Comptes rendus bibliographiques

GUAY, Louis et HAMEL, Pierre (dir.) (2018) Les aléas du débat public. Action collective, expertise et démocratie. Québec, Presses de l’Université Laval, 334 p. (ISBN 978-2-76373-885-7)[Record]

  • Dominique Royoux

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  • Dominique Royoux
    RURALITÉS (EA 2252/MSHS), Université de Poitiers

Cet ouvrage vient à son heure pour éclaircir, de manière théorique et concrète, les modalités de conduite et les effets induits de la démocratie participative, mobilisée, rappellent les deux codirecteurs dans leur introduction, et ce, à la fois pour combler un déficit supposé de légitimité de la fonction politique et pour examiner dans quelle mesure une de ses modalités d’application – le débat public – peut répondre aux aspirations quotidiennes de plus en plus « pluralistes » des populations à travers le monde. L’ouvrage comprend 13 chapitres, répartis en 3 grandes sections (« Transformations sociales et controverses publiques » : 5 chapitres ; « Institutions, médias et actions publiques » : 4 chapitres ; « Mobilisations sociales et démocratisations » : 4 chapitres) auxquelles ont contribué 18 auteurs (hommes et femmes). L’objectif du livre est de faire comprendre dans quelles conditions se déroulent un ou des débats publics sur des questions de société, sur des thèmes en rapport avec la défense ou la valorisation de l’environnement, à propos de la mise en place de politiques publiques locales. Plusieurs des contributions analysent les effets de démocratisation qu’entraînent l’organisation de formes variées de débats publics, les différentes configurations de médiation des rapports de force et des jeux d’acteurs, ainsi que la place de l’expertise sociale, thématique, scientifique, mobilisée dans chacun des cas présentés. L’ensemble des textes présente un double niveau de lecture : tout d’abord, un état de l’art sur le thème traité, que celui-ci soit l’accès à l’eau, le contrôle des aspects de sécurité routière, la place de l’expertise dans les sociétés complexes et connectées contemporaines, ou celle des acteurs-décideurs du secteur agroalimentaire dans le cas de l’analyse des luttes des opposants aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Dans un deuxième temps, chaque auteur s’attache à disséquer les modalités de débat public – et ses aléas – consécutif à l’apparition d’un nouveau thème environnemental – la majorité des textes y font référence – ou d’une nouvelle politique publique locale décidée par un exécutif local. Peut-être cet ouvrage, qui fera date, manque-t-il encore de mise en contexte territorial pour expliquer la variété des débats publics décrits, mais ceci pourra faire l’objet d’analyses ultérieures et n’enlève rien à sa qualité. Car nombre de contributions soulignent aussi les réticences, les freins, les oppositions même, pour instaurer des formes classiques ou alternatives de démocratie locale, notamment de la part des administrations municipales. Et si la plupart des auteurs constatent les effets limités des propositions des habitants, citoyens, acteurs mobilisés dans le cadre de divers débats, vis-à-vis d’intentions ou de projets proposés par les pouvoirs institutionnels peu enclins à les remettre en cause, ils insistent sur ce qui apparaît le plus important à leurs yeux au sein de ces démarches : une culture de la participation appropriée par le plus grand nombre, étayée par des connaissances scientifiques et « habitantes » partagées, et qui placent les citoyens plus près d’un pied d’égalité avec les pouvoirs publics. On ne peut présenter ici, de chacune des 13 communications, que l’aspect le plus en rapport avec le titre et le sous-titre de l’ouvrage : « Action collective, expertise et démocratie ». Le premier texte, de visée plus théorique, porte sur le devenir des espaces publics dans les métropoles, traversées par des flux, gouvernées par de « multiples réseaux, groupes, sous-systèmes », espaces qui, aux yeux des acteurs, pourraient incarner les lieux indispensables d’appropriation collective, où pourraient se dérouler des productions artistiques jouant le rôle de médiation sociale entre les habitants d’un territoire donné. Tout cela en se demandant si le statut de « performance artistique » n’est pas de même …