Abstracts
Résumé
Dans les années 1930, le compositeur Charles Koechlin (1867-1950) se découvre une passion pour le cinéma parlant ; outre ses articles sur le sujet, il a laissé des notes personnelles et des projets de scénarios et de musiques de film, allant jusqu’à concevoir des scénarios cinématographiques pour une musique qui n’existe pas et une musique pour des images qui n’existent pas — mais qui, dans son imaginaire, sont à la fois compatibles et de la plus haute tenue artistique. À cette passion s’ajoute celle qu’il éprouve pour les stars du cinéma et plus particulièrement pour l’actrice Lilian Harvey (1906-1968) ; Koechlin sublimera cet amour en musique et composera plus d’une centaine de pièces réunies dans les deux Albums de Lilian et dans Le portrait de Daisy Hamilton. Cet article tente une analyse des trois éléments cinématographiques — mouvement, ligne et expression — que Koechlin s’attache à transposer en musique dans ses « sketches pour un film imaginaire », et montre qu’au-delà des principes esthétiques qui l’animent, le compositeur trouve dans l’image sonore un matériau d’un dynamisme, d’une plasticité et d’une sensualité qu’aucune autre forme d’inspiration n’avait pu lui donner jusque-là.
Abstract
In the 1930s, the composer Charles Koechlin (1867-1950) developed a passion for sound film. In addition to his articles on the topic, he left personal notes on and projects for film scripts and music, going so far as to conceive film scripts for music that did not exist and music for images that did not exist—but which, in his imagination, were both compatible and of the highest artistic quality. This passion was accompanied by a passion for movie stars and in particular for the actress Lilian Harvey (1906-1968). Koechlin sublimated this love in music and composed more than a hundred pieces, gathered together in two Albums de Lilian and in Le portrait de Daisy Hamilton. This article undertakes an analysis of the three cinematic elements—movement, line and expression—that Koechlin endeavoured to transpose into music in his “sketches for an imaginary film” and shows that beyond the aesthetic principles behind his work, the composer found in the sound image a material with dynamic, plastic and sensual qualities which no other form of inspiration had been able to provide him with hitherto.
Appendices
Bibliographie
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