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Comptes rendus bibliographiques

MORELLE, Marie (2019) Yaoundé carcérale. Géographie d’une ville et de sa prison. Lyon, ENS Éditions, 231 p. (ISBN 979-1-03620-100-4)[Record]

  • Raoul Étongué Mayer

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  • Raoul Étongué Mayer
    Département de géographie, Université Laurentienne, Sudbury (Canada)

Le livre de Marie Morelle comprend trois parties précédées d’une très longue introduction générale dans laquelle on trouve des expressions comme « économie de punition en ville » ( troisième paragraphe, p. 9 ) ; « études urbaines en lien avec une approche sociale et politique de la géographie » ( p. 9 ) ; « plusieurs approches de la géographie » (p. 9) ; « géographie(s) et enfermement » (p. 11)  ; « la ville carcérale » (p. 15) ; « la prison comme un terrain » (p. 25), qui retiennent immanquablement l’attention du lecteur géographe. Après une lecture horripilante, on cerne mal ce que l’auteur veut faire. S’agit‑il d’une revue de littérature ou d’une nouvelle ? La première partie, intitulée La prison en Afrique et au Cameroun : la construction d’un problème public, s’ouvre avec une introduction en pages 37 et 38. L’auteure y restitue une image de la prison corollaire d’un fort constat de désolation transformé en un enjeu politique. Viennent tour à tour les chapitres I ( Images et représentation de la prison en Afrique et Cameroun) et II ( La prison au Cameroun : l’inscription territoriale du pouvoir de l’État) qui s’inscrivent dans la logique du constat servant de fil conducteur aux réflexions de l’auteure. En l’absence d’adéquation entre le titre du premier chapitre et son contenu, invoquer les standards internationaux, les réformes et réglementations, ainsi que la surpopulation confirme que la déshumanisation et l’humiliation servent plus que bien le système colonial, toujours sous grande protection. Le deuxième chapitre, écrit dans un style clair, se lit agréablement ; il combine notes de lecture et réflexions de l’auteure pour décrire ce qu’est la prison. S’il avait été écrit avec plus de rigueur aurait mieux servi la cause. Le sous‑titre Une cartographie politique des prisons camerounaises (p. 75) est mal choisi, car il existe une différence entre l’historique des prisons camerounaises et la cartographie politique des prisons camerounaises ( dresser une carte des prisons politiques). En lisant les pages 75 à 79, on constate qu’il s’agit bien d’une reconstitution de l’historique de ces prisons. La conclusion de la première partie couvre les pages 91 et 92. L’auteure y restitue assez bien les perceptions de la prison. La deuxième partie du livre s’intitule Gouverner la prison centrale de Yaoundé. Elle comprend une introduction et les chapitres III et IV. L’introduction s’ouvre sur une question : « comment fonctionne la prison centrale de Yaoundé » ? L’auteure propose d’y répondre en se servant des logiques informelles, des logiques institutionnelles, des logiques de production d’un ordre carcéral négocié et de la logique de la pacification de la prison. Le recours à ces quatre logiques montre que Marie Morelle a une excellente compréhension de ce qui se passe à Kondengui. Les deux chapitres de cette partie, qui traitent de la production de l’espace carcéral, et de soi et des autres, s’arriment bien aux quatre logiques. Soulignons toutefois qu’une meilleure conception, appuyée sur des données recueillies, bien traitées et analysées, aurait apporté robustesse et rigueur scientifique aux efforts de l’auteure. La troisième partie du livre a pour titre « Enfermer ou “s’arranger” » et se compose d’une introduction, des chapitres V et VI et d’une conclusion qui entraînent le lecteur dans des analyses sociologiques aux affirmations fragiles et douteuses. « Au Cameroun, du moins à Yaoundé, la prison apparaît aujourd’hui comme la peine des pauvres » (p. 141). En l’absence de faits vérifiables, il devient plus que difficile de souscrire à ce genre d’affirmation fragilisant tous les efforts déployés par l’auteure, qui a pourtant pris soin de montrer comment la …