’objectif du présent article est de présenter le VT et de faire une revue systématique des études qui ont fait l’évaluation de cette mesure de l’intérêt sexuel déviant chez les auteurs de délits à caractère sexuel. Les résultats sont présentés selon trois grands types d’étude : la capacité discriminante du VT ; les comparaisons de ces capacités discriminantes avec d’autres mesures de déviances sexuelles ; et la capacité prédictive du VT par rapport à la récidive criminelle à caractère sexuel. La majorité des études confirme la capacité discriminante du VT en fonction du sexe de la victime. Cette capacité discriminante est comparable à d’autres mesures, plus intrusives, telles que la pléthysmographie pénienne. Le VT représente donc une voie novatrice intéressante pour l’évaluation de la délinquance sexuelle.
EN:
Sexual deviance is one of the most important predictors of recidivism by sexual offenders. However, determining sexual interests remains a challenge as the individuals being assessed may be reluctant to reveal their preferences. Innovative measures based on attention as determined by viewing time (VT) suggest promising new methods for the assessment of sexual interests. The objective of the present paper is to introduce the VT measure and carry out a systematic review of studies evaluating this measure of sexual interests with sexual offenders. Results are presented according to three main outcomes : the discriminant validity of the VT, the comparison of this discriminant validity with other measures of sexual interests, and the predictive validity of VT for sexual offenses. Most studies confirm that VT provides discriminant validity related to the sex of the victim. This discriminant validity is comparable to other more intrusive measures, such as penile plethysmography. VT is thus an appropriate innovative metric for the assessment of sexual offenders.
ES:
La desviación sexual es uno de los factores más importantes asociados a la reincidencia de los autores de agresión sexual. La evaluación de estos intereses representa un desafío porque las personas evaluadas pueden ser reticentes a que sus preferencias sean conocidas. Medidas innovadoras, basadas sobre la atención, por ejemplo, el tiempo de visión (VT ; viewing time), podrían resultar siendo soluciones alternativas prometedoras a las herramientas de evaluación de preferencias sexuales existentes. El objetivo de este artículo es presentar el VT y hacer una revisión sistemática de los estudios que evaluaron esta medida del interés sexual desviado de los autores de delitos con carácter sexual. Los resultados son presentados según tres grandes tipos de estudios : la capacidad discriminante del VT, las comparaciones de estas capacidades discriminantes con otras medidas de desviaciones sexuales y la capacidad predictiva del VT en relación a la reincidencia criminal con carácter sexual. La mayoría de los estudios confirman la capacidad discriminante del VT en función del sexo de la víctima. Esta capacidad discriminante es comparable con otras medidas, más intrusivas, como la pletismografía del pene. El VT representa, entonces, una vía innovadora interesante para la evaluación de la delincuencia sexual.