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Susciter une réflexion sur le concept polysémique de siège à travers une approche multidisciplinaire (des sciences politiques à la littérature en passant par la géographie des conflits) et appliquée au contexte québécois, telle est l’ambition de cet ouvrage. Il s’agit d’un livre collectif qui, outre la préface de Simon Harel et Isabelle St-Amand, regroupe 14 contributions assez hétérogènes autour des formes de siège et de ses diverses manifestations. À partir de la préface et des premiers chapitres, on a l’impression que le but principal de l’ouvrage est d’étudier la « mentalité de siège » de la société québécoise comme société minoritaire dans l’ensemble territorial canadien et, en même temps, cette même mentalité chez les Premières Nations qui habitent le Québec par rapport à la société québécoise dans son ensemble.
Cependant, le conflit entre le Québec comme société colonisatrice et les sociétés autochtones comme sociétés colonisées est seulement une des réflexions autour des figures de siège ici traitées. À partir du quatrième chapitre, d’autres questions très différentes sont abordées, comme le siège dans l’espace numérique à partir d’un conflit entre des joueurs experts et une compagnie de jeux vidéo, les identités culturelles dans l’espace public américain, le concept de siège dans la poésie urbaine, ou encore les ambassades américaines comme des endroits assiégés à l’extérieur.
Le thème du siège chez les sociétés autochtones n’est certes pas novateur, mais le sujet est loin d’être épuisé. La complexité même du concept de siège rend la diversité des points de vue a priori intéressante, mais peut-être tellement hétérogène qu’on remarque l’absence d’un cadre commun d’analyse ou d’une base conceptuelle commune autour du concept de siège, à partir de laquelle réaliser des études de cas ou des réflexions. L’approche de l’étude des figures de siège pour analyser les différentes formes que peut prendre le conflit dans l’espace, annoncée en préface comme un des objectifs principaux de l’ouvrage, apparaît seulement dans deux ou trois contributions concernant des études de cas comme la crise d’Oka ou les revendications autochtones sur la Côte-Nord.
Ainsi, on trouve d’excellents travaux de recherche documentés où le concept de siège, comme stratégie visant à briser la « territorialité » d’un espace joue un rôle majeur tandis que, dans d’autres chapitres, on trouve seulement une description du concept de siège selon un auteur ou un contexte culturel concret, sans introduction théorique ou avec à peine quelques références bibliographiques, ce qui rend la qualité scientifique des contributions un peu inégale.
En somme, ce livre démontre la complexité du concept de siège appliqué au contexte géographique et culturel du Québec, centré au début sur les conflits entre les sociétés autochtones et la société québécoise et, dans la deuxième partie, sur des questions assez dissemblables autour des formes de siège dans l’architecture, la poésie ou l’ethnolinguistique. À vouloir embrasser trop large, on en devient parfois trop succinct dans les développements des études de cas ou des cadres théoriques, ce qui livre un portrait lacunaire, surtout aux lecteurs intéressés d’en savoir plus sur les conflits et la concertation en contexte minoritaire, tel qu’annoncé dans le titre de l’ouvrage.