Notes de lecture

William G. Axinn et Lisa D. Pearce, 2006. Mixed Method Data Collection Strategies. Cambridge, Cambridge University Press, collection « New Perspectives on Anthropological and Social Demography », xiv+230 p.[Record]

  • Thomas Spoorenberg

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  • Thomas Spoorenberg
    Laboratoire de démographie et d’études familiales, Département d’histoire économique et département d’économétrie, Université de Genève, Suisse.

Les recensements, les registres d’état-civil et les enquêtes quantitatives à grande échelle sont les sources classiques des données en démographie. Dans ces systèmes d’informations sociodémographiques, les données sont collectées à travers l’application d’une procédure très structurée. Bien que très utiles, ces méthodes classiques présentent toutefois certaines limites que les démographes ont dépassé en appliquant des approches de collecte alternatives. Parmi celles qui ont élargi la palette des démographes, les approches micro-démographiques – dont John Caldwell fut l’un des plus fameux ambassadeurs – sont certainement les plus connues. Elles font l’objet de nombreux développements ces dernières années. Or, aucun ouvrage n’a été consacré aux « nouvelles » stratégies de collecte de données qui en découlent. C’est ce « vide » que souhaite combler Mixed Method Data Collection Strategies en se concentrant uniquement sur les stratégies de collecte de données. Le terme stratégie renvoie ici à la combinaison de méthodes se complétant; les avantages d’une méthode de collecte comblant les lacunes de l’autre et réciproquement dans un processus séquentiel ou simultané. Ainsi, une stratégie de collecte de données consiste en une association cohérente de diverses méthodes permettant de réaliser ou d’atteindre un objectif précis. Conçu comme un manuel, ce livre insiste donc sur la complémentarité des méthodes de collecte dans le but d’atteindre une meilleure compréhension des causes et conséquences des comportements démographiques. A travers des exemples concrets de stratégies de collecte de données combinant plusieurs méthodes, les auteurs proposent une référence de base pour les chercheurs intéressés par ces méthodes mixtes. Ils présentent également les développements récents de ces stratégies de collecte de données en identifiant les principes communs qui les sous-tendent avec l’objectif de stimuler leurs progrès méthodologiques. Le livre est structuré en deux grandes parties ponctuées par une conclusion générale. La première partie, constituant une bonne introduction sous forme de divers rappels et précisions, comprend les deux premiers chapitres. Ils posent le cadre général des stratégies de collecte de données combinant plusieurs méthodes. Dans un premier chapitre intitulé Motivations for Mixed Methods Social Research, ces méthodes mixtes sont introduites en quatre points : la distinction entre approches qualitatives et quantitatives, l’étude des causes et conséquences en sciences sociales, l’introspection et la participation inhérentes à toute recherche, et finalement les principaux fondements des méthodes mixtes. Chacun de ces points est présenté de façon détaillée et nuancée. On appréciera la justesse des auteurs sur l’opposition entre approches qualitatives et approches quantitatives – structurant et divisant encore très (trop) souvent les sciences sociales –, leur appel à dépasser cette distinction au profit d’un usage conjoint et complémentaire des méthodes de collecte (enquêtes, entretiens moins structurés (less structured interviews), « groupes d’entretien » (focus groups), observation (participante) et méthodes archivistiques ou historiques (historical/archival methods), leur clarification sur l’étude des causes et conséquences dans les sciences sociales – un sujet ayant suscité et suscitant encore souvent la controverse –, ou encore les apports indispensables de l’introspection et de la participation du/des chercheurs à la collecte de données afin d’acquérir une plus large connaissance sur les limites, mais également les points forts des données recueillies renforçant ainsi l’analyse conduite. Finalement, on lira avec intérêt les principes centraux de la combinaison de ces méthodes : équilibre entre méthodes (avantages des méthodes qui se complètent) et documentation/vérification empirique complète (comprehensive empirical documentation) (importance de la redondance des constats tirés de méthodes différentes pour l’analyse des relations causales). Chacun de ces aspects est introduit, expliqué et justifié avec précision et clarté. Constituant un bon rappel de tout processus de recherche, le deuxième chapitre (Fitting Data Collection Methods to …