Volume 52, Number 1, Spring 2019 Les proches de personnes judiciarisées : expériences humaines et connaissances carcérales Guest-edited by Sandra Lehalle
Table of contents (17 articles)
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Szabo, ou la volonté d’exister
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Introduction : le ricochet carcéral chez les proches des personnes incarcérées
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L’expérience carcérale élargie : une peine sociale invisible
Caroline Touraut
pp. 19–36
AbstractFR:
L’expérience carcérale élargie traduit l’emprise que les institutions carcérales exercent sur des personnes qui ne sont pourtant pas recluses, comme l’entourage des détenus, et qui vont, de manière singulière, éprouver la prison au-delà de ses murs. L’expérience carcérale élargie est une peine sociale qui se compose de quatre épreuves principales que ce texte propose d’analyser. C’est aussi une situation où les proches qui décident de maintenir le lien avec le détenu, essentiellement des femmes, réalisent un important travail de care à son égard. Après avoir présenté les différents soutiens qu’entendent réaliser les proches, nous verrons en quoi l’expérience carcérale élargie apparaît paradoxalement comme une situation sociale qui maintient l’assignation des femmes dans une posture traditionnelle et largement invisible, tout en leur offrant une opportunité pour prendre prise sur celui qui est détenu et sur les conditions de leur relation.
EN:
The larger prison experience includes the influence of penal institutions on people who are not confined, such as relatives of detainees, who experience a particular kind of imprisonment. This experience is a social punishment, made up of the four main ordeals analyzed in this article. It is a situation in which the relatives of detainees, usually women, who decide to maintain a link with those in prison undertake the important work of caring. After looking at the various kinds of support offered by relatives, we see that the larger prison experience appears, paradoxically, to be a social situation that continues to assign women a traditional and largely invisible position while also offering them the opportunity to influence both the individual in prison and the conditions of their relationship.
ES:
La experiencia carcelaria extendida traduce el control ejercido por las instituciones carcelarias sobre personas que no son reclusas, como el entorno social de los detenidos, y que van a vivir la cárcel, de forma particular, por fuera de los muros. La experiencia carcelaria extendida es una pena social que se compone de cuatro privaciones principales que este texto propone analizar. Es también una situación en la que los familiares que deciden mantener el vínculo con el detenido, esencialmente mujeres, realizan un trabajo importante de cuidado hacia ellos. Después de haber presentado los diferentes apoyos que pretenden realizar los familiares, veremos en qué medida la experiencia carcelaria extendida aparece paradójicamente como una situación social que mantiene la asignación de las mujeres en una postura tradicional y largamente invisible, ofreciéndoles, así mismo, una oportunidad de tomar las riendas del detenido y de las condiciones de su relación.
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L’expérience de l’enfermement chez les proches de détenus : une approche de l’extension des logiques carcérales
Vanina Ferreccio,
pp. 37–56
AbstractFR:
Cet article porte sur une population croissante et peu explorée dans le paysage argentin : les proches des personnes détenues. À partir d’un travail ethnographique auquel participèrent des personnes détenues et des proches de ces dernières dans des prisons pour hommes et femmes de la province de Santa Fe, en Argentine, nous présentons les multiples aspects qui caractérisent cette population. Une première partie s’intéresse à l’insistance avec laquelle les proches se définissent comme étant « invisibles », non seulement auprès du gouvernement et de ses politiques de soutien, mais aussi auprès du service d’intervention des établissements de détention. La deuxième partie aborde la difficulté pour les proches de se réunir en associations, à cause, d’une part, de la distinction entre les familles qui collaborent avec l’ordre carcéral et les familles cachivaches et, d’autre part, de la violence en prison, qui constitue, à l’extérieur, un frein aux relations entre les proches. La troisième partie se penche sur un mécanisme de protection que doivent adopter de nombreuses femmes au moment de subir la fouille corporelle, soit le déni (Cohen, 2008). La dernière partie aborde la (nouvelle) centralité de la famille comme facteur de différenciation entre les détenus et, par conséquent, leur redéfinition pénitentiaire. Bref, nous montrons qu’il existe une relation bidirectionnelle qui fait en sorte que les proches sont à la fois partie intégrante de l’ordre carcéral et soumis à la gouvernance des logiques pénitentiaires, même en étant « hors » de la prison.
EN:
This article describes the characteristics of a growing – and paradoxically little explored – population in Argentina – prisoners’ families. This population has many aspects, as we discovered during ethnographic work with family members and detainees in male and female prisons in the province of Santa Fe, Argentina. We first deal with the way in which relatives define themselves as “invisible”, not only in terms of the state and its welfare policies but also in relation to prison services. The second part explores the difficulty of creating associations for families, caused in part by the distinction between families that collaborate or not with the penitentiary system, as well as by prison violence, which affects relationships outside prison. The third part describes the state of denial (Cohen, 2008) adopted by many women as a way to deal with body search. Finally, the last part illuminates the (new) centrality of the family as a category used to differentiate between inmates and, consequently, its redefinition in terms of prisons. In short, we show the existence of a bi-directional relationship that makes the family, while “outside” prison, both an integral part of the prison system and affected by the prison logics.
ES:
Este texto se ocupa de una población creciente y poco explorada en el paisaje argentino : los familiares de personas detenidas. Para esto y en base a un trabajo etnográfico del que participaron familiares y personas detenidas en prisiones masculinas y femeninas de la provincia de Santa Fe, Argentina, se presentan múltiples aspectos que caracterizan a esta población. La primera parte se ocupa de la insistencia con que los familiares se definen como “invisibles” no sólo frente al Estado y sus políticas asistenciales sino también frente al cuerpo tratamental de las prisiones. La segunda parte explora la dificultad para la asociatividad en el universo de familiares, generada, en parte por la diferenciación entre familias colaboradoras con el orden carcelario y familias “cachivaches” y, en parte, por la violencia intra-carcelaria que opera, en el exterior, como bloqueador de las relaciones entre los familiares. La tercera parte describe el estado de negación (Cohen, 2008) adoptado por muchas mujeres, como mecanismo necesario para afrontar el registro corporal. Finalmente, la última parte ilumina la (nueva ?) centralidad de la familia como categoría de diferenciación entre los reclusos y, en consecuencia, su redefinición penitenciaria. En síntesis, se muestra la existencia de una relación bi-direccional que vuelve a los familiares partícipes indiscutibles del orden carcelario y, a su vez, los somete al gobierno de las lógicas carcelarias aun estando “afuera” de la prisión.
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« Faire son temps » et « attendre » : temporalités carcérales et temps vécu dedans et dehors
Gwenola Ricordeau
pp. 57–72
AbstractFR:
Basé sur une recherche de terrain menée en France auprès de personnes détenues et de proches de prisonniers, cet article interroge les diverses manières dont le temps est vécu dedans et dehors au cours des différentes phases de l’incarcération et comment celles-ci sont mises en présence d’autres rythmes sociaux, en particulier l’injonction qui est faite aux prisonniers de « donner du sens à leur peine » (ou « faire son temps »), alors que les proches sont assignés à une position d’attente. L’auteure décrit d’abord les différentes expériences du temps (dedans et dehors), qui varient selon la durée de la peine et le temps déjà effectué. L’auteure décrit ensuite diverses formes de discordance entre le temps vécu dedans et dehors et la manière dont elles se traduisent dans les relations et solidarités familiales. Enfin, l’auteure analyse comment les prisonniers, les anciens prisonniers et leurs proches rationalisent un temps initialement pensé comme « perdu » et comment leurs stratégies sont influencées par la longueur de la peine et le type de prison où la peine a été effectuée.
EN:
This article draws on interview-based research among relatives of prisoners and inmates in France. It explores the different ways in which time is experienced inside and outside prison during different phases of incarceration and discusses how this experience relates to other social rhythms, particularly the way in which inmates are encouraged to “make sense” of their sentence or “do their time”, while relatives of prisoners are expected only to wait. I look at the different ways time is experienced (inside and outside prison), which vary depending upon sentence length and time already served. I then describe various forms of incompatibility between time as experienced inside and outside prison and discuss how this affects family relationships. Finally, I analyze how inmates, ex-inmates, and their relatives develop rationalizations to deal with a period of time initially seen as wasted and how these strategies are influenced by sentence length and type of prison.
ES:
Basado en una investigación de campo realizada en Francia con personas detenidas y con familiares de prisioneros, este artículo aborda las diversas formas en las que la pena es vivida, adentro y afuera, durante las diferentes fases del encarcelamiento y cómo estas se confrontan con otros ritmos sociales, en particular con el mandato dirigido a los prisioneros de “darle un sentido a su pena” (o “cumplir su condena”), mientras que los familiares son asignados en una posición de espera. En primer lugar, la autora describe las diferentes experiencias del tiempo de la pena (adentro y afuera) que varían según la duración de la pena y el tiempo ya pagado. Describe después diversas formas de discordancia entre el tiempo vivido adentro y afuera y la manera en la que se traducen en las relaciones y en las solidaridades familiares. Finalmente, la autora analiza de qué manera los prisioneros, los ex prisioneros y sus familiares racionalizan un tiempo inicialmente pensado como “perdido” y cómo sus estrategias están influenciadas por la duración de la pena y por el tipo de cárcel en la que se paga la pena.
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L’ambivalence de l’entourage des personnes délinquantes
Dominique Laferrière
pp. 73–96
AbstractFR:
En criminologie, plusieurs théories avancent que les membres de l’entourage des personnes délinquantes ont le pouvoir d’influencer leur conduite. À ce jour, peu de travaux intègrent toutefois la réalité de ces individus, l’explorant plutôt à partir du point de vue de l’auteur des actions délictuelles. La présente étude propose qu’une compréhension approfondie de ces mécanismes d’influence sociale nécessite une considération sérieuse de cette expérience, notamment de la manière dont l’entourage est affecté par la délinquance d’un être cher. L’analyse thématique d’entretiens semi-directifs menés auprès de 18 de ces proches montre que leur expérience est empreinte d’ambivalence. D’un côté, c’est un fort attachement relationnel à l’auteur des actes délictueux qui est décrit, de l’autre, une opposition morale à sa conduite. Afin de réduire les effets désagréables associés à l’ambivalence, diverses stratégies narratives sont mises en place. Ces dernières permettent non seulement le maintien de la relation, mais favorisent aussi l’entrée dans une zone de tolérance devant la délinquance de la personne aimée. Les retombées possibles de cette tolérance pour les théories criminologiques de l’influence sociale sont discutées à la lumière de ces résultats.
EN:
Several criminological theories propose that the relatives of people who offend have the power to influence the conduct of the offender. However, few studies have thus far integrated the reality of these relatives, tending instead to consider it from the standpoint of offenders. The present study argues that a thorough understanding of the mechanisms of social influence requires considering the experiences of the relatives, particularly the effect of the criminal behaviour of someone close to them. The thematic analysis of semi-directed interviews conducted with 18 relatives of offenders showed that they are ambivalent about their experience. They describe both a strong relational bond with the person who has offended and strong moral opposition to their illegal actions. They use various narrative strategies to reduce the uncomfortable tension created by this ambivalence. These strategies not only make it possible to maintain the relationship with the offender but also encourage tolerance of their offending. The potential implications of these findings for criminological theories of social influence are discussed.
ES:
Varias teorías en criminología proponen que los miembros del entorno social de los delincuentes tienen el poder de influenciar su conducta. Hasta el día de hoy, pocos trabajos integran la realidad de estos individuos, explorándolo más bien a partir del punto de vista del autor de las acciones delictivas. El presente estudio propone que una comprensión en profundidad de estos mecanismos de influencia social necesita una consideración seria de esta experiencia, sobre todo en lo que tiene que ver con la forma en la que el entorno es afectado por la delincuencia de un ser querido. El análisis temático de entrevistas semi-directivas con 18 de estos familiares muestra que su experiencia es ambivalente. Por un lado, un fuerte apego relacional hacia el autor de los actos delictivos es descrito. Por el otro, se presenta una oposición moral hacia su conducta. Con el fin de reducir los efectos desagradables asociados a esta ambivalencia, diversas estrategias narrativas son puestas en práctica que permiten no sólo el mantenimiento de la relación, sino que también favorecen la entrada en una zona de tolerancia frente a la delincuencia de una persona amada. Las implicaciones posibles de esta tolerancia para las teorías criminológicas de la influencia social son discutidas a la luz de estos resultados.
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Les enfants de parents incarcérés aux États-Unis : une analyse qualitative
Megan Sullivan
pp. 97–117
AbstractFR:
Aux États-Unis, l’importante hausse du taux d’incarcération, le nombre imposant d’individus condamnés pour des infractions liées aux drogues et la multiplication de sentences de longue durée signifient que plus de la moitié des prisonniers sont des parents. Des recherches se sont penchées sur les conséquences de l’incarcération d’un parent sur les enfants, mais la plupart ont abordé le moment de l’incarcération et non l’expérience de ces enfants au cours de leur vie. La présente étude, une analyse qualitative se fondant sur des données empiriques et adoptant une approche développementale, examine les expériences de 35 adultes qui révèlent en quoi l’incarcération de leurs parents les a affectés. L’étude se concentre sur trois éléments. D’abord, sur le fait que les conséquences de l’incarcération d’un parent ne sont pas les mêmes pour tous les enfants et varient en fonction de la période à laquelle le parent a été incarcéré. Ensuite, le genre (l’identité sexuelle) du parent incarcéré et les répercussions économiques de l’incarcération sont des variables importantes à considérer. Enfin, la période de réinsertion sociale est plus complexe qu’on ne le reconnaît généralement.
EN:
In the United States, a rapid rise in the incarceration rate, the large number of people convicted for drug-related offenses, and an increasing number of longer sentences means that more than one-half of prisoners are parents. While there has been research on the impact of parental incarceration on children, most of this research examines the period of the parent’s incarceration and does not address how children experience parental incarceration across the course of their lives. This study, a qualitative analysis based on empirical evidence and informed by a developmental framework, examines the written narratives of 35 adults who reflect on how their parent’s incarceration affected them. The study focuses on three findings. First, the impact of parental incarceration is not the same for all children and varies according to the particular historical period when the parent is incarcerated. Second, the gender of the incarcerated parent and the economic impact of incarceration on the family are important variables. Third, the re-entry period is more complicated than is often acknowledged.
ES:
En los Estados Unidos, la rápida subida de la tasa de encarcelamiento, el número imponente de individuos condenados por infracciones ligadas a las drogas y la multiplicación de sentencias de larga duración significan que más de la mitad de los prisioneros son padres. Investigaciones han sido efectuadas sobre las consecuencias del encarcelamiento de un padre para sus hijos, pero la mayoría de ellas se centran en el momento mismo del encarcelamiento y no en la experiencia de estos hijos a lo largo de sus vidas. Este estudio, un análisis cualitativo basándose en datos empíricos y con un enfoque centrado en el desarrollo, examina las experiencias de 35 adultos que expresan la forma en la que el encarcelamiento de sus padres los ha afectado. El estudio se centra en tres elementos. Primero, en el hecho de que el impacto del encarcelamiento de un padre no es el mismo para todos los hijos y cambia en función del período histórico en el que los padres son encarcelados. Luego, el género (la identidad sexual) del padre encarcelado y las consecuencias económicas del encarcelamiento son también variables importantes. Finalmente, el período de la reinserción social es más complejo de lo que se reconoce generalmente.
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Quelle place pour l’autre parent d’un enfant en prison ? Une étude en droit comparé entre la France et l’Angleterre
Ariane Amado
pp. 119–134
AbstractFR:
En France, en Angleterre et au pays de Galles, les enfants peuvent séjourner auprès de leur mère détenue en prison jusqu’à leurs 18 mois. L’étude des liens familiaux de l’enfant qui séjourne auprès de sa mère en prison inverse la problématique : l’enfant non juridiquement détenu est celui qui vit dans un établissement pénitentiaire auprès de sa mère. Le parent incarcéré constitue, dans cette situation, la personne qui maintient au quotidien des relations affectives avec l’enfant. L’autre parent peut-il, dans ce cadre, exercer ses droits civils et maintenir un lien avec l’enfant résidant en prison ? Les droits français et anglais parviennent-ils à dépasser une conception genrée et hétéronormée de la famille en prison, selon laquelle seule une femme détenue peut garder son enfant auprès d’elle et seul un homme n’est envisagé comme deuxième parent ?
EN:
In France, England, and Wales, children of a detained mother can live with her in prison until they are eighteen months old. In this context, the parent in prison is, contrary to the usual situation, the person who maintains daily affective relations with the child. Can non-imprisoned parents exercise their civil rights and maintain a link with children in custody ? Can French and English law overcome their heteronormative and gendered conception of the family in prison, in which only a female detainee is authorised to keep her child with her ?
ES:
En Francia, en Inglaterra y en Gales, los niños pueden vivir con su madre detenida en la cárcel hasta los 18 meses. Estudiar los vínculos familiares del niño que vive con su madre en la cárcel invierte la problemática : el niño detenido no jurídicamente es aquel que vive en un establecimiento penitenciario con su madre. El padre encarcelado es, en esta situación, la persona que mantiene relaciones afectivas con el niño en la vida cotidiana. ¿Puede, en este marco, el otro padre ejercer sus derechos civiles y mantener un vínculo con el niño que reside en la cárcel ? ¿Logran el derecho francés e inglés ir más allá de una concepción de género y hetero-normativa de la familia en la cárcel, según la cual sólo una mujer detenida puede guardar a su hijo con ella, y sólo un hombre es considerado como el segundo padre ?
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Le « rôle » de mères de détenus : une maternité confrontée aux contraintes carcérales et aux attaques sociales
Sandra Lehalle, and Mélissa Beaulieu
pp. 135–156
AbstractFR:
Les recherches existantes sur les proches de personnes incarcérées abordent parfois le vécu des mères, mais elles s’intéressent très rarement à la spécificité du rôle maternel dans le contexte particulier de l’incarcération d’un enfant adulte. Sur la base d’une recherche empirique réalisée en 2017 au Canada, cet article propose une réflexion sur les représentations et les pratiques de la maternité envers un enfant adulte incarcéré. Nos résultats nous permettent d’explorer ce rôle nouveau auquel sont confrontées les mères qui découvrent et subissent les contraintes matérielles et institutionnelles que l’incarcération impose à leur maternité et comment elles s’y adaptent. Leurs expériences au sein et en dehors des murs de l’établissement carcéral se révèlent être marquées par des jugements sévères envers leur maternité passée et présente, qui postulent un lien de causalité entre la détention de leur enfant et leur déficit maternel. Nous relevons diverses stratégies pour faire face à ces nouvelles contraintes et à ce blâme qui leur est attribué par autrui et parfois par elles-mêmes.
EN:
Existing research on the relatives of prisoners sometimes addresses the experiences of mothers, but rarely focuses specifically on the maternal role in the context of the incarceration of a child who has reached adulthood. This article, based on empirical research conducted in 2017 in Canada, explores the representations and practices of maternity towards an incarcerated adult child as new roles are explored and they discover, undergo, and adapt to the material and institutional constraints imposed by the incarceration of their adult child. Their experiences within and outside prison walls are marked by harsh judgments about their past and present mothering that often postulate a causal link between their child’s detention and a deficit in their mothering. We identify various strategies that can be used to cope with both these new constraints and the blame attributed to them by others and sometimes by themselves.
ES:
Las investigaciones existentes sobre los familiares de las personas encarceladas a veces abordan las experiencias de las madres, pero estas se interesan muy poco por la especificidad del rol maternal en el contexto particular del encarcelamiento de un hijo adulto. Basándonos en una investigación empírica realizada en Canadá en el 2017, este artículo propone una reflexión sobre las representaciones y las prácticas de la maternidad hacia un hijo adulto encarcelado. Los resultados nos permiten explorar este nuevo rol al cual están confrontadas las madres que descubren y padecen las restricciones materiales e institucionales que el encarcelamiento le impone a la maternidad, y cómo ellas se adaptan. Se revela que sus experiencias en el seno y por fuera de los muros de la institución carcelaria están marcadas por juicios severos hacia su maternidad pasada y presente que postulan una relación causal entre la detención de su hijo y su déficit maternal. Relevamos diversas estrategias para enfrentar estas nuevas restricciones y esta culpabilidad que les es atribuida por los otros, y a veces por sí mismas.
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« La seule constance… c’est l’inconstance » : les répercussions des faux positifs des scanneurs à ions sur les familles des détenus canadiens
Kaitlin MacKenzie
pp. 157–176
AbstractFR:
La présente étude se penche sur l’expérience d’individus qui visitent leurs proches dans les pénitenciers fédéraux au Canada, notamment sur les répercussions de l’utilisation d’un appareil de détection de drogues, le scanneur à ions, qui sert d’étape de contrôle des visiteurs des détenus. À partir de données tirées de huit entretiens non dirigés avec des personnes ayant connu des faux positifs sur le scanneur à ions lors de visites en prison, j’étudie les conséquences négatives de ce type de résultats, qui peuvent être assez fréquents, sur la vie des détenus et de leur famille. Même s’ils sont présentés comme des instruments objectifs et non biaisés, la manière dont les scanneurs à ions sont utilisés est empreinte de jugements moraux envers les individus qui visitent leurs proches détenus. J’aborde deux thèmes tirés de l’analyse : l’interaction entre le personnel carcéral et les familles des prisonniers ainsi que l’irrégularité et l’imprévisibilité des scanneurs à ions. L’analyse montre qu’il s’agit d’une technologie à risque d’erreurs qui participe à la stigmatisation – et même à la punition – des familles des détenus. En m’appuyant sur la littérature portant sur les conséquences collatérales de l’incarcération et sur les technologies du risque et de surveillance, je réfléchis à la manière dont les scanneurs à ions participent à l’extension des souffrances de l’incarcération aux visites en prison.
EN:
This paper explores the experiences of individuals who visit their loved ones in Canadian federal prisons, with a specific focus on the impact of a drug-detection technology called ion scanning, used to screen visitors for drugs. Drawing on data from eight open-ended interviews with individuals who have experienced false positive indications on the ion scanner while attempting to visit loved ones behind bars, I explore the negative impacts of frequent false positives on the lives of prisoners and their families. Although the scanner is presented as objective and bias-free technology, the way it is used is shaped by hidden moral judgments. I focus on two themes that emerged from this study : the kind of interactions that take place between families and prison staff, and the inconsistency and unpredictability of the ion scanner machine. My analysis reveals that the ion scanner is a faulty technology that further stigmatizes, and in effect punishes, the families of prisoners. Looking at the literature on the collateral consequences of incarceration and on risk and surveillance technologies, I reflect on how the ion scanner contributes to extending the pains of incarceration to prison visitation.
ES:
Este estudio trata de la experiencia de personas que visitan a sus familiares en las cárceles federales en Canadá, particularmente de las consecuencias de un aparato de detección de drogas, el escáner de ión, que sirve como etapa de control de los visitantes de los detenidos. A partir de datos recogidos mediante ocho entrevistas no directivas con personas que vivieron una experiencia de falso positivo con el escáner de ión durante visitas en la cárcel, estudio las consecuencias negativas de este tipo de resultado, frecuente en la vida de los detenidos y de sus familias. En efecto, a pesar de ser presentados como instrumentos objetivos y no distorsionados, la forma en la que los escáneres de ión son utilizados está impregnada de juicios morales hacia los individuos que visitan a sus familiares detenidos. Dos temas han surgido : la interacción entre el personal carcelario y las familias de los prisioneros, así como la irregularidad y la imprevisibilidad de los escáneres de ión. Mi análisis muestra que estos últimos son una tecnología en riesgo de cometer errores y que participa en la estigmatización – hasta el castigo – de las familias de los detenidos. A partir de artículos sobre las consecuencias colaterales del encarcelamiento y las tecnologías del riesgo y de la vigilancia, yo desarrollo una reflexión sobre la forma en la que los escáneres de ión participan en el carácter doloroso del encarcelamiento, y hasta lo extiende a las visitas en la cárcel.
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La curieuse invisibilité des enfants de détenus dans la politique canadienne de justice pénale
Else Marie Knudsen,
pp. 177–202
AbstractFR:
Les enfants de détenus font face à divers problèmes, mais au Canada, on n’en sait que très peu sur cette population et l’on ne répond donc que piètrement à leurs besoins. Compte tenu du manque de données sur le sujet, de l’absence de services cohérents et généralisés offerts à cette population et de la non-reconnaissance de cette dernière par les politiques en justice criminelle, ces enfants sont essentiellement « invisibles ». À partir d’une étude qualitative récente sur l’incarcération de parents au Canada, j’explorerai la question pour montrer que l’expérience et les besoins de ces enfants sont en danger de rester invisibles. La persistance de leur invisibilité permettrait en fait au système carcéral de rester déresponsabilisé face aux familles des détenus, et servirait l’idéologie, au sein du système de justice criminelle, qui peint les détenus sous une lumière punitive et pathologisante.
EN:
Children of prisoners face a variety of risks. In Canada, little is known about this population and their needs are poorly met. Lack of information and the failure of criminal justice policy to provide any consistent or comprehensive service or recognition renders these children ‘invisible’. Drawing on a recent qualitative study of parental incarceration in Canada, I analyse this issue and show that the experiences and needs of children are particularly vulnerable to invisibility. This invisibility, it is argued, allows prison systems to avoid accepting any responsibility for prisoners’ families, thus serving the ideology at the heart of the criminal justice system that sees prisoners in a punitive and pathologizing light.
ES:
Los hijos de los detenidos están confrontados a diversos problemas, pero en Canadá, se sabe muy poco acerca de esta población y sus necesidades no están atendidas, sino de forma mediocre. Entre la falta de datos sobre el tema y la ausencia de servicios coherentes y generalizados que son ofrecidos a este grupo, así como la ausencia de su reconocimiento por las políticas de justicia penal, estos hijos son esencialmente “invisibles”. A partir de un estudio cualitativo reciente sobre el encarcelamiento de padres en Canadá, analizaré esta cuestión con el fin de mostrar que la experiencia y las necesidades de estos niños son susceptibles de permanecer invisibles. Su invisibilidad persistente le permitiría al sistema carcelario quedarse sin hacerse responsable hacia las familias de los detenidos, y serviría de ideología, en el seno del sistema de justicia criminal, que percibe a los detenidos bajo una luz punitiva y “patologizante”.
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Les effets de la peine sur les proches des contrevenants : difficultés et discussion quant à leur problématisation lors de la détermination de la peine
Sophie de Saussure,
pp. 203–224
AbstractFR:
Cet article s’intéresse à la problématisation des effets de la peine sur les proches des personnes contrevenantes dans le contexte de la détermination de la peine. Pour observer cet objet, nous aborderons la manière dont le droit criminel moderne organise l’absence des proches des contrevenants, et réfléchirons aux rationalités oeuvrant en coulisse pour construire et sédimenter cette absence. Nous verrons aussi comment s’organisent, en filigrane, des espaces de reconnaissance des effets de la peine sur les proches des contrevenants, et observerons les émergences qui viennent irriter les rationalités disqualifiantes pour ces personnes, rationalités qui dominent encore la pensée et les pratiques en matière pénale. Enfin, nous proposerons une réflexion sur la manière dont le dévoilement des absences et des émergences pourrait contribuer à enrichir et modifier ces rationalités, dans la perspective de construction d’un droit criminel inclusif.
EN:
This paper looks at the problematization of the effects of punishment on offender’s relatives, specifically at the sentencing stage. To do this, we discuss the way modern criminal law organizes the absence of offenders’ relatives and the reasoning that contributes to creating and solidifying this absence. We also look at how, in the background, some acknowledgment of the effects of absence takes place and affects the reasoning behind maintaining absence, reasoning that still dominates thought and practice in penal matters. Finally, we show that exposing the effect of absence and recognizing the possibility of overcoming it could contribute to informing and modifying this reasoning, making it possible to build a more inclusive system of criminal law.
ES:
Este artículo se interesa por la problematización de los efectos de la pena sobre los familiares de las personas detenidas en el contexto de la determinación de la pena. Para observar este objeto, trataremos de la forma en la que el derecho penal moderno organiza la ausencia de los familiares de los detenidos y reflexionaremos sobre las racionalidades que trabajan tras bambalinas por la construcción y la sedimentación de esta ausencia. Veremos también cómo se organizan, en filigrana, los espacios de reconocimiento de los efectos de la pena sobre los familiares de los detenidos, y observaremos las emergencias que vienen a irritar a las racionalidades descalificantes hacia los familiares, racionalidades que dominan todavía el pensamiento y las prácticas en materia penal. Finalmente, propondremos una reflexión acerca de la manera en la que la confesión de las ausencias y de las emergencias, podría contribuir a enriquecer y a modificar estas racionalidades, dentro de la perspectiva de construcción de un derecho penal inclusivo.
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Déconstruire la stigmatisation des familles dans le discours sur les familles affectées par l’incarcération
Stacey Hannem
pp. 225–245
AbstractFR:
La présente étude se penche sur les tentatives récentes des chercheurs et des activistes pour comprendre les conséquences collatérales du système de justice pénale pour les familles des détenus et pour remettre en question la légitimité de tels dommages collatéraux dans la « guerre contre le crime ». Ceux qui cherchent à montrer que les familles des détenus sont des victimes du système font souvent face à des préjugés stigmatisants : les discours sociaux et politiques qui identifient ces familles comme étant marginalisées créent aussi des obstacles à la remise en cause des politiques qui ont des effets négatifs sur ces familles. Généralement, le discours des chercheurs et des défenseurs de cette cause qui tentent d’attirer l’attention sur les problèmes auxquels font face ces familles insiste sur l’innocence et montre du doigt le rôle des familles dans la réduction du crime. Chercheurs et défenseurs soutiennent ainsi que les services aux familles et aux enfants réduisent les risques de récidive et de crimes « intergénérationnels ». J’examinerai ici les dilemmes dans la conduite de telles analyses coût-bénéfice et dans la rhétorique néolibérale de la réduction du risque en vue de remettre en question les politiques qui affectent les familles. Je défendrai que la remise en cause de la stigmatisation et des changements dans les discours sur les conséquences collatérales doit passer par l’inclusion et les droits de la personne plutôt que par le discours de l’exclusion employé par les idéologies dominantes sur la réduction du crime.
EN:
This paper examines recent attempts by academics and activists to shed light on the collateral consequences the criminal justice system has on families of offenders and to challenge the legitimacy of seeing these collateral damages as part of the “war on crime”. In attempting to position families of offenders as victims of the system, advocates often encounter stigmatizing assumptions, while social and political discourses that identify these families as marginal create barriers to challenging policies that have detrimental effects on families. Commonly, academics and claims-makers who attempt to draw attention to the issues facing families use a rhetoric that emphasises innocence and points to the role families can play in crime reduction–justifying services for families and children as helpful in reducing recidivism and decreasing the likelihood of intergenerational crime. I examine the dilemmas caused by engaging in cost-benefit analyses and employing a neo-liberal rhetoric of risk reduction to challenge policies that harm families. I argue that challenging stigma and shifting conversations about collateral consequences requires a discourse of inclusivity and human rights rather than the exclusionary language found in dominant crime-reduction ideologies.
ES:
El presente estudio trata de los últimos intentos de los investigadores y de los activistas por aclarar las consecuencias colaterales del sistema de justicia penal sobre las familias de los detenidos y por cuestionar la legitimidad de tales daños colaterales en la “guerra contra el crimen”. Los que buscan mostrar que las familias de los detenidos son víctimas del sistema se enfrentan frecuentemente a prejuicios estigmatizantes : los discursos sociales y políticos que identifican a estas familias como estando marginalizadas crean también obstáculos al cuestionamiento de las políticas que tienen efectos negativos sobre estas familias. Generalmente, los investigadores y los defensores de esta causa, quienes tratan de llamar la atención sobre los problemas enfrentados por estas familias, tienen un discurso que insiste sobre la inocencia y señala el rol de las familias en la reducción del crimen. Ellos sostienen así que los servicios a las familias y a los hijos reducen los riesgos de reincidencia y de crímenes “intergeneracionales”. Examinaré los dilemas en la conducta de aquellos, de los análisis de tipo costo-beneficio, y en la retórica de reducción del riesgo, para cuestionar las políticas que afectan a las familias. Defenderé la idea según la cual el cuestionamiento de la estigmatización y de los cambios en los discursos sobre las consecuencias colaterales debe pasar por la inclusión y los derechos de la persona antes que por el lenguaje de exclusión empleado por las ideologías dominantes sobre la reducción del crimen.
Hors thème
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La densité des seringues à la traîne à Montréal : l’influence des caractéristiques de l’environnement urbain
Élaine Lesage-Mann, and Philippe Apparicio
pp. 247–276
AbstractFR:
Depuis les années 1980, plusieurs études ont été menées sur les seringues à la traîne avec deux objectifs principaux : évaluer les différents programmes de gestion des seringues ou déterminer les conditions favorisant leur utilisation par les consommateurs de drogue par injection. De plus, la grande majorité de ces études sont qualitatives et n’abordent pas la distribution spatiale des seringues à la traîne. Pourtant, une meilleure compréhension de la géographie des seringues à la traîne est fort pertinente afin d’optimiser certains programmes, comme la localisation des boîtes de dépôt public. Cet article repose sur l’analyse de 13 560 seringues à la traîne collectées de 2009 à 2014 dans le quartier montréalais Centre-Sud. Plusieurs modèles de régression Tobit ont été réalisés avec comme variable dépendante la densité des seringues à la traîne dans un rayon de 100 mètres et comme variables indépendantes des indicateurs relatifs à l’environnement urbain, tels que la proximité des programmes collectant de seringues, des postes de police ou des stations de métro, ainsi que le type de rue ou la présence de parcs. Les résultats montrent que les variables les plus significatives sont les ruelles ainsi que la proximité des boîtes de dépôt public.
EN:
The many studies of discarded needles that have been conducted since the 1980s have usually been conducted either to evaluate discarded needle collection programs or to identify the reasons why such programs are used by injection drug users. Most of these studies have been qualitative and do not address the spatial distribution of discarded needles within urban public space. However, a better understanding of the geography of discarded needles is highly relevant to optimizing some parts of such programs, such as where drop boxes should be located. This article is based on an analysis of the geographic position of 13,560 discarded needles collected between 2009 and 2014 in the Centre-Sud neighbourhood of Montreal. Several Tobit regressions were done using the density of discarded needles within a radius of 100 metres as the dependent variable and indicators of the urban environment, such as proximity of needle-collecting programs, police stations, subway stations and the type of streets or the presence of parks, as the independent variables. The strongest explanatory variables for the study period were the presence of alleys and drop boxes.
ES:
Desde los años 1980, varios estudios han sido conducidos sobre las jeringuillas desechadas, teniendo dos objetivos principales : evaluar los diferentes programas de gestión de las jeringuillas o identificar las condiciones que favorecen su utilización por los consumidores de drogas por inyección. Además, la gran mayoría de estos estudios son cualitativos y no abordan la distribución espacial de las jeringuillas desechadas. Sin embargo, una mejor comprensión de la geografía de las jeringuillas desechadas es muy pertinente con el fin de optimizar algunos programas, así como la localización de las cajas de depósito público. Este artículo se basa en el análisis de 13 560 jeringuillas desechadas, recogidas entre el 2009 y 2014 en el barrio de Montreal Centro-Sur. Algunos modelos de regresión Tobit fueron realizados, teniendo como variable dependiente la densidad de las jeringuillas desechadas en un rayo de 100 metros, y como variables independientes indicadores relativos al ambiente urbano, tales como la proximidad de los programas que recogen jeringuillas, de los puestos de policía o de las estaciones de metro, así como el tipo de calle o la presencia de parques. Los resultados muestran que las variables más significativas son los callejones y la proximidad de las cajas de depósito públicas.
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Perceptions des participantes sur les effets d’un programme pour les femmes exerçant de la violence
Valérie Roy, Dominique Damant, Olivia Vu and Marianne Chbat
pp. 277–299
AbstractFR:
Cet article présente des résultats d’une recherche-action participative évaluant les effets d’un programme d’intervention destiné aux femmes exerçant de la violence. Le programme, développé par une équipe d’actrices des milieux communautaire et universitaire, comporte trois volets, soit la violence, la socialisation et les conditions de vie. L’article rapporte des résultats issus d’entrevues réalisées auprès de 30 participantes avant et après le programme, en lien avec le module violence, dont les objectifs sont (1) de comprendre la violence, (2) de trouver des solutions alternatives à la violence et (3) d’assurer la sécurité des femmes. La majorité des femmes ont acquis une meilleure compréhension de la violence et ont commencé à adopter des comportements autres que la violence. Les résultats et certaines limites observées sont discutés à la lumière de l’état des connaissances sur les programmes offerts aux femmes qui exercent de la violence.
EN:
This article presents the results of participatory action research on the effects of a program developed in Quebec specifically for women who use violence. The program, developed by a team of researchers from women’s organizations and universities, has three main themes : 1) violence, 2) gender role socialization, and 3) living conditions. This article, based on interviews conducted with 30 women at the beginning and end of the program, focuses on results related to the violence theme and its specific goals, which were to understand violence, to develop alternatives to violence, and to ensure the safety of women. The program helped most women gain a better understanding of violence and start to adopt other behaviours. The results and some limits are discussed in light of our level of understanding of the effectiveness of programs for women who use violence.
ES:
Este artículo presenta los resultados de una investigación-acción participativa que analizó los efectos de un programa de intervención destinado a las mujeres que hacen uso de violencia. El programa, desarrollado por un equipo de actrices de los medios comunitarios y universitarios, evaluó tres áreas : la violencia, la socialización y las condiciones de vida. El artículo reporta los resultados derivados de entrevistas realizadas a 30 participantes antes y después del programa en relación al módulo “violencia” cuyos objetivos son : 1) entender la violencia, 2) encontrar soluciones alternativas a la violencia y 3) asegurar la seguridad de las mujeres. La mayoría de las mujeres adquirieron una mejor comprensión de la violencia y empezaron a adoptar comportamientos alternativos a la violencia. Los resultados y algunos límites observados son discutidos a la luz del estado del conocimiento sobre los programas ofrecidos a las mujeres que hacen uso de violencia.
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Au-delà de la séparation : perceptions de mères incarcérées sur leurs relations avec leurs enfants depuis la détention
Amélie Couvrette and Chantal Plourde
pp. 301–323
AbstractFR:
Cette recherche qualitative exploratoire s’intéresse aux perceptions de mères détenues quant aux effets de leur incarcération sur leurs relations avec leurs enfants. L’étude documente également les conséquences qu’elles perçoivent à la suite de cette incarcération ainsi que les réactions de leurs enfants. Quinze mères incarcérées dans un établissement de détention ont été rencontrées. L’analyse montre qu’un ensemble de conditions, l’instabilité et la violence conjugale, la consommation de substances psychoactives et les restrictions quant à la garde des enfants étaient présentes avant l’incarcération et que celles-ci affectaient la relation entre la mère et ses enfants. Mais pour les mères rencontrées, l’incarcération s’impose comme un élément supplémentaire complexifiant une relation déjà tendue entre la mère et ses enfants. Les réactions des enfants à la nouvelle détention et les conséquences de celle-ci dans leur relation avec leur mère ont été largement décrites. Alors qu’elles blâment leurs propres mères pour leurs choix déviants et qu’elles reconnaissent avoir placé leurs enfants à risque, elles se placent comme élément de solution aux problèmes de délinquance et de consommation que leurs enfants pourraient développer. Pour elles, elles arriveront à briser ce cycle.
EN:
This exploratory qualitative research, based on interviews with 15 incarcerated mothers, deals with incarcerated mothers’ perceptions of the effect of their detention on the mother-child relationship. It also documents the perceived consequences of the incarceration and the children’s reaction to their mother’s detention. Analysis showed that a number of conditions – particularly instability and domestic violence, substance use, and restrictions regarding children’s custody – were often present before the incarceration and already influencing the relationship between mother and child. But for those we interviewed, incarceration was an additional element that complicated an already difficult relationship between mother and child. Those interviewed provided thorough descriptions of children’s reactions to their mother’s incarceration and its consequences. Interviewees blamed their mothers for their own deviant choices but, while recognizing that they had placed their children at risk, also saw themselves as being part of the solution for the delinquency and substance-use problems their children might develop. They felt they would be able to break the cycle.
ES:
Esta investigación cualitativa exploratoria examina las percepciones de madres detenidas en cuanto a los efectos de su encarcelamiento sobre sus relaciones con sus hijos. El estudio documenta también las consecuencias percibidas por ellas después del encarcelamiento así como las reacciones de sus hijos. Quince madres encarceladas en un establecimiento de detención fueron entrevistadas. El análisis muestra que un conjunto de condiciones, la inestabilidad y la violencia conyugal, el consumo de substancias psicoactivas y las restricciones en cuanto a la custodia de los niños, existían antes del encarcelamiento, y que estas afectaban la relación entre la madre y sus hijos. Sin embargo, de acuerdo con las madres entrevistadas, el encarcelamiento se impone como un elemento suplementario que complejiza una relación que ya era tensa entre la madre y sus hijos. Las reacciones de los hijos hacia la nueva detención y las consecuencias de esta en su relación con su madre fueron ampliamente descritas. Mientras que ellas culpabilizan a sus propias madres por sus decisiones desviadas, y reconocen haber puesto a sus hijos en riesgo, al mismo tiempo se posicionan como un elemento de solución a los problemas de delincuencia y de consumo que sus hijos podrían desarrollar. Según ellas, ellas lograrán romper este ciclo.
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Traits de personnalité chez les jeunes contrevenants : étude comparative entre les jeunes contrevenants associés ou non aux gangs de rue
Fanny Guérin-Lazure, Catherine Laurier and Sophie Couture
pp. 325–347
AbstractFR:
Dans les dernières années, les gangs de rue ont attiré l’attention du public, des autorités et des chercheurs en raison de la productivité criminelle et de la violence de ses membres. Il est bien établi dans la littérature que les jeunes contrevenants associés aux gangs de rue présentent une délinquance plus prolifique et sérieuse que les jeunes contrevenants non associés ; toutefois, ce qui les distingue sur le plan individuel est encore très peu étudié. Pourtant, en vue d’optimiser les mesures de prévention et d’intervention, une connaissance approfondie des caractéristiques psychologiques de ceux-ci est nécessaire. L’objectif de l’étude est de comparer les jeunes contrevenants associés ou non aux gangs de rue sur la base de leurs traits de personnalité. Deux cent onze jeunes contrevenants (dont soixante-dix-neuf associés aux gangs de rue) recrutés dans des établissements de détention ainsi que dans des centres jeunesse ont rempli plusieurs questionnaires mesurant l’appartenance aux gangs de rue, la délinquance ainsi que les traits de personnalité. Les jeunes contrevenants associés aux gangs de rue se distinguent des jeunes contrevenants non associés par un plus faible niveau d’agréabilité, de confiance, de droiture, d’altruisme, de conformisme, de modestie et de chaleur ainsi que par un plus haut niveau d’hostilité. En plus de corroborer la sévérité des comportements délinquants de ces derniers, l’étude a également permis de relever des différences quant à leurs caractéristiques psychologiques.
EN:
In recent years, the phenomenon of street gangs has attracted the attention of the public, authorities and researchers, due to the criminal productivity and violence of its members. It is well established in the literature that young offenders associated with street gangs have more prolific and serious delinquency than young non-associated offenders, however, their individual differentiation isn’t well known. Yet, in order to optimize prevention and intervention measures, a thorough knowledge of the psychological characteristics of young offenders associated with street gangs is necessary. The objective of this study is to compare young offenders associated or not with street gangs on the basis of their personality traits, an individual characteristic closely related to delinquency. Two hundred eleven young offenders (79 of them associated with street gangs) recruited from different detention centers, as well as from youth centers in Quebec have answered multiple self-reported questionnaires (belonging to street gangs, delinquency and personality traits). Young offenders associated with street gangs are distinguished from non-associated youth offenders by a lower level of agreeableness, trust, straightforwardness, altruism, compliance, modesty and warmth, and a higher level of hostility. Beside corroborating the severity of offender’s delinquent behaviors, the study also found differences in their psychological characteristics.
ES:
En los últimos años, las pandillas callejeras han llamado la atención del público, de las autoridades y de los investigadores por la productividad criminal y la violencia de sus miembros. Está bien establecido en la literatura que los jóvenes infractores asociados a las pandillas presentan una delincuencia más prolífica y seria que los jóvenes infractores no asociados. Sin embargo, lo que los diferencia en el plano individual ha sido poco estudiado todavía. Por lo tanto, con el fin de optimizar las medidas de prevención y de intervención, un conocimiento en profundidad de las características psicológicas de ellos es necesaria. El objetivo del estudio es comparar a los jóvenes delincuentes asociados o no a las pandillas callejeras sobre la base de sus rasgos de personalidad. Doscientos once jóvenes transgresores (de los cuales setenta y nueve están asociados a las pandillas), reclutados en establecimientos de detención y en centros para jóvenes, llenaron varios cuestionarios que medían la pertenencia a las pandillas, la delincuencia, así como los rasgos de personalidad. Los jóvenes infractores asociados a las pandillas callejeras se diferencian de los jóvenes no asociados por un nivel más bajo de afabilidad, de confianza, de justicia, de altruismo, de conformismo, de modestia y de ser calorosos, así como por un nivel más alto de hostilidad. Además de corroborar la severidad de sus conductas delincuentes, el estudio permitió revelar la existencia de diferencias en cuanto a sus características psicológicas.