FR:
La scène canonique de l’Annonciation a été traitée par la peinture, durant deux ou trois siècles, comme un défi à la mise en scène : comment conjoindre le céleste et le terrestre ? Des solutions trouvées pour ce « dispositif annonciatif », cet article cherche à interroger la reprise dans certains films. On s’intéresse surtout aux films qui, sans citer littéralement aucun tableau, manifestent une « migration » de la peinture, par leur souci de produire du figuratif en réinterrogeant à neuf la situation symbolique, sans se reposer sur des êtres de fiction plus ou moins fantastiques. Ainsi, « faire des Annonciations », pour certains cinéastes, n’a pas été une volonté d’ennoblir culturellement leurs films, mais la démonstration d’un désir de manier ensemble des formes, des thèmes et des figures – c’est-à-dire de produire, non un geste de peintre, mais un geste d’ auteur.
EN:
In painting, the canonical scene of the Annunciation was, for a period of two or three hundred years, a challenge to mise en scène : how to join the heavenly and the earthly ? This article inquires into how certain films have taken up some of the solutions that were found for this “annunciative model.” The particular focus is on films which, without quoting any particular painting literally, show signs of a “migration” of painting into the cinema through their concern for creating a representational art by re-examining from scratch the question of symbolism, without relying on more-or-less fantastic fictional beings. Thus for certain filmmakers, “creating Annunciations” has not meant a desire to ennoble their films culturally, but is rather the manifestation of an attempt to wield forms, themes and figures as an ensemble. In other words, to produce, not the gesture of a painter, but the gesture of an auteur.