Thème 7 - La géographie des nouvelles territorialités

L’apport de la géographie des représentations à la sociologie politique[Record]

  • Sandra Breux

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Le dialogue entre deux disciplines ne peut que les enrichir mutuellement. C’est le postulat de base de cette réflexion. À ce titre, les sciences géographiques et la science politique offrent un heureux mariage. Ces deux disciplines se rejoignent et se complètent à propos de nombreux objets des sciences sociales, sans que l’une ne soit utilisée au détriment de l’autre. L’analyse géographique du politique illustre la richesse d’une telle union. Elle se distingue classiquement en deux branches spécifiques que sont la géographie politique et la géopolitique. En dépit des divers courants théoriques qui divisent ces branches, il est possible de dire que la géographie politique est l’étude de la spatialité des phénomènes politiques tandis que la géopolitique est l’étude des rivalités de pouvoir sur un territoire. La géographie politique et la géopolitique sont les fruits d’un subtil mélange entre les sciences géographiques et la science politique. Le dialogue entre ces deux disciplines demeure toutefois largement sous-exploité. Plusieurs objets communs aux deux disciplines restent à explorer, sous l’angle de la complémentarité. Parmi eux figurent les variables explicatives de l’engagement individuel à l’échelle urbaine. D’un côté, la science politique – et plus précisément la sociologie politique – demeure en partie impuissante à expliquer les faibles taux de participation à l’échelle urbaine. D’un autre côté, la géopolitique analyse peu l’échelle urbaine et privilégie l’analyse des groupes et des acteurs à celle de l’individu. Si quelques rares études de géographie politique ont montré l’impact de l’effet de voisinage sur le comportement politique, l’influence du regard que l’individu porte sur son milieu de vie dans la détermination de son engagement (ou de son non-engagement) sur la scène urbaine n’est pas abordée. L’exploration de ce lien passe selon nous par l’union entre la géographie des représentations et la sociologie politique. Les représentations territoriales que l’individu a de son milieu de vie ont été très largement explorées par la géographie des représentations, mais l’impact de ces représentations territoriales sur l’engagement individuel n’a pas fait l’objet d’études spécifiques. Quoique abondants, les écrits sur le sujet ne cernent pas les liens directs et indirects qui existent entre l’engagement individuel à l’échelle locale et les représentations territoriales. L’objectif de cette réflexion est d’apporter un éclairage nouveau sur cette question. À cette fin, ce texte se compose de deux parties distinctes. En première partie, l’absence de relations entre la sociologie politique et la géographie des représentations est montrée : d’une part, le rapport au territoire constitue une variable négligée des modèles d’explication de l’engagement individuel à l’échelle urbaine, et, d’autre part, l’analyse des représentations territoriales urbaines omet de prendre en considération la dimension politique du territoire observé. En seconde partie, la pertinence de réunir deux approches disciplinaires du comportement individuel est démontrée. Les différentes formes d’engagement politique que permet l’échelle urbaine et l’importance que revêt cette échelle dans l’identité territoriale de l’individu soulignent autant la nécessité de relier l’engagement individuel et les représentations territoriales que la richesse méthodologique qu’un tel dialogue disciplinaire offre. Souvent présentée comme un laboratoire de la démocratie, l’échelle locale se caractérise par les diverses formes de participation qu’elle recèle. En dépit de la relative jeunesse de la démocratie locale québécoise, la scène municipale allie les caractéristiques d’un système électoral traditionnel, les innovations d’un système participatif et les particularités d’un système associatif. Les déterminants explicatifs de l’engagement individuel à l’échelle locale sont généralement similaires à ceux de la participation électorale aux autres échelles de gouvernement (Blondiaux et al., 1999). La participation individuelle résulte d’une conjugaison de facteurs alliant l’expression et l’affirmation de l’identité sociale de l’individu à des enjeux et des choix plus rationnels. Les principaux écrits qui …

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