Abstracts
Résumé
En 1955, Gabrielle Roy a écrit Rue Deschambault, texte autobiographique sur sa jeunesse à Saint-Boniface. En 1966, elle revient sur la même matière dans La route d’Altamont. Pourquoi en a-t-elle senti le besoin? La différence entre les deux textes a été remarquée par la plupart des critiques : La route d’Altamont est plus profond, plus poétique et plus philosophique que Rue Deschambault. Qu’est-ce qui pourrait être à la source de ce changement? Inspirée de Proust, Roy aurait découvert comme lui que le chagrin met en branle les forces de l’esprit. Or, la grande déception qui a secoué Roy entre 1955 et 1966 fut sans doute la découverte de l’homosexualité de son mari, Marcel Carbotte. Incapable d’écrire ni même de mentionner dans ses lettres sa douloureuse désillusion, Roy aurait inscrit en filigrane le deuil de l’amour dans La route d’Altamont, tout imprégné du signe de la perte. Chacune des quatre nouvelles évoque la perte, par exemple « Le vieillard et l’enfant » qui fait écho au poème de Lamartine, « Le lac ». La rue et la route ne sont pas une simple opposition binaire : l’aiguisement du regard grâce au deuil amoureux transforme la rue en route.
Abstract
In 1955, Gabrielle Roy wrote Rue Deschambault, an autobiographical text about her early years in Saint-Boniface. Why did she feel the need to rework the same material in La route d’Altamont ten years later? Many critics have noticed the difference between the two texts, La route d’Altamont striking the reader as more profound, poetic, and philosophical. How can we account for this difference? Roy was great reader of Proust. Is it possible that, like him, she discovered that suffering sets the powers of the mind in motion? Between 1955 and 1966, Roy discovered her husband’s homosexuality. She could not write about it in her novels, or even in her correspondence. But did the mourning of love find its way in La route d’Altamont, seeped as it is in images of loss? Each of the four stories comprising La route d’Altamont makes reference to some kind of loss, for example, in «The old man and the child», a story that echoes Lamartine’s «Le lac» and the theme of lost love. The street and the road are not simply binary opposites. Rather, the loss of love sharpens the author’s insights and transforms the local street of rue Deschambault into the universal road of Altamont.
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Appendices
Bibliographie
- BELL, Mark (1992) « “Enrichir la gelée” : Proustian Intertext in the Writing of Gabrielle Roy », Quebec Studies, vol. 13, p. 27-36.
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