Abstracts
Résumé
Parmi les récits qui présentent la vie des missionnaires en milieu autochtone, le texte du frère récollet Gabriel Sagard, Le Grand voyage au pays des Hurons, suivi du Dictionnaire de la langue huronne (1632), est reconnu comme le premier qui soit aussi complet sur cette nation. Sagard y relate son séjour de 1623-1624 auprès de la communauté de Carahouga, groupe huron qui n’a encore été que peu exposé directement au contact avec les Blancs. C’est un aspect particulier de sa relation qui m’intéresse ici, soit sa capacité de reconnaître comme des oeuvres d’art les artefacts produits par les femmes autochtones même si ce concept n’existait pas pour les Amérindiens.
« Elles font […] des paniers de jonc, & d’autres avec des escorces de Bouleaux […] elles font aussi comme une espece de gibesiere de cuir, ou sac à petun, sur lesquels elles font des ouvrages dignes d’admiration, avec du poil de porc espic, coloré de rouge, noir, blanc & bleu, qui sont les couleurs qu’elles font si vives, que les nostres ne semblent point en aprocher. […]. » Son regard émerveillé et curieux détaille ainsi les peintures corporelles, les wampums, les peaux peintes, les bijoux et l’ensemble de la production visuelle.
Sagard reconnaît la richesse et la diversité de leur production et il accorde à ces oeuvres des propriétés décoratives et esthétiques, les objets servant également comme moyens de communication ou comme offrandes lors des cérémonies funéraires. Son système de valeur l’empêche cependant de reconnaître la portée symbolique et mythologique de ces objets. Le texte de Sagard rend visible un moment de la culture matérielle des Hurons à la période de contact, production disparue à laquelle un travail d’interprétation pluridisciplinaire pourra en partie redonner vie.
Abstract
Among the many travel accounts that present the lives of the missionaries in Aboriginal communities, the text of the Recollect Brother Gabriel Sagard, Le Grand voyage au pays des Hurons, suivi du Dictionnaire de la langue huronne (1632), is recognized as the first to be as complete on this Nation. Sagard recounts his 1623-1624 stay at Carahouga, a Huron village which had been little exposed to direct contact with the French. A particular aspect of this text shows the author ability to recognize as works of art, artifacts produced by Aboriginal women even if this concept did not exist for Native Americans.
He introduces the various art objects that are worthy of admiration : wicker or birch bark baskets, leather bags to hold meat and tobacco pouches, embroidered with porcupine bristle with vivid red, black, white and blue colours, that can not be compared with the ones produced in France. He his amazed by body paintings, wampum belts, painted skins, jewelry and the whole of their visual production.
Sagard recognizes the richness and diversity of production and observes the decorative and aesthetic properties of these objects that also serves as a means of communication or as offerings during funeral ceremonies. His value system prevents him however to recognize the symbolic and mythological significance of thèse works. The text of Sagard makes visible a moment of the material culture of Hurons during the contact period, a production now disappeared but that could be interpreted through a pluridisciplinary research.
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Appendices
Remerciements
Une première version de cet article a été présentée au colloque Imagining History, tenu à l’Université Concordia du 3 au 5 mai 2012. Je remercie Kristina Huneault de son invitation à y présenter cette communication. Ce texte bénéficie des commentaires et suggestions de Denys Delâge auquel j’exprime ma plus vive reconnaissance.