Comptes rendus bibliographiques

KLEIN, Juan-Luis et SHEARMUR, Richard (dir.) (2017) Montréal. La cité des cités. Québec, Presses de l’Université du Québec, 300 p. (ISBN 978-2-76-054720-9)[Record]

  • André JOYAL

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  • André JOYAL
    CRDT, Université du Québec à Trois-Rivières, Trois-Rivières (Canada)

À leur tour, les Presses de l’Université du Québec (PUQ) ont profité des commémorations entourant le 375e anniversaire de Montréal pour publier un ouvrage dont cette fois l’histoire se rapporte, pour l’essentiel, du début du XXe siècle au temps présent. Le lecteur est donc amené à suivre la période allant de l’industrialisation à la reconversion de divers quartiers de la ville. Dès la première page, Juan-Luis Klein, du Département de géographie de l’UQAM, et Richard Shearmur, de l’École de planification urbaine de l’Université McGill, présentent une illustration de ce qu’est devenue la métropole du Québec, en recourant à ce mot si cher à celui qui, de l’hôtel de ville, en préside les destinées : la diversité. Cependant, si le quartier chinois, la Petite Italie, le Petit Maghreb et autres Little India sont bel et bien présents, la diversité dont il est question dépasse la connotation ethnique. En effet, l’ouvrage met en évidence ce qu’on perçoit ici comme une mosaïque de territoires. Et pour ce faire, 15 collaborateurs se partagent la responsabilité des 12 chapitres essaimés à l’intérieur de trois parties : 1) Les villages urbains et l’empreinte culturelle, 2) Les quartiers ouvriers en restructuration, 3) Les projets structurants et les nouveaux enjeux. On précise que les cas présentés dans chacun des chapitres affichent des identités coconstruites, soit par les acteurs des différents quartiers, soit par des interventions exogènes ou par la convergence des deux sous la forme d’emblèmes mobilisateurs. Pour en faire une métropole culturelle ? La question est soulevée. On offre au lecteur ce qui semble de plus en plus prendre la forme d’une image de marque ici désignée par le mot qui s’impose depuis une dizaine d’années : le branding (territorial). Le tout débute avec ce quartier où l’on trouve ce que certaines radios de la capitale nationale désignent, avec un dédain non dissimulé, par l’expression la gang du Plateau. Il revient à Kenza Benali de dresser le portrait du Plateau-Mont-Royal, vu comme la figure-phare de la montréalité. Si, avec l’exploitation des carrières, les faits rapportés ici remontent au lendemain de la Conquête, c’est à partir de 1980, avec sa gentrification, que sa véritable histoire a pris naissance. Ses nombreux espaces ludiques et culturels en feraient un bastion de la postmodernité. De toute évidence, l’auteure n’a pas osé s’en prendre au médiatique maire de l’arrondissement, souvent pris à partie pour les inconvénients suscités par certaines de ses décisions. La deuxième partie commence avec le Mile-End où a habité Leonard Cohen et où se déroule l’intrigue du film de Ouellet, Gurov et Anna. Rantisi et Leslie signalent que ce quartier, qui a attiré les artistes en vertu de sa localisation et des loyers à prix abordables, se voit menacé. Oui, on l’aura deviné, les loyers tendent à s’élever – gentrification oblige – et mettent en péril les fondements mêmes des réseaux sociaux tissés serrés qui caractérisent le quartier. Le Quartier des spectacles fait l’objet d’une intéressante analyse de Lefebvre qui offre un tableau complet des problèmes passés et actuels de l’espace entourant la Place des Arts. Si les grues – au moment d’écrire ces lignes – s’activent toujours, il y aurait encore beaucoup à faire pour « remplir les trous ». Ces espaces vacants qui enlaidissent tan la ville sont transformés au gré des spéculations foncières (p. 195) en terrains de stationnement avec l’espoir d’y construire des immeubles à condos. L’auteur, avec ô combien raison, fait allusion aux résistances affichées par les défenseurs du « patrimoine intangible » qu’ils perçoivent dans les vestiges du Redlight qui, en fait, déshonorent le secteur de la …

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