Abstracts
Résumé
Quand les jésuites de Nouvelle-France prennent en charge l’évangélisation des Montagnais, ils se heurtent à deux problèmes de taille : la langue des autochtones et leur sens de l’humour et de la dérision. Le rire et les moqueries qu’ils opposent à Paul Lejeune en 1634 peut être lu comme une stratégie de résistance à l’acculturation, alors que s’affrontent deux visions du monde irréconciliables : celle des cosmogonies amérindiennes et celle de l’apologétique missionnaire. Pour Lejeune, le succès de son apostolat repose sur l’apprentissage du montagnais, auquel s’opposent farouchement le sorcier Carigonan et l’apostat Pastedechouan. Devenu l’élève de ses élèves au plan linguistique, le jésuite subit alors les risées de la petite communauté au sein de laquelle il hiverne dans des conditions extrêmes entre octobre 1633 et avril 1634.
Abstract
The Jesuits of New France encountered two major problems when they began the evangelization of the Montagnais people: their language and their sense of humour and mockery. The laughter and ridicule that Paul Lejeune encountered in 1634 may be seen as strategic resistance to acculturation as two irreconcilable world views collided: the world of Amerindian cosmogonies and the world of the apologetic missionary. According to Lejeune, the success of his ministry depended on his learning the Montagnais language but Carigonan the wizard and Pastedechouan the renegade were both vehemently opposed to such a project. Having thus become the pupil of his pupils from a linguistic perspective, the Jesuit became the laughing stock of the little community where he wintered in extreme conditions from October 1633 to April 1634.