Militante écologiste et membre de la communauté pastorale Mbororo du Tchad, Hindou Oumarou Ibrahim a commencé à défendre les droits des peuples autochtones et la protection de l’environnement dès ses 16 ans, en fondant l’Association des femmes peules et peuples autochtones du Tchad (AFPAT). Membre du Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique (IPACC), elle a été coprésidente du Forum international des peuples autochtones sur le changement climatique lors de la Conférence historique des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris. Hindou Oumarou se consacre à la protection de tous les peuples autochtones, du Congo à l’Arctique, ainsi qu’à la valorisation de leurs connaissances et savoirs dans la lutte contre les changements climatiques et la protection de la biodiversité. Elle fait progresser la protection de l’environnement pour les peuples autochtones en participant aux négociations internationales organisées autour des trois conventions de Rio : celle sur le changement climatique (CCNUCC), celle sur la biodiversité (CDB) et celle sur la désertification (CNULCD). Hindou Oumarou a été désignée par TimeMagazine, l’Organisation des Nations Unies (ONU) et par plusieurs organismes internationaux comme l’une des leaders mondiaux de la lutte contre les changements climatiques. Elle figure parmi les 20 personnalités désignées par l’ONU comme avocats.es mondiaux des objectifs de développement durable. Ses actions lui ont valu plusieurs prix, dont le prix Daniel Mitterrand (2017), le prix Pritzker d’excellence environnementale (2019) et le Prix international Holbrooke (2020). Aujourd’hui, l’organisation qu’elle coordonne (AFPAT) développe de nouvelles activités génératrices de revenus (AGR) pour les femmes peules et les peuples autochtones du Tchad et des outils collaboratifs tels que la cartographie participative en trois dimensions pour gérer durablement les écosystèmes et réduire les conflits liés aux ressources naturelles. Elle soutient le rapprochement entre les savoirs traditionnels des peuples autochtones et la science afin de combattre les changements climatiques et de protéger la biodiversité. Cette entrevue a été réalisée le 19 janvier 2021 avec la collaboration de Mariam Wallet Aboubakrine (MWA) qui y a assisté et l’a enrichie avec des exemples issus de la communauté touareg dont elle est membre. À sa création, l’organisation (AFPAT) avait d’abord pour objectifs de promouvoir et de protéger les droits des peuples autochtones en mettant en avant ceux des femmes. Par la suite, la protection de l’environnement est devenue un de nos objectifs. Nous avons ainsi pu aligner nos actions avec le cadre politique et scientifique des trois conventions de Rio précédemment évoquées (changements climatiques, la désertification et la biodiversité). L’AFPAT a mené plusieurs activités au niveau communautaire, comme la mise en oeuvre des projets, l’organisation des formations et des ateliers. Nous participons aussi aux négociations sur les droits fonciers, à l’éducation, la santé, en plus de promouvoir les devoirs et droits des communautés au niveau local. On a aussi réalisé plusieurs activités génératrices de revenus (AGR). Par exemple, nous avons fourni aux communautés des formations et des outils didactiques qui ont appuyé leurs activités de transformation des produits locaux comme les arachides en pâtes, en farine et en huile. Aujourd’hui les femmes de cette communauté ont considérablement multiplié leurs revenus, cela a permis aux femmes d’envoyer leurs enfants à l’école et, parmi ceux-ci, des petites filles. Mais on a aussi eu une avancée dans les prises de décisions, ce qui ne se fait pas dans plusieurs communautés autochtones, surtout dans le Sahel, car, la plupart du temps, ce sont les hommes qui prennent les décisions. On a aussi organisé des ateliers pour changer certaines habitudes culturelles comme la prise de parole de la femme. Je vous donne un exemple, car c’est très intéressant pour moi : avant les femmes …
HINDOU OUMAROU IBRAHIMRepenser la place des peuples autochtones du Sahel dans les négociations climatiques internationales[Record]
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Fernande Abanda Ngono
Docteure en sciences sociales appliquées, Département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais
Membre, Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones