Abstracts
Résumé
Malgré le développement de l’État et de la statistique administrative au xixe siècle, la France ne dispose pas de registres de population comptabilisant les entrées et les sorties dans ses communes, ce qui complique singulièrement l’étude de la mobilité des populations. À partir d’une source originale, sans lien apparent avec la question des migrations, le registre de mutation par décès qui enregistre la valeur et la composition des patrimoines des défunts, cet article explore une autre voie pour mesurer la migration depuis un espace donné au xixe siècle. Cette source qui indique le lieu de résidence des héritiers au moment du décès du parent permet en effet d’analyser la mobilité géographique d’une génération à l’autre tout en tenant compte d’un certain nombre de paramètres tels que la taille des fratries, le sexe et le niveau de fortune des individus, etc. S’appuyant sur un échantillon rural breton, l’auteur présente la source et ses potentialités, puis met en évidence le développement et la géographie des migrations des enfants de cultivateurs, le rôle de certaines configurations familiales, notamment la taille de la fratrie, pour comprendre l’émigration d’un territoire rural.
Abstract
Despite the development of the state and of administrative statistics in the 19th century, there are no population registers quantifying arrivals and departures in communes in France, which makes studying population mobility especially difficult. This article uses another means of measuring mobility in a particular area in the19th century, working from a primary source which has no apparent connection with the issue of migration : the register of transfers of property on death, which records the value and composition of the estates of deceased persons. This source lists the place of residence of heirs on the death of their relative, and so enables geographical mobility between one generation and the next to be analysed, taking into account a certain number of parameters such as the size of the sibling group, sex and level of wealth of the individuals etc. Based on a rural sample in Brittany, the article presents the source and its potential, shows the development and the geography of the migrations of farmers’ children, and the role of particular family configurations, in particular the size of the sibling group, in understanding emigration from a rural area.
Appendices
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