Article body
Déjà publié en 1981 chez le même éditeur sous le titre Croissance urbaine et développement capitaliste, Lemiracle athénien, cet ouvrage, à peine remanié, comporte une présentation modernisée d’une vingtaine de pages formant l’introduction et la conclusion. Cartes et figures, peu nombreuses, reposent sur des données qui ne dépassent pas la fin des années 1960. La bibliographie, assez courte, signale quelques travaux plus récents, notamment ceux de l’auteur, sur Athènes et sur la géographie urbaine.
Valait-il la peine de rééditer ce livre dans une collection dite « de poche » afin de le rendre accessible à un « public plus large et plus jeune »? Sans doute, compte tenu de l’originalité du cas athénien et, sans doute aussi, en raison de la valeur durable des recherches autrefois effectuées et qui ont valu à Guy Burgel des critiques favorables à la fois pour sa thèse et pour la publication qui en découla.
Il nous semble peu utile aujourd’hui de renouveler critiques et éloges. Il importe toutefois de rappeler la proposition qui sous-tend tout l’ouvrage : « les articulations majeures et la construction de l’espace urbain, comme les dynamismes de la société athénienne, sont marqués de la logique interne de la croissance capitaliste » (p. 347).
À partir de cette assertion, Burgel n’a pas de mal à montrer comment la petite capitale planifiée des années 1830 finira, avec Le Pirée, par former, vers la fin du XIXe siècle, une ville d’artisans et de commerçants d’un peu plus de 100 000 habitants. La croissance de cet ensemble urbain se poursuivra jusqu’à devenir l’agglomération commerciale, industrielle et bureaucratique actuelle comptant plus de trois millions de personnes. La cinquantaine de municipalités qui composent cette métropole sont impuissantes à en gérer l’extension depuis longtemps anarchique. Graduellement, en effet, ont été envahies pratiquement toutes les vallées et collines qui rayonnaient autour de l’ancien noyau central. Là, comme ailleurs, mais dans un décor bien particulier, il faut sans cesse construire et démolir, élargir les routes, installer de nouveaux équipements, raser des installations vétustes, chercher de l’eau. Tout cela pour répondre aux besoins d’une capitale qui, non seulement doit desservir un État qui n’a pourtant que trois fois sa taille démographique, mais qui doit en outre s’ajuster aux exigences, nouvelles et grandissantes, de l’Europe et de la mondialisation.
Il faut regretter que cet important ouvrage, un peu rigidement toiletté et qui se consulte mal, soit si pauvrement illustré. Quelques cartes supplémentaires et, surtout peut-être, quelques photos auraient permis au lecteur de visualiser le paysage athénien dans quelques-unes de ses splendeurs aussi bien que dans la pléthore de ses laideurs.