Volume 64, Number 4, December 2023
Table of contents (11 articles)
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Conférence Claire L’Heureux-Dubé : La transformation du rôle du droit dans la famille
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L’analyse jurilinguistique des qualifications juridiques en tant que métaphores de la réalité sociale : l’exemple du contrat d’adhésion
Éric Fokou
pp. 649–681
AbstractFR:
L’auteur livre ici une critique jurilinguistique ou métajuridique de la notion ou de la qualification de « contrat par adhésion », proposée au début du xxe siècle par Georges Dereux en remplacement de celle de « contrat d’adhésion » qui a été consacrée par le législateur. En effet, pour Dereux et ses continuateurs, la qualification de « contrat d’adhésion » est une notion grammaticalement inexacte qui violerait les règles élémentaires de la syntaxe. À travers le prisme de la linguistique et de la philosophie du langage, il ressort toutefois que la critique dereusienne n’a de pertinence qu’en apparence. Elle méconnaît précisément certains usages du langage et les spécificités du « Droit » en tant qu’acte de langage et de communication. Au-delà de la qualification de « contrat d’adhésion », l’étude s’inscrit plus largement dans le champ de la jurilinguistique qui reste une nouvelle discipline, voisine de la légistique, mais encore peu explorée par la doctrine juridique.
EN:
In this article, the author offers a jurilinguistic or metajuridical critique of the notion or qualification of “contract by adhesion”, proposed at the beginning of the 20th century by Georges Dereux to replace that of “contract of adhesion” enshrined by the legislator. For Dereux and his followers, the term “contract of adhesion” was a grammatically inexact notion that violated the elementary rules of syntax. Through the prism of linguistics and the philosophy of language, however, it becomes clear that Dereux’s criticism is only superficially relevant. It ignores certain uses of language and the specific features of “law” as an act of language and communication. Beyond the qualification of “contract of adhesion”, the study is part of the broader field of jurilinguistics, which remains a new discipline, close to legistics, but still little explored by legal doctrine.
ES:
El autor propone aquí una crítica jurilingüística o metajurídica de la noción (o de la cualificación) del « contrato por adhesión » propuesta a principios del siglo XX por Georges Dereux, para reemplazar la del « contrato de adhesión » que ha sido consagrada por el legislador. De hecho, para Dereux y sus sucesores, la cualificación de « contrato de adhesión » es una noción gramaticalmente inexacta que infringiría las reglas básicas de la sintaxis. No obstante, a través del prisma de la lingüística y de la filosofía del lenguaje, se desprende que la crítica de Dereux es relevante sólo en apariencia, ya que justamente ignora algunos usos del lenguaje y las especificidades del « Derecho » como acto de lenguaje y de comunicación. El estudio se ha inscrito de forma más amplia en el ámbito de la jurilingüística, que es una disciplina nueva, próxima a la legística, pero aún poco explorada por la doctrina jurídica.
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Equality and the Notwithstanding Clause : Considering the Nature and Application of Section 28 of the Canadian Charter
Jesse Hartery
pp. 683–723
AbstractEN:
This article considers the nature and application of section 28 of the Canadian Charter of Rights and Freedoms. I begin by describing the two major camps in the scholarship, i.e., those who see section 28 as an interpretative and non-absolute provision with no substantive content and those who see it as an independent and/or absolute substantive provision that effectively blocks the effect of section 33 when it is invoked. While the second camp provides a compelling textual and historical account of the provision, I seek to show that there is a middle ground between these positions, one that recognizes the substantive nature of section 28, while clearly identifying its nature as an autonomous guarantee with a more limited application with respect to the provisions targeted by section 33. I argue that section 28 must be tied to a guaranteed right or freedom and, therefore, that there is a strong argument to make that it is of no use when the underlying supra-legislative provision on which it must rely is limited or inapplicable. However, this would not affect its autonomous substantive function in contexts in which section 33 is not or cannot be invoked.
FR:
Cet article examine la nature et l’application de l’article 28 de la Charte canadienne des droits et libertés. Il commence par décrire les deux principaux camps qui opposent les chercheurs – ceux qui voient l’article 28 comme une disposition interprétative et non absolue sans contenu substantiel et ceux qui le voient comme une disposition substantielle indépendante et/ou absolue qui bloque effectivement l’effet de l’article 33 lorsqu’il est invoqué. Alors que le deuxième camp fournit un compte rendu textuel et historique convaincant de la disposition, l’article cherche à montrer qu’il existe une position intermédiaire entre ces positions, position qui reconnaît la nature substantielle de l’article 28, tout en identifiant clairement sa nature de garantie autonome avec une application plus limitée en ce qui concerne les dispositions ciblées par l’article 33. L’article 28 doit être lié à un droit ou à une liberté garantis et, par conséquent, il n’est d’aucune utilité lorsque le texte supralégislatif sous-jacent auquel il est relié est limité ou inapplicable. Toutefois, cela n’affecterait pas sa fonction substantielle autonome dans des contextes où l’article 33 n’est pas ou ne peut pas être invoqué.
ES:
En este artículo se examina la naturaleza y la aplicación del artículo 28 de la Carta Canadiense de Derechos y Libertades. Comenzamos describiendo las dos perspectivas principales de la doctrina, es decir, de aquellos que consideran al artículo 28 como una disposición interpretativa carente de contenido sustancial, y de aquellos que lo consideran como una disposición sustantiva independiente y/o absoluta que realmente obstaculiza el efecto previsto en el artículo 33 cuando este ha sido invocado. Si bien la segunda corriente plantea un argumento textual e histórico convincente de la disposición en cuestión, se intenta demostrar aquí que existe un punto medio entre estas posiciones : uno que reconoce la naturaleza sustantiva del artículo 28, en la que claramente se identifica su naturaleza como una garantía autónoma y de aplicación más limitada con respecto a las disposiciones previstas en el artículo 33. Argumentamos que el artículo 28 debe estar vinculado a un derecho o a una libertad que están garantizados, y por ende, que existe un argumento convincente para afirmar que no ha de ser útil, cuando en la disposición supralegislativa subyacente sobre la cual se basa resulta ser limitada o inaplicable. No obstante, esto no afectaría su función sustantiva autónoma, en contextos en los cuales el artículo 33 no resulta o no puede ser invocado.
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La protection des aînés contre les expulsions locatives et le principe de proportionnalité – Un bilan de l’article 1959.1 du Code civil du Québec (2016-2022)
Martin Gallié and Benjamin Paré
pp. 725–751
AbstractFR:
À partir d’une analyse quantitative et qualitative de la jurisprudence, ce texte propose un bilan critique de la Loi modifiant le Code civil afin de protéger les droits des locataires aînés, projet de loi no 492, adoptée à l’unanimité le 10 juin 2016 par l’Assemblée nationale du Québec. Il poursuit comme objectif d’attirer l’attention des pouvoirs publics et des tribunaux sur la nécessité de mettre en balance les intérêts des locataires, des propriétaires et de la société dans son ensemble et de prévoir des solutions de relogement avant de prononcer l’expulsion d’un logement des aînés, conformément au droit international et à l’esprit de la loi.
EN:
Based on a quantitative and qualitative analysis of case law, this text offers a critical assessment of Act No. 492, which was unanimously passed on June 10, 2016 by the National Assembly “to protect the rights of senior tenants”. It pursues the objective of drawing the attention of public authorities and courts to the need to balance the interests of tenants, landlords and society as a whole and to provide for rehousing solutions before evicting seniors from their homes, in accordance with the “spirit of the law” and international law.
ES:
A partir de un análisis cuantitativo y cualitativo de la jurisprudencia, este texto plantea un informe el cual se examina la ley que modifica el Código Civil, con el fin de proteger los derechos de los inquilinos mayores previsto en el proyecto de ley número 492, el cual ha sido adoptado por unanimidad en fecha 10 de junio de 2016 por la Asamblea Nacional de Quebec. Este tiene como objetivo llamar la atención de los poderes públicos y de los tribunales sobre la necesidad de ponderar los intereses de los inquilinos, de los propietarios y de la sociedad en su conjunto, así como prever soluciones de realojamiento antes de pronunciar la expulsión de una vivienda destinada a personas mayores, de conformidad con el derecho internacional y con el espíritu de la ley.
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Les règles de preuve devant la Chambre de la jeunesse : Une analyse en vertu des principes de justice fondamentale
Sophie Papillon
pp. 753–771
AbstractFR:
Les demandes intentées par le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) à la Cour du Québec, Chambre de la jeunesse, peuvent porter atteinte à certains droits fondamentaux des parents. Par ailleurs, bien qu’elles visent la protection de l’enfant, les procédures judiciaires du DPJ peuvent tout autant porter atteinte aux droits de ce dernier protégés par la Charte canadienne des droits et libertés. Dans ce contexte, l’autrice s’intéresse aux règles en matière de divulgation et de communication de la preuve par le DPJ sous l’angle des principes de justice fondamentale et de la procédure équitable. S’inspirant des règles prévalant en matière de droit criminel et s’appuyant sur la jurisprudence en matière de protection de la jeunesse, elle identifie certaines obligations du DPJ et de ses avocats en la matière, tout en soulevant la possible inconstitutionnalité des dispositions de la loi qui prévoient les courts délais de divulgation des pièces.
EN:
Proceedings submitted by the Director of Youth Protection (DYP) to the Court of Québec, Youth Division, may adversely affect certain fundamental rights of the parents. In addition, such legal requests, despite having the objective to protect the child, can affect the latter’s own rights protected under the Canadian Charter of Rights and Freedom. In this context, the author analyses the rules with respect to the DYP’s disclosure and transmission of evidence, from the perspective of the principles of fundamental justice and fair procedure. Focusing on the applicable rules of transmission of evidence in criminal law and based on jurisprudence from youth courts, she identifies certain obligations of the DYP and its lawyers in this regard, while raising the potential unconstitutionality of the provisions of the law which provide for short delays regarding the disclosure of exhibits.
ES:
Los procedimientos interpuestos por el Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) ante la Cour du Québec, Chambre de la jeunesse (jurisdicción de menores) podrían vulnerar algunos derechos fundamentales de los padres. Si bien estas acciones tienen como objetivo la protección del menor, las actuaciones judiciales del DPJ pueden de igual forma menoscabar sus derechos, los cuales están protegidos por la Carta Canadiense de Derechos y Libertades. En este contexto, la autora analiza las reglas de divulgación y comunicación en materia probatoria por parte del DPJ desde la perspectiva de los principios de justicia fundamental y de un proceso justo. Considerando las reglas que prevalecen en materia penal y basándose en la jurisprudencia en materia de protección de menores, la autora identifica algunas obligaciones que tiene el DPJ, al igual que sus abogados en el ámbito, y plantea la posible inconstitucionalidad en las disposiciones de la ley, en las cuales se prevén plazos breves de tiempo para proceder a la divulgación de las pruebas
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Aboriginal Title After Tsilhqot’in: What We Know, What We Think We Know, and What We Still Need to Know More About
Jared Porter and Paula Quig
pp. 773–814
AbstractEN:
With the ten-year anniversary of Tsilhqot’in on the horizon, the time is ripe to consider the impact of this monumental decision as well as some key questions that remain in its wake. This article surveys the legal situation following Tsilhqot’in and identifies some major issues likely to require attention in the future. This is done by examining what we know about Aboriginal title following Tsilhqot’in, in the sense of what seems clear following the decision, what we think we know about Aboriginal title, in the sense of what we put forward as reasonable interpretations flowing from the decision and, finally, what we need to know more about following Tsilhqot’in. In this last section, the article examines Aboriginal title and private land interests as well as Aboriginal title to submerged lands.
FR:
À l’approche du dixième anniversaire de l’arrêt Tsilhqot’in, le moment est venu d’examiner l’incidence de cette importante décision ainsi que certaines questions qui demeurent dans son sillage. Cet article examine la situation juridique à la suite de Tsilhqot’in et répertorie certaines questions d’importance susceptibles de nécessiter une attention particulière allant de l’avant. Cela se fait par un examen de ce que nous savons du titre ancestral à la suite de Tsilhqot’in, dans le sens de ce qui semble clair à la suite de la décision, de ce que nous pensons savoir du titre ancestral, soit ce que nous proposons comme interprétations raisonnables découlant de la décision et, enfin, de ce que nous devons savoir davantage à la suite de Tsilhqot’in. Dans cette dernière section, l’article examine le titre ancestral et les intérêts fonciers privés ainsi que le titre ancestral sur des terres submergées.
ES:
En el décimo aniversario del asunto Tsilhqot’in que se vislumbra en el horizonte resulta ser el momento oportuno para examinar el impacto de esta decisión monumental, así como de algunas preguntas clave que han quedado pendientes. En este artículo se aborda la situación legal del asunto Tsilhqot’in y se identifican algunas cuestiones que probablemente requieran que se preste atención en el futuro. Esto se ha efectuado a través de un análisis de lo que sabemos acerca del título aborigen del Tsilhqot’in, en el sentido de lo que parece claro tras la decisión, y de lo que creemos saber acerca del título aborigen, en el sentido de lo que hemos propuesto como interpretaciones razonables resultantes de la decisión; finalmente, sobre lo que necesitamos saber más acerca del asunto Tsilhqot’in. En esta última sección, el artículo examina los títulos aborígenes y los intereses privados de las tierras, así como los títulos aborígenes de tierras sumergidas.
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La criminalisation des activités sexuelles de type BDSM causant des lésions corporelles : de la jouissance du concept de dignité à sa perversion
Marie-Pierre Robert
pp. 815–842
AbstractFR:
En droit canadien, la frontière entre les activités sexuelles permises et celles qui sont criminelles est habituellement tracée par le consentement. Cependant, la jurisprudence a déterminé que, pour des considérations d’ordre public, une personne ne peut pas consentir à une activité sexuelle qui cause des lésions corporelles intentionnelles. Cette limite au consentement est analysée dans le contexte des activités de type bondage et discipline, domination et soumission, sadisme et masochisme (BDSM).
L’auteure étudie d’abord le raisonnement judiciaire ayant mené à cette règle, pour ensuite analyser les valeurs principales en jeu dans la réflexion relative à la criminalisation de ces comportements : celles du plaisir sexuel et de la dignité humaine. Dans le cadre d’une pratique sexuelle consensuelle BDSM, dans quelle mesure la dignité de la personne peut-elle fonder la criminalisation de l’infliction de lésions corporelles ? Cela amènera l’auteure à analyser le difficile concept de dignité humaine, ses liens avec l’autonomie et la liberté, ses limites et les dangers de l’utiliser comme notion fétiche.
EN:
In Canadian law, consent usually draws the line between permissible and criminal sexual activity. However, case law has determined that, for reasons of public order, a person cannot consent to sexual activity that causes intentional bodily harm. This limit on consent is analyzed in the context of BDSM (Bondage, Dominance/Submission Sado-masochism) activities.
We shall examine the judicial reasoning that led to this rule, to then analyze the main values at stake in considering the criminalization of these behaviours: those of sexual pleasure and human dignity. In the context of consensual BDSM sexual practices, to what extent can the person’s dignity form the basis for criminalizing the infliction of bodily harm ? This shall lead us to analyze the difficult concept of human dignity, its ties with autonomy and freedom, its limits and the dangers of using it as a fetish notion.
ES:
En el derecho canadiense, el consentimiento delimita la frontera entre las actividades sexuales permitidas y las criminales. No obstante, la jurisprudencia ha determinado que, por cuestiones de orden público, una persona no puede consentir una actividad sexual que cause lesiones corporales intencionales. Este límite del consentimiento ha sido estudiado en el contexto de las actividades BDSM (Bondage, Dominación/Sumisión, Sadomasoquismo).
Aquí analizaremos el razonamiento judicial que ha dado lugar a esta regla, para posteriormente examinar los principales valores que se encuentran en juego en la reflexión relacionada con la criminalización de estos comportamientos : las del placer sexual y las de la dignidad humana. ¿En qué medida la dignidad personal puede fundamentar la criminalización al infligir lesiones corporales en el marco de una práctica sexual consensual BDSM ? Esto nos conlleva a analizar el complicado concepto de la dignidad humana, sus vínculos con la autonomía y con la libertad, sus límites y los riesgos al utilizarla como una noción fetiche.
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La Révolution tranquille rencontre le surréalisme : Acte 1 — (Dé)clôturer le droit des biens belge
Gaële Gidrol-Mistral and Alexandra Popovici
pp. 843–866
AbstractFR:
Le 13 avril 2019, « un (nouveau) Code civil » est né. Le législateur belge a en effet décidé de réformer son droit civil en profondeur et, depuis le 1er novembre 2020, le Code civil du 21 mars 1804 (le Code Napoléon) est devenu, pour les Belges, l’« ancien Code civil ». À travers une mise en perspective textuelle et conceptuelle du livre 3 « Les Biens », entré en vigueur en 2021, cette étude propose de saisir les théories générales qui structurent le droit des biens belge et d’évaluer la modernité de notre propre vision du droit des biens québécois, qui – comptant désormais 30 années de vie – arrive à un tournant existentiel.
EN:
On 13 April 2019 “a (new) Civil Code” was born. The Belgian legislator decided to reform its civil law in depth and, since 1 November 2020, the Civil Code of 21 March 1804 (the Napoleonic Code) has become, for Belgians, the “old Civil Code.” Through a textual and conceptual perspective of “Book 3 Property,” which came into force in 2021, this study proposes to grasp the general theories that structure Belgian property law and to assess the modernity of our own vision of property law, which, now thirty years old, has reached an existential turning point.
ES:
El día 13 de abril de 2019 nació « un (nuevo) Código Civil ». El legislador belga decidió efectivamente realizar una profunda reforma del derecho civil. El Código Civil del 21 de marzo de 1804 (el Código de Napoleón) se convirtió para los belgas en el « antiguo Código Civil » desde el primero de noviembre de 2020. A través de una puesta en perspectiva textual y conceptual del « Libro 3 – Bienes » que entró en vigencia en 2021, este estudio plantea abordar las teorías generales que estructuran el derecho de propiedad belga y evaluar la modernidad de nuestra propia visión del derecho de propiedad, el cual cuenta con treinta años de existencia y que ha alcanzado un hito existencial.
Chronique bibliographique
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Sylvette Guillemard et Benjamin Lévy, La quérulence. Quand le droit et la psychiatrie se rencontrent, Québec, Presses de l’Université Laval, 2023, 123 p., ISBN : 978-2-76630-211-6.
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Ugo Gilbert Tremblay, L’avenir de la responsabilité criminelle : neurosciences, libre arbitre et imputabilité, Montréal, Thémis, 2023, 394 p., ISBN 978-2-89400-473-9.