Number 74, 2020
Table of contents (13 articles)
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Présentation
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La Fabuleuse Histoire d’un Royaume et la transmission de la mémoire collective
Andrée Fortin
pp. 1–21
AbstractFR:
La Fabuleuse Histoire d’un Royaume, spectacle qui a reçu plus 1 200 000 spectateurs depuis sa création en 1988, contribue à la construction de la mémoire collective. La région du Saguenay y est présentée comme ouverte sur le monde, parfois sous le signe de la dépendance face à cet ailleurs, ce que fait oublier le brio des scènes, des costumes, des décors. Mais surtout, la population, confrontée à de nombreuses difficultés, se relève à chaque fois. La résilience de la communauté est mise en scène non seulement dans la trame du récit, mais dans le grand nombre de comédiens sur scène. Cette vision positive de l’histoire véhicule un certain nationalisme, et l’histoire du Royaume est aussi celle du Québec, de sa solidarité, des épreuves surmontées, et de sa place dans le monde.
EN:
The Fabulous History of a Kingdom, a show seen by over 1,200,000 spectators since its creation in 1988, contributes to the construction of collective memory. The Saguenay region is portrayed as open to the world, yet at the same time dependent upon this elsewhere, which makes the spectator forget the brilliance of the scenes, the costumes, the sets. But above all, the population, faced with many difficulties, back on their feet every time. The resilience of the community is staged not only in the storyline, but in the large number of actors on stage. This positive vision of history conveys a certain nationalism, and the history of the Kingdom is also that of Quebec, of its solidarity, of the trials it has overcome, and of its place in the world.
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Les Innus, un peuple à travers l’histoire (2e partie)
Denys Delâge
pp. 23–70
AbstractFR:
Cet article vise à démontrer la filiation historique entre les Innus contemporains et leurs ancêtres de la préhistoire. Projet inutile, peut-on croire, puisque la langue innue, qui est la même que celle du xviie siècle, est toujours parlée de nos jours. Projet pertinent, néanmoins, parce que notre tradition historiographique affirme la disparition des Indiens. Quels furent donc les mécanismes 1) d’occultation de l’Autre chez les Euro-Canadiens et 2) de maintien dans le temps de la société innue ? Le ciment du monde innu n’a jamais résidé dans une organisation politique, mais dans la parenté et dans la cosmologie. Épidémies et raids guerriers ont durement éprouvé les Innus, mais à un degré probablement moindre que leurs voisins autochtones. Cette société a réagi en remembrant ses familles par l’adoption et l’assimilation des veufs, veuves et orphelins.
EN:
This article aims to show the vivid filiation of contemporary Innus with their prehistoric ancestors. One might think that this is an unnecessary task as today’s innu language, in continuity with that of the 17th century, is still spoken. Yet, with the prevalent belief of the “vanished Indian” in historiography, one still has to demonstrate the mechanisms 1) by which the blindness towards the Other occurred and 2) by which the Innu society was maintained over time. Political organization was not a structure in the Innu society. Kinship and common cosmology rather sealed the social unity. Epidemics and wars heavily fell upon the Innus, yet probably less so than on their native neighbours. The Innus reacted to these dismantling factors by reunifying their families through adoption and assimilation of widowers and orphans.
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Roman familial, roman national ? L’histoire de Montréal sous la loupe de la filiation généalogique féminine (Première partie)
Dominique Deslandres
pp. 71–100
AbstractFR:
Cet article en deux parties révèle certains biais de notre roman national concernant le rôle des relations franco-autochtones dans l’implantation et l’ascension sociale des colons français. Il s’agit ici d’interroger ce dont témoigne historiquement la présence autochtone dans et autour de mon arbre généalogique, c’est-à-dire mon roman familial. Ainsi quand je remonte les lignées féminines, les relations d’intimité avec les Autochtones apparaissent clairement dans les mariages, les cousinages, les amitiés et … l’exploitation impérialiste et esclavagiste. Dans cette première partie, le cas des aïeules autochtones permet de revisiter ce que l’on sait du dessein impérial français de « ne faire qu’un seul peuple », en mettant en lumière, d’une part, le projet de francisation des Autochtones et, d’autre part, l’ensauvagement des Français, tant décrié par les autorités civiles et religieuses françaises du xviie et xviiie siècles.
EN:
This two-part article testifies to certain biases in our “national romance” concerning the role of Native-French relationships in the establishment and social advancement of the French colonists. The intent is to interrogate the meaning and historical significance of this Indigenous presence in and around my family tree, that is my “family romance”. Indeed, when I trace the female lines, intimate relations with Natives clearly appear in marriages, cousins, friendships and ... imperialist exploitation and slavery. In this first part, the cases of female Native ancestors allow us to revisit what we know of the French imperial plan to “make only one people,” by highlighting, on the one hand the project of “frenchification” of the Natives, and on the other hand the “ensauvagement” of the French, that so alarmed French civil and religious authorities of the 17th and 18th centuries.
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Réflexions autour de deux pichets commémoratifs découverts sur le site du parlement à Montréal et l’abolition des Corn Laws en 1846
Louise Pothier
pp. 101–134
AbstractFR:
L’abolition des Corn Laws par la Grande Bretagne en 1846 porte un coup dur à l’économie de la province du Canada, affectant les marchands et les agriculteurs qui bénéficiaient de tarifs préférentiels pour le commerce des céréales grâce à ces lois protectionnistes. C’est dans ce contexte que deux petits pichets de céramique commémorant le rappel des Corn Laws au Parlement de Westminster se sont retrouvés au Parlement qui siégeait à Montréal entre 1844 et 1849. La découverte de ces pichets en 2017 par une équipe d’archéologues, sous la direction de Pointe-à-Callière, cité d’archéologie et d’histoire de Montréal, offre l’occasion de relire ce moment charnière de notre histoire politique et économique. Les pichets évoquent la victoire triomphale de l’Anti-Corn Law League sous la conduite de Richard Cobden et de Sir Robert Peel. Enfin, le texte souligne l’influence de la League et de ses méthodes de marketing populaire sur une association de marchands montréalais, ce qui expliquerait, peut-être, la présence des pichets au Parlement du Canada à Montréal.
EN:
The repeal of the Corn Laws by Great Britain in 1846 struck a hard blow against the Province of Canada’s economy, impacting merchants and grain producers who benefitted from these protectionist laws through preferential tariffs in the cereal trade. It is in this context that two small ceramic pitchers commemorating the abolition of the Corn Laws at Westminster ended up at the Parliament that was located in Montreal between 1844 and 1849. The discovery of these jugs in 2017 by a team of archaeologists under the direction of Pointe-à-Callière, Montreal’s archaeology and history complex, provides an opportunity to revisit this foundational moment in Canadian political and economic history. The pitchers evoke the triumph of the Anti-Corn Law League under the leadership of Richard Cobden and, incidentally, by Sir Robert Peel. Finally, the article underlines the influence that the League and its popular marketing methods had on a Montreal merchant association, which can perhaps explain the presence of these pitchers at the Canadian Parliament in Montreal.
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Pour en finir avec 1848 ! (1er partie) : les deux facettes du gouvernement responsable aux parlements de Kingston et de Montréal
Christian Blais
pp. 135–190
AbstractFR:
Dans un système politique de type Westminster, la convention du gouvernement responsable fait en sorte que les conseillers exécutifs doivent être membres du Parlement et que, pour gouverner, ces ministres doivent jouir de la confiance de la majorité des députés. Selon cette définition, il apparaît que, au Parlement de la province du Canada, le principe de la responsabilité ministérielle se met en place dès 1841, et non pas en 1848 comme le véhicule l’historiographie dominante. Les réformistes Louis-Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin ont à ce point incarné cette convention constitutionnelle qu’un mythe s’est créé autour de leurs actions politiques libérales. Or, cette politique partisane a porté ombrage au gouvernement conservateur qui, de 1844 à 1848, a également administré la colonie en suivant les principes de la Constitution de 1840.
EN:
In a Westminster-style political system, the convention of responsible government means that executive advisers must be members of Parliament and that, in order to govern, these ministers must enjoy the confidence of the majority of MPs. According to this definition, it appears that in the Parliament of the Province of Canada, the principle of ministerial responsibility was established as early as 1841, and not in 1848 as traditional historiography would have it. Reformers Louis-Hippolyte LaFontaine and Robert Baldwin embodied this constitutional convention to such an extent that a myth was created around their liberal political actions. However, this partisan politics overshadowed the Conservative government which, from 1844 to 1848, also administered the colony according to the principles of the 1840 Constitution.
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De Ginevra, ou de Geneviève, pour un bonheur possible…
Jocelyne Mathieu
pp. 191–217
AbstractFR:
En 1902, Georgina Lefaivre commence à écrire dans divers périodiques jusqu’à faire du journalisme sa profession en 1905, année de ses débuts au journal Le Soleil, quotidien de la ville de Québec d’où elle est originaire. Elle poursuit ses contributions jusqu’en 1922 sous la forme de billets. En 1919, Ginevra publie un recueil intitulé En relisant les vieilles pages dans lequel sont rassemblés de courts textes déjà publiés entre 1906 et 1918. En 1922, sous son autre pseudonyme, elle en publie un deuxième intitulé Billets de Geneviève. Éduquer au bonheur par une préparation au rôle dévolu traditionnellement aux filles forme la trame de ses propos. Aspirer à un bonheur discret et modeste serait le secret pour parer à l’inévitable de la vie quotidienne de l’épouse et surtout de la mère qu’elles deviendront pour la plupart. Plusieurs thèmes sont récurrents dans les deux recueils, la modernité et l’influence de nos voisins étasuniens faisant leur apparition dans le deuxième.
EN:
In 1902, Georgina Lefaivre began writing for a number of periodicals. She made journalism her profession in 1905, the year she started writing for Le Soleil, a daily newspaper based in Québec, the city where she was born. She contributed short columns until 1922. In 1919, Ginevra published a book entitled En relisant les vieilles pages, which contained short texts published between 1906 and 1918. In 1922, under another pseudonym, she published a second collection titled Billets de Geneviève. Education focused on happiness through the preparation for roles traditionally assigned to girls forms the framework of her observations. Aspiring to a discreet and modest happiness would be the secret to avoiding all that is inevitable in the daily life of wives, and especially of mothers, which the majority of these girls will become. Several themes are recurrent in the two collections, modernity and the influence of the neighbouring United States make an appearance in the second one.
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L’exposition Le développement de la peinture au Canada (1945) ou la démonstration de l’unité des peuples fondateurs
Laurier Lacroix
pp. 219–248
AbstractFR:
Entre mai 1944 et janvier 1945, les quatre principaux musées d’art du Canada réunissent toutes leurs ressources afin de réaliser la première exposition synthèse d’histoire de la peinture au pays. Le développement de la peinture au Canada 1665-1945 réussit le défi de regrouper près de 200 tableaux proposant ainsi une lecture en continu de la production de plus de 150 artistes regroupés par périodes chronologiques, styles et genres picturaux. Compte tenu du contexte politique, le résultat conduisit à une lecture idéologique du projet, interprété comme une manifestation de la symbiose entre les deux peuples fondateurs du Canada capables de développer une culture commune.
EN:
In the eight months, between May 1944 and January 1945, Canada’s four major art museums brought together their resources to produce the first comprehensive exhibition of the history of painting in Canada. The Development of Painting in Canada 1665-1945 succeeded by grouping together nearly 200 paintings which displayed a continuous reading of the production of more than 150 artists arranged by chronological periods, styles and pictorial genres. Given the political context, the result led to an ideological reading of the project, interpreted as a manifestation of the symbiosis between the two founding nations of Canada capable of developing a common culture.
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Le gouvernement de Robert Bourassa et la culture, 1970-1976 (2e partie) : le Livre vert de Jean-Paul L’Allier
Fernand Harvey
pp. 249–274
AbstractFR:
Le Livre vert sur la culture a été rédigé par le ministre Jean-Paul L’Allier au cours de l’année qui a précédé les élections générales du 15 novembre 1976. Le document comprend trois parties. La première regroupe divers textes issus du milieu politique et du milieu culturel qui légitiment la démarche du Livre vert. La seconde pose un diagnostic sur l’état d’une quinzaine de secteurs culturels en lien avec l’action du Ministère. Quant à la troisième partie, elle s’affiche en mode solution en proposant une réorganisation structurelle du ministère des Affaires culturelles et des organismes qui lui sont rattachés. Parmi les recommandations, L’Allier propose d’octroyer une autonomie administrative aux grandes institutions culturelles publiques. Fidèle à l’esprit des années 1970, le Livre vert témoigne d’un État interventionniste dans le domaine culturel.
EN:
The Livre vert (Green Paper) on Culture was drafted by Minister Jean- Paul L’Allier during the year preceding the general elections of November 15, 1976. The document consists of three parts. The first brings together previous texts from the political and cultural circles that legitimize the approach of the Green Paper. The second diagnoses the state of fifteen cultural sectors in connection with the action of the Department. As for the third part, it appears as a problem-solving approach by proposing a structural reorganization of the Department of Cultural Affairs and the organizations attached to it. Among the recommendations, L’Allier proposes to grant administrative autonomy to major public cultural institutions. True to the spirit of the 1970s, the Green Paper bears witness to an interventionist state in the cultural field.
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Un texte dans son contexte : la Déclaration d’Indépendance de 1838
Yvan Lamonde
pp. 275–288
AbstractFR:
Cet article établit le texte anglais et français et le contexte de la Déclaration de février 1838 dite de Robert Nelson et de la Proclamation nº 2. Peuple du Canada, quasi inconnue, qui l’accompagnait.
EN:
This article establishes the text in both English and French and the context of the Declaration of February 1838 attributed to Robert Nelson and the almost unknown Proclamation No. 2. People of Canada, issued at the same time.
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La Société des Dix de 2000 à 2020 : un bref bilan
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Chronique de la Société des Dix
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Index général