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Cet ouvrage collectif, riche de 28 chapitres, réunit des contributions issues des réflexions conduites par les membres de la Commission de géographie des activités commerciales du Comité national français de géographie (CNFG) et leurs collaborateurs. Comme son titre l’indique, l’ouvrage a pour première intention de montrer comment le commerce prend sa place et s’adapte au milieu d’une société plus complexe, travaillée par des évolutions loin d’être indifférentes pour la fonction commerciale. Le développement des technologies de l’information et de communication (TIC), la mondialisation, l’évolution des comportements de consommation et les questions soulevées par l’urbanisation croissante des populations pèsent sur le devenir du commerce et le mettent face à des enjeux nouveaux. Si l’ouvrage se distingue par la très grande variété de ses éclairages, le lecteur n’est jamais perdu. La logique d’assemblage des 28 textes y est pour beaucoup. Elle s’organise en trois grandes parties.
La première et plus importante partie (13 chapitres) propose une relecture des rapports entre le commerce et son espace. Elle met en question, pour commencer, le sens des lieux et des formes du commerce actuel (du magasin au complexe commercial, sans oublier son architecture) ; elle pose ensuite l’enjeu de l’intégration du commerce à son environnement immédiat (le quartier, par exemple) et plus lointain (la ville) ; et elle se conclut par une série de contributions sur le caractère encore structurant des localisations commerciales, que l’avènement des technologies de l’information accompagne plus qu’il ne l’efface.
La deuxième partie de l’ouvrage renseigne sur une autre composante du commerce : ses acteurs. Dans les premiers chapitres (14 à 16), les projecteurs sont braqués sur le développement actuel de l’offre. Ils mettent en lumière la diversité des stratégies dans un monde où les grandes firmes avec leur réseau mondial de magasins, ainsi que les intervenants immobiliers prennent une place croissante. Ainsi va l’évolution du commerce qui n’échappe pas à la financiarisation de l’économie, mais qui parvient à maintenir, à côté, un caractère encore traditionnel et informel (surtout dans les pays du Sud). Du côté de la demande (chapitres 17 à 19), on observe surtout la diversité des comportements d’achat et le caractère polymorphe du consommateur actuel, principalement étudié dans cet ouvrage par ses déplacements d’achat et sa mobilité.
La dernière partie nous éloigne de la géographie pour prendre une dimension plus sociologique et anthropologique. Les huit chapitres se servent alors du commerce comme d’un témoin, plus ou moins révélateur, de changements qui affectent des sphères de notre société auxquelles on ne l’associe pas toujours, telles la culture, la religion ou encore les migrations. Le commerce n’est plus analysé pour ce qu’il est, mais plutôt pour ce qu’il nous dit de phénomènes qui le dépassent. C’est le cas, par exemple, du chapitre sur la gentrification et de celui sur les différences liées au sexe.
On achève cette lecture en ayant eu l’impression d’avoir entre les mains un ouvrage qui documente bien plus que la seule géographie du commerce. L’attachement des auteurs à montrer comment le commerce réagit autant qu’il contribue aux changements de notre société en fait, pour tous les spécialistes, un ouvrage incontournable, et pour les autres, une vraie source de curiosité.