Les (nouveaux) mouvements autochtones : entre ruptures et continuités[Record]

  • Khadiatou Sarr and
  • Simon Dabin

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  • Khadiatou Sarr
    Doctorante en droit, Département des sciences juridiques, Université du Québec à Montréal

  • Simon Dabin
    Stagiaire postdoctoral, Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA), Département de science politique, Université du Québec à Montréal

Le 15 novembre 2019, le Centre d’analyse politique – Constitution Fédéralisme (CAP-CF), le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les affirmations autochtones contemporaines (GRIAAC), l’antenne montréalaise du Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA-Montréal) et le Cercle des Premières Nations de l’UQAM organisaient à l’Université du Québec à Montréal un colloque universitaire sur les formes contemporaines d’engagement autochtones. Par « formes contemporaines d’engagement », nous entendions traiter des mouvements de résistance, de résurgence ou encore de participation politique ou juridique des individus, des communautés et des nations autochtones dans les États libéraux démocratiques et coloniaux d’établissement depuis les mouvements de résurgence des années 1960. Le colloque « Les formes d’engagement contemporaines au sein des ordres de gouvernement autochtones » s’ouvrait avec une conférence d’Alexis Wawanoloath de la nation Abénakis, premier et à ce jour seul député s’identifiant comme Autochtone dans l’histoire de l’Assemblée nationale du Québec depuis l’obtention par les Autochtones du droit de vote au provincial en 1969. Il nous a présenté son parcours et son expérience en tant que député. S’en sont suivies les interventions d’Allison Harell, qui nous a présenté les comportements électoraux au sein des communautés autochtones ; de Paul Émile Ottawa, chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, qui nous a parlé du code coutumier des Atikamekw Nehirowisiwok de Manawan ; de Tiina Sanila-Aikio, présidente du Parlement sami de Finlande, qui nous a présenté les défis posés à l’autodétermination sami ; d’Otilia Del Carmen Puiggròs, qui a débattu des implications sur le droit équatorien des principes autochtones ; de Marie-Christine Petiquay, de la nation atikamekw de Manawan, qui a discuté des formes d’engagement autochtones en dehors et au-delà de la démocratie représentative ; de Kahente Horn-Miller, de la nation de Kanyen’kehà:ka Kahnawake, qui a explicité les processus entamés dans les communautés des Haudenosaunee pour retrouver des principes démocratiques traditionnels ; et finalement l’intervention de Jay Launière-Mathias, membre de la nation innue de Mashteuiatsh, qui a présenté la Constitution des Pekuakamiulnuatsh. Ce numéro des Cahiers du CIÉRA devait originellement présenter les actes de ce colloque, mais il a aussi bénéficié de contributions originales qui nous ont amenés à traiter ce sujet de manière encore plus approfondie. En effet, les textes regroupés dans ce numéro exposent des continuités et des ruptures avec les résistances, les résurgences et les participations politiques et juridiques passées. Nous insistons ici sur le fait que, si le colloque était pluridisciplinaire, la majorité des interventions et des textes présentés ici considère les concepts sous leur dimension politique ou juridique. Ceci explique pourquoi nous traitons essentiellement la confrontation de ces mouvements autochtones avec des formes étatiques particulières : « l’État colonial d’établissement » d’une part et, d’autre part, ce que nous nommerons « l’État postcolonial d’établissement ». Le principal intérêt de ce numéro est de proposer une lecture qui permette d’analyser des mouvements autochtones sans nous cantonner aux pays des Amériques ou de l’Océanie. Ainsi, l’article de Fernande Abanda Ngono et Soka Armelle Ngoutane Peyou révèle une réalité plurielle des populations autochtones dans les contextes des pays africains en général et au Cameroun en particulier qu’il est temps de prendre en compte. Contrairement aux mouvements dans les États issus des colonies européennes, ces mouvements s’inscrivent dans des contextes où l’État ne peut être défini comme un État colonial d’établissement. Cette particularité nous permet de considérer sous un angle nouveau certaines formes contemporaines d’engagement et de souligner une différence significative entre les formes d’engagement qui remettent en cause les fondements des États coloniaux d’établissement par rapport à ceux qui questionnent des États « postcoloniaux d’établissement ». Cette introduction propose de revenir sur ces différences. Comme …

Appendices