Abstracts
Résumé
En 1982, le film Sans soleil, de Chris Marker, préfigurait les possibilités multimédiatiques d’oeuvres subséquentes — le film Level Five (1996) et le CD-ROM Immemory (1997). Marker y « invente », par le moyen du cinéma, un ordinateur personnel dont la visée est aussi utopique — au sens positif du terme — que mémorielle. La « zone » (ainsi nommée en hommage à Andreï Tarkovski) permet de transfigurer des images tournées à travers le monde ; elle est la seule à pouvoir rendre compte de la mémoire comme de la fin d’un monde. Marker y dévoile la fonction rituelle du cinéma, alors que l’histoire se construit à force de catastrophes et de pertes. L’imaginaire de la fin se lie ici à la transformation matérielle et technologique des médiations. Ce double souci — celui d’une conscience de la perte et celui d’une espérance technologique — caractérise tout particulièrement ce film charnière dans l’oeuvre de Marker.
Abstract
In 1982, Chris Marker’s film Sans Soleil prefigured the possibilities of multimedia to be explored in his subsequent work — the film Level Five (1996) and the CD-ROM Immemory (1997). Here Marker “invents,” by means of film, a personal computer whose aim is just as utopian — in the positive sense of the term — as it is memorial. The “zone” (named in homage of Andrey Tarkvosky) allows the transfiguration of images filmed throughout the world; it is the only one capable of handling memory and accounting for the end of a world. Marker reveals the ritualistic function of film when history is built out of catastrophes and losses. The imaginary of the end is connected here to the material and technological transformation of mediations. This two-fold concern — that of a consciousness of loss and that of a technological hope — especially characterizes this pivotal film in the work of Marker.
Appendices
Références bibliographiques
- Bellour 1999 : Raymond Bellour, L’Entre-image 2, Paris, P.O.L., 1999.
- Bloch 1976-1991 : Ernst Bloch, Le Principe espérance. Tomes 1, 2, 3, Paris, Gallimard, 1976-1991.
- Bouquet 1998 : Stéphane Bouquet, « Chris Marker dans le regard du chat », Cahiers du cinéma, no 522, 1998, p. 60-61.
- Brossat 2000 : Alain Brossat, « De la disparition au disparu », dans Jean-Louis Déotte et Alain Brossat (dir.), L’Époque de la disparition, Paris, L’Harmattan, 2000.
- Felman 1990 : Shoshana Felman, « À l’âge du témoignage. Le retour de la chanson », dans Bernard Cuau (et al.), Au sujet de Shoah, le film de Claude Lanzmann, Paris, Belin, 1990.
- Gauthier 2001 : Guy Gauthier, Chris Marker. Écrivain multimédia ou voyage à travers les médias, Paris, L’Harmattan, 2001.
- Lestocart 1997 : Louis-José Lestocart, « Chris Marker. Cinéaste du je et de la vérité. Thruth, First Person Singular », Art Press, no 224, 1997.
- Milner 1982 : Max Milner, La Fantasmagorie, Paris, PUF, 1982.
- Milogo 1999 : Louis Milogo, « Le frappeur de dépotoirs (rituel de masque et recyclage bobo) », dans Johanne Villeneuve, Brian Neville et Claude Dionne (dir.), La Mémoire des déchets. Essais sur la culture et la valeur du passé, Québec, Nota Bene, 1999, p. 119-132.
- Schefer 1997 : Jean Louis Schefer, Du monde et du mouvement des images, Paris, Cahiers du cinéma/de l’Étoile, 1997.
- Villeneuve 2000-2001 : Johanne Villeneuve, « L’ordinateur de Chris Marker. Mélancolie et intermédialité », Protée, vol. 28, no 3, 2000-2001, p. 7-12.
- Villeneuve 2002 : Johanne Villeneuve, « Chris Marker et la disparition de la mort », dans Alain Brossat et Jean-Louis Déotte (dir.), La Mort dissoute. Disparition et spectralité, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 297-315.
- Villeneuve 2002a : Johanne Villeneuve, « Utopian Legacies (Memory, Mediation, Cinema) », dans Johanne Villeneuve et Brian Neville (dir.), Waste-Site Stories. The Recycling of Memory, Albany, State University of New York Press, 2002, p. 193-211.