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Publier les actes d’un colloque en essayant de faire en sorte que le lecteur y trouve une cohérence est toujours un exercice difficile. Juan-Luis Klein et Carole Tardif ont rassemblé dans cet ouvrage quatorze publications plutôt hétérogènes, tant dans leurs sujets que dans leur intérêt, issues du colloque annuel de la section développement local de l’ACFAS en 2004. Trois parties regroupant entre quatre et cinq textes chacune semblent construire une cohérence a posteriori, bien affichée cependant dans une introduction claire et concise qui pose la très large problématique des reconfigurations territoriales dans l’espace-monde.

On commencera par la fin tant la dernière partie (L’action locale et régionale au Québec) est de loin la plus homogène. Centrés sur le Québec, les cinq textes présentent des organisations plus ou moins innovantes qui vont de « la quête de la région » (l’image est assez belle et sa déclinaison tout autant) au rôle des syndicats et de leur groupement dans le développement local. Autant de thèmes très intéressants qui, s’ils sont monographiques, apportent un éclairage québecois particulièrement précieux sur les modes de faire.

Aussi, on comprend mal pourquoi le texte de Christiane Gagnon et de Louis Favreau sur l’analyse de l’alternative proposée par l’économie sociale à l’échec de l’aménagement du territoire au Québec ne figure pas ici. En effet, placé dans une première partie intitulée Le développement face au défi territorial, il perd de sa force. Il se trouve noyé dans un mélange hétérogène et pas toujours très pertinent duquel émergent le texte de Bernard Pecqueur, une bonne synthèse de la pensée actuelle sur la territorialisation de l’économie mondialisée, et dans une moindre mesure celui de Louis Favreau dans une comparaison Nord-Sud des logiques de développement local et d’économie sociale.

La seconde partie (Les réseaux et les noeuds de l’espace-monde) n’a pas beaucoup plus d’homogénéité. Elle présente néanmoins deux approches très réticulaires, avec le bon texte de Jean-Marc Zuliani qui met en parallèle Madrid, Montréal et Toulouse pour observer l’insertion des activités dans les tissus urbains (une tradition toulousaine) et celui, plus novateur mais aussi plus difficile, de Paul Drewe concernant l’hydre Internet, son organisation et ses ramifications. Les deux autres textes ne sont pas inintéressants, mais n’apportent rien à la problématique de cette partie.

Au final, si on trouve des choses intéressantes on peut regretter un titre qui se révèle énigmatique. De quels réseaux parlons-nous ? Tantôt techniques, tantôt sociaux ou économiques, ils ne sont jamais réellement définis. On ne trouve rien non plus sur le lien problématique entre réseau et système. Quant au niveau régional, si on s’accorde sur le fait qu’il s’agit d’un niveau intermédiaire, alors les échelles balayées sont souvent soit englobées soit englobantes. Si l’objectif était de montrer sa disparition, il aurait fallu le poser plus fermement. On peut ajouter à la critique une réalisation austère et quelques coquilles trop visibles. Cela dit, il serait dommage de passer totalement à côté de cet ouvrage qui, comme souvent dans pareille publication, contient de beaux textes qui méritent d’être lus.