EN:
That Karlheinz Stockhausen played a crucial role in the musical development of the young Claude Vivier is beyond question. In an autobiographical note written in 1975, Vivier noted: “Born in Montreal in 1948. Born to music with Gilles Tremblay in 1968. Born to composition with Stockhausen in 1972. Indeed, the widespread view is that, during the years he studied formally with Stockhausen at the Hochschule für Musik in Cologne (1972-74), Vivier hero-worshipped the German composer. Widely regarded as one of the leading figures of the international musical avant-garde, Stockhausen had held for two decades a position that, by the time Vivier began formal studies with him, was under assault. The whole system of values for which he stood, musical and otherwise, was being questioned to its foundations, even, in some quarters, reviled and demonised. The relationship between the young Vivier and his distinguished teacher is therefore a complex one. While Vivier evidently fell powerfully under the sway of Stockhausen’s music and ideas and his charismatic and domineering personality, this article explores the effect on him of the changing attitudes toward Stockhausen as the 1970s wore on. This article attempts to paint the complex relationship between the two men, focusing on the years of their closest contact – 1971-1974 – a time when both they and the world around them were undergoing profound transformation.
FR:
Il est indiscutable que Karlheinz Stockhausen ait joué un rôle crucial dans le développement musical du jeune Claude Vivier. Dans une notice biographique que Vivier avait fournie pour accompagner une interprétation de sa Lettura di Dante à Toronto en 1975, il notait : « Né à Montréal en 1948. Né à la musique avec Gilles Tremblay en 1968. Né à la composition avec Stockhausen en 1972. » C’est cette année-là, durant une répétition de momente de Stockhausen, que Vivier prétendait avoir eu la révélation de « l’essence même de la composition musicale », un moment capital qui marque le véritable début de sa carrière de compositeur. Un cliché fortement répandu veut que, durant les années qu’il passa à étudier auprès de Stockhausen à la Hochschule für Musik in Cologne (1972-1974), Vivier vénérait le compositeur allemand comme un véritable héros. Largement considéré comme l’une des figures de proue de l’avant-garde musicale internationale, Stockhausen se maintenait depuis deux décennies dans une position qui, au moment où Vivier débutait ses études avec lui, commençait à subir divers assauts. Le système de valeurs qu’il avait érigé, musical et extra-musical, était remis en question de fond en comble et même, dans certains cercles, méprisé et démonisé. La relation entre le jeune Vivier et son distingué professeur est donc complexe. Si Vivier est certainement tombé sous le charme de la musique et des idées de Stockhausen et de sa personnalité dominante et charismatique, cet article explore les effets sur lui des changements d’attitude envers Stockhausen au cours des années 1970. Les premières partitions de Vivier montrent des aspects qui sont clairement, et quelques fois audiblement, reliés au travail de son professeur, tandis qu’il est difficile de détecter la moindre influence de Stockhausen dans les chefs-d’œuvre du Vivier des derniers temps. Cet article tente donc de rendre compte de la relation complexe entre les deux hommes, en s’intéressant particulièrement à la période 1971-1974, une époque durant laquelle les deux hommes, comme le monde autour d’eux, subissaient de profondes transformations.