Abstracts
Résumé
Avant l’écrivain vint la journaliste. Avant l’arrivée éclatante, en 1945, de son premier roman, Bonheur d’occasion, vint le succès populaire d’une femme qui avait publié pendant six ans des articles dans les journaux et revues – d’abord de courtes chroniques puis graduellement des dossiers fouillés et réfléchis. François Ricard souligne toutefois une dichotomie entre les écrits journalistiques de Gabrielle Roy et son roman Bonheur d’occasion. En effet, ni Bonheur d’occasion ni d’ailleurs Alexandre Chenevert ne sont représentatifs du reste de son oeuvre. Bonheur d’occasion, qui a mis fin à trente-cinq ans d’indécision et qui a assuré à la romancière le succès artistique et financier nécessaire pour continuer son oeuvre, n’annonce aucunement le style ultérieur de celle-ci. Gabrielle Roy a laissé en chantier Alexandre Chenevert pour écrire La Petite Poule d’Eau, l’une de ses réalisations favorites. Ce deuxième roman de Roy, et non pas son premier, témoigne de la structure narrative qui lui est propre et qu’elle a conçue et raffinée dans ses articles parus dans Le Bulletin des agriculteurs. Il est vrai que les articles en question font aussi entrevoir les thèmes, les personnages et la présentation en profondeur qui ont caractérisé ses autres «romans». Toutefois, c’est sur la structure narrative de ces articles que nous avons concentré nos efforts dans la présente étude. De quel type de structure narrative s’agit-il? Nous avons regroupé en quatre thématiques, de façon assez libre, les articles dépeignant différents aspects du Canada. La structure employée, à savoir une série d’histoires autonomes portant sur un même thème ou sujet, est présente dans une grande partie de l’oeuvre de Gabrielle Roy et explique pourquoi on hésite à employer le terme «roman» pour désigner chaque histoire prise individuellement. Il s’agit d’un principe esthétique caractérisé par ses allers et retours, c’est-à-dire que les premières histoires préparent le terrain pour celles qui viendront et que les histoires suivantes reviennent sur les premières pour les commenter ou en développer davantage certains aspects. Ainsi, dans notre étude, nous analysons l’emploi de ce principe dans les écrits journalistiques de Gabrielle Roy, ce qui nous permet ensuite de tirer certaines conclusions générales sur son style narratif.
Abstract
Before the novelist came the journalist. Before the overnight success of her first novel, The Tin Flute, came the popular success of a woman whose publishing evolved from brief columns to thoughtful, lengthy documentaries in newspapers and magazines from 1939 to 1945. François Ricard, however, points to a contradiction between Roy’s journalistic endeavors and The Tin Flute. The Tin Flute (and The Cashier) is not representative of Roy’s subsequent writing. The novel which ended 35 years of indecision and which assured Roy the artistic and monetary success to continue as a writer fails to herald her later publications. Roy interrupted her writing of The Cashier to publish Where Nests the Water Hen, one of her favourite works. This second “novel”, and not the first, typifies Roy’s narrative structure, one that she invented and refined during her collaboration with Le Bulletin des agriculteurs. While her articles do anticipate the themes, characters and depth of presentation found in the later “novels”, it is the narrative structure of these documentaries that forms the subject of this study. What is this narrative structure? Articles which depict different aspects of Canada are loosely grouped into four different series. Such a structure, autonomous articles linked by theme and subject, forms the basis of most Roy’s works and explains the hesitancy to designate them as “novels”. The aesthetic principle of a self-reflexive narrative, where earlier stories anticipate later ones and where later stories comment and elaborate on what has come before, is analysed in some of Roy’s journalism in order to comment in general on her narrative style.
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Appendices
Bibliographie
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