Note liminaire

Les figures géographiques du sujet[Record]

  • Vincent Berdoulay,
  • Xavier Arnauld de Sartre and
  • Danièle Laplace-Treyture

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  • Vincent Berdoulay
    Laboratoire Société-Environnement-Territoire (SET) CNRS et Université de Pau et des Pays de l’Adour
    Vincent.Berdoulay@univ-pau.fr

  • Xavier Arnauld de Sartre
    Laboratoire Société-Environnement-Territoire (SET) CNRS et Université de Pau et des Pays de l’Adour
    Xavier.Arnauld@univ-pau.fr

  • Danièle Laplace-Treyture
    Laboratoire Société-Environnement-Territoire (SET) CNRS et Université de Pau et des Pays de l’Adour
    Daniele.Laplace@univ-pau.frr

La plupart des contributions à ce numéro thématique sont tirées de l’intervention de leurs auteurs à un séminaire de recherche qui s’est tenu à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour entre 2006 et 2009, séminaire qui était inscrit dans les activités du laboratoire Société Environnement Territoire. La consigne qui était donnée aux intervenants était peu directive : on les invitait à parler du sujet, cette façon d’approcher l’individu qui s’est, au cours des deux dernières décennies, imposée comme un défi majeur dans les sciences humaines et sociales. C’est la même consigne qui a été donnée aux autres auteurs de ce numéro thématique qui, eux, ont été conviés directement, sans passer par l’étape du séminaire de recherche. La consigne était volontairement vague, car destinée à faire émerger différentes orientations et pistes de recherche pour la géographie. Aucun cadrage théorique n’a été imposé aux auteurs. Nous avons fait le pari que ceux-ci – pourtant venus d’horizons très différents – partageaient une vision géographique commune suffisamment forte pour que se dégage une relative homogénéité de l’ensemble. La lecture des contributions qui nous sont parvenues montre que cette méthode a produit les résultats escomptés. Bien qu’à première vue il n’apparaisse pas de consensus quant au contenu même assigné au mot « sujet » – les termes employés pour désigner la même préoccupation variant selon le contexte géographique ou institutionnel dans lequel les auteurs ont élaboré leur questionnement –, il n’en demeure pas moins qu’une convergence d’intérêts et d’approches se dégage de ces contributions. Bien évidemment, une notion aussi riche que celle de sujet donne lieu à de multiples interprétations – et le lecteur de ce numéro thématique sera peut-être tenté d’aller en chercher d’autres que celles que nous reconstruisons au moment d’en écrire l’introduction. Mais cela est dû au fait que cette richesse, qui se traduit par une relative imprévisibilité dans la manière même d’aborder la question du sujet, nous semble justement être une des caractéristiques qui découlent de l’utilisation d’un tel prisme pour lire des phénomènes sociospatiaux. L’imprévisibilité que nous venons d’évoquer nous semble tenir au fait que la question du sujet soit intimement liée, dans toutes les participations à ce numéro thématique, à la réflexivité. C’est là sans doute le point commun le plus frappant entre toutes les contributions. La réflexivité, c’est cette capacité qu’a l’individu de réfléchir sur lui-même et sur son rapport au monde, et d’infléchir le sens de ses actions en fonction de cette réflexion. Si le terme de réflexivité n’est pas communément employé par tous les participants à ce numéro thématique, tous mettent en scène des êtres qui réfléchissent sur eux-mêmes. On ne s’étonnera pas de ce lien entre sujet et réflexivité, tant celle-ci est au coeur des approches du sujet en sciences humaines et sociales. Par exemple, Anthony Giddens ou Alain Touraine en font une dimension essentielle du sujet (Giddens, 1991 ; Touraine, 1993), François Dubet considère que c’est elle qui donne sens à l’expérience (Dubet, 1995), voire au travail de l’acteur social (Dubet, 2002), et Pierre Bourdieu lui-même justifiait sa sociologie comme non déterministe quand il disait qu’elle était justement un instrument de libération parce que donnant aux individus la capacité de réfléchir sur eux-mêmes (Bourdieu, 1994), argument qui, en quelque sorte, a été repris et approfondi dans des travaux s’inscrivant dans l’héritage de Bourdieu (Lahire, 1997). Il ne s’agit pas, disant cela, d’impliquer que les géographes ne feraient que rejoindre les sociologues dans leurs plus récentes avancées. D’abord parce que ce serait oublier que l’individu réflexif apparaît aujourd’hui comme une des figures transversales de la recherche en sciences humaines et sociales. Ensuite parce …

Appendices