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Il s’agit ici de la réédition d’un livre publié en 1977, une réédition nécessaire, tant l’analyse spatiale a évolué au cours des 35 dernières années, renforçant sa pertinence tant en matière de recherche fondamentale qu’en recherche appliquée. Étudier, comprendre et modéliser l’espace en tant que cadre, mais aussi en tant qu’acteur des phénomènes spatialisés, constitue en effet un élément de plus en plus incontournable de la géographie. Certes, l’approche quantitative et théorique du territoire est souvent soupçonnée de « déshumaniser » son objet d’étude, mais ce n’est visiblement pas le cas ici, car les exemples présentés ne négligent ni les rapports sociaux ni les individus. Les auteurs, tout en respectant les dimensions mathématiques des outils et méthodes de l’analyse spatiale, se sont en effet montrés très attentifs à y associer des cas concrets, très appliqués, faisant efficacement le lien avec la géographie humaine et sociale.
Un des intérêts du livre est sa manière de structurer une matière à laquelle il est souvent peu évident de trouver une réelle cohérence. Divisés en trois grandes parties (traitement de l’information, modèles spatiaux et théorie et pratique de l’espace), les éléments du contenu s’articulent de manière logique et efficace, donnant un sens à ce qui apparaît parfois comme une suite de modèles et méthodes hétéroclites n’ayant pour points communs que leur objet d’étude (l’espace) et le recours aux méthodes quantitatives. On peut certes parfois y trouver à redire, comme sur le choix de ne faire apparaître que dans le cinquième chapitre la fonction distance, pourtant fondamentale et omniprésente en analyse spatiale. Mais, dans l’ensemble, cette structuration est louable et cohérente. Au chapitre des apports très positifs, on peut notamment citer l’intégration de l’analyse factorielle, abordée sous l’angle de son application spatiale et complétée par des notions de base de classification, ainsi que la revue des outils et modèles habituellement utilisés en analyse spatiale. On appréciera aussi la postface, fort pertinente, qui place l’analyse spatiale dans une optique dynamique et identifie les futures pistes de développement dans le domaine.
En conclusion, ce manuel est très bien documenté, il fait le tour de la question de manière approfondie et il est riche en exemples, données et illustrations. L’une des rares réserves qu’on peut émettre à son sujet est la qualité des cartes et figures. Bien que correctes, ces dernières semblent avoir fait l’objet d’une approche minimaliste en termes de détails et de reprographie. Il ne s’agit néanmoins pas là d’un défaut majeur, et cela ne remet pas en cause la qualité scientifique et pédagogique intrinsèque du livre. L’objectif poursuivi par ce dernier est ambitieux, mais on peut dire qu’il est atteint, surtout en ce qui concerne le fond. Cette réédition a en effet parfaitement suivi l’évolution de l’analyse spatiale depuis les 35 dernières années. Elle se révèle d’autant plus précieuse qu’il s’agit d’un des rares manuels d’introduction en français, ce qui en fait un outil de référence de qualité tant pour les enseignants que pour les étudiants.